http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L'âge de l'Eglise de Pergame 3

jeudi 5 décembre 2013

L'âge de l'Eglise de Pergame 3

Apocalypse 2 ; 14 Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrassent à l’impudicité. De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des nicolaïtes. Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche.

Pour cet âge, les reproches du Seigneur sont terribles et lourds de conséquences pour ceux qui n’y prendront pas garde. Pour bien comprendre de quoi il s’agit, il faut reprendre le contexte qui concernait le peuple juif et le réactualiser pour l’Église du IVème siècle. Alors qu’à Éphèse l’Église était exposée au risque de la perte de son premier amour et à Smyrne à celui de la persécution, nous sommes confrontés avec Pergame à un danger beaucoup plus subtil et plus pernicieux : ce danger est celui du mélange, mélange entre le vrai et le faux, entre la vérité et l’erreur, entre des enseignements justes, bibliques et des doctrines dont les sources et les origines n’ont rien à voir avec la Parole de Dieu. C’est l’image du mariage des filles de Moab avec les fils d’Israël.

C’est là, effectivement, ce qui, sur le plan historique, a marqué l’évolution de l’Église. Citée après Smyrne, Pergame nous rappelle que, pour s’opposer au plan de Dieu et à Son projet pour l’Église, Satan a recours à deux modes opératoires : le premier, celui utilisé à Smyrne est la violence, le second, celui utilisé à Pergame, est en quelque sorte la corruption. L’un, la violence, est surtout un mode opératoire extérieur, l’autre, la corruption par le mélange, est un mode opératoire qui agit de l’intérieur, comme par le biais des hérésies, mais dans cet âge cela ira encore plus loin que de dangereuses dérives doctrinales.

Ce que Satan n’arrive pas à faire avec la violence (détruire l’Église), il essaye de le faire par la corruption. L’histoire est là tout entière pour dire et témoigner que, si l’Église souffre sous la persécution, il est rare que, pour elle, ces temps soient des temps d’affaiblissement. Au contraire ! Comme nous l’avons vu pour l’Église de Smyrne à laquelle le Seigneur n’avait rien à reprocher, la persécution, si elle a pour effet de réduire un temps numériquement l’Église, amène celle-ci à se préoccuper et à se concentrer sur l’essentiel.

Toute autre est, et nous allons le voir, ce qui se produit lorsque l’Église passe de la persécution à la reconnaissance, voire même l’amitié et l’approbation du monde. Jamais l’Église n’est alors autant en danger que de perdre son intégrité et sa fidélité aux enseignements et aux doctrines de la Parole de Dieu. Les dégâts qu’occasionne la persécution commencent et finissent avec elle. Il n’en est pas de même avec la fausse doctrine. Semée dans la farine du bon enseignement, elle agit comme le levain qui finit par pénétrer toute la pâte. Après Pergame, ce n’est pas Smyrne ou Éphèse que l’on trouve, mais Thyatire, une Église qui n’est pas seulement infectée par de fausses doctrines, mais qui a carrément à sa tête une fausse prophétesse.

Telle est aussi la réalité de l’Histoire. Les fausses doctrines entrées dans l’Église les IIème et IIIème siècles, vont se traduire les siècles suivants par un système totalement étranger à la Parole et à la pensée de Dieu, système qui subsiste jusqu’à aujourd’hui : le catholicisme avec à sa tête ce que, d’un point de vue biblique, je ne peux appeler autrement qu’un faux prophète : le pape qui est l’archétype parfais du nicolaïsme apocalyptique.

Apocalypse 2 : 14 tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam

De même que nous ne pouvions pas comprendre pourquoi Jésus appelait Pergame le trône de Satan sans connaître son histoire, il nous est impossible de saisir ce à quoi le Seigneur fait allusion au sujet de Balaam sans connaître au minimum le récit biblique qui en parle.

Pour le comprendre, nous allons donc ouvrir nos Bibles en Nombres 22,1 à 14.
Contexte : Nous nous trouvons avec Balaam au milieu du désert, dans l’un des nombreux épisodes qui jalonnent l’histoire d’Israël, peuple de Dieu sorti d’Égypte par la puissance de Dieu et sous la conduite de Moïse.

Alors que le peuple de Dieu s’approche des frontières du pays promis, nous le voyons remporter de grandes victoires militaires sur les rois qui habitent les territoires sur lesquels il passe. Nomb 21,21 à 36 qui précède le passage que nous venons de lire, nous rapporte ainsi qu’Israël vient juste de conquérir le territoire de 2 rois puissants : Sihon et Og.

Spectateur de ces victoires éclair, Balaq, le roi de Moab qui est le prochain sur la liste, s’inquiète. Si les armes et l’option militaire ne réussissent pas, comment peut-il arrêter Israël ? C’est là que l’idée lui vint de faire appel au devin Balaam, connu pour ses pouvoirs occultes et spirituels. Balaq envoie donc des émissaires vers Balaam pour lui dire : Viens chez moi et maudis Israël, car, dit-il, je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui que tu maudis est maudit : v 6.

Balaam demande, avant de donner sa réponse définitive, un temps de réflexion. La nuit même, Dieu vient vers Balaam pour lui interdire de maudire Israël, car, lui dit-il, Israël est béni. Les émissaires retournent vers le roi Balaq pour lui donner la réponse de Balaam.

