http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Focus sur les anges de Maïdan 8

jeudi 20 mars 2014

Focus sur les anges de Maïdan 8

Vous avez déjà vu ces images où lorsqu’on remue la boue dans certains marécages, du méthane se dégage et qu’on peut même l’enflammer. Et bien l’Ukraine c’est le marécage du monde judéo-chrétien, vous remuez toute cette boue et l’esprit qui s’enflamme alors est loin d’être celui de Dieu. Ce qui est intéressant dans le putsch du Maïdan c’est que de manière très visible la religion est directement concernée par l’affaire ukrainienne.

Par Jeffrey Veidlinger

Maintenant que la Crimée est retournée dans le giron russe, on peut faire un détour historique ironique dans cette péninsule, car il y a moins d’un siècle le Kremlin avait envisagé d’en faire le lieu d’une possible patrie juive. Les Juifs ont vécu dans la péninsule depuis les temps antiques, essentiellement divisés en deux communautés : Les Krymchaks , qui suivaient le Judaïsme rabbinique et les Karaïtes , qui rejetaient la Torah orale. Peu après que la Grande Catherine a conquis la région en l’arrachant à la tutelle de l’Empire ottoman, en 1783, elle a voulu y développer une implantation juive, en espérant que les Juifs jouent le rôle de rempart contre les Turcs . En dépit du fait que les Juifs se sont, plus tard, vus interdire de vivre dans les grandes villes, la péninsule promettait des espaces ouverts et la totale liberté à des Juifs aventuriers à la recherche de conquête de nouvelles frontières et qui souhaitaient prendre la pelle et la pioche. Des dizaines de milliers de Juifs, jeunes pour la plupart, se sont installés dans cette partie de la “Nouvelle Russie”, au cours du siècle suivant. Les résidents juifs de Crimée étaient aussi profondément engagés dans le problème le plus sensible de la “Question juive” de l’époque : le Sionisme. Et, vers la fin du 19ème siècle, cette zone est devenue un camp d’entraînement pour les futurs pionniers sionistes, qui y pratiquaient les techniques agricoles, avant d’être relocalisés en Palestine. D’une certaine manière la Crimée a formé l’ossature du futur État d’Israël en permettant l’établissement de ses 120 kibboutzim.

Au début des années 1920, le nouveau gouvernement soviétique s’est tourné vers la péninsule. Inquiet du fait que les Tatars de Crimée, les Ukrainiens et les Allemands qui représentaient les populations les plus nombreuses de la région étaient anticommunistes. Les responsables à Moscou cherchaient alors des nouvelles recrues  loyales à Moscou, par l’offre de terres et des promesses d’autonomie dans cette péninsule riche en terres agricoles. Lorsque l’ingénieur agronome et militant communautaire américain Joseph A. Rosen a suggéré de fournir un soutien financier, grâce au Joint Distribution Committee, afin de réinstaller les victimes juives des pogroms dans la région, le Kremlin a sauté à pieds joints sur l’opportunité. En 1923, le Politburo a même accepté une proposition d'établissement d’une région juive autonome en Crimée, avant de revenir sur sa décision quelques mois plus tard. Quoi qu’il en soit, de 1924 à 1938, le Joint (DC), par le biais de sa Corporation Agricole du Joint Juif Américain et avec le soutien financier de philanthropes juifs américains, comme Julius Rosenwald, a appuyé le développement des implantations agricoles juives dans la Crimée soviétique.

