http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Mon beau sapin...

lundi 8 décembre 2014

Mon beau sapin...

Je ne veux pas reprendre chaque année ma bataille de Noël comme en 2009 où j’avais fabriqué sur mesure un calendrier de l’avent très particulier, qui dénonçait chaque jour de manière improvisée l’idolâtrie de Noël. Depuis les choses ne se sont pas arrangées, bien au contraire, et quelques mises au point complémentaires s’avèrent nécessaires.

Babylone dans la Bible est le symbole par excellence de l’idolâtrie. Son étymologie signifie la porte vers les dieux (bab-ilim). C’était en son temps le passage obligé qui menait aux temples des dieux babyloniens et la voie processionnaire de la porte d’Ishtar rythmait le cycle des grandes fêtes, comme celle de l’akitu. Aujourd’hui Babylone n’existe plus et  a été rasée comme l’avaient annoncé les prophètes. Pourtant le Seigneur en Apocalypse 18:4 proclame : Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux.

Il y a donc une nouvelle Babylone spirituelle qui s’est formée pour poursuivre l’œuvre de la première et c’est de celle-là qu’il faut impérativement sortir. Car ses péchés génèrent des fléaux que l’on peut éviter si on reste dans le giron de l’Évangile. La fête de Noël qui est présentée comme la plus grande fête chrétienne de l’année est à cet encontre l’exemple type de ce que représente l’esprit de Babylone. On pourrait croire très facilement que les catholiques avec leur messe de minuit sont les vecteurs principaux de la pérennisation de cette ancienne coutume païenne, c’est juste, mais les protestants ne furent pas en reste et même certains pentecôtistes aujourd’hui, ont leur sapin de Noël planté dans leur salon, alors…

Noël fête chrétienne ?

Un peu d’histoire. Les Grecs et les Romains d’Orient fêtaient le solstice d’hiver le 6 janvier. Car l’évaluation du temps n’avait pas encore la précision qu’elle atteignit par la suite. A Alexandrie, les Grecs célébraient la naissance du temps, la nuit du 5 au 6 janvier par une procession au flambeau. En Occident, le solstice d’hiver est fixé le 25 décembre par Jules César. Les Romains fêtaient alors la naissance du soleil. Le 24 au soir les disciples de Mithra et bien d’autres, allument des feux pour aider le soleil à monter plus haut au-dessus de l’horizon. Or le Christ incarne le soleil de justice annoncé par le prophète Malachie (3.20) et la lumière des nations reconnue par le sage Siméon selon Luc 3.2. Des pères de l’Église poussent alors l’empereur « chrétien » Constantin à substituer à la fête païenne, une fête chrétienne de la lumière. « Christ est notre nouveau soleil », écrit Amboise de Milan (337-397). La nouvelle fête prit alors le nom de « Noël » dérivé du latin « natale » signifiant « naissance ». Rome chercha ensuite à la diffuser vers l’orient ce qui revenait à la séparer de la célébration de la naissance du Christ, l’Epiphanie fêtée le 6 janvier. Cette distinction se fit progressivement au cours du IV ème siècle. En fait de naissance, ce n’est pas celle de Jésus que l’on va célébrer, mais une nouvelle forme christianisée du paganisme antique.

Au fil du temps, après que le catholicisme se sera imposé comme religion dominante en Occident, la fête de Noël entrera dans sa tradition avec la messe de minuit et la crèche comme symbole. Cependant, le symbole païen de Noël aujourd’hui n’est plus la messe de minuit où très peu de personnes sacrifient encore au rituel, mais c’est le sapin qui en envahissant les foyers « chrétiens » représente aujourd’hui l’esprit de Noël. Or l’introduction du sapin comme symbole religieux de Noël n’est pas d’origine catholique, mais protestante. Comme quoi les catholiques sont loin d’avoir l’exclusivité de l’apostasie.

Le sapin de Noël symbole chrétien ?


Parallèlement à son extension géographique vers le Sud oriental, le christianisme en remontant vers le Nord occidental rencontra d’autres fêtes célébrées au moment du solstice d’hiver. Ainsi, dans les pays scandinaves, le Dieu Wotan, chevauchant à travers les forêts, saute de son cheval pour allumer une bûche énorme d’où jaillit la lumière. Il s’agit de la fête de Yule durant laquelle les peuples du nord allument d’énormes feux pour chasser les mauvais esprits de l’obscurité et appeler le nouveau soleil.

