http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Focus sur les anges de Maïdan 2

mercredi 26 février 2014

Focus sur les anges de Maïdan 2

Maintenant que la fumée s’est dissipée et que la poussière est retombée sur le Maïdan à Kiev, on peut doucement commencer à y voir plus clair dans l’histoire de la récente révolution ukrainienne. Si on suit les commentaires des médias occidentaux, l’Europe vient de gagner une formidable victoire diplomatique contre la Russie, victoire acquise de haute lutte par un peuple ukrainien épris de liberté et de justice, face à une caste d’oligarques inféodés aux Russes de Poutine. Les hommes politiques européens et les médias vantent les vertus de l’Union tant décriée dans l’ouest et tant désirée dans les pays de l’ex bloc de l’Est soviétique. Quand la bête de l’Apocalypse exulte et éructe de plaisir, c’est là qu’il faut sérieusement se poser des questions et commencer à gratter le vernis. Ainsi nous serions à Kiev dans vaste mouvement démocratique épris de liberté, vraiment ?

Aujourd’hui nous avons un pasteur évangélique Olexandre Tourtchinov comme tout nouveau président de l'Ukraine, jusqu'au 25 mai prochain, date de l'élection présidentielle anticipée. Olexandre Tourtchinov prêche dans une église évangélique baptiste de Kiev. Élu dimanche président par intérim après la destitution de Viktor Ianoukovitch et dont la carrière politique est indissociable de celle de l'opposante et ex-premier ministre Ioulia Timochenko. "L'un des traits de caractère de Tourtchinov est que depuis son entrée en politique il joue toujours le rôle de numéro deux", souligne le politologue Volodymyr Fessenko. Il ne devrait pas aspirer à l'avenir à être sous les feux de la rampe et ne se présentera vraisemblablement à l'élection présidentielle. "Il sera toujours le fidèle écuyer de Mme Timochenko", prédit le spécialiste. À première vue le bien semble donc triompher du mal et l’Eglise présente dès les premiers instants de la révolution sur le Maïdan peut donc avoir le sourire.


Différentes Eglises étaient très présentes dans la crise qui a secoué l'Ukraine depuis plus de deux mois. Sur le Maïdan, au pied même de la haute colonne païenne de Bereginya-Oranta symbolisant l'Ukraine indépendante, une grande tente militaire abritait une chapelle orthodoxe. Un prêtre priait devant une croix accrochée au mât central de la tente, au pied d'un iconostase improvisé en bois séparant l'espace sacré du reste de l'église. Des copies couleur d'icônes et des banderoles avec des versets des Evangiles ornaient les parois en toile. Les orthodoxes n’étaient pas les seuls à être présents sur le Maïdan, haut lieu de la contestation. Une "tente multiconfessionnelle de prière" y avait été installée par une alliance d'églises protestantes - baptistes, chrétiens évangéliques, pentecôtistes - qui accueillent tous ceux qui veulent prier, se réchauffer, ou boire un thé et avaler un sandwich au jambon. Beaucoup plus petite que la chapelle de toile orthodoxe, elle était remplie de sacs de provisions et de bidons d'eau et d'essence.

Pendant la révolution, "nous prions toutes les heures", expliquait le pasteur baptiste Pavel. "Maintenant, nous prions pour la réussite des travaux du Parlement", en cours aujourd'hui, "et pour les hommes politiques, pour qu'ils craignent Dieu et disent la vérité". "Nous ne nous immisçons pas dans la politique. Mais nous nous opposons au mensonge, comme l'indique un psaume de David", explique l'ecclésiastique portant une courte barbe. L'archevêque Evstratiï, porte-parole du patriarcat orthodoxe de Kiev, tient presque le même discours. C'est au "mensonge - et donc au péché" - qu'il assimile la volte-face du pouvoir qui "avait pendant trois ans préparé les gens à un accord avec l'UE, puis y a renoncé à une semaine de la signature", avant d'"utiliser la force contre les jeunes qui protestaient - et qui se sont réfugiés dans nos monastères". Son Église ne défend pas l'accord avec l'Europe, mais "la liberté d'expression des gens, quelles que soient leurs opinions". Un prêtre catholique de rite oriental (uniate) venu de la région de Lviv dans l'ouest, le père Lioubomyr Sapraniouk, était beaucoup plus direct. "Je suis ici pour soutenir ces gens (les contestataires), pour que les choses changent. Le pouvoir actuel est mauvais, antinational. Ils ne pensent qu'à s'enrichir".

