http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Eve comme épouse

samedi 4 octobre 2014

Eve comme épouse

Le nom d’Eve (vie) n’apparaît que deux fois dans l’AT et à chaque fois dans un contexte particulier. Le premier c’est juste après avoir écouté le serpent et le second quand elle donne naissance à Caïn. Dans les deux cas, le rapprochement avec la vie pose problème puisque le serpent et Caïn sont porteurs chacun de mort et l’un est la conséquence de l’autre. Comme Caïn ne fut pas le résultat d’une union sainte voulue par Dieu, mais fut formé dans le dessein du serpent, l’expression d’Eve « J’ai acquis (Caïn=acquisition) un homme avec l’aide de YHWH », devrait plutôt être comprise comme une proclamation du serpent qui parle par la voix d’Eve et déclare que par les êtres formés par YHWH, le serpent a pu acquérir un homme qu’il a formé dans le péché. La mère des vivants peut alors être associée au vivant de Genèse 3 : 1 Le serpent était (nu) rusé, plus que tout vivant du champ qu’avait fait Yahvé Elohim. La mère des vivants prend alors une toute autre connotation quand on la replace dans le contexte global, car le mot ‘vivant’ vient surtout souligner le mensonge dans lequel se développe l’œuvre du serpent, quand il lui dit qu’ils ne mourront pas en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ils ne mourront pas, donc ils resteront vivants. Les vivants sont donc ceux qui ne sont pas mort physiquement après avoir connu le fruit défendu, mais sont mort spirituellement. L’action du serpent fut de produire par Eve des êtres de même nature que lui.

Il est intéressant de constater que le plus long dialogue repris dans la Bible quand Adam et Eve sont dans le jardin d’Eden, n’est pas entre Dieu et Adam, mais entre Eve et le serpent. Ceci souligne que les relations entre l’homme et Dieu sont simples quand elles sont en phase, mais deviennent extrêmement complexes quand l’union est brisée par le péché. Le chapitre trois de la Genèse nous enseigne comment le feu de l’Esprit Saint peut être éteint pour être remplacé par celui du désir. Nous avons vu que l'Épouse Ishah [אשה] est aussi le Feu, Esh [שא] et pourrait donc être traduit par LA Feu ou la flamme que l’Eternel mène vers l’époux. Par Ishah le feu de l’Esprit Saint de Dieu peut se répandre dans tout le genre humain et faire des fils d’Adam des fils de Dieu. La communauté des fils de Dieu devient alors dans son ensemble le tselem (l’image) qui forme le tsêla ", le côté visible de Dieu dans la création. Les fils de Dieu sont donc par extension l’Epouse de Dieu, mais uniquement si Son Esprit Saint réside en eux.

Dans son expression, le genre humain uni à Dieu forme le principe de vie et se retrouve au cœur de la création. Dans le jardin d’Eden on dira que l’Arbre de vie est placé au centre du jardin. L’Arbre de vie est donc une métaphore qui renvoie à la semence divine comme génération. La semence est placée dans l’adama qui y tire sa substance du sol pour former un arbre. Dit autrement, c’est Dieu qui forme l’Adam du sol. Puis il se multiplie pour former l’arbre généalogique divin, l’arbre de vie. Mais si les hommes ne restent pas dans l’union divine et sont mus par un autre esprit, alors se forme une nouvelle génération d’hommes et un autre arbre généalogique parait alors également au centre du jardin, l’arbre de la connaissance du bien et du mal. On notera que ce qui fait la nature de l’arbre ce n’est pas les hommes dans leur caractéristique physiologique, mais l’esprit par lequel ils sont mus. Nous allons maintenant voir que c’est la parole qui détermine l’essence de l’esprit qui ontologiquement forme un être spirituel et par extension défini l’arbre (généalogique) auquel il est rattaché.

