http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L'âge de l'Eglise d'Ephèse 3

dimanche 24 novembre 2013

L'âge de l'Eglise d'Ephèse 3

Les œuvres des Nicolaïtes

Apocalypse 2 : 6  Tu as pourtant ceci, c’est que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, œuvres que je hais aussi.


Si l’Église au début du 2e siècle était pauvre dans son enseignement, elle était encore riche de ses assemblées, qui n’étaient pas encore structurées hiérarchiquement par des religieux qui recherchaient à dominer et prendre autorité sur le peuple de Dieu. L’autorité était spirituelle et l’Église guidée par des pasteurs, des docteurs et des évangélistes au service de l’Église et pas l’inverse. 2 Thessaloniciens 3 : 6 nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et non selon les instructions que vous avez reçues de nous. 7  Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. 8  Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à charge à aucun de vous. 9  Ce n’est pas que nous n’en eussions le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. 10,  Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément: Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.

L’Église primitive avait la plénitude de ce que Dieu voulait pour elle à ce moment-là, la plénitude du Saint-Esprit, de Ses dons, de Ses fruits et celle des ministères charismatiques : apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs. Un conducteur spirituel dans l’âge d’Ephèse se reconnaissait à son humilité et le don de soi même à la communauté. Il était au service des autres, un serviteur comme le Christ le fut pendant le temps de sa mission terrestre. 1 Corinthiens 12 : 31 Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. 32 : 1 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. 2  Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. 3  Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. L’amour des autres était la base inconditionnelle pour exercer un ministère dans l’Église du premier âge.

Mais il y aura des tentatives pour imposer une autorité religieuse différente et basée sur d’autres motifs que l’amour de Jésus Christ et de son prochain. Ces tentatives viendront surtout du bas, par ceux à qui ont été dévolues les tâches terrestres d’administrer les Églises, les diacres et les évêques. Ces deux fonctions n’ont pas pour vocation d’enseigner le peuple, mais uniquement d’assurer son bon équilibre matériel et sa cohésion sociale. Organiser les réunions, s’occuper de répartir l’argent collecté, de soutenir les veuves ou les malades, bref des tâches uniquement liées aux besoins matériels et qu’on appellera plus tard les « bonnes œuvres ». Mais si par l’administration de l’Église on vise à gagner de la hauteur et prendre de l’ascendant sur les membres de l’Église, alors on outrepasse ses prérogatives et on dévie vers l’autoritarisme. Un diacre ou un évêque qui agirait ainsi, chercherait sa propre gloire en asservissant ceux qu’il devrait au contraire servir. C’est cela l’esprit du nicolaïsme et rien d’autre.

Ce que cherchaient les nicolaïtes, c’était d’essayer de s’emparer de l’Église où Dieu avait des pasteurs, et où l’Esprit de Dieu se mouvait avec les dons dans l’Église du Dieu vivant; et ils ébauchèrent une doctrine par laquelle ils auraient des prêtres, des évêques, des papes, etc. Cela, Dieu a dit qu’Il le haïssait! Il le hait encore aujourd’hui. Un nouveau type de « clergé » cherche à prendre le contrôle des fonctions du ministère en s’éloignant de la spontanéité de l’adoration qui avait pour résultat la présence puissante et manifeste de Dieu. Avec un tel clergé, le peuple de Dieu d’acteur, va devenir spectateur de l’activité du clergé.

Il y a trois hérésies nommées symboliquement parmi les sept Églises, les nicolaïtes, Balaam, et la femme Jézabel. Aucun de ceux-ci sont identifiés sous ces noms dans l'histoire de l'Église, malgré les efforts désespérés des historiens pour nous dire que Nicolas et Jézabel étaient des personnes réelles - allant même jusqu'à noircir la réputation de Nicolas d'Antioche (l'un des sept diacres de Actes 6:5), comme le coupable. Un rapprochement trop rapide avec son nom et des calomnies sans fondement, ont faussement présenté Nicolas comme un pervers orgiaque qui corrompait l’Église. Mais le problème de cette croyance, c'est que ce n'est pas vrai. Il n'y a absolument pas de faits historiques pour corroborer cela. Ces mensonges sont à mettre au rang de la tradition, comme ceux qui fabriquèrent les saints du Moyen-Age dans le livre de la Légende dorée de Jacques de Voragine, mais cela reste une légende que je considère comme un simple mythe et du folklore.

Dans l’Apocalypse les noms sont les symboles des hérésies qu'ils représentent. Quand un nom apparaît, son sens met en lumière la réalité spirituelle révélée derrière ce nom. Quelle était cette chose que Dieu haïssait dans le nicolaïsme? Qui sont réellement ces Nicolaïtes? Nous allons le comprendre quand on sait ce que signifie le nom! Le mot vient de deux mots grecs: « Nikao » qui veut dire conquérir et « Laos », les laïcs, le peuple. Mettez ces définitions ensemble et vous obtenez une classe dirigeante et dominatrice au sein du corps du Christ et dont le principal ordre du jour est de prendre le dessus, conquérir, subordonner, et soumettre ceux qu'ils considèrent comme «moins doués», «moins bien» et «moins qualifiés» qu'eux-mêmes!