Les pentecôtistes unis aux uniates catholiques ont donc par leurs prières ferventes permis à la justice, la liberté et la démocratie et la lumière du Christ de triompher face aux ténèbres de l’ex-président pro russe Viktor Ianoukovitch recherché aujourd’hui pour meurtres. Le pasteur évangélique Olexandre Tourtchinov va donc diriger le pays en attendant que des prochaines élections, émerge une nouvelle figure pro-occidentale des urnes. Cependant les choses ne semblent pas être perçues de la même manière du côté des Ukrainiens prorusses. De présidence « il n'y en a plus », déclarait lundi devant la mairie, Guennadi Bassov, patron du Bloc russe (Rousski Blok), un groupe radical qui milite pour le rattachement de la Crimée à la Russie, et qui trouve dans les événements actuels une audience inédite. « Kiev a été prise par des groupes fascistes, des gens en armes qui sont déjà arrivés à Kharkiv et à Donetsk », les grandes villes de l'Est, « et qui viendront chez nous si nous ne faisons rien », prévient-il.

Des groupes fascistes, allons donc. Sur l’antenne d’EURONEWS, Bernard-Henry Levy déclare ce qui suit : « Je n’ai pas vu de néo-nazis, je n’ai pas entendu d’antisémites, j’ai entendu au contraire un mouvement incroyablement mûr, incroyablement déterminé et très profondément libéral. » Si BHL déclare cela après avoir soutenu l’intervention en Lybie et le désastre qui suivit, un léger doute s’installe. Un retour sur les « héros » du Maïdan, ces « centuries célestes » qui ont livré leurs corps aux balles pour que vive la liberté et la démocratie s’avère donc nécessaire. Ci-dessous quelques photos des néo-nazis qui n’existaient pas pour BHL et qui paradaient à Kiev.




Parmi les "soldats" de Maïdan on trouve des membres de Svoboda, le parti nationaliste d'extrême droite; des soutiens de Vitali Klitschko, l'ancien champion du monde de boxe à la tête du parti Udar, des ultras apolitiques de club de football, et toute une galaxie de contestataires aux profils divers et variés. Habitués à se déplacer ensemble lors des matchs de la sélection ukrainienne, les ultras du pays n'ont eu aucun mal à s'accorder et les hooligans de hier qui sont devenus des héros, mais pas autant que ceux du parti nationaliste Svoboda. Cette formation, farouchement anticommuniste et jusqu'alors microscopique, est alors devenue la troisième composante de l'opposition, derrière le bloc de l'oligarque Ioulia Timochenko et le parti libéral Oudar du boxeur Vitali Klitchko.

Le parti Svoboda s'appelait "Parti national-socialiste d'Ukraine" et son logo était alors la ‘Rune du Loup’, emblème de la Division SS Das Reich (les bourreaux d’Oradour-sur-Glane en France en juin 1944). Il se réclame historiquement de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), dont la branche armée (UPA) collabora activement avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et massacra les juifs de Galicie (ouest de l'Ukraine). En Galicie comme dans les pays baltes et en Pologne, avec parfois l’aide active d’une partie de la population fut pratiquée la Shoah par balle. Celle où l’on tuait les enfants dans les bras de leurs mères pour mieux les coucher dans des fossés recouverts de terre et de chaux où les cadavres bougeaient et dont on sait qu’Himmler confronté au spectacle s’évanouit et mit en œuvre le gazage pour épargner les SS chargés de cette abominable besogne. C’est dans cette région que fut expérimenté le début des chambres à gaz avec ces camions dans lesquels on entassait une vingtaine de femmes et d’enfants et dont le pot d’échappement se retournait en marchant. Imaginez les chemins chaotiques de l’Ukraine avec ces camions que l’on conduisait à la décharge où étaient jetés les cadavres, les soldats allemands, des SS, chargés de les jeter dans la fosse se plaignant de l’odeur du gaz et celui des excréments de ces pauvres gens.

