http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L'âge de l'Eglise de Smyrne 3

mercredi 27 novembre 2013

L'âge de l'Eglise de Smyrne 3

Apocalypse 2 : 10  Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.

L’âge de Smyrne sera celui de la persécution directement contre les chrétiens, contrairement à l’âge d’Éphèse où les persécutions étaient le fait des juifs ou indirectement à cause d’eux, puisque les communautés étaient indissociables. Les Juifs, abandonnés par l’esprit de Dieu, se révoltaient en permanence dans l’attente d’un libérateur, le Mashiah, et attiraient sur eux des châtiments terribles. Ils étaient opprimés, mais ils méritaient leur sort, tandis qu’on ne pouvait rien reprocher aux chrétiens exposés aux mêmes persécutions. Aussi, pendant que les Juifs se faisaient remarquer par leur fureur, les chrétiens se faisaient reconnaître à leur patience. Les malheurs qui arrivaient aux Juifs et leurs révoltes continuelles à cette époque encore prouvent qu’ils attendaient le Messie, puisque le premier imposteur venu avait le pouvoir de les soulever ; et d’un autre côté comment expliquer, sans le crime du Messie, les désastres qui pesaient sur eux, puisqu’ils n’avaient jamais été plus éloignés de l’idolâtrie et plus fidèles observateurs de leur loi ? La fureur des uns contrastant avec la paix des autres qui commençaient à construire leur Jérusalem céleste.

Pendant quelques années, convaincus que le temple allait être relevé, quelques prêtres juifs se cachèrent dans Jérusalem. Le chef du collège des prêtres de la Palestine fut alors le patriarche des Juifs dispersés. Mais Dieu détruisit bientôt cette dernière illusion. Trajan, avant sa mort, fit marcher des troupes contre la Judée, et Adrien, qui lui succéda, appela contre eux Jules-Sévère de la Grande-Bretagne. Le chef de la révolte était Barcochébas (fils de l’Étoile), qui se prétendait le Messie. Les Romains détruisirent cinquante forteresses et neuf cent quatre-vingt-cinq bourgades. Cinq cent quatre-vingt mille hommes furent tués, le reste vendu et transporté en Égypte, et la Judée réduite en solitude. Depuis ce temps-là, il fut défendu aux Juifs d’entrer à Jérusalem et même de la regarder de loin. La ville se nomma Ælia, d’un nom d’Adrien ; sur une des portes, on mit un pourceau de marbre, animal immonde chez cette nation ; et comme Adrien détestait autant les chrétiens que les Juifs, il fit placer une idole de Jupiter à l’endroit même où ressuscita Jésus-Christ, et une Vénus de marbre au calvaire de Golgotha. La persécution à cause des juifs allait alors s’arrêter et celle directement dirigée contre leur foi allait débuter.

Dans l’âge de Smyrne qui commence avec la mort de Polycarpe en 155, la communauté chrétienne va chercher à se développer dans un environnement qui lui soit plus favorable, donc loin des juifs et de leur influence. Ceci explique aussi pourquoi l’Église de Rome va voir son autorité grandir et se démarquer de plus en plus des Églises d’Asie qui conservent encore certaines pratiques issues des traditions juives. L’hostilité des juifs étant maintenant patente depuis que les communautés se sont scindées, les pratiques du judaïsme seront progressivement expurgées de la tradition chrétienne, comme la célébration du culte le shabbat ou la célébration de Pâque un jour différent. La haine et la rage des juifs envers les chrétiens ne vont pas seulement provoquer une scission de corps, mais également d’esprit. Le Talmud deviendra la référence des pratiques dans le judaïsme, ce qui détruira définitivement tous liens avec le Seigneur et consommera la rupture avec Dieu de manière définitive.

Le second siècle peut être appelé plus particulièrement le siècle des martyrs et des apologistes. Les persécutions, pendant le premier siècle, étaient plutôt politiques que religieuses et surtout du fait des juifs. Mais par la suite le pouvoir s’inquiéta de la formation d’une société nouvelle dont le dieu n’avait pas été adopté par le sénat ; dans le second siècle, le paganisme comprit qu’il y allait de son existence, et les prêtres de l’idolâtrie s’unirent au pouvoir pour arrêter par les supplices les progrès du Christianisme. Un autre genre de combat s’éleva en même temps pour l’Église. Paul avait dit : Il faut qu’il y ait des hérésies. Des hérétiques s’étaient montrés dans le premier siècle, mais une parole des apôtres suffisait alors pour leur faire perdre tout crédit. Quand tous les apôtres furent morts, les hérétiques devinrent plus audacieux. L’Église se vit donc attaquée tout à la fois par l’hérésie et par la persécution, mais tous ces efforts réunis ne servirent qu’à mieux établir la divinité et l’unité de sa doctrine.