Imaginez la dimension spirituelle qu’a prise le nicolaïsme. Aujourd’hui les religieux catholiques séparent le monde en deux parties, il y a ceux qui sont appelés «clergé» et ceux qui sont appelés «laïcs». D’où croyez-vous que ces titres soient venus? «Le laïc et le profane » sont tous des dérivés du mot grec laos mentionné ci-dessus! C'est un titre qui est venu de la Babylone religieuse! Les membres de leur clergé étaient appelés des «révérends», «docteurs», «pasteurs», «enseignants», «surveillants», «ministres», «prêtres», «surintendants», «dirigeants», etc. Ceux-ci sont souvent appelés "des hommes de robe ou d’étole", qui portent des vêtements distinctifs spéciaux, comme une question d'identification qui marque le pouvoir religieux, l'autorité et la seigneurie! Le reste, les pauvres gens sont tout simplement des «laïcs», la plèbe ou le tout-venant. C’est une expression totalement antéchrist des ministères, par rapport à l’enseignement et la pratique des apôtres.

Dans les débuts du christianisme, les apôtres et les anciens avaient pour charge de diriger et d'administrer les congrégations chrétiennes. — Actes 15:22, 23. Cependant, il n’y avait pas de distinction entre un clergé et des laïcs, ni aucune division de ce genre. "Les congrégations étaient pourvues de surveillants (grec épiskopoï, qui a donné le mot “épiscopal”), qui étaient des anciens (présbutéroï) au sens spirituel, des hommes que leur conduite et leur spiritualité rendaient aptes à enseigner leurs compagnons chrétiens (1 Timothée 3:1-7; 5:17). Au Ier siècle, ces hommes ne composaient pas un clergé séparé des laïcs. Ils ne portaient pas de vêtements distinctifs. C’était leur spiritualité qui les distinguait. En fait, chaque congrégation comprenait un collège d’anciens (surveillants); elle ne subissait pas la domination monarchique d’un seul homme. — Actes 20:17; Philippiens 1:1." (L'humanité à la recherche de Dieu, ch.11, p. 267).  Même Pierre n'a pas accepté d'être placé au-dessus de ses compagnons dans la foi. — Actes 10:25, 26 ; 1 Pierre 5:1-3. Si la Bible dit qu'il fut une colonne dans la congrégation, il n'était pas le seul. Quand Paul vint à Jérusalem, "Jacques, Céphas [Pierre] et Jean, ceux qui semblaient être des colonnes", lui apportèrent leur soutien (Galates 2:7-9). Pierre n'était donc en rien supérieur à ses compagnons.

Quand l'Eglise s'organise.

Avec le temps, le mot épiskopos (surveillant, intendant) fut converti en "évêque", au sens de prêtre ayant juridiction sur les autres membres du clergé. Selon Bernardino Llorca, un jésuite espagnol, la distinction entre les évêques et les presbytres (au départ peu visible) se précisa petit à petit. "Le nom d'évêque en vint à désigner les intendants les plus importants, revêtus de l'autorité sacerdotale suprême, dotés de la faculté d'imposer les mains et de conférer la prêtrise." (Historia de la Iglesia Católica). L'épiscopat devint une sorte de système monarchique, particulièrement à partir du début du IVe siècle. On institua une hiérarchie ou corps dirigeant d'ecclésiastiques. Enfin, l'évêque de Rome, qui se prétendait le successeur de Pierre, fut reconnu par beaucoup comme évêque suprême et pape. Mais l’évêque à l’origine représentait tout autre chose dans l’Eglise.

La plus ancienne organisation de l'Église de Jérusalem ressemblait à celle des synagogues juives, mais elle avait un conseil ou un collège de presbytres ordonnés, le presbytérium. Le terme de presbytre ne se distingue pas encore à cette époque de celui de « surveillant » (en grec Eπίσκοπος / episkopos), le pouvoir au sein de ces premières communautés chrétiennes étant dévolu aux apôtres ou à leurs délégués. Le ministère épiscopal naît dans le courant du IIe siècle qui voit progressivement la figure de l'évêque ayant une vocation non charismatique, présider ce presbytérium : les premiers episkopoi sont élus par les membres de l’ekklêsia, l'assemblée des fidèles à la manière dont une association élit aujourd'hui ses dirigeants.

Le presbytre désigne donc l'« ancien » ou l' « aîné » en grec classique, avant de désigner une fonction de responsable et de conseiller de communauté dans les premières communautés chrétiennes. Il est à l'origine du mot actuel « prêtre ». La fonction semble relever du rôle de l'ancien dans la tradition juive et la fonction presbytérale se calque sur l'organisation synagogale dirigée par des Anciens. À l'instar de ceux-ci, les presbytres sont présentés comme gardiens de la Tradition et les défenseurs de l'orthodoxie. Le rôle des presbytres est moins clair que celui de l'épiscope, avec lequel il se confond souvent, qui désignera quant à lui progressivement le pasteur principal des communautés, en prélude à la fonction d'évêque, même si le mot presbytre est de temps à autre utilisé pour désigner la dignité de l'épiscopat. Le terme évoluera en latin chrétien en presbyter, puis en prestre en français à l'origine du mot « prêtre ». Cette dérive étant exclusivement le fait du catholicisme romain.