Yule est un mot scandinave associé à l'hiver. Le mot Jol apparaît en vieux norrois aux alentours de l'an 900, dans un poème d'hommage à Harald aux beaux cheveux où un personnage parle de « boire à Jol ». Le dieu attaché à Jol était Jólner, l'un des nombreux noms du dieu païen Odin. Odin est un dieu nordique que l’on peut apparenter au dieu celtique Lug. Les Celtes avaient adopté un calendrier basé sur les cycles lunaires. A chaque mois lunaire était associé un arbre, l'épicéa fut celui qui intégrait le solstice d’hiver de décembre. La fête de Yule s'observait en commémorant la mort du "Holly King" (Roi de houx) qui meurt tué par son successeur le "Oak King" (Roi de chêne). Ce sont tous deux des dieux-arbres. On retrouve aujourd'hui à Noël les couronnes de gui et la bûche du dessert, associé à l’épicéa de Yule, comme les restes modernes du paganisme celtique.


Le christianisme n’a pas remplacé du jour au lendemain le paganisme dans le monde. Les choses se sont faites progressivement. Souvent pour marquer la victoire du Christ sur le paganisme on détruisait les anciens lieux de culte pour y bâtir des églises chrétiennes et on substituait les jours des fêtes païens pour les remplacer par des personnages bibliques, comme Jésus à Noël et la Saint Jean pour le solstice d’été. Le problème c’est que progressivement l’idolâtrie reprit le dessus et occulta le principe même du christianisme au profit seul du paganisme. Or si le paganisme s’impose sur le christianisme, c’est l’esprit de Babylone que renaît de ses cendres pour corrompre le monde par ses pratiques abominables comme celle du sapin de Noël.

Bientôt on va fêter les 500 ans de l’introduction officielle du sapin de Noël dans les foyers « chrétiens ». Car le premier sapin de Noël en tant que tel, est mentionné dans les registres municipaux en Alsace en 1521. La Ville de Sélestat conserve à la Bibliothèque Humaniste la plus ancienne mention écrite de l‘arbre de Noël connue à ce jour dans un registre de comptes datant de 1521. Il y est question d’une dépense de 4 shillings pour payer des gardes forestiers chargés de surveiller les sapins dans les forêts municipales. Mention exposée tous les ans au mois de décembre à la Bibliothèque Humaniste, rue de la Bibliothèque à Sélestat.

L'année 1521 est également considérée comme déterminante, car en janvier de cette année, Martin Luther devant la diète de Worms, refuse de se rétracter, s’estimant soumis à l’autorité de la Bible et de sa conscience plutôt qu’à celle de la hiérarchie ecclésiastique et est excommunié. Invoqués ici pour la première fois, l'appel direct à Dieu et à la conscience individuelle sont des marqueurs du protestantisme. En se séparant de l’Église catholique, les protestants voudront également se démarquer des traditions liées à la fête de Noël. La tradition de l'arbre de Noël est la conséquence directe du choix protestant et s'est propagée avec la Réforme : les protestants abhorraient les représentations des personnages bibliques, à commencer par Jésus et Marie. Les santons des crèches catholiques ne pouvaient donc être appréciés par les protestants, qui lui ont préféré comme symbole de Noël le sapin, même si la célébration est d'origine païenne. C'était le sapin protestant contre les santons catholiques. Le sapin de Noël a alors été rapidement adopté par les pays protestants. 100 ans après l’adoption du sapin de Noël protestant, éclate la guerre de Trente Ans qui débute en 1618 et qui n'est que l'internationalisation des conflits religieux traversant l'Empire depuis la Réforme. De 1621 à 1648, l'Alsace est une des régions les plus ravagées en Europe et l'un des principaux champs de bataille. Avec Richelieu l’Alsace retourne aux catholiques. Aujourd'hui, les guerres de religion ont disparu et chaque foyer célèbre un Noël œcuménique avec le sapin et la crèche. Au moins sur ce point les catholiques et les protestants ont su se mettre d’accord pour faire entrer le paganisme dans l’Église par le biais de la fête de Noël.