Désormais livré à elle-même au milieu d’un monde romain hostile à la chrétienté, l’Église devra apprendre à survivre premièrement, avant toute chose. “Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici que le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés…” L’Église à Smyrne est exhortée à ne pas craindre une telle persécution, même si cela peut aller jusqu’à l’emprisonnement et la peine de mort. Dans l’Empire romain, l’emprisonnement était parfois une détention temporaire, mais c’était souvent l’étape préalable au procès et à l’exécution. La fin du verset 10 ne laisse pas de doute quant à la nature de l’épreuve devant eux: “Sois fidèle jusqu’à la mort.” Les chrétiens devaient être prêts même à affronter la peine capitale. Jésus ne dit pas qu’il n’y a rien à craindre, il dit que son Église ne devrait pas craindre les choses qui sont en elles-mêmes effrayantes. De nouvelles persécutions importantes sont gardées en réserve pour eux.

Ils n’ont pas à craindre l’épreuve imminente, car leur vie est entre les mains de Celui qui est le premier et le dernier. Ils n’ont pas à craindre la mort, car ils appartiennent à Celui qui a expérimenté lui-même la persécution jusqu’à la mort et qui a vaincu la mort par sa résurrection. J’étais mort et je suis revenu à la vie. Par conséquent, “ne crains pas”. Les expressions “le premier et le dernier” et “ne crains pas” viennent toutes les deux du livre d’Ésaïe et sont maintenant appliquées à Jésus-Christ et à son Église. L’Église accomplit le rôle qu’Ésaïe avait prophétisé au sujet d’Israël. L’Église est le vrai Israël, contrairement aux juifs incrédules qui sont une “synagogue de Satan”. Ils n’ont donc pas à craindre l’opposition des juifs, car ce sont eux le véritable Israël de Dieu. Ils n’ont pas non plus à craindre les autorités romaines, Jésus est Seigneur au-dessus de César. Ils n’ont même pas à craindre les attaques de Satan, car Jésus l’a vaincu. C’est lui l’instigateur de ces difficultés. Le diable voudrait bien que l’Église accepte des compromis face à la persécution. C’est une façon pour eux d’être éprouvés. Ainsi s’ils restent fidèles jusqu’à la mort ils gagneront la vie, c’est tout ce que le Seigneur attend dans cet âge qui sera exempt de tout reproche, car l’essentiel sera de survivre en gardant la foi.

Les apologistes


Les Apologistes grecs du deuxième siècle - Aristide, Justin, Tatien, Athénagore, Théophile, auxquels il faut joindre quelques inconnus ou anonymes - sont les premiers intellectuels du christianisme. À l'époque des persécutions menées sporadiquement par les foules hostiles sous la forme de véritables « pogroms », et qui étaient plus ou moins acceptées par les autorités (les Antonins, depuis Trajan jusqu'à Marc Aurèle, n'étaient pas favorables aux chrétiens), ils ont pris la plume, en s'adressant les uns directement aux empereurs, les autres au public païen, pour défendre leurs coreligionnaires contre les odieuses accusations qui étaient lancées contre eux : l'anthropophagie rituelle, la débauche incestueuse, l'impiété envers les dieux de la cité, qualifiée par leurs adversaires d' « athéisme », et pour présenter et justifier le nouveau genre de vie et la doctrine jugée scandaleuse qui étaient les leurs. Quadratus, le premier de tous, présenta son apologie (perdue) à l'empereur Hadrien durant un séjour en Asie Mineure en 123-124 ou en 129. Aristide d'Athènes s'adressa au même empereur Hadrien (117-138), Justin à Antonin le Pieux (138-161), Miltiade (texte perdu) à Marc Aurèle (161-180) et Lucius Verus (161-169), Apollinaire de Hiérapolis (texte perdu) et Méliton de Sardes (courts fragments) également à Marc Aurèle, Athénagore d'Athènes à Marc Aurèle et à Commode (176-192).

Ce faisant, ils ont dressé un premier pont entre la philosophie païenne et le christianisme, en présentant la doctrine chrétienne d'une manière rationnelle, acceptable par les lettrés de l'époque, en même temps qu'ils ont contribué à l'élaboration de la théologie chrétienne. Mais ils ont aussi combattu des adversaires plus proches d'eux : les gnostiques, qui, au nom d'une interprétation supérieure des Écritures, distinguaient le Dieu supérieur du Démiurge créateur, niaient l'humanité du Christ sauveur et rejetaient la résurrection de la chair, et les Juifs, qui, attachés à la lettre des textes bibliques, refusaient de voir en Jésus de Nazareth le Messie annoncé par les prophètes, Verbe de Dieu préexistant.

Irénée de Lyon


Outre les persécutions qui allaient s’abattre sur l’âge de Smyrne, un problème majeur se posait à la jeune Église postapostolique qui reposait jusqu’alors sur l’enseignement des apôtres et des disciples directs. La doctrine s’élaborant sur les Écritures, le détachement d’avec les juifs et donc de la Loi, nécessitait une base scripturale reconnue comme authentique de la foi chrétienne et détachée de la stricte observance de la Loi. La Bible allait devenir l’arme la plus efficace qui soit contre les hérésies.