De nombreuses fermes collectives et même des districts entièrement juifs ont poussé comme des champignons, au cours des années suivantes. Le rêve de bâtir une république juive est demeuré bien vivace, jusqu’à l’invasion nazie de l’Union Soviétique, en juin 1941. La plupart des « colons » juifs de Crimée se sont enfuis vers l’Est, pour trouver refuge loin du front. Des fermes collectives tout entières se sont évadées ensemble, voyageant par des convois vers l’Est, juste avant l’arrivée des troupes allemandes, sans s’arrêter, jusqu’au Kazakhstan ou l’Ouzbekistan. Là, ils ont restauré leurs fermes collectives et beaucoup ont rejoint l’Armée Rouge pour combattre les nazis. Alors que la guerre se prolongeait, Staline a envoyé deux représentants du Comité Juif Soviétique Antifasciste, nouvellement institué – l’acteur yiddish Solomon Mikhoels et le poète yiddish Itsik Fefer— aux Etats-Unis et dans d’autres pays alliés, pour provoquer le soutien des Juifs occidentaux à l’effort de guerre soviétique. A New York, Mikhoels et Fefer ont rencontré les représentants du Joint Distribution Committee, qui ont parlé de renouveler leur appui aux colonies juives de Crimée, lorsque la péninsule serait libérée de l’emprise nazie.

En 1944, l’Armée Rouge a mis les Allemands en déroute et les a boutés hors de Crimée. Staline a ordonné la déportation d’environ 180.000 Tatars de Crimée en représailles pour leur collaboration présumée avec l’ennemi. Les troupes soviétiques ont ordonné aux familles Tatares de faire leurs bagages, de prendre 80 kgs de leurs biens, puis de prendre le train pour quitter la région ; peu de temps après, des dizaines de milliers de Juifs sont revenus en Crimée, à partir de l’Est, pour restaurer les implantations qu’ils avaient été contraints d’abandonner. C’est dans ce contexte chaotique que Mikhoëls et Fefer ont rencontré le ministre des Affaires étrangères soviéitique Vyacheslav Molotov et rediscuté de l’idée d’établir une patrie juive en Crimée.

Mais, contre toutes leurs prévisions et aspirations, Staline a utilisé la proposition en Crimée comme un prétexte pour lancer une agression sans précédent contre la communauté juive d’Union Soviétique. Le vote des Nations-Unies en faveur de l’établissement de l’État d’Israël, en novembre 1947, avait rendu superflue l’idée d’une patrie juive en Crimée et renforcé les soupçons de Staline contre les aspirations nationales des Juifs. La nuit du 12 janvier 1948, Staline a fait assassiner Mikhoëls, signifiant ainsi le début de la campagne de terreur stalinienne contre les Juifs. Au cours des 13 mois suivants, Fefer, Zhemchuzhina, et de nombreux autres membres du Comité Juif Antifasciste ont été arrêtés. Zhemchuzhina a été exilée au Kazakhstan. Quinze autres ont subi un procès inique, tenu au secret, accusés de conspiration avec les Etats-Unis, en vue d’établir une République Juive en Crimée. C’est le déclenchement de la Guerre Froide, où l’État d’Israël jouera un rôle important en battant les armées arabes, alliées de Moscou et en renseignant les Américains sur les équipements soviétiques fournis à ses supplétifs arabes.

Le 12 août 1952, dans ce qui est devenu “ La Nuit des Poètes Assassinés ”, 13 des accusés, dont Fefer et les écrivains yiddish réputés : Dovid Bergelson, Dovid Hofshteyn, Leyb Kvitko, Peretz Markish, et l’acteur Yiddish Benjamin Zuskin, ont été exécutés dans les sinistres prisons de la Lubyanka, à Moscou. Deux ans plus tard, le Kremlin a scellé le sort de la Crimée, en transférant la gestion des affaires de Crimée à l’Autorité administrative de la République Soviétique Socialiste d’Ukraine.

La Crimée eschatologique.