Dans le livre des Actes ou dans les épîtres, les presbytres y sont présentés comme les gardiens de la tradition apostolique. C'est ainsi précisément que leur rôle prolonge celui des Apôtres, l'Église attend de ses presbytres une prédication qui, conforme à celle des Apôtres, la maintienne dans la fidélité de ses origines. Dans la perspective de Luc, les presbytres sont qualifiés, non par des pouvoirs spéciaux, mais par une responsabilité que l'on peut appeler doctrinale : Luc se préoccupe, non d'une “succession” apostolique, mais de la continuité que les presbytres doivent assurer par rapport à la tradition apostolique, soit un modèle synagogal appuyé par la Parole, où les hommes les plus importants sont serviteurs dans l’assemblée et où le Christ seul est le chef, comme la tête qui conduit le corps entier.

S’éloigner de la conduite des apôtres quant à la direction des Églises va rapidement se traduire par des conflits avec la hiérarchie épiscopale et qui est traduit dans l’Apocalypse par la haine au nicolaïsme. Un de ces conflits est relaté dans une lettre envoyée par Clément de Rome (http://fdier02140.free.fr/PeresAposto.pdf). Clément Ier est le quatrième évêque de Rome, selon la liste d'Irénée de Lyon écrite en 180, responsable de la communauté chrétienne de Rome de 88 à 97 selon la chronologie d'Eusèbe de Césarée au IVe siècle. La tradition lui attribue depuis le 2e siècle une lettre, connue sous le nom de Épître de Clément aux Corinthiens, adressée de Rome aux alentours de 95 à la communauté chrétienne de Corinthe en proie à des troubles internes graves, alors que de jeunes membres s’étaient insurgés contre les presbytres, au point de les déposer de leurs charges. L'auteur suggère alors le rétablissement dans leur fonction des pasteurs légitimes et appelle les révoltés à l’obéissance envers ces derniers. Ce texte peut témoigner de la structure hiérarchique de la communauté chrétienne dont le gouvernement semble encore de type collégial à ce moment.

Cette épître adressée au nom de « L'Église de Dieu qui séjourne à Rome à l'Église de Dieu qui séjourne à Corinthe » est perçue dans la tradition catholique comme un premier document postapostolique en faveur de la préséance de l'évêque de Rome dans l'Église du Christ, et son rôle d'arbitrage, bien que la communauté chrétienne de Rome relève d'une direction collégiale au moins jusqu'au début du IIIe siècle. Cette lettre rédigée en grec et dans un style simple et clair, est un véritable exposé sur la foi telle qu'elle était vécue à la fin du Ier siècle. Il s'agit d'un des plus anciens textes théologiques du catholicisme, si l'on excepte les Évangiles et autres écrits apostoliques. L'auteur cite l’Écriture dans la version des Septante et on relève des citations ou des emprunts libres à Euripide et à Sophocle ainsi que des éléments de la pensée stoïcienne. Cette lettre est le témoignage le plus évident que l’Église de Rome se détourna très rapidement de l’enseignement des apôtres, dont les évêques traduisent les paroles à leur seul avantage.

Ad Cor., XLIV, 4-6 (Pères apostoliques, p. 104) : « Et ce ne serait pas une petite faute que de déposer de l'épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable. Heureux les presbytres qui ont déjà parcouru leur carrière! Pour ceux-ci du moins, elle s'est déroulée jusqu'au bout et a rapporté son fruit. Ils n'auront plus à craindre qu'on vienne les chasser du poste qui leur a été assigné. Car nous voyons que vous avez retiré à plus d'un bon presbytre un ministère qu'il exerçait d'une manière irréprochable et qui lui valait l'estime de tous. »
Qu'il s'agisse bien des dirigeants de l'Église locale – donc des « évêques et diacres », mentionnés plus haut, l'exclamation douloureuse de Clément en témoigne :
Ad Cor., XLVII, 6 (Pères apostoliques, p. 107) : « C'est une honte… qu'on raconte que l'Église de Corinthe s'est révoltée contre ses presbytres à cause d'un ou deux individus. »
Plus loin (Ad Cor., LIV, 2), ils sont appelés « presbytres institués », et la révolte contre eux est qualifiée de « schisme ». Il faut « se soumettre aux presbytres » et « apprendre à obéir » (LVII, 1-2).
Mais voici des passages plus significatifs, pour l’objet de la présente contribution :
Ad Cor., XVII, 3-5 (Pères apostoliques, pp. 142-143) : « Ne nous contentons pas de sembler attentifs et croyants lorsque les presbytres nous exhortent, mais une fois retournés à la maison, souvenons-nous des commandements du Seigneur […] Le Seigneur a dit en effet : “Je viens rassembler toutes les nations, toutes les tribus, toutes les langues” (Is 66, 18). Ceci est une allusion au jour de son épiphanie, où il viendra nous racheter, chacun selon ses œuvres. Et “ils verront sa gloire (Is 66, 18) et sa face, ceux qui n’ont pas cru, et ils seront tout étonnés en découvrant en Jésus le Roi du monde et ils diront : Malheur à nous, c’est Toi, et nous ne l’avons pas su, nous n’avons pas cru, nous ne nous sommes pas soumis aux presbytres qui nous annonçaient notre salut. » Un puissant esprit nicolaïte repose donc déjà très tôt sur certains évêques qui visent à prendre purement et simplement la place du Christ dans l’Église.