L’histoire ne s’arrête pas là. La suite du récit nous apprend que Balaq ne renonce pas à son projet. Il envoie de nouveaux émissaires chargés de riches présents dans le but de gagner Balaam. Bien que refusant d’abord, Balaam, avec l’autorisation de Dieu (Dieu ne change pas d’avis : puisque Balaam veut partir, il le laisse), part. En chemin cependant, il aura à faire à la manifestation de la colère de Dieu qui va tenter de l’arrêter en faisant parler son ânesse.

Balaam écoute et s’engage alors devant Dieu à ne prononcer devant Balaq au sujet d’Israël que les paroles qu’Il lui inspirera. C’est ce qui se produit et que nous rapporte Nomb 23 et 24.

On pourrait croire en lisant le livre des nombres sans lire le passage de l’Apocalypse que l’histoire de Balaam s’arrête là. En fait, il n’en est rien. Car Jésus nous apprend qu’après avoir béni Israël, Balaam, voyant Balaq déçu, a prodigué de nouveaux conseils.

Puisque les sorts et les enchantements n’ont aucun pouvoir sur Israël, Balaam a suggéré à Balaq une autre voie pour provoquer la chute du peuple de Dieu : c’est la voie de la séduction, du compromis du mélange.

C’est en quelque sorte comme si Balaam avait dit à Balaq : "Puisque tu ne peux pas vaincre Israël de l’extérieur, soit par les armes, soit par l’occultisme, je te propose une autre voie : essaie de le corrompre de l’intérieur. Tu as un allié puissant avec toi au sein d’Israël : son propre cœur mauvais. Fais vibrer les cordes de son cœur naturel et je suis sûr qu’il y répondra. Ainsi, ce n’est pas toi qui détruiras ce peuple, mais lui-même en s’exposant au jugement de Dieu ! "

La ruse et l’enseignement de Balaam font mouche. Immédiatement après Nomb 24, on trouve Nomb 25,1 à 5 qui nous montre l’efficacité et le succès de la doctrine de Balaam tout entière fondée sur le mélange et le compromis. Séduits par les filles de Moab, les fils d’Israël adoptent leurs coutumes et commencent à offrir des sacrifices à leurs dieux.

Apocalypse 2 : Pour qu’ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrassent à l’impudicité.

L’âge de Pergame va entraîner une évolution majeure dans la manière de conduire le culte et qui à terme sera considéré par le Seigneur comme idolâtre et adultère. C’est l’âge où l’Église va se muer en (é)glise, où l’assemblée qui était formée au début en synagogue axée sur la Parole de Dieu, va s’unir aux cultes païens de Rome pour former un nouveau mélange religieux dont le point d’orgue sera une nouvelle pratique de la sainte cène commuée en eucharistie sacrificielle dont l’officiant pour l’occasion sera déclaré prêtre. Les ministères charismatiques vont alors disparaître pour laisser apparaître une nouvelle hiérarchie ecclésiastique soumise au pontife romain.

Que Pergame fût choisie comme symbole de l’âge est logique quand on met la ville en perspective avec le sacrifice aux idoles. Le Grand autel de Pergame, ou autel de Zeus à Pergame, avec ses frises monumentales, représentant une gigantomachie. La gigantomachie constitue un thème iconographique très populaire en Grèce antique : elle représente la victoire de l’ordre sur le désordre. Dans le contexte pergaménien, il s’agit évidemment d’une allusion à la victoire de Pergame contre les Galates et subtilement dans l’Apocalypse du combat du paganisme contre l’Église. Le but de la construction monumentale étant l’autel, les sacrifices qui y seront effectués en désignent également le récipiendaire, Zeus.

L’Église du Christ ne s’est pas laissée absorber par le paganisme romain brutalement d’un seul coup, cela s’est produit par étapes successives au fil du temps. Du temps des apôtres les choses étaient simples, car liées aux grands principes du judaïsme ayant trouvé leur aboutissement dans la venue du Messie. Les réunions le shabbat dans la synagogue, l’observation des fêtes de l’Éternel dont la Pâque et du repas désormais complété par la sainte cène qui établit le principe de la Nouvelle Alliance, rythmaient le temps apostolique. L’exclusion des synagogues va modifier certaines règles, comme le jour du culte qui bascule avec l’arrivée toujours plus importante de païens convertis vers le dimanche et du jour de Pâque qui changera également en Occident. Changer le jour de Pâque c’est également changer le principe qui y est lié intrinsèquement, la sainte cène. Découplée de la fête pascale, la sainte cène devient le partage eucharistique du dimanche pendant le culte. La pratique d’un culte liée à un repas liturgique va transformer le culte en Messe qui devient la réactualisation non sanglante du sacrifice du Christ et qui représente la « répétition » du repas du Jeudi Saint avec commémoration de la mort et de la résurrection du Christ. De tout cela émergera l’image d’un sacrifice et donc de la nécessité d’établir un autel et un prêtre pour son exécution. Le décor est désormais mis en place et un tapis rouge déroulé pour permettre à Satan de s’asseoir à la table du Seigneur.

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