Du côté des juifs la question du choix d’un corpus d’écritures reconnues comme saintes était en voie d’achèvement. Pour la forme tripartite de la Bible juive, la formation du canon de la Loi et des Prophètes était déjà terminée au temps du Seigneur alors que le canon des Ecrits (psaumes, sagesse, proverbes et autres) fut fixé seulement après la destruction du deuxième temple de Jérusalem, tandis que le canon de la Bible de la Septante était rejeté. Cependant c'est cette Bible qui devint le fondement de l'AT chrétien.

Du côté des chrétiens la chose était encore en devenir et la formation du canon du Nouveau Testament (ou néotestamentaire), tel qu'il est connu aujourd'hui et adopté de manière unanime par toute l'Église, fut un long processus de réception des textes qui se déroula jusqu'à la fin du quatrième siècle et même un peu au-delà pour certaines Églises particulières. Toutefois, sur l'ensemble des livres, les quatre Évangiles et les épîtres pauliniennes furent très rapidement au cœur de la vie des Églises en communion. Ils constituaient un pré-canon du NT qui servait à l'édification des fidèles. Les autres livres furent intégrés par étapes. La formation du canon néotestamentaire répond à des critères dont le principal est leur origine apostolique. Elle s'est faite par intégration de certains livres considérés comme canoniques tandis que d'autres écrits, évalués comme non-canoniques bien qu'orthodoxes, étaient mis de côté; et que d'autres déterminés comme étant hétérodoxes furent exclus. Les pères de l'Église attestèrent de ce processus de formation dans leurs écrits.

Les apôtres sont les témoins oculaires des enseignements, des signes et miracles accomplis par le Seigneur et de l'épisode final qui est le sceau de son incarnation: la passion, la mort, la résurrection et l'ascension glorieuse. Avec l'autorité absolue du Christ Seigneur, leurs témoignages constituaient à cette époque la référence de l'Église. La transmission s'y faisait principalement selon une tradition orale qui était très fidèle, car on attachait une grande importance au caractère sacré de la mémorisation qui reçoit et transmet.

Aux apôtres succèdent les pères apostoliques, ceux que ces premiers firent épiscopes dans les Églises qu'ils ont créées. La disparition des apôtres, impliquant la nécessité de transmettre leurs témoignages sans rien y ajouter ni rien y retrancher, aboutit alors à l'apparition d'une tradition écrite à côté de la tradition orale. Ces deux traditions ont été maintenues jusqu'à nos jours et sont indissociables; sachant que la tradition écrite ne renferme pas toute la tradition orale, tandis que la tradition orale ne peut entrer en contradiction avec les écrits.

Pour comprendre cette articulation entre Écriture et Tradition, nous allons essayer de déterminer l’importance du rôle que joue l’Écriture chez Irénée. Après avoir fait un relevé statistique de termes clefs, André Benoît constate « une disproportion flagrante entre l’emploi des termes Écriture et Tradition. Irénée insiste beaucoup plus sur l’Écriture que sur la Tradition. La première apparaît comme l’autorité essentielle sur laquelle Irénée s’appuie sans cesse et à laquelle il revient toujours. La seconde n’est qu’une autorité occasionnelle, à laquelle Irénée se réfère moins souvent ».

L’Écriture est la norme de toute vérité, cette vérité est connue dans les Évangiles sous deux formes : l’une prêchée, l’autre écrite. « Il y a donc deux canaux par lesquels se transmet la vérité : d’une part la Tradition, de l’autre les écrits des apôtres. Et ces deux canaux peuvent prétendre à une égale autorité : le premier par la succession apostolique, le second par la rédaction apostolique ». Contre les gnostiques accusant les Écritures d’êtres corrompues, de manquer de concordance ou d’être apocryphes, Irénée dira : Cet Évangile, [les apôtres] l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans les Écritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi. AH III, 1, 1. Pour l’évêque de Lyon, il est clair en effet que les écrits néotestamentaires se sont formés dans une tradition apostolique, et donc que la Tradition précède chronologiquement l’Écriture. « La distinction de ces deux temps est capitale, car elle montre que la tradition vivante enveloppe l’Écriture ». Cette Tradition, née de la forme prêchée, s’appuie sur la forme écrite, comme le montrera la réfutation par les Écritures des livres III à V de l’Adversus Hæreses.

Au temps d’Irénée, le canon des écrits qui composera le Nouveau Testament n’étant pas encore défini, le terme « Écriture » désigne principalement l’Ancien Testament. Mais il ne fait pas de doute pour lui que les écrits néotestamentaires jouissent de la même autorité que l’Ancien Testament. C’est lui le premier qui définira l’évangile tétramorphe. Dans sa controverse avec les gnostiques, il aura recours à la presque totalité des livres qui constitueront le futur canon. Par l’autorité qu’il reconnaît à ces livres, il sera un témoin incontournable du processus de canonisation. Les vérités dogmatiques font partie de l'expérience de vie de l'Église qui répugne à les figer en formulations, néanmoins elle y est contrainte en face des hérésies pour conserver le contenu de la foi note. Il fallut donc leurs assauts pour que l'on ressente la nécessité de fixer par écrit les livres et leur liste canonique, ce qui fit que le processus s'accéléra dès la moitié du 2ème siècle.