La Crimée on l’a vu, a joué un rôle eschatologique majeur dans l’Histoire du 20ème siècle et la création d’un Etat  juif en Palestine. Aujourd’hui l’histoire continue, mais pour d’autres motifs et toujours encore les juifs sont très actifs  en Ukraine. Par les services secrets israéliens qui ont œuvrés avec les services occidentaux au putsch du Maïdan, ou par la nomination par le gouvernement de Kiev de deux oligarques, comme gouverneurs des régions de Dniepropetrovsk et de Donetsk, permettant de mieux comprendre l’origine du coup d’État. Les deux oligarques en question sont liés au système Timochenko, qui a déjà sévi en Ukraine. Il s’agit d’Igor Kolomoiski (Privat Bank) et de Sergei Taruta. Ils ont reçu le soutien du plus riche d’entre eux, Rinat Akhmetov. On pense ainsi rassurer la communauté juive d’Ukraine, puisqu’Igor Kolomowski est président du congrès juif ukrainien et qu’il finance la plupart des organisations juives. Cela explique le soutien inattendu des représentants de cette communauté au nouveau gouvernement, pourtant composé de leurs pires ennemis et rappelle pourquoi les supporters de football qu’ils contrôlent se sont mêlés aux nazis du Maïdan pour renverser le gouvernement.

Le but d’Israël et des juifs est d’affaiblir la Russie par tous les moyens à cause de son soutien à l’Iran et aux pays ennemis d’Israël comme la Syrie. Ils utilisent donc tous les moyens pour parvenir à leurs fins. Services secrets, oligarques juifs, hommes politiques juifs, BHL comme pseudo philosophe ou des journalistes comme Patrick Cohen. Si on peut comprendre les motivations, bibliquement leurs actions collectives sont toutes condamnables d’un point de vue purement religieux. Même Mélenchon du front de gauche maçonnique leur rappelle l’incohérence de leurs actes.

Sur le blog à Mélenchon, on peut lire : avez-vous noté la volonté de Patrick Cohen sur « France Inter » de minimiser tout ce que je disais sur la place que le parti national socialiste d’Ukraine, « Svoboda », occupe dans le gouvernement qui s’est imposé dans ce pays ? Comme il est significatif de l’aveuglement idéologique des stars médiatiques ! J’ai dit « les néo-nazis ont quatre ministres ». « Non ! Trois ! » lance-t-il du tac au tac. Que veut-il ? Semer le doute sur la gravité des faits que je veux signaler en tâchant de disqualifier la valeur de mon propos. Comme si, même s’il n’y avait qu’un seul néo-nazi avéré dans un gouvernement ce ne serait pas déjà trop ! En réalité, il n’en sait rien. Son but n’est pas d’informer, mais de valider la thèse du Disneyland dominant. Muet devant les grotesques trémolos anti-Russes de Cohn-Bendit, Patrick Cohen est bizarrement aux aguets dès qu’il s’agit de l’image des Ukrainiens. Cette rédaction, comme les autres, organise un spectacle. La preuve ? Il y a bel et bien au gouvernement quatre ministres néo-nazis et non des moindres : le vice-premier ministre, le ministre de la Défense et de la Sécurité nationale, celui des Ressources naturelles et de l'énergie et le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. A quoi l’on peut rajouter le nouveau Procureur général du pays et le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, lui-même fondateur de « Svoboda ». A l’époque, ce parti avait choisi comme nom « Parti national socialiste d'Ukraine ». Il n’a changé de nom qu’en 2004, dans le but de se rendre plus présentable devant l’opinion européenne. Toutefois, le discours antisémite reste un fondement non masqué de sa culture politique. Le parti est mené par Oleg Tyagnybok. Selon lui « une mafia judéo-moscovite dirige l’Ukraine », vocabulaire sans ambiguïté. Les membres de Svoboda défilent chaque 28 avril à LVOV en souvenir de la création de la division SS « Galitchina ».