Ecouter la parole de Dieu revient à avoir la vie et écouter le serpent renvoie à la mort. Tout le but du serpent va être de changer la nature des hommes par le mensonge et la ruse. Genèse 3 : 1 Le serpent était rusé (nu), plus que tout vivant du champ qu’avait fait Yahvé Elohim. Il dit à la femme: « Ainsi Elohim l’a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin... ». Le serpent était rusé, mais cela pourrait aussi être traduit ainsi : et la divination était rusée. Car en hébreu le serpent signifie aussi la divination, l’art de connaître ce qui est caché et de prédire l’avenir, comme le serpent va le faire en interprétant les paroles de Yahvé Elohim. Gen 3 : 2  La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. 3,  Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. 4  Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; 5  mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme Elohim, connaissant le bien et le mal.

Au moins le propos a le mérite d’être clair, non ? Pour le serpent, Dieu ment. Deuxièmement le serpent implique de fait déjà Adam dans la faute en employant le pronom personnel vous, bien qu’il s’adresse à Eve seul. Ceci implique bien que les deux doivent être impliqués dans la faute, pour que l’arbre de la connaissance produise son fruit de mort. Elohim est présenté à Eve comme connaissant le bien et le mal, sous-entendu qu’Il ne forme qu’un en Lui et ne serait qu’une forme spirituelle de l’arbre de la connaissance et si Eve veut être comme Elohim, alors Eve aussi doit connaître le bien et le mal. Eve qui n’a connu que l’amour et la pureté, ne peut même pas concevoir que le mensonge et la ruse puisse exister. Elle se laisse donc séduire par les paroles mielleuses et trompeuses du serpent et croit le serpent. « Eve Dieu te ment », dit le serpent, tu es aveugle, tes yeux sont fermés, tu es ignorante, Dieu te cache la vérité, car Lui Il sait, Il connaît. Presque le même mot est employé plus loin en parlant de la connaissance, Il connaît la connaissance, Il sait Lui que si tu goûtes et manges de son fruit comme Elohim tu seras. kelohim (comme Elohim) a pour valeur numérique 666 et trouve dans ce passage toute son explication. Dans ce contexte, c’est le principe de l’homme qui écoute les mensonges du diable pour accéder au divin. C’est la création de la religion sans l’Esprit Saint et qui au final produit la mort. Car ontologiquement Eve est Ishah et porte  déjà l’Esprit de Dieu en elle. Elle est donc déjà comme Elohim, puisqu’elle forme le tsêla de la forme visible de Dieu. Le but du diable est de l’en extraire pour former un nouvel être spirituel mû par son esprit satanique.

En écoutant le serpent, Eve va mettre en doute la parole de Dieu et sa nature divine va être étouffée. Pour ishah, les yeux de l’Esprit vont se fermer et ceux de sa chair vont s’ouvrir. Satan va lui montrer  comment tout le bien de ce monde peut se transformer en mal. Eve va faire la connaissance du bien et du mal et l’union des deux va former la mort. L’arbre de la connaissance révèle la nature du péché d’Adam et Eve, qui font passer leur nature charnelle avant leur nature spirituelle. Le mot connaître ayant dans ce contexte particulier le sens de l’union physique, l’Adam qui connaît son Eve dans le péché du mensonge va produire la mort par Caïn.

Genèse 3 : 6 la femme (ishah) voit que l’arbre est bon à consommer, désirable pour les yeux, agréable, l’arbre pour comprendre.
Elle prend de son fruit
Elle consomme (comme un mariage est consommé)
Elle donne aussi à son homme (ish) avec elle, il consomme.
7 Et s’ouvrent les yeux d'eux deux
et ils connaissent qu’ils sont nus eux (comme le serpent rusé qui peut aussi être traduit par nu)
ayant cousu des feuilles de figuier ils font pour eux des ceintures (ceindre dans des étreintes).