Le nicolaïsme qui se développe dès le premier âge de l’Église est grandement lié à un mythe construisant une soi-disant continuité d’autorité entre le chef des apôtres (Pierre) et un hypothétique successeur de sa charge dans la ville de Rome. Dans la dernière lettre écrite à Timothée par l’apôtre Paul, se nommant à Rome même peu de temps avant son martyre, l'apôtre des gentils par rapport à Pierre qui était celui de juifs, Paul réduit définitivement à l'absurde la supposition que Pierre eût prêché l'Évangile à Rome. 2 Tim 4 : Versets 9, 11 et 16. Car Démas m'a abandonné... Luc est seul avec moi ... Nul ne m'a assisté, et tous m'ont abandonné ... Paul est à Rome, prisonnier, et sur le point de subir son martyre. Luc est seul avec lui, dit-il. Paul ne fait aucune remarque sur un autre apôtre que lui présent à Rome en ce temps-là. Au verset 17, il bénit Dieu de l'avoir soutenu jusqu'au bout, afin que « toutes les nations entendissent » la prédication de l'Évangile. Au verset 21, il salue Timothée au nom de Linus, de ce même Lin dont on a fait le successeur de Pierre. Rien ne manque, vous le voyez, pour que l'absence du nom de Pierre soit aussi significative, aussi concluante que possible. On pourrait même ajouter, que les presbytres de l’Église de Rome font preuve de peu de zèle pour soutenir celui qui fut à mon sens le plus grand des apôtres par son œuvre apostolique.  Le dernier des actes des apôtres serait plutôt de confondre l’apostasie naissante qui affirmait que l’apôtre Pierre aurait établi des successeurs de sa personne à Rome. Rome serait même de toutes les Églises celles qui à l’égard des apôtres aurait eu le moins de relation avec eux. Ceci explique d’ailleurs grandement les dangereuses dérives religieuses qui émaneront de cette ville et son évêque.

D’ailleurs d’après ses propres dires, Pierre était à Babylone quand il composa sa première lettre (1P 5:13). C’est peut-être aussi de là qu’il écrivit la deuxième. Les indices dont on dispose montrent clairement que “ Babylone ” désigne ici la ville située sur l’Euphrate, et non Rome comme certains le prétendent. Étant donné qu’il s’était vu confier ‘ la bonne nouvelle pour les circoncis ’, on pouvait s’attendre à ce que Pierre serve dans un centre du judaïsme comme Babylone (Ga 2:8, 9), car il y avait là-bas une population juive importante. À propos de la compilation du Talmud de Babylone, le Dictionnaire encyclopédique de la Bible (par A. Westphal, Valence-sur-Rhône, 1973, tome second, p. 715) parle d’“ académies juives ” “ en Babylonie ” qui fonctionnaient au début de notre ère. Puisque Pierre adressa cette lettre “ aux résidents temporaires dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie [régions mentionnées au sens littéral] ” (1P 1:1), il s’ensuit logiquement que le lieu d’origine de la lettre, “ Babylone ”, est à prendre lui aussi au sens littéral. La Bible n’indique nulle part que le mot Babylone ait désigné Rome et elle ne dit pas non plus que Pierre ne s’y soit jamais rendu. Ainsi prétendre que l’apôtre Pierre fut un évêque de Rome et pire encore le premier pape, relève de la fantaisie et d’un mensonge visant à un seul but, établir plus tard la suprématie de l’évêque de Rome sur toutes les autres Églises dans le monde.

Les notions floues sur les ministères charismatiques et l’autorité des anciens qui prévalait à Rome au premier siècle, seraient grandement liées à l’absence même d’une autorité apostolique présente sur place. Quand Paul écrit sa lettre aux Romains c’est à des juifs qu’il écrit : Ro 7 : 1  Ignorez-vous, frères, — car je parle à des gens qui connaissent la loi. Ces juifs encore mal enseignés restaient bien ancrés dans les préceptes du judaïsme et de la tradition. Le respect du shabbat et des fêtes, les réunions en synagogue étaient donc la règle et garantissaient au moins un enseignement qui s’appuyait sur les écrits de l’Ancien Testament. Mais avec la chute de Jérusalem et la persécution contre les juifs, leur foi fut altérée et beaucoup abandonnèrent le christianisme. A Rome, l’Église se retrouva alors quasiment livrée à elle-même et à ses presbytres non juif peu formé. Ignorant des traditions juives, les évêques de Rome se sont alors attachés aux seules choses qu’ils comprenaient et maîtrisaient, une foi basique dans un christianisme détaché du judaïsme. Ceci entraînera des incompréhensions et même des conflits entre les Églises d’Orient et d’Occident. Ces incompréhensions se révèleront particulièrement dans la célébration des fêtes chrétiennes.