Cette façon de nier la réalité de ce qui est en train d’avoir lieu en Ukraine crée des zones d’ombres dont les conséquences pourraient devenir terribles. Je suppose que tous ceux qui auront fait, comme moi, un petit tour dans leurs sources d’information et d’analyse auront été au moins aussi surpris que moi de la réaction du même Patrick Cohen sur France Inter face à mes inquiétudes sur la sécurité de la communauté juive d’Ukraine. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de lui dire en substance : « vous pensez qu’il n’y a pas de danger pour la communauté juive, je pense le contraire : chacun d’entre nous deux assumera sa responsabilité devant les évènements qui vont arriver ». En fait, les raisons d’être inquiet sur ce sujet aussi sont de notoriété publique. Car depuis la défaite du nazisme allemand, c’est la première fois qu’on entend un rabbin appeler ses compatriotes et coreligionnaires à quitter le pays. C’est ce qu’a fait, le 22 février dernier, le Rabbin Ukrainien Moshe Reuven Azman. Il a appelé les Juifs de Kiev à quitter la ville et éventuellement le pays, par peur des exactions antisémites dans le chaos. C’est également la première fois que l’on voit une communauté juive locale demander l’aide des organisations juives mondiales et d’Israël pour garantir et assurer la sécurité de ses organisations communautaires. « L’Agence juive va étendre son aide d’urgence immédiate à la communauté juive d’Ukraine et sécuriser les institutions juives dans le pays », a annoncé le président de l’exécutif de l’Agence juive pour Israël, Nathan Chtaransky, ancien dissident de l’URSS. « La communauté juive d’Ukraine, qui compte environ 200 000 membres, est l’une des communautés juives les plus dynamiques au monde, avec des dizaines d’organisations et d’institutions juives actives. Les événements récents ont montré que nous devons renforcer les mesures de sécurité de ces institutions. Nous avons la responsabilité morale d’assurer la sécurité des Juifs d’Ukraine », a déclaré Chtaransky .

Et Mélenchon qui se permet même de rappeler le jeu trouble des médias : Les observateurs ne le découvrent pas. La fameuse Ioulia Tymochenko, la blonde aux nattes si faciles à identifier sur la scène du spectacle médiatique, n’est pas seulement une corrompue notoire : elle aussi une suspecte de longue main. En 2012, la Ligue Anti-diffamation (ADL), une des principales organisations juives américaines, a dénoncé l’alliance parlementaire signée par Yulia Tymoshenko avec le parti d’extrême-droite Svoboda. Oubliée ! Aujourd’hui, sa sortie de prison est célébrée comme celle d’un Nelson Mandela ! « Le journal du Dimanche » a même fait de son portrait sa une entière ! Pourtant, ce genre de personnage n’a jamais baissé la garde, si j’ose dire. En 2013, le parti Batkivshchyna (Patrie) de Ioulia Tymochenko et l’UDAR, le parti du boxeur Vitaly Klitschko, candidat des Allemands et Svoboda, se sont unis plus d’une fois et notamment contre un projet de loi présenté par le Parti des régions (PdR) du président en fuite Viktor Ianoukovytch. Ce projet de loi visait à interdire « les discours haineux et les expressions dégradantes » en interdisant des mots très insultants comme « youpin », « sale juif » (« zhid », en ukrainien) et « Russkof », qui ont la faveur des partisans de Svoboda. 

En ce qui concerne les médias, on connaît la musique. La paresse, le panurgisme, les a priori idéologiques sont le substrat commun des multi-éditorialistes psittacistes. Le psittacisme est la maladie de ceux qui répètent ce qu’ils viennent d’entendre dire. Le mot est construit sur la même racine que « perroquet ». Après le psittacisme vient l’ignorance des grands chefs qui fixent la ligne. Faute d’idée un seul but : pas d’histoire ! Vous imaginez France Inter, ou d’autres, se mettre en retrait du concert des confrères unanimes pour émettre des doutes ou nuancer les slogans antirusses ? Impensable. Il faudrait démontrer, enquêter, confronter. Pas le temps ! Trop risqué. Reste que pour ce qui est de savoir et d’être informé, c’est sur internet et Facebook qu’on doit le trouver par soi-même. Mais encore faut-il en avoir le temps et les moyens. Ceux qui n’ont pas ces moyens sont mis au régime du fast-food de l’info : steak de Russe haché pour tout le monde.