Aujourd'hui, ces ex-nazis, dont ceux de la SS ukrainienne, sont considérés comme des héros de la «résistance nationale», avec l'aval des nouvelles autorités politiques locales, soutenues par l'Union européenne et les États-Unis. Ce dont nos médias ne parlent jamais est la manière dont dans les ex-pays socialistes la lutte menée contre le communisme s’est souvent accompagnée d’une résurgence de l’idéologie nationale socialiste, c’est vrai en Ukraine, ça l’est en Hongrie et dans les pays baltes. Et l’UE a toujours fermé les yeux sur ce qui se passait dans les pays intégrés dans lesquels l’Allemagne puisait une main d’œuvre qui a contribué à sa domination. Afin de bien démontrer son sens de la démocratie, la Rada le parlement ukrainien, nomme Oleg Makhnitski un extrémiste nationaliste procureur général d’Ukraine. La démocratie a vraiment pris le pouvoir en Ukraine et on a rompu avec l'oligarchie corrompue...

Pourtant, sous la pression des Européens, des Américains, de ses alliés "démocrates" ukrainienne, mais aussi par réalisme politique, Svoboda, aux origines extrémistes, tente de se muer une formation présentable, "post-fasciste". Son idéologie de départ, ultranationaliste, entre en contradiction avec son positionnement pro-européen. En fait, Svoboda ne doit principalement son succès ni à sa rhétorique cryptoraciste et russophobe, ni même à son nouveau positionnement "éclairé" pro-européen mais à sa réputation "d'honnêteté" dans un pays ravagé par une corruption systémique. Le vote Svoboda est avant tout dû à un vote protestataire, antisystème. Ses électeurs voient en Svoboda un "parti de conviction", de "patriotes" opposé aux "bandits" corrompus du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch et des puissants oligarques ou de la coalition "La Patrie" de Ioulia Timochenko, "la princesse du gaz" qui a fait fortune par des moyens douteux en vendant du gaz russe et dont le président pasteur gouverne momentanément le pays.

La révolution ukrainienne est tombée fort opportunément pendant les JO de Sochi et avant les élections européennes où de plus en plus de voix s’élèvent contre l’Union. Désormais les médias utilisent la révolution ukrainienne comme une caisse de résonnance politique pour vanter les immenses vertus de l’Union garante des libertés et de la démocratie. On se plait aujourd’hui à clouer au pilori les oligarques russe ou ukrainien corrompant le monde politique et contrôlant les médias, alors que l’Oxfam , une organisation non gouvernementale annonce que près de la moitié des richesses mondiales sont aujourd'hui détenues par 1% de la population ( contre 2 % avant la crise ). L'Europe ne fait pas exception. La fortune combinée des 10 personnes les plus riches d’Europe (217 milliards d'euros) dépasse le coût total des mesures de relance mises en œuvre dans l’Union européenne entre 2008 et 2010 ( 200 milliards d'euros). De plus dans nos chères démocraties européennes où il est interdit d’utiliser la voie référendaire pour s’exprimer sur l’Union, les sondages de satisfactions sur la gouvernance de certains pays de l’Union laisse rêveur. En France 19%, Espagne 5%, Italie 3% et la Grèce 2%.

Rarement les mots démocratie et liberté n’ont été tant galvaudées et détournés de leur sens, notamment dans les médias qui ressemblent de plus en plus à des organes de propagande digne de la Pravda soviétique. En fait de puissantes forces antéchrists agissent jusque dans les Eglises qui soutiennent politiquement des partis comme en Ukraine,  qui n’ont de démocratique que le nom. L’Ukraine agit donc comme un révélateur d’une action de fond qui traverse tout le continent et prépare de plus en plus l’Europe à être ce qu’elle est bibliquement : la bête de l’Apocalypse qui prépare la venue physique de l’antéchrist.

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