L’année liturgique chrétienne est rythmée par des fêtes. La plus importante est Pâques. Ce qui est normal, car la foi chrétienne est fondée sur l’événement pascal qu’est la mort et la Résurrection de Jésus. La mort et surtout la Résurrection de Jésus se trouvent associées à la Pâque juive et va devenir la fête chrétienne par excellence. L’histoire de cette fête est cependant beaucoup plus compliquée qu’on le pense généralement. Puisque Pâques est la grande fête chrétienne, il paraît incongru de chercher à savoir quand les chrétiens ont commencé à célébrer cette fête. On pense en effet spontanément que les chrétiens l’ont fait depuis le commencement de l’Église. Ce fut vrai pour les chrétiens issus du judaïsme, cependant pour les autres comme ceux de la communauté romaine de la fin du 1er siècle, la chose est moins évidente. Les chrétiens occidentaux en effet n’ont pas fêté la Pâque, la fête annuelle de la Résurrection du Christ Jésus, avant le début du second siècle. En revanche, quand ils le feront, ils célèbreront la Résurrection du Christ, le premier jour de la semaine, le dimanche.

Comme le christianisme est sorti du peuple juif, quand les chrétiens ont commencé à célébrer annuellement la fête de la Résurrection du Christ Jésus, ils l’ont bien sûr associée à la Pâque juive. La Pâque chrétienne a donc été célébrée, quand on a commencé à le faire, à la date de la Pâque juive. Celle-ci tombe le 14 du premier mois, appelé Nisan, qui est aussi le premier mois du printemps. Cette date du 14 correspond à la pleine lune, car, dans le calendrier juif, le premier du mois est déterminé par l’observation de la nouvelle lune qui, en l’occurrence, est la première du printemps. On sait aussi que le printemps correspond à l’équinoxe. Or l’équinoxe, comme la pleine lune qui le suit, peuvent avoir lieu n’importe quel jour de la semaine. Par conséquent, la Pâque avait lieu à un jour variable de la semaine. Pour concilier la fête annuelle de Pâques et la célébration hebdomadaire de la Résurrection de Jésus le dimanche, certaines communautés chrétiennes ont commencé à célébrer la Pâque le dimanche qui suit le 14 Nisan (ou le 14 si celui-ci est un dimanche). Il est difficile de déterminer le moment de ce passage, faute de documents. En tout cas, il ne s’est pas fait avant le début du 2e siècle. Il apparaît également que la séparation entre le judaïsme et le christianisme a dû jouer. Cette séparation s’est faite d’abord très progressivement et en certains lieux, pour ne devenir définitive qu’après la deuxième guerre juive (132-135). Par exemple, on sait que pour l’Église de Jérusalem l’adoption du dimanche suivant le 14 Nisan comme date de la Pâque chrétienne est à situer juste après la guerre, vers 135. Mais il faut savoir que le pays avait été vidé de sa population juive, ce qui explique l’abandon de la tradition.

C’est à partir des années 120 qu’on voit en effet apparaître les premiers textes chrétiens présentant la Pâque juive comme préfiguration de ce que Jésus a accompli et qui, de ce fait, remplace celle-ci. Ces textes comportent une part de polémique, sans doute dirigée contre les autres chrétiens qui célèbrent la Pâques le 14 Nisan, d’où le nom qui leur est donné de quartodécimans. Mais la polémique est aussi tournée contre le judaïsme. C’est le signe que les communautés où ces textes ont été écrits se considéraient comme séparées des autres groupes du judaïsme. Malgré les traces de polémique apparentes dans les premiers textes, on pourrait penser que le passage de la date du 14 Nisan à celle du dimanche qui suit s’est ensuite effectué tranquillement au long du 2e siècle. Il n’en est rien, comme le révèle l’affaire qui va nous occuper maintenant.

Polycarpe de Smyrne.

Tout ce nous avons vu jusqu’à présent, nous permet de faire la distinction entre les faux apôtres qui amènent rapidement des hérésies comme le gnosticisme et qui seront efficacement combattus par l’Église. Puis, ceux qui amènent une modification dans la structure de l’Église pour en transformer progressivement sa hiérarchie et que le Seigneur appelle les nicolaïtes. Ceux-là réussiront leur introduction dans le Temple du Christ et croîtront, puisqu’on les retrouve dans les âges suivants comme dans l’Église de Pergame où l’œuvre des nicolaïtes est désormais devenue une doctrine.

Mais dans l’âge d’Ephèse on résiste encore bien à l’autorité suprême des évêques imprégnés de nicolaïsme, comme le démontre le contre-exemple de Polycarpe de Smyrne. Né à Smyrne de parents chrétiens, Polycarpe est un disciple de l'apôtre Jean. Nommé évêque dans le sens de pasteur de Smyrne au tournant du siècle (vers 100), il remplit les fonctions de son ministère durant une cinquantaine d'années. Polycarpe représente alors l’évêque véritable du premier âge, à l’exemple des apôtres. Son exemple permet de souligner ce que doit représenter réellement un responsable au sein de l’Eglise. 