Le gouvernement va organiser des élections et appliquer, quelle que soit la majorité, des politiques d’austérité extrêmement violentes. C’est la condition pour obtenir la bénédiction des « Occidentaux », de leurs banques et de leurs compagnies pétrolières. Les banquiers français, qui possèdent le quatrième réseau bancaire du pays, les Autrichiens, pleins de titres de la dette ukrainienne à 35 % de taux d’intérêt (mais oui !), les Allemands, qui s’abreuvent en pétrole et gaz par ce point de passage, la Chevron, qui a déjà investi 350 millions de dollars pour sortir du gaz de schiste, ne sont pas des philanthropes. Les gouvernants actuels sont les marionnettes d’un clan d’oligarques qui prend sa revanche sur la précédente équipe de kleptocrates…

Ainsi lorsqu’on remue le marigot ukrainien un relent fétide remonte invariablement. Il est impensable que le peuple juif puisse seulement soutenir le putsch du Maïdan pour des raisons politiques ou économiques. Ce serait balayer ce qui fait la base même de leur foi. Mais souvent la communauté juive est utilisée pour bien autre chose que son lien avec la Torah. L’enrichissement personnel est souvent aussi le moteur de nombreuses actions et motivations juives. Pour les oligarques russes ou ukrainiens, cela semble évident, mais même pour tout l’État israélien le jeu peut être trouble et directement opposé au sens même de ses croyances bibliques.

La partie chrétienne.

Si on analyse l’histoire ukrainienne juive, on se rend compte rapidement que la religion se mêle à la politique et au business, formant un magma qui n’a plus rien de spirituel dans son fondement. On comprend alors pourquoi Dieu arrache Son peuple aux nations pour les ramener dans Son pays, puis progressivement les ramène vers la Torah. Ce qui est valable pour les juifs, l’est également pour les chrétiens. Cependant, comme la religion est intimement liée aux affaires politiques et économiques, seule une relation personnelle hors système dénominationnel permet une réelle communion avec Dieu aujourd’hui. Comme en Israël il existe un État juif, mais une multitude de courants juifs, dans le christianisme il existe une multitude de courants chrétiens. Ainsi, pour former un corps unique par sa pensée et son esprit il est nécessaire de sortir de ce monde et fonder sa propre Église de maison. Si vous ne le faites pas, rapidement les institutions religieuses intégrées, vont comme un rouleau compresseur vous laminer où vous intégrer de force.

Si on reste sur le continent eurasiatique, l’ouest est dominé par le catholicisme et l’est par les orthodoxes. Chaque partie ayant ses intérêts économiques et politiques propres. Il y a cependant une différence de taille entre les deux blocs. Dans la partie ouest, le pape est au-dessus des partis comme leader religieux, alors que dans l’est c’est le politique qui domine l’Église. L’Ukraine étant la zone de partage des eaux politico-religieuses, n’oublions pas que Yalta est en Crimée.

Poutine comme nouveau tsar et guide spirituel de Gog et Magog.

C’est sur cette terre d’Ukraine qu’est né le christianisme slave. En 988, le prince Vladimir de Kiev se fit baptiser dans les eaux de la Dniepr et évangélisa l’ancienne Russie (la Rous). C’est un acte fondateur, encore célébré aujourd’hui en Russie et en Ukraine. Depuis, au fil des siècles, l’Ukraine a été ballottée entre l’hégémonie russe à l’Est et l’influence des puissances (grand-duché de Pologne et de Lituanie, empire des Habsbourg) qui ont dominé le centre du continent. Quand, à la fin du XVIe siècle, les forces venues de l’Ouest et des papes de Rome réussissent à reconquérir des territoires orthodoxes et à faire avec eux une «union» (unya) lors du traité de Brest-Litovsk (1596) —acte de naissance de l’Église gréco-catholique dite «uniate»— , s’ouvrent quatre siècles de violents affrontements entre orthodoxes et catholiques qui perdurent encore aujourd’hui.