En France, La tradition du sapin se limitait à l'Alsace. Après la guerre de 1870, les familles alsaciennes fuyant leur région font connaître la tradition de l'arbre de Noël dans toute la France. Puis avec le développement des marchés commerciaux de Noël en Alsace, leurs féeries envoûtantes contribuent encore plus à exporter l’esprit de Noël dans chaque foyer « chrétien ».

L’Alsace terre païenne.

Si le sapin c’est imposé en Alsace, ce n’est pas par hasard. En Alsace les lieux naturels tels que les lacs, les collines étaient souvent des lieux sacrés païens. L’Alsace est à ce titre un cas d’école, car toute la région est à considérer comme un gigantesque calendrier solaire et lunaire qui rythmait les fêtes païennes. Orienté dans un axe nord-sud et bordé en est et ouest par les montagnes vosgiennes et de la Foret Noire, presque chaque ballon deviendra un lieu de culte au dieu solaire Bel, d’où le nom des ballons vosgiens.

Si vous vous promenez dans la région, de nombreuses légendes empruntées à la mythologie germanique et nordique sont associées à des éléments forts du massif vosgien. Les légendes sont tellement ancrées dans l’imaginaire populaire que la montagne prend même parfois le nom du principal dieu de la mythologie germanique et nordique : Wotan. Le Wuestemberg dans le Nord alsacien est également appelé la montagne de Wotan (Odin) ou Wotansberg, et c’est un lieu qui illustre bien la chose. Au nord du plateau on trouve les vestiges d’un mur païen en pierre sèche certainement érigé par les Celtes qui occupaient le Wuestenberg et, démantelé au moyen-âge pour la construction du château d’Ochsenstein. À proximité se trouve la Pierre des Druides qui est un dolmen dont la partie supérieure comporte une grande cupule taillée.

Wotan également appelé Odin était à l’origine le dieu de l’orage et devint au fil du temps le dieu de la guerre, de l’héroïsme et du savoir. C’est lui qui décidait du sort des hommes. Wotan trône dans une salle nommée le Walhalla (le paradis des guerriers méritants) que rejoindront les héros tombés au champ de bataille. La vie au Walhalla est festive et les héros sont servis par les Walkyries, êtres surnaturels aux traits de jeunes femmes qui accompagnent les guerriers aux combats…

Le Walhalla est surmonté d’une toiture formée par de resplendissants boucliers portés par les lances des combattants et la salle est munie de cinq cent quarante portes dont chacune peut laisser passer huit cents guerriers de front. Le toit du Walhalla est habité par la chèvre Heidrun qui dispense aux guerriers le lait – au gout d’hydromel – d’immortalité qui coule de ses pis et au travers d’une faille dans la toiture de la salle.

A Reinhardsmunster, le Geissfels (rocher de la chèvre) est également associé à Wotan et sous l’éperon de conglomérat existe une grotte difficilement accessible par une étroite corniche. Dans l’imaginaire cette grotte serait une des cinq cent quarante portes d’entrée du Walhalla, à l’intérieur une petite faille s’élève vers le ciel, de là coulerait le lait d’immortalité de la chèvre Heidrun destiné aux héros guerriers. De cette porte, Wotan s’élancerait à la tête de son armée sauvage (Wilde Heer) au cours des Raunächte (nuit de l’effroi).

Le mont St-Michel de St-Jean-Saverne est également un lieu singulier et sacré d'Alsace. Il était avant l'ère chrétienne dédié aux divinités celtes du soleil et de la lumière, comme le mont Sainte-Odile et son célèbre mur païen. Le mur païen est une enceinte d'une longueur totale de onze kilomètres faisant le tour du plateau du mont Sainte-Odile et datant du VII è siècle. Les nombreuses cupules qu’on y retrouve témoignent qu’à cette époque les druides y pratiquaient encore activement leurs cultes païens.


Mais c’est encore au sud, là où les montagnes sont les plus hautes que les lieux de cultes païens sont mes plus remarquables. Là-bas, c’est toute la montagne qui est utilisée comme cadran solaire pour marquer les cultes solaires et lunaires. Au sud du Rhin supérieur, les Celtes utilisaient le «Triangle des Belchen» composé des ballons de Forêt Noire (Belchen), de Suisse (Bölchen, Belchenfluh) et des Vosges (Ballon d’Alsace) comme repère temporel et spatial. Les astres, et surtout le soleil et la lune, servaient «d’indicateurs» et le paysage constituait un «cadran» à la fois topographique et astronomique. Les sommets marquants étaient des repères pour l’établissement d’un calendrier astronomique. Les «chiffres» de ce cadran portent à peu près le même nom : Belchen ou Ballon (Belenus = dieu celtique du soleil). Ce sont des plateformes d’observation des levers de soleil tout comme les trois Blauen le sont pour les phases de la lune. Ainsi à partir du sommet du Ballon d’Alsace, on peut contempler le lever du soleil du solstice d’été sur le Belchen badois et le 21 décembre, jour du solstice d’hiver, sur le Belchenfluh suisse.