Polycarpe (dont le nom grec signifie fruit abondant) est regardé par toute l'Église comme ayant appartenu au groupe des Pères apostoliques. Il alla à Rome et y séjourna, mais il est difficile de dire à quelle époque (entre 150-155); il devait s’entretenir avec l’évêque Anicet de divers sujets, défense des vérités de la foi, union et paix des fidèles, observances de discipline. Mais le vieil évêque de Smyrne, vint le voir premièrement pour tenter d'obtenir que Rome célébrât la fête de Pâques à la même date que les Orientaux, mais ils ne purent s'entendre, car l’accord n'existait pas entre Rome et les Églises d'Asie pour la célébration de la Pâque. Anicet et Polycarpe estimèrent que le plus sage, sur ce dernier point, était de laisser jusqu'à nouvel ordre l'Orient et l'Occident suivre leur coutume respective. Le séjour de Polycarpe à Rome fut encore utile à beaucoup de personnes qui s'étaient laissé infecter du venin de l'hérésie ; l'évêque rendit un public témoignage à la vérité orthodoxe, fit rentrer dans le sein de l'Église des âmes séduites par les erreurs de Valentin et de Marcion. Rencontrant un jour ce dernier dans les rues de Rome, Marcion lui avait dit : Ne me reconnaissez-vous pas ? - Oui, répondit Polycarpe, je vous reconnais pour le fils aîné de Satan. Simple parole qui marque l'inviolable attachement de l'évêque aux enseignements de la foi.

On remarque au contenu de la rencontre avec Anicet, qu’une grande différence existait déjà entre les disciples directs des apôtres comme Polycarpe et des évêques comme celui de Rome qui s’était affranchi du judaïsme, pour progressivement s’éloigner de plus en plus de la foi apostolique et du canon des Écritures. Avant le départ de Polycarpe, la tradition catholique raconte qu’Anicet lui aurait fait célébrer les « saints Mystères. » Les saints Mystères se réfèrent à ceux de l’Eucharistie, soit une doctrine nouvelle qui ira en s’amplifiant jusqu’à l’établissement d’une théologie de la transsubstantiation. Mais si Polycarpe avait effectivement accepté une sainte cène sous l’étrange appellation des saints mystères de l’Eucharistie, cela aurait accrédité la position de l’évêque de Rome sur l’ancien de Smyrne, puisque l’Eucharistie est intimement liée à la Pâque. Il fut donc impossible pour un disciple de l’apôtre Jean de prendre la sainte cène avec quelqu’un, s’il est en désaccord profond avec lui et encore plus sur des sujets de doctrines aussi importants que l’établissement du jour de la Pâque. Il s’agit là encore une fois d’un réarrangement de l’Histoire au profit de l’évêque de Rome.

De cette rencontre il ressort que Polycarpe était en fait la seule autorité pastorale qui succédait vraiment aux apôtres. Il était un pasteur de la véritable Église du Christ, la vraie semence, celle de l’Epouse qui s’opposait à celle du serpent qui commence à voir le jour à Rome. Des directions totalement différentes dans les doctrines et les hiérarchies vont alors s’établir entre les deux semences. L’Église du Christ conservera la foi apostolique au travers de pasteurs restant fidèles à la Parole de Dieu, alors que la semence du serpent grandira sous l’autorité des évêques de Rome qui chercheront la prééminence de l’autorité ecclésiastique en nommant plus tard un pape comme chef suprême de l’Église. Les évêques de Rome vont tout faire pour tordre les sens de l’Histoire afin d’inverser les rôles dans la hiérarchie de l’Église primitive, tant il apparaît comme évident que Polycarpe était venu « recadrer » l’évêque de Rome qui s’éloignait progressivement de l’enseignement apostolique. Dans cette affaire Polycarpe revêt sans aucun doute une autorité bien supérieure à celle d’Anicet, car il la tient directement de l’apôtre Jean qui lui a directement imposé les mains. Il en ressort alors que pour Anicet se pose un problème lié à l’autorité apostolique, car il ne veut pas se soumettre à l’autorité de Polycarpe et aux Églises d’Asie.

Les différences fondamentales qui apparaissent aussi rapidement à peine un siècle après la résurrection du Christ, sont liées principalement à l’éloignement progressif des chrétiens occidentaux du judaïsme et de son incomparable apport culturel. Il y aura de moins en moins de juifs qui se convertiront au fil du temps et de plus de plus en plus de païens qui les remplaceront. Ceci explique aussi la raison de l’abondance d’hérésies liées au mélange des cultes à mystères païens et de l’influence des philosophes grecs et latins qui intellectualisent tout. En mélangeant les deux choses dans un environnement chrétien, des doctrines étranges émergeaient qui n’avaient rien de chrétienne il va de soi. Résister aux hérésies était donc la priorité absolue si on voulait que l’Église primordiale survive. Dans ce domaine au moins les Églises d’Orient et d’Asie étaient d’accord et luttaient assez efficacement contre ces fléaux. Mais déjà une forme de schisme théologique s’amorçait entre les tenants de l’orthodoxie judéo-chrétienne liée à l’enseignement direct des apôtres et principalement l’Église de Rome qui ne comprenait plus l’importance de l’apport du judaïsme à la fondation de l’Église.