Cette reconquête catholique dans les terres orthodoxes de l’Est européen et des Balkans (il y a aussi des Églises gréco-catholiques en Roumanie, en Slovaquie, à la frontière orientale de la Pologne) est restée une écharde dans la mémoire orthodoxe. Depuis l’indépendance de l’Ukraine, Moscou fait tout pour retenir dans son orbite cette Église ukrainienne travaillée par des tentations d’autonomie. Elle fait la guerre à l’Église dissidente du patriarcat de Kiev, qui lui a pris une partie de son clergé et de ses fidèles, et garde des relations très froides avec les Églises catholiques de l’Ouest. Mais l’Église gréco-catholique et l’Église orthodoxe dissidente dite du patriarcat de Kiev font le forcing pour briser le lien avec l’Église orthodoxe russe. Elles ont activement milité pour le rapprochement avec l’Union européenne en manifestant contre le président pro-russe Viktor Ianoukovitch, son alliance avec Vladimir Poutine et ont fait campagne pour la libération de l’opposante Ioula Timochenko. Elles souhaitent détacher le pays de toute influence russe et défendent l’ukrainien comme langue officielle. L’Église est donc une pièce essentielle dans le jeu politique du moment. Magistralement orchestré par le pape jésuite dans la partie ouest, Poutine n’est pas en reste et reste un adversaire redoutable dans cette partie d’échec planétaire. 

En Russie l’Église est devenue un organe de gouvernance politique comme un autre. Dans la Russie tsariste, l'Église et la monarchie avaient des rapports très étroits. Avec la Révolution d'octobre 1917, une nouvelle ère de confrontation a débuté entre l'Église et le pouvoir, bien qu'une loi ait proclamé la séparation de l'Église et de l'État. Une des institutions les plus intimement liées au régime tsariste était l'Église orthodoxe russe, aussi devait-elle être traitée comme telle et éliminer du jeu politique. Lors des révolutions, après que l'ancien régime ait été détruit et lorsque l’ordre public est absent, il y a danger que ceux qui cherchent à s'emparer du pouvoir tirent profit d'une telle période. C'est ce qui arriva avec le machiavélisme de Staline, qui essaya d'établir une dictature absolue en éliminant les obstacles et les personnes qui barraient sa route. Il tenait en main tous les secteurs de la vie : l'éducation, la culture, les arts et même la religion. Mais cela ne suffisait pas. Staline pensait qu'il ne devait y avoir qu'un seul dieu - celui qui était au Kremlin, et que l'idéologie dominante devait être la foi qu'il inspirait, dépassant le marxisme. Il gagna ses dernières batailles quand la Constitution fut changée afin d'interdire la propagande religieuse et le symbole physique de sa victoire fut la destruction de nombreuses églises célèbres. Staline avait décidé que ce vide religieux qu'il avait créé était suffisant. Mais la création d'une nouvelle religion était à l'horizon quand Staline, qui se proclamait le " père de la nation ", s'éleva encore plus haut sur le mont Olympe, vers un absolutisme que même l'empereur Auguste n'avait jamais imaginé.