La région comme en témoignent les nombreux vestiges celtiques a donc conservé une partie de ses traditions païennes qui perdurèrent au Moyen Âge et se mêlèrent au christianisme et guerres de religion. Il n’y a donc clairement rien dans tous ces symboles qui aujourd’hui devraient encore subsister dans un foyer réellement chrétien. Surtout quand on voit d’où vient le sapin de Noël dans le passé et où il va dans le futur.

L’Arbre dans son symbole.

L’arbre est le symbole biblique par excellence, comme l’arbre de vie ou de la connaissance. L’arbre de vie représente l’association des fils de Dieu avec leur Créateur et celui de la connaissance avec le Diable. Si on inverse symbolique le sens spirituel des arbres, on peut aisément imaginer les conséquences que cela implique. Or c’est précisément ce que l’on fait avec l’arbre de Noël.


Le décor des premiers sapins de Noël officiels, à partir de 1521 est la pomme et l’hostie, deux symboles forts à cette époque. La pomme rappelant le péché originel d'Adam et d'Eve, l'hostie non consacrée, appelée oublie, figurant la rédemption apportée par le sacrifice de Jésus. D'abord suspendu à une poutre du plafond, comme naguère l'avaient été les branches " païennes ", l'arbre de Noël sera bientôt placé dans une petite auge emplie de sable et de gravier.

Sous l'influence des milieux protestants et des bourgeoisies urbaines, la coutume des cadeaux de fin d'année se déplace de la Saint-Nicolas (6 décembre) au 24 décembre. L'arbre de Noël est maintenant au centre des festivités. La symbolique de son décor demeure très chrétienne et ne suscite en conséquence, surtout dans le camp luthérien, qu'une opposition de principe. La fréquentation de l'Ancien Testament, amène les protestants à souhaiter une évolution du décor. En plus des pommes rouges et des oublies, les sapins se garnissent progressivement de papillotes. Ces fleurs multicolores sont une allusion à un verset d'Isaïe où il est question du " rameau fleuri de Jessé ". Ce personnage étant le père de David, lui-même ancêtre de Jésus Christ, la pratique devient symbolique de la filiation du Rédempteur. Elle est aussi en adéquation avec les paroles d'un cantique probablement composé à cette époque et qui, en allemand d'aujourd'hui, commence par ces mots : " Es ist ein Ros entsprungen ".


Avec le temps la référence chrétienne des décorations tend à s'estomper. Les pommes disparaissent et sont remplacées par des friandises rondes (noix fourrées, par exemple). Les oublies deviennent des bredele (gâteaux secs alsaciens), des gaufres, des pains d'épices, des confiseries en tous genres. Les formes de ces douceurs sont de plus en plus diversifiées. La garniture du sapin s'adresse désormais au monde enfantin et deviendra purement commerciale. Les pommes du sapin des origines deviennent des boules multicolores. Et avec elles, toutes sortes d'objets en verre soufflé, tels que clochettes, fuseaux ou noix. Puis le décor va évoluer vers des représentations de plus en plus déconnectées du message chrétien primitif.

Désormais la tradition a remplacé le culte et le symbole la pratique religieuse. Rien qu’en France 6 millions de sapins vont être vendus et la fête de Noël s’impose comme la fête principale dans presque tous les foyers dits chrétiens du monde, protestant évangélique compris. Le triomphe d’un paganisme oublié et de Mammon par le commerce qui en découle est total. Cédant à la magie de Noël et son envoûtant esprit, des millions de foyers « chrétiens » vont perpétuer le souvenir de la fête de Yule en plaçant chez eux le nouvel arbre de la connaissance symbolisé par le sapin. Vous comprendrez pourquoi l’alsacien que je suis ne vous souhaite pas un joyeux Noël.

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