La rencontre entre Polycarpe et Anicet consomma cette rupture et cristallisa définitivement les différences. Pour beaucoup d’historiens cette rencontre fut un épiphénomène historique dans l’histoire de la chrétienté, mais en fait elle entérina le nicolaïsme dans l’Église de Rome. Anicet présidait l'Église avec une haute autorité. On le consultait de tout le monde chrétien. On admettait pleinement que l'Église de Rome avait été fondée par Pierre, car une tradition orale totalement inventée propageait le mythe ; on croyait que cet apôtre avait transmis à son Église la primauté dont Jésus l'avait revêtu ; on appliquait à cette Église les fortes paroles par lesquelles on croyait que Jésus avait conféré à Céphas la place de pierre angulaire dans l'édifice qu'il voulait bâtir. Par un tour de force sans égal, l'Église de Rome avait réussi à rester en même temps l'Église de Paul et Pierre et Paul réconciliés, voilà le chef-d’œuvre qui fondait la suprématie ecclésiastique de Rome dans l'avenir.

Une cause matérielle contribuait beaucoup à la prééminence que toutes les Églises reconnaissaient à l'Église de Rome. Cette Église était extrêmement riche ; ses biens, habilement administrés, servaient de fonds de secours aux autres Églises. Le trésor commun du christianisme était en quelque sorte à Rome. La collecte du dimanche, pratique constante dans l'Église romaine, était déjà probablement établie. Pendant que le monothéisme juif fournissait la base inébranlable de la formation nouvelle, que la Grèce continuait par le gnosticisme son œuvre de libre spéculation, Rome s'attachait, avec une suite qui étonne, à l’œuvre d'organisation et de gouvernement, ce qui explique grandement le rôle croissant de l’évêque comme organisateur des biens communs de l’Église des apôtres et qui n’était pas au début un ministère charismatique. Toutes les autorités, tous les artifices lui étaient bons pour cela. La politique ne recule pas devant la fraude ; or, la politique avait déjà élu domicile dans les conseils les plus secrets de l'Église de Rome. Il se produisit alors vers ce temps-là, une veine nouvelle de littérature apocryphe, par laquelle la piété romaine chercha à s'imposer au monde chrétien. Comme administrateur des biens terrestres, il utilisera ce pouvoir pour chercher à imposer sa primauté sur toutes les autres Eglises.

Mais comme le grand problème de l’évêque de Rome, c’était de justifier sa charge de vicaire apostolique puisqu’ils n’ont pas eu de contacts directs avec les apôtres, ils l’ont donc inventé de toutes pièces. Comme plus tard les évêques de Rome inventeront et falsifieront de nombreuses choses pour augmenter toujours plus leur autorité. Il fallait donc trouver des cautions morales qui allaient accréditer les faux, mais sans en être directement les auteurs. Hégésippe sera un des involontaires intermédiaires choisis pour cautionner la primauté de l’évêque de Rome sur les autres Églises, car son origine juive était parfaite pour égarer les éventuels esprits soupçonneux.

Parmi les Orientaux qui vinrent à Rome sous Anicet, il faut placer un juif converti nommé Joseph ou Hégésippe, originaire sans doute de Palestine et qui vint à Rome après la mort de Polycarpe. Il avait reçu une éducation rabbinique soignée, savait l'hébreu et le syriaque, était très versé dans les traditions non écrites des juifs ; mais la critique lui manquait. Le zèle pour la pureté de la foi le porta aux longs voyages. Il allait d'Église en Église, conférant avec les évêques, s'informant de leur foi, dressant la succession de pasteurs par laquelle ils se rattachaient aux apôtres. A Corinthe, en particulier, Hégésippe apprécia ses entretiens avec l'évêque Primus et son Eglise. Il s'embarqua de là pour Rome, où il se mit en rapport avec Anicet et marqua soigneusement l'état de la tradition qu’Anicet lui transmit par l’intermédiaire de son diacre Éleuthère, qui lui succédera plus tard comme évêque de Rome. Anicet et Éleuthère il va de soi, lui contèrent une fable déjà bien établie auparavant et qui liait tous évêques de Rome à l’apôtre Pierre. Ainsi, noyé dans l’ensemble de ses écrits qui donnaient une bonne forme historique des Églises, la tradition orale du mensonge romain devint une tradition scripturale et authentique. Hégésippe, naïvement contribua à un mensonge en notant soigneusement chaque succession d'évêques, dans chaque ville où il passa. Les choses se passent, dit-il, ainsi que l'ordonnent la Loi, les Prophètes et le Seigneur. Il se fixa à Rome et y resta plus de vingt ans, fort respecté de tous, malgré la surprise que son christianisme oriental et la bizarrerie de son esprit devaient exciter.