Constatant qu'il était un empereur sans couronne, Staline décida qu'il serait avantageux pour lui de recevoir la bénédiction de cette même Église, qui avait sanctifié le régime tsariste russe depuis le XVIe siècle. De sorte que l'Église, qui allait être complètement détruite, reçut tout à coup une totale approbation. Après la Seconde Guerre mondiale, il décida qu'il était nécessaire de créer une structure séparée au niveau gouvernemental, qui servirait de liaison entre les autorités et l'Église orthodoxe russe, enclenchant ainsi un plus grand contrôle des activités de l'Église. Cela commença le plus simplement du monde lors d'une conversation fortuite le 4 septembre 1943. Quand la façon dont se terminerait la guerre devint évidente, Staline fit venir à sa datcha l'officier du KGB responsable de la religion, pour se renseigner sur l'Église orthodoxe russe. L. Béria et Malenkov, responsables de l'idéologie, étaient aussi présents. Karpov était très au courant de ce secteur et il donna un grand nombre d'informations, allant de l'état de santé des métropolites jusqu'au nombre des croyants, en passant par les rapports avec les Églises orthodoxes de Roumanie, de Bulgarie, etc. Après avoir obtenu toutes les réponses à ses questions, Staline voulut en savoir davantage. Il décida alors qu'il était nécessaire de créer une structure séparée au niveau gouvernemental, qui servirait de liaison entre les autorités et l'Église orthodoxe russe, enclenchant ainsi un plus grand contrôle des activités de l'Église. Staline déclara alors à Béria, Malenkov et Karpov qu'il voulait rencontrer immédiatement les métropolites Serge, Alexis et Michel. Karpov appela le métropolite Serge et lui dit que le but de la réunion était de discuter des besoins de l'Église.

Les métropolites arrivèrent au Kremlin le jour même, et ils furent très surpris du traitement hospitalier et accommodant qu'ils reçurent de la part du " père de la nation ". Staline remercia les métropolites pour la participation patriotique de l'Église à l'effort de guerre. Ils ne pouvaient pas savoir où les entraînerait la foi qu'ils mettaient dans cette tromperie et les graves conséquences qu'elle aurait pour des millions de fidèles de l'Église orthodoxe russe, ainsi que pour les autres dénominations religieuses. Pour prouver sa gratitude, Staline demanda aux métropolites s'il pouvait aider l'Église. Le métropolite Serge, représentant du patriarcat, répondit que le principal problème était le manque d'une autorité centralisée, particulièrement parce qu'aucun synode n'avait été autorisé depuis 1935. Il demanda la permission de convoquer un sobor (réunion des membres de la hiérarchie) pour permettre de choisir un patriarche. Le métropolite de Léningrad, Alexis, et l'exarque d'Ukraine et métropolite de Kiev, Michel, approuvèrent la proposition de former un synode. Les métropolites déclarèrent que ce serait un synode canonique. Mais comment pouvait-on considérer qu'un synode organisé à l'intérieur des murs du Kremlin, sous la direction vigilante d’un des pires tyrans de l'histoire, pouvait avoir la moindre légitimité ? En fait, l'issue du synode fut décidée par Staline - le métropolite Serge serait nommé patriarche. Ainsi fut fait. Le scénario de la pièce appelée " synode canonique ", fut écrit par le " tout puissant " Staline, avec comme acteurs secondaires, des membres du KGB. Pour compléter le spectacle, le patriarcat aurait un titre approprié - celui de patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Le marché avec Satan était presque complet. L'Église orthodoxe russe devint le fantoche de Staline, et un appareil du gouvernement en recevant un statut privilégié. A la suite d'autres demandes d'assistance, elle reçut des promesses de réouverture de séminaires, l'autorisation d'éditer des publications religieuses et de rouvrir plusieurs églises. Une demande fut faite également d'une aide financière, qui entrerait directement dans les caisses de l'Église pour les activités du patriarcat et le synode. Cela aussi fut accordé, de même que l'autorisation de relancer des entreprises religieuses autonomes, telles que la fabrication de cierges, etc. Quand les métropolites eurent une confiance encore plus grande dans Staline, ils osèrent demander la libération de prêtres emprisonnés ou en camps de concentration. Staline assura les métropolites que tous les besoins de l’Église seraient satisfaits et que l'Église pouvait compter sur le soutien du gouvernement pour qu'elle se développe dans toute l'Union soviétique. Bien que cette nouvelle direction soit en violation avec les anciennes lois sur la séparation de l'Église et de l'État et de l'Église avec les écoles, elle s'accordait avec la situation sociopolitique spécifique du moment, et elle était conforme aux projets futurs de Staline. En offrant subventions et assistance, Staline fit de l'Église une servante de l'idéologie de l'État. Après avoir pourvu aux besoins de l'Église, Staline passa au domaine personnel du clergé en offrant des appartements plus spacieux, des automobiles et des approvisionnements de denrées rares. En politicien, Staline estima qu'il avait complètement manipulé les dirigeants de l'Église. C'est alors que le véritable but de la réunion fut dévoilé. Se tournant vers les métropolites, Staline dit : " S'il n'y a pas d'autres demandes, nous allons procéder au travail qui nous occupe - la création d'un soviet de l'Église orthodoxe russe, qui sera dirigé par le camarade Karpov. " Les représentants de l'Église donnèrent leur accord et l'affaire fut réglée.