Qu’Irénée fût choisi par le Seigneur pour représenter l’ange de Smyrne n’est donc pas étonnant. Il représente un trait d’union évident entre deux âges et une continuité dans la tradition apostolique. Son nom signifie le « pacifique ». De culture et de langue grecque, Irénée est né à Smyrne en Asie Mineure vers 120 ou 130, de parents grecs et chrétiens. Il témoigne avoir connu Polycarpe dans sa jeunesse. Au prêtre Florinus qui était tombé dans l’hérésie gnostique, Irénée écrivit : « Je t’ai vu, quand j'étais encore enfant, dans l'Asie inférieure, auprès de Polycarpe ; tu avais une situation brillante à la cour impériale et tu cherchais à te faire bien voir de lui. Car j’ai meilleur souvenir de ces jours d'autrefois que des évènements récents. Ce que l'on a appris dès l'enfance, en effet, se développe en même temps que l'âme, en ne faisant qu'un avec elle. Si bien que je puis dire le lieu où s'asseyait pour nous entretenir le bienheureux Polycarpe, ses allées et venues, le caractère de sa vie et l'aspect de son corps, les discours qu'il tenait à la foule, et comment il racontait ses relations avec Jean, et avec les autres qui avaient vu le Seigneur, et comment il rapportait leurs paroles, et ce qu'il tenait d'eux au sujet du Seigneur, de ses miracles, de son enseignement, en un mot comment Polycarpe avait reçu la tradition de ceux qui avaient vu de leurs yeux le Verbe de vie, il était dans tout ce qu'il rapportait d'accord avec les Écritures. J'écoutais cela attentivement, par la faveur que Dieu a bien voulu me faire, et je le notais non sur du papier, mais en mon cœur, et, par la grâce de Dieu, je ne cesse de le ruminer fidèlement. Je puis témoigner devant Dieu que si le bienheureux vieillard, l'homme apostolique, avait entendu quelque chose de pareil (les doctrines gnostiques), il se serait récrié, il aurait bouché ses oreilles, il aurait dit comme à son ordinaire : O bon Dieu, pour quels temps m'as-tu réservé, faut-il que je supporte de telles choses ! et il aurait fui loin du lieu où, assis ou debout, il aurait entendu de pareils discours. »

Arrivé en Gaule vers 157, il exerça d'abord la fonction de simple presbytre, et s'associa aux travaux de Pothin, premier évêque de Lyon. Quand Pothin périt victime d’une persécution de Marc Aurèle, en 177, Irénée fut choisi pour le remplacer. Sa vie épiscopale fut alors consacrée à l'instruction des peuples et à la défense de la vérité par la lutte contre les hérésies des gnostiques et des valentiniens. Il fut le deuxième évêque de Lyon au IIe siècle entre 177 et 202 et devint un des Pères de l'Église. Son épiscopat est marqué par une forte expansion missionnaire. Un grand nombre de diocèses sont fondés par des missionnaires envoyés par Irénée : c'est le cas de Besançon et Valence, qui doivent à l'évêque de Lyon leurs premiers pasteurs. Il est le premier occidental à réaliser une œuvre de théologien systématique. Il rédige ses œuvres afin de présenter la doctrine contre les thèses gnostiques.

Il est l'auteur d'un important ouvrage, Réfutation de la prétendue gnose au nom menteur, connu généralement sous le nom de Contre les hérésies (Adversus Hæreses). Il s'agit d'un traité contre Valentin d'Égypte et les gnostiques. Le combat contre les hérésies était essentiel car il opposait deux voies religieuses qui conduisaient vers le salut. Ce combat est d’ailleurs sous-entendu par le choix de la ville de Smyrne pour désigner le second âge. Cybèle étant la déesse tutélaire de la ville, son culte renvoie indubitablement vers celui des mystères qui y sont attachés. Or les cultes à mystères de l’antiquité avaient pour vocation de sauver l’âme de l’homme que l’on croyait immortel car d’essence divine.