La prude retenue des religieux dans l’interprétation de ces deux versets très particuliers, occulte en jetant un voile de pudibonderie sur les traductions, le sens profond du péché qui est commis par le couple divin. Les deux êtres spirituels créés par Dieu, temple et réceptacle du Saint Esprit, ne brûlent plus du feu de Dieu dans ces versets, mais se laissent consumer dans les plaisirs de la chair. Ils brûlent pour un désir uniquement sexuel et voluptueux, qui révélera alors leur nudité jusqu’à en faire un objet de honte et de condamnation. Le symbole du figuier et de la figue en particulier, a un sens particulier depuis l’Antiquité, qui renvoie à la fertilité et à la sexualité. La forme externe des figues évoque dans de nombreuses civilisations où ce fruit existe, les testicules quand l’apparence interne évoque le sexe féminin ; à tel point que les noms permettent tous les jeux de mots (fica et figa par exemple pour le sexe féminin) ou impliquent des interdits très pudiques de vocabulaire dans certaines civilisations (les figues étant trivialement nommés par leurs homologues morphologiques masculins). Le latex blanc du figuier et du pédoncule de la figue, longtemps symbolisant à la fois lait et sperme, féminin et masculin, c’est donc bien, en fin de compte, une symbolique très portée vers l’objet sexuel. L’antique tradition symbolique liée à la figue et au figuier, nous amène alors à une lecture très différente du verset où il est dit qu’Adam et Eve se firent des ceintures avec des feuilles de figuier. Ainsi la sexualité quand elle est initiée par le diable, mène au péché et à la mort.

On ne naît pas femme on le devient. De l’enfance en passant par l’adolescence chaque individu prend progressivement conscience du lui-même et du monde dans lequel il vit. Pour le couple divin dans le jardin d’Eden les choses connurent un développement unique, puisqu’ils furent conçus adultes dès le commencement, du moins dans leur corps. Cet anachronisme va d’ailleurs être la cause de tous nos ennuis. Car s’il faut du temps pour acquérir sa maturité physique et sexuelle, il faut également beaucoup de temps pour acquérir sa maturité spirituelle. Le diable va jouer avec cette immaturité pour imposer sa loi au couple divin et en faire des créatures soumises lui appartenant totalement, comme s’ils étaient ses propres enfants spirituels en quelque sorte.

La sexualité peut être considérée comme l’antithèse de la spiritualité, car rien n’est plus charnel que le sexe. Dieu, on le sait, cherche avant toute chose à élever l’âme de l’homme spirituellement afin que dans l’Esprit, l’homme et Dieu se connaissent et ne forment plus qu’un. Puis, quand l’homme ou la femme a atteint sa pleine maturité spirituelle, alors Dieu conduit lui-même la femme vers l’homme afin qu’ils se connaissent et ne forment plus qu’une seule chair, mais aussi un seul Esprit. Ainsi dans l’Esprit une nouvelle unité se construit bénit par le Père et qui va elle aussi devenir une source de vie, un arbre de vie. Bénie de Dieu la sexualité n’est pas un interdit ou une honte, bien au contraire, c’est même un aboutissement dans la volonté de Dieu, une bénédiction qui élève encore plus l’âme de l’homme, car l’amour et l’union dans l’amour, sont la clé des relations entre le créateur et sa création. L’amour a fait qu’aujourd’hui l’univers et l’homme existent.

En observant ce que Dieu faisait en créant l’Ish et l’Ishah, Satan comprit que le tsêla divin se formait comme une image visible de Dieu lui-même dans la création. L’homme et la femme formés par l’Eternel sont donc une autre forme de Dieu. Prendre possession de cette forme revient à chercher à s’accaparer par ruse ce qui appartient à Dieu seul, le principe divin. Ce que le diable recherche au travers d’Eve, c’est de prendre la place de Dieu dans la création.  Il va donc utiliser les faiblesses humaines pour parvenir à ses fins.