L'Église orthodoxe russe était donc sous les ordres directs du KGB. Quand l’Union soviétique s’effondra, un nouvel espace politique s’installa avec à terme un ancien du KGB au pouvoir, Vladimir Poutine. C’est homme extrêmement intelligent et ambitieux comprendra rapidement le parti qu’il pourra tirer de l’Église en gardant la main mise sur son contrôle. Il agira moins autoritairement que Staline, mais avec autant de volonté mêlé de subtilité. Comme ancien espion il sait comment façonner une image trompeuse de sa propre personne. D’abord il se montre comme un homme fort le torse nu à la chasse ou à cheval. Puis il travaille son image de démocrate en passant systématiquement par les institutions pour imposer sa volonté. Puis pour gagner les religieux, en orthodoxe pratiquant Vladimir Poutine s'est souvent illustré en affichant sa croyance en Dieu. Ainsi, il pose souvent dans des temples orthodoxes, ce qui fait de lui une personnalité politique très respectée dans l'électorat conservateur et religieux.


Poutine qui agit comme les Occidentaux, mais avec beaucoup plus de subtilité, les renvoie désormais à leurs propres contradictions. Face au putsch du Maïdan il agit en suivant les voies institutionnelles, sans violence et en agrégeant le peuple autour de son action. En religion il fait de même et cloue au pilori les démocraties occidentales qui bafouent tous les jours les valeurs chrétiennes sur lesquelles elles sont fondées. Chaque année, en été, le club Valdaï, haut lieu de réflexion sur l’avenir composé d'experts et de décideurs internationaux, ouvre grand ses portes en Russie. Cette fois-ci, la discussion a été particulièrement animée, d’autant plus que le Président Poutine présidait à ses travaux. Le Président de la Russie a bataillé ferme contre le révisionnisme de l’histoire et a notamment abordé frontalement la problématique religieuse en dénonçant la manière dont les Occidentaux se détournent maintenant des valeurs chrétiennes. En France il serait impensable d’entendre un président parler de cette manière. Clairement Poutine se dresse efficacement en défenseur des valeurs chrétiennes. Cependant par ses actes il les renie tout aussi clairement, mais en entretenant l’illusion de la piété. Les Russes ont trouvé leur nouveau tsar et gardien de la chrétienté et on peut maintenant mettre un nom et un visage sur une des figures eschatologiques les plus emblématiques, le prince de Gog et Magog.

2 commentaires:

  1. Juste en quelques mots, votre voix pour Jérusalem n'est pas la mienne, aujourd'hui vous pouvez bien sur ne pas vous en rendre compte. Mais un jour viendra, vous vous rappelerez mieux de ce que j'avais voulu vous dire. Malheureusement tout votre propos sur les uns et les autres pourrait très bien aussi s'appliquer à d'autres. Bien sur tout ce que vous dites n'est pas faux, comme d'ailleurs pas toujours plus inspiré par la parole du Seigneur et autres signes du moment moins visibles mais tout aussi parlants par le premier calcul des autres hommes pas moins ressemblants à Poutine en société. Mais c'est normal vous n'êtes avant tout qu'un homme avec ses qualités, préférences et défauts, enfin à chacun sa conception du messie ou du messianisme, cordialement.

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