Quelques explications sont nécessaires pour comprendre l’importance de l’enjeu. Depuis le début de l’histoire humaine, la mort a sans cesse effrayé les hommes qui ont constamment essayé de comprendre ce qui se passe au-delà de cette échéance ultime. Face au néant insupportable, ceux-ci ont toujours tenté de nier la mort en se rattachant à l’idée apaisante d’une survie immédiate. Pour la majorité des hommes de chaque civilisation, l’antique notion d’immortalité de l’âme semble donc avoir été une réponse rassurante – mais imparfaite – à l’angoisse de l’au-delà. Inconnue jusqu’alors, la pensée de l’immortalité de l’âme apparaît en Grèce au VIe siècle av. J.-C. à travers l’orphisme, courant religieux issu du mythe d’Orphée, enseignant à la fois l’immortalité de l’âme et la réincarnation. Disciple de l’orphisme, le philosophe Pythagore, lui aussi, n’accepte pas que la vie s’achève par la mort ! A son tour, il influence fortement l’autre philosophe grec – non moins célèbre – Platon (427-347 av. J. C.) pour qui l’âme est immortelle et de nature divine. Ce dernier cherche à le prouver dans son œuvre, Phédon : « Ce qui est divin, immortel, intelligible, ce dont la forme est une, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’âme ressemble le plus. »

Si, jusqu’au milieu du IIe siècle, les premiers chrétiens fidèles à la tradition apostolique ne se laissent pas séduire par la théorie de l’immortalité de l’âme, ce n’est plus le cas par la suite. Au fil des années, de façon remarquable, cette idée chère au « grand Platon » s’impose de plus en plus à l’esprit des philosophes et à certains courants de l’Église qui l’adoptent et tentent de l’affiner avant de l’intégrer au christianisme. Ce sont les hérésies que combat Irénée, mais qui après sa mort vont poursuivre leur chemin, pour finalement être intégrés dans l’Église catholique. C’est ce que témoigne par exemple cette fiche pédagogique de la Bibliothèque Nationale de France : « On pourrait dire que si Saint Augustin a eu la volonté de "christianiser" Platon en l'introduisant dans ses théories religieuses, Saint Thomas d'Aquin "christianisa" à son tour Aristote [disciple de Platon], huit siècles plus tard, avec cette même volonté d'harmoniser le savoir, la sagesse antique et la foi chrétienne. » Toutefois, ce n’est qu’en 1513 au concile de Latran V que le dogme de l’immortalité de l’âme est proclamé officiellement.

Ainsi, les opinions divergentes, relatives à la nature divine, produisirent une multitude d’hérésies dont un grand nombre étaient contradictoires. Il semblerait qu’il y a eu autant de philosophes que d’écoles de philosophie et de voies de salut liées aux cultes à mystères. La pensée religieuse qui mènera au catholicisme traditionnelle contemporain, n’est que la marque particulière de l’hérésie qui supplanta celles qui lui étaient concurrentes et qui se révéla assez rapidement après la disparition d’Irénée.

En examinant l’évolution de la théologie « chrétienne » de la fin du 2ème siècle et du début du 3ème, les noms de Tertullien et d’Origène ne cessent d’être cités. Tertullien (150-225 apr. J.-C.), surnommé le père de la théologie latine, fut « l’un des plus grands écrivains de l’époque, et fut presque aussi influant qu’Augustin en ce qui concerne l’évolution de la théologie occidentale » (Eerdman, Handbook to the History of Christianity, page 77).

Tertullien vécut à Carthage et fut l’un des premiers à enseigner que le feu de l’enfer commence après la mort. A la fin de sa vie, il rompit avec Rome et devint montaniste. Il accepta de donner du crédit aux déclarations de deux femmes, possédées par le démon, qui se disaient prophétesses. Elles entraient en transe et « parlaient en langue », en déclarant qu’elles étaient le « Paraclet » (un mot traduit par Saint-Esprit dans l’Évangile selon Jean), et elles enseignaient un message appelé « la nouvelle prophétie ».

Origène (185-254 apr. J.-C.) « fut l’érudit le plus grand et l’auteur le plus prolifique de l’Église primitive » (Eerdman, page 104). Vers 203 apr. J.-C., Origène succéda à Clément d’Alexandrie à la tête d’une école célèbre, qui ambitionnait de préparer les chrétiens au baptême et de dispenser des cours de philosophie et de sciences naturelles au peuple. Comment expliquer la renommée d’Origène en tant qu’érudit et professeur de théologie ? Selon Eusèbe, l’historien du 4ème siècle de l’Église, peu de temps après avoir pris la direction de l’école d’Alexandrie, Origène se fit castrer ! Cet acte fut accompli d’après sa compréhension (ou plutôt son incompréhension !) des paroles du Christ dans Matthieu 5 :29-30.