Le caractère d’une jeune femme est plus ou moins marqué par les rythmes biologiques qui organisent son fonctionnement glandulaire. Les quatorze premiers jours du cycle, sous l'action de la folliculine, le caractère est gai, exubérant, impulsif. On verra durant cette période une accentuation de l'esprit d'aventure, de la coquetterie, de l'irritabilité, de la jalousie. Les sens sont en éveil, le désir d'être aimée est plus grand. Dans la phase lutéinique, c'est le calme, la réflexion. Tout devient plus pondéré, mesuré. La jeune femme devient plus maternelle, soucieuse du bien d'autrui, aimant à conseiller, protéger. Elle est aussi plus docile, ouverte à la discussion et susceptible de se laisser entraîner.

Dans sa jeunesse, la femme est aussi beaucoup plus mûre et raisonnée que l’homme. Ses cycles menstruels développent en elle très tôt et très fortement des pulsions et des désirs sexuels. Le désir fait référence à l'intérêt qu'a la personne d'être sexuel et il est déterminé par l'interaction de trois composantes distinctes, mais reliées : la pulsion; les croyances/valeurs; et la motivation.

La pulsion est la composante biologique du désir. Elle résulte de mécanismes neuroendocriniens et elle se révèle par un intérêt sexuel spontané et endogène. Elle se manifeste typiquement par des pensées, sensations, fantasmes ou rêves sexuels, une attraction érotique accrue envers les autres à proximité, la recherche d'activité sexuelle (solitaire ou avec un partenaire) et le picotement génital ou la sensibilité génitale rehaussée.

La deuxième composante du désir reflète les attentes, les croyances et les valeurs de la personne au sujet de l'activité sexuelle. Plus les croyances et les valeurs de la personne au sujet de la sexualité sont positives, et plus sa pulsion vis-à-vis de l'activité sexuelle sera forte.

La troisième composante du désir est la motivation psychologique et personnelle. La motivation est nourrie par des facteurs affectifs ou interpersonnels et elle se caractérise par la volonté de la personne à s'adonner à l'activité sexuelle avec un partenaire donné. Cette composante, la plus complexe et la plus difficile à définir, a tendance à avoir le plus grand impact sur le désir dans son ensemble.

Les menstruations et ce qu’elles impliquent au niveau psychique, font naître certains fantasmes liés à l’élaboration du désir de grossesse ou d’enfant. Sous l'influence des hormones sexuelles, le corps de la femme ou de l’homme change, l'instinct sexuel (la libido) s'éveille, voire explose... Le sexe, dont la fonction première est de donner la vie peut alors devenir un instrument de mort quand cela est mis entre les mains du diable. La prostitution et pire encore, l’antique prostitution sacrée, relève de ce principe.

Le serpent après avoir susurré des paroles mielleuses comme des caresses à Eve, l’a totalement fasciné par la douceur flûtée de son sifflement. Et quand la nuit vient, le démon profitant de la phase lutéinique, il va la séduire en lui montrant ce que Dieu lui cache encore pour un temps, sa sexualité. Dans ses pensées et rêves, le serpent lui montre sa nudité et fait monter en elle des phantasmes et désirs érotiques.

Eve voit alors ce que le démon lui montre et sa libido explose en elle. Désormais voir ne suffit plus, il faut répondre à ce feu qui brûle en elle et consume son âme. Sa main se tend et elle saisit le fruit défendu, elle cherche en elle le plaisir, le découvre et comprend combien il est agréable d’y goûter. Eve a trouvé en elle les réponses à ces mystères que Dieu cherche à cacher. Et Eve cherche au plus profond d’elle-même ce plaisir qui augmente, qui monte comme une bulle de feu et explose en désir intense. Le désir ne suffit plus, il faut qu’elle connaisse tout, il faut que l’homme qui est à côté d’elle la connaisse, la satisfasse et mange comme elle de ce fruit d’extase si précieux, précieux pour la connaissance, précieux pour la vie. Car maintenant, Eve comme femme, va pouvoir avec l’aide d’Adam, acquérir la connaissance et faire un homme pour être comme Dieu. Par Adam,  Eve possède dans ses bras le fruit de son désir, de sa chair, de son amour. C’est là, dans ce passage, que le double sens du mot connaître qui est aussi l’union dans la chair, prend tout son sens.

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