Hégésippe faisait, au milieu des rapides transformations de l'Église, l'effet d'un homme ancien, d'une sorte de survivant de l'âge apostolique qui par sa bonne foi donnera la caution morale tant recherchée de la primauté de l’évêque de Rome. Plus tard, au fil du temps, la bibliographie se consolidera en puisant dans des apocryphes douteux pour toujours plus enrichir les faux et consolider le mensonge.

De l’histoire tronquée et manipulée de la rencontre entre Polycarpe et Anicet, on tirera une preuve, sinon de l'obligation, au moins de l'usage de la visite ad limina Apostolorum, dès les premiers siècles. La visite ad limina est la visite quinquennale que tout évêque catholique sera tenu de faire à Rome, une fois le catholicisme établi, pour bien affirmer la supériorité du pape sur les autres évêques. Pour cautionner cela, on citera alors beaucoup d'exemples d'évêques allant visiter les futurs papes, même les papes des catacombes, alors que la fonction papale n’apparaitra que des siècles plus tard. Mais on ne voit pas un seul pape, usant de réciprocité, aller visiter ou consulter un autre siège. Dans le cas qui nous occupe, la notoriété était pour Polycarpe qui avait vu les Apôtres, qui avait vécu dans l'intimité de Jean et était l'oracle de l'Asie. Anicet, lui, n'avait pas vu Pierre, ce n'était qu'un simple prêtre sorti d'une modeste colonie d'Athènes, et cependant du moment qu'il est évêque de Rome, c'est Polycarpe qui va vers Anicet. Dans cet artifice, l’autorité de l’évêque de Rome semblait établie et par conséquent celle du nicolaïsme également. Toute la vérité avait été renversée et le mensonge par son père le diable était désormais bien établi dans l’Église de Rome.

Jusqu’à Polycarpe qui au contraire était venu pour reprendre et corriger les erreurs d’Anicet, le nicolaïsme était parfaitement contenu, du moins dans les Églises d’Orient. Mais il fallait pour cela être efficace et volontaire dans son engagement chrétien. Pour être efficace, il fallait rester fidèle à l’enseignement apostolique de base et laisser l’Esprit Saint diriger l’Église et certainement pas confier l’autorité de l’Eglise entière à un seul homme. Uniquement ceux qui agiraient dans ce sens-là seraient préservés et gagneraient leur salut. Les autres seraient retranchés comme la mèche consumée qui ne produit plus sa lumière. Ils ne seraient pas entés sur l’olivier franc et n’auront aucune part à l’arbre de vie. Avec Polycarpe s’achèvera l’âge d’Ephèse et des témoins directes des apôtres.

Apocalypse 2 : 7  Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : A celui qui vaincra je donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu.

La conclusion résume tout l’âge d’Ephèse. Dans la ville d’Ephèse, la déesse tutélaire était Diane/Artémis qui par syncrétisme avait absorbée le mythe de la Reine du ciel babylonien. Son xoanon ou arbre sacré représentait l’arbre de la connaissance qui s’oppose à l’arbre de vie. Le message final est donc celui-ci : aux chrétiens du premier âge, le Christ adresse une mise en garde face aux évêques qui voudront prendre le pouvoir, car ils les mèneront directement vers la Reine du ciel à terme. Ceux-là n’auront aucune part avec le Seigneur dans le Paradis de Dieu.

Les dates importantes de l’âge d’Ephèse

0 Début de l’ère chrétienne.

4 Hérode Antipas devient le tétrarque de Galilée jusqu’en 39.

6 La Judée et la Samarie deviennent provinces romaines sous administration directe.

14 Tibère, empereur jusqu’en 37.

18 Caïphe, Grand Prêtre du Temple de Jérusalem jusqu’en 36.

26 Ponce Pilate, préfet de Judée jusqu’en 36.

30 Crucifixion et résurrection de Jésus.

30 Pentecôte et DEBUT DE L’AGE d’EPHESE

36 Conversion de Paul de Tarse qui devient l’ange de l’Eglise d’Ephèse dans l’Apocalypse.

Premier voyage de Paul (estimé de 45 à 49)
Deuxième voyage de Paul (estimé de 50 à 52)
Troisième voyage de Paul (estimé de 53 à 58)

62 Lapidation de Jacques, frère de Jésus.

65 Mort de Paul.

66/70 Première guerre juive: Titus prend Jérusalem pour mettre fin aux révoltes. Le Temple est pillé et détruit par les troupes romaines.

73 Chute de Massada.

94-95 L’apôtre Jean écrit l’Apocalypse en exile à Patmos.

101 Mort de l’apôtre Jean à Ephèse.

102 La rédaction de la Mishna (Loi orale) est entamée. Elle est clôturée par Rabbi Yehouda Ha-Nassi, aux environs de 200.

123 Quadratus devient le premier apologiste et présenta son apologie (perdue) à l'empereur Hadrien durant un séjour en Asie Mineure.

132-135 Seconde révolte juive sous la conduite de Simon Bar Kochba. Jérusalem devient Aelia Capitolina et est interdite aux juifs.

155 Polycarpe disciple de l’apôtre Jean meurt brûlé vif.

155 FIN DE L’ÂGE D’EPHESE

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