Ce manque total de compréhension des Écritures est abondamment illustré par une grande partie de ce qu’il a écrit. « Origène entrevit l’hypothèse d’un enfer de compensation [le purgatoire] » (International Bible Encyclopedia, “Enfer”). Il joua également un rôle important dans le développement ultérieur du culte catholique voué à Marie, en étant le premier à émettre l’idée que Marie serait restée vierge après la naissance de Jésus. Le futur dogme trinitaire du catholicisme sera aussi de lui. « Origène s’inspira du néoplatonisme avec plus de méthode que les apologistes et que Tertullien. En fait, son “concept de la création éternelle” était une adaptation de la doctrine néo-platonicienne, selon laquelle le monde particulier des êtres spirituels aurait existé de toute éternité. Le Fils est éternellement issu [ou engendré] de la nature même de Dieu ; par conséquent, Il est de l’essence du Père, mais second, par rapport à Lui […] Origène, comme Tertullien, inventa un nouveau terme pour les “trois” composantes de la triade divine. Le Père, le Fils, et le Saint-Esprit sont “trois hypostases” […] La contribution majeure d’Origène à la formulation de la doctrine trinitairienne fut l’idée de la création éternelle. Son terme générique pour les “trois” [hypostases] sera adopté et affiné au 4ème siècle. » The Roman Catholic New Theological Dictionary

Contrairement à tous ces hommes qui bâtiront le catholicisme romain, chez Irénée l’autorité des Écritures est absolue: la Bible suffit pour connaître Dieu et son œuvre, toute spéculation supplémentaire est vaine. Il affirme l’unité de la foi de celle de l'Église, et soutient que l’Écriture révèle un plan de Dieu pour le salut des hommes. Irénée est le premier à parler de la « Tradition » : contre les hérétiques, il défend la tradition de l'Église, qui revendique sa transmission par les apôtres (traditio ab apostolis : « tradition des Apôtres ») et se veut fondée sur la « règle de vérité » qui est la foi en Dieu et en son Fils Jésus-Christ.

Les gnostiques prétendent aussi se rattacher aux Apôtres, mais leur tradition est sans autorité, parce qu'elle ne repose pas sur l'institution et la transmission légitime de l'autorité, au contraire des évêques qui sont héritiers de l'autorité des Apôtres. Ils ont la même autorité pour transmettre que les Apôtres pour enseigner. Ce qui apparaît ici chez Irénée, c’est une théologie de l'institution ecclésiale : la transmission de l'enseignement des Apôtres n'est pas laissée à l'initiative des docteurs privés (laïcs). Les Apôtres eux-mêmes ont constitué les organes par lesquels ils ont voulu que leur enseignement soit transmît. Seuls ces organes institués par les Apôtres ont l'autorité des Apôtres. Ce sont eux seuls qui sont les critères des doctrines et qui garantissent leur conformité avec la révélation. De ceci, Irénée voit une confirmation dans l'unité de l'enseignement des évêques. Autant les écoles gnostiques sont divisées et se contredisent, autant l'enseignement des évêques est un sur toute la surface de la Terre.

La vision de l’autorité épiscopale d’Irénée était cependant altérée par un fait  historique élaboré sur un faux inspiré l’évêque de Rome Anicet. S’inspirant des écrits Hégésippe qu’il considérait authentiques, Irénée écrira que les évêques de Rome sont les successeurs de l’apôtre Pierre. Le problème c’est qu’à partir de cette base mensongère une hiérarchie pyramidale avec un seul chef élu comme pasteur à partir de Rome va se mettre en place progressivement, pour produire à terme le pape. Au milieu du siècle suivant, cette idée avait tellement pris d’ampleur que Cyprien d’Afrique du Nord déclara : « Le point de mire de l’unité est l’évêque. Lui désobéir, c’est désobéir à l’Église, et l’on ne peut pas avoir Dieu pour Père si l’on n’a pas l’Église pour mère ». Victor présenté comme le 14ème évêque de Rome et contemporain d’Irénée, commence à s'affirmer la volonté des évêques de Rome d'imposer un magistère moral sur les autres Églises. Il favorise systématiquement les éléments romains au sein de l'Église. Il succède à Éleuthère vers 189 et gouverne l'Église de Rome jusque vers 198/199. C'est à cette époque que le latin supplante le grec dans la liturgie. Il réussit à organiser de nombreux synodes qui parviennent à s'entendre sur le jour de Pâques qui est célébré un dimanche dans les Églises d'occident comme à Rome. Seule la province d'Asie refuse de s'aligner sur la pratique romaine, et Victor est sur le point de lancer l'excommunication contre ces églises d’Asie, quand il finit par choisir la voie de la conciliation sur les conseils d’Irénée de Lyon. La similitude avec le conflit précédent entre Polycarpe et Anicet est évident, et met en perspective comment la semence du serpent et celle du Seigneur s’affrontent sur le plan dogmatique.

Ainsi  sur les principes, Victor Ier se montre souvent intransigeant, en particulier avec ceux qui ne se soumettent pas aux décisions romaines ou se permettent de contester l'autorité. Il combat aussi avec acharnement les gnostiques. Ces revendications étaient destinées à pousser les frères dans une organisation qui se développait rapidement, et qui devint l’Église catholique que nous connaissons aujourd’hui. Comme ces appels sont, de loin, différents de ceux de l’apôtre Paul et des autres chefs du Nouveau Testament, qui mettaient l’accent sur les Ecritures et sur les fruits de leurs ministres pour authentifier l’Église (voir 1 Corinthiens 11 :1 ; Actes 17 :2). N’étant plus capables de se référer clairement aux Écritures, les chefs de l’Église du 2ème et du 3ème siècle comptaient de manière croissante sur la loyauté des frères auxquels ils affirmaient avoir été dûment ordonnés successeurs des apôtres et des évêques, qui les avaient suivis. Alors qu’ils abandonnaient de plus en plus ce que les apôtres avaient enseigné, ces individus trompeurs cherchaient à rassembler les frères en faisant appel à l’unité et à la mémoire des apôtres. Cependant, ce n’est que dans l’âge suivant que cela se révélera pleinement.

Le temps de la persécution

Cependant dans l’âge de Smyrne le plus grand combat n’était pas de lutter contre le nicolaïsme, mais contre les hérésies et le paganisme. En cela les évêques à l’image d’Irénée ont su lutter efficacement. Mais le diable ne lâchera pas prise si facilement et tentera par la force et la séduction de détruire à tout prix l’Église du Christ. Ainsi, devant résister aux assauts venus de l’intérieur, la menace venant de l’extérieur va aller en s’amplifiant pendant le 3ème siècle.

Durant ses deux premiers siècles d’existence, l’Église de Dieu dut sporadiquement affronter de rudes persécutions. Néanmoins, dans ces moments-là, elle n’était pas la seule visée, car elle partageait le sort des Juifs et d’une grande panoplie de sectes qui revendiquaient leur appartenance au Christ. Ces persécutions étaient locales et temporaires. D'un point de vue historique, on ne peut parler de persécution religieuse — au sens contemporain — à propos des chrétiens durant les deux premiers siècles de l'Empire, d'autant que l'époque de la séparation du judaïsme et du christianisme est mal définie. En outre, les historiens actuels estiment le nombre de chrétiens en Occident insuffisant pour donner matière à des persécutions de masse. L'historiographie des persécutions s'est longtemps fixée sur le discours historique d'Eusèbe de Césarée, considérant jusqu'à la fin du XXe siècle que les persécutions contre le christianisme ont commencé dès le premier siècle, alors qu'on ne peut parler véritablement de persécutions qu'à partir du milieu du IIIe siècle puis au début du IVe siècle, et « sans la perspective hagiographique de l'œuvre d'Eusèbe qui cherche à gonfler les chiffres et « falsifier les événements ». L’œuvre de d’Eusèbe étant essentiellement d’exalter les martyrs pour mieux affirmer et justifier l’autorité de l’Église de Rome. Probablement Eusèbe a-t-il inventé un certain nombre de martyrs pour rapprocher certains évêques du ministère de Paul et de sa vie. Mais on sait que Polycarpe mourut vieux et que Pothin qui précéda Irénée comme évêque à Lyon, était âgé de plus de quatre-vingt-dix ans et infirme, quand il mourut en prison à la suite des mauvais traitements infligés par ses bourreaux. Ainsi on pouvait être chrétien et avoir la charge d’une Église sans mourir prématurément, sauf à quelques exceptions près.

Néanmoins il existe des persécutions locales organisées contre les chrétiens dès le début du IIe siècle. Ainsi la lettre de Pline le Jeune de 112, qui parle de « superstition déraisonnable et sans mesure » montre le mécanisme concret de condamnation pour le motif d’obstinatio, l’entêtement dans le refus d'obtempérer à l'ordre de sacrifier sans qu'on puisse identifier quoi que ce soit qui relève d'une persécution religieuse en soi. À cette époque l'attitude de l'autorité romaine relève plutôt du « politique » et non du « doctrinal » : on réprime le refus public d'adhérer à la cité et à son culte car ce « scandale » entraîne des troubles locaux. La question du fondement juridique de la cognitio ou de l' informatio contre les chrétiens est insoluble en l'état actuel des sources.

Cette perception a changé lorsque les Romains ont pris conscience des critiques des chrétiens sur les traditions romaines (jeux du cirque, culte de l'empereur, hiérarchie entre les hommes). À l'instar des religions orientales, ils critiquaient la société romaine et considéraient comme un devoir de la changer par la conversion. Mais l'essentiel de l'hostilité populaire tenait au fait que l'on faisait aux chrétiens le reproche d’amixia, le refus de se mêler à la vie publique en se tenant à l'écart de la vie municipale, étroitement liée alors à la dimension religieuse. La violence des supplices réservés aux chrétiens n'est que le reflet d'une société violente qui avait déjà vu les proscriptions, par exemple, démarche plus politique. Les chrétiens, à l'instar d'autres suppliciés de l'époque, sont livrés aux fauves, crucifiés, torturés en public. Néanmoins, on observe qu'une fois la persécution passée, les chrétiens sont de nouveau tolérés, à défaut d'être admis véritablement. On ne constate donc pas de volonté d'exterminer les chrétiens en tant que tels. Il faut donc inscrire la persécution chrétienne dans un contexte de crise générale de l'Empire romain : le refus des chrétiens de participer au sacrifice général aux dieux « pour le salut et la conservation » de l'empereur, exigé de tous les citoyens est perçu comme une déloyauté politique. La persécution de Valérien entre 257 et 258 vise essentiellement les couches supérieures et le clergé et aucunement les simples fidèles.

La persécution de Dioclétien, à partir de 303 est le mouvement de répression le plus vaste, curieusement perpétré à une époque où les chrétiens sont parfaitement intégrés, jusqu'aux postes d'officiers dans l'armée. Il a probablement un fondement plus directement politico-religieux, le christianisme contrariant alors la promotion du culte solaire comme religion nationale et la sacralisation du pouvoir politique qui agit comme le ciment de l’empire. Il s’agit des « dix jours » mentionnés dans Apocalypse 2 : 10. La persécution s’arrêtera en 313 et le christianisme sera finalement adopté comme religion personnelle par le futur empereur Constantin Ier bien que son empire ne comptât alors que très peu de chrétiens. Dès lors, le christianisme ne cessera de se développer dans l'Empire jusqu'à en devenir l'unique religion officielle sous Théodose Ier, les religions païennes seront définitivement interdites par ce dernier en 392 et leurs sectateurs à leur tour persécutés par la nouvelle religion dominante.

C’est vraiment le contexte du 3ème siècle qui justifia ces mots du Seigneur pour l’Église de Smyrne : Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. La ville rappelle par son nom l’amertume de la myrrhe qui symbolise également les afflictions et la persécution. Comme la myrrhe répand son parfum lorsque broyée, le sang des martyrs, une fois versé, devient une semence de vie pour ceux qui sont témoins de leur fidélité. À tous ces martyrs, Jésus promet la couronne de vie. Jésus n’affirme pas uniquement ici que les chrétiens qui vaincront ressusciteront, mais également qu’ils règneront avec Lui dans Son royaume.

Apocalypse 2: 11  Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises: Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort.

L’Église persécutée fut toujours un exemple : elle ne pouvait plus que compter sur le Seigneur et Sa Parole d’où sa pureté. Jésus l’encourage et la soutient pour que les chrétiens persécutés puissent tenir. Il ne lui fait pas de reproches.

Les dates importantes de l’âge de Smyrne


155 DEBUT DE L’ÂGE DE SMYRNE.

155 Anicet devient selon la tradition catholique, le 11e évêque de Rome et siégea jusqu’à 166 environ. Il entra en conflit avec Polycarpe au sujet de la Pâque.

177 Irénée né à Smyrne vers 120/130 sera disciple de Polycarpe, puis devient le deuxième évêque de Lyon  en 177 jusqu’en 202. Il est un des Pères de l'Église. Il est le premier occidental à réaliser une œuvre de théologien systématique pour lutter contre les hérésies et représentera l’ange de l’âge de Smyrne.

180 Mort d’Hégésippe né vers 115 à Jérusalem et qui fera la première généalogie des évêques de Rome sous la dictée d’Anicet.

189 Victor 1er devient selon la tradition catholique, le 11e évêque de Rome et siégea jusqu’à 199. C'est avec lui que commence à s'affirmer la volonté des évêques de Rome d'imposer un magistère moral sur les autres Églises, il entrera aussi en conflit avec les Eglises d’Orient au sujet de la Pâque et voudra les excommunier, Irénée s’y opposera.

220 Tertullien est un théologien vu comme un Père de l'Église, auteur prolifique, catéchète, son influence sera grande dans l'Occident chrétien. Il est le premier auteur latin à utiliser le terme de Trinité, et à développer une théologie précise de celle-ci. Il est ainsi considéré comme le plus grand théologien chrétien de son temps. Il rejoint le mouvement hérétique montaniste à la fin de sa vie.

269 Félix Ier devient selon la tradition catholique, le 26ème  évêque de Rome et siégea jusqu’à 274. Félix commença à ensevelir les martyrs sous les autels, et ainsi institua la coutume de célébrer la messe sur leurs tombeaux. Cette pratique mènera vers le culte des saints dans l’Eglise catholique.

284 Début du règne de Dioclétien. Empereur romain qui régna jusqu’en mai 305. Sous son règne en 303, éclate contre les Chrétiens la plus brutale des persécutions. Il s'agit là de la seule mesure historiquement avérée de répression générale prise par les Romains contre les tenants de la nouvelle Foi. La répression durera 10 ans, jusqu’en 313. Il s’agira des 10 jours de tribulation annoncés en Ap 2 : 10. Dioclétien décida en 286 de diviser administrativement l'Empire en deux moitiés, l'une orientale et l'autre occidentale qui furent à leur tour subdivisées en deux. Chacune de ces quatre régions possédait un empereur qui formaient la Tétrarchie.

313 Promulgation de l’édit de Milan par Constantin et Licinius en avril. Il accorde la liberté de culte à toutes les religions et permet aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l'empereur comme un dieu. Il signe la fin des tribulations de 10 jours et clora l’âge de l’Eglise de Smyrne.

313 FIN DE L’ÂGE DE SMYRNE

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