Au faîte de sa puissance et consolidant encore son
empire, Napoléon crée la noblesse d’Empire : bientôt ses maréchaux et
généraux arboreront des titres de comte d’Empire, prince de Neuchâtel, duc
d’Auerstaedt, duc de Montebello, duc de Dantzig, duc d’Elchingen, roi de Naples.
Mais déjà ce 7ème roi, qui doit rester peu de temps voit poindre les
prémices du déclin. Une partie de la population espagnole se soulève contre les
Français. Bientôt, l'infanterie britannique commandée par le futur duc de
Wellington, après avoir débarquée au Portugal en 1808, prend pied en Espagne.
Avec l’aide des patriotes espagnols, elle pousse peu à peu l’armée française
hors de la péninsule ibérique. Alors que les meilleures troupes de l’armée
française sont engagées en Espagne, l’Empire d'Autriche attaque une nouvelle
fois la France en Allemagne et en Italie.
L'armée autrichienne est finalement vaincue lors de la bataille
de Wagram en juillet 1809. Cette année 1809 a augmenté le sentiment de
vulnérabilité du régime impérial : Napoléon a d'abord été blessé -
légèrement au pied - à la bataille de Ratisbonne, en avril 1809, rappelant sa
vulnérabilité comme commandant en chef lors d'une bataille, puis a échappé à
une tentative d'assassinat par Frédéric Staps lors d'une revue des troupes à Schönbrunn,
le 12 octobre 1809, à l'époque de la conclusion de la paix avec l'empire
d'Autriche. La vulnérabilité du souverain français renforce le principe
d'assurer un héritier direct à l'Empire. Le divorce de Joséphine est alors
inéluctable.
L’Empereur veut inclure les États pontificaux dans son
système continental dirigé contre l’Angleterre : « Votre Sainteté est
souveraine de Rome, mais j’en suis l’Empereur; tous mes ennemis doivent être
les siens », écrit-il au pape le 13 février 1806. Mais le Souverain
Pontife refuse d’adhérer au blocus continental, considérant que sa charge de
pasteur universel lui impose la neutralité. La répression impériale ne se fait
pas attendre et va crescendo : les États de l’Église sont bientôt réduits
au Patrimoine de Saint Pierre (1806-1808); Pie VII est forcé de démettre le
cardinal Ercole Consalvi de ses fonctions de secrétaire d’État, Rome est
occupée militairement (2 février 1808); les États pontificaux sont annexés à
l’Empire (17 mai 1809); Pie VII répond, le 10 juin 1809, par une bulle d’excommunication
Quum memoranda où il fustige les « voleurs du patrimoine de Pierre,
usurpateurs, fauteurs, conseillants, exécutants », ce qui lui attire de
nouvelles rigueurs.
Les hostilités étant ouvertement déclarées, Pie VII est
en réaction rapidement arrêté et envoyé en résidence surveillée à Savone. Il
passera la fin de l’Empire en captivité. Cette arrestation marque un tournant
dans les relations entretenues entre le pape et Napoléon depuis la signature du
Concordat en 1801. Malgré leurs différends, perceptibles dès l’époque du sacre,
l’accord n’avait jamais été rompu et le principe qui avait prévalu à la
signature du concordat, à savoir, pour Napoléon, la préservation de l’ordre
social, avait été constamment réaffirmé. La rupture de 1810 paraît remettre en
cause cet ordre, d’autant plus que l’arrestation du pape fait naître une
nouvelle opposition, alors que Napoléon affirme sa tutelle sur l’Église et
cherche à la diriger en se passant du pape.
C’est au moment où se développe la crise entre le pape et
l’Empereur qu’intervient le divorce de Napoléon. Il creuse un peu plus le fossé
entre les deux hommes. L’attention portée par Napoléon à la construction d’une
quatrième dynastie, dans le cadre de la constitution d’une monarchie
chrétienne, ne pouvait que le pousser à faire annuler son premier mariage. Il
lui fallait donc obtenir coûte que coûte cette reconnaissance en nullité, alors
que le Sénat avait prononcé le divorce de l’Empereur et de l’impératrice le 16
décembre 1809. Ne pouvant faire appel au pape, captif à Savone et dont il
pouvait craindre qu’il ne lui répondît pas favorablement, Napoléon se tourne
vers l’officialité du diocèse de Paris. Il a sur ce point consulté canonistes
et théologiens, parmi lesquels Emery, qui lui ont confirmé qu’en droit canon,
rien n’obligeait un souverain à s’adresser au pape pour obtenir l’annulation de
son mariage. Seule la coutume en avait fixé l’usage. En l’occurrence, c’est
aussi une occasion pour les légistes gallicans d’affirmer l’indépendance des
tribunaux ecclésiastiques face à la justice romaine. Napoléon s’adresse donc à
l’officialité du diocèse de Paris, compétente en matière de causes
matrimoniales. La commission ecclésiastique, réunie autour du cardinal Fesch
depuis novembre 1809, avait opiné en ce sens. Forte de son droit, et après un
procès canonique fait dans les règles, l’officialité diocésaine déclare, le 9
janvier 1810, la nullité du mariage de Napoléon et Joséphine, en s’appuyant sur
la clandestinité de la cérémonie, faite hors de la présence du curé de la paroisse
et sans les témoins requis. Deux jours plus tard, l’officialité métropolitaine,
dirigée par l’abbé Lejeas, évêque nommé de Liège, mais exerçant toujours les
fonctions de chanoine et official métropolitain de Paris, confirme la sentence,
en s’appuyant sur un autre argument, le défaut de consentement, autre cas
d’annulation.
Quelques mois après la paix de Schönbrunn, le 2 avril
1810, Napoléon épouse l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, fille aînée du
grand ennemi autrichien et souvenir du Saint Empire Romain. L’Empereur, ayant
appelé à Paris treize cardinaux pour assister à son mariage avec Marie-Louise
d'Autriche et ayant essuyé un refus, il signe l’ordre de leur exil et leur
assigne des résidences séparées. Profondément irrité de ne rien obtenir du pape
pour les affaires ecclésiastiques, il se résout à se passer de lui en
convoquant à Paris un concile national (1811), interdit à Pie VII de communiquer
avec les évêques de l’Empire, le menace d’une déposition et lui envoie à
Savone, pour lui arracher une adhésion aux actes de ce concile, une députation
d’évêques, qu’il reçoit avec une grande sévérité et qui ne peut rien obtenir de
lui. C’est une manière supplémentaire de s’imposer encore un peu plus sur le
pape et l’Eglise catholique. Le 20 mars 1811, elle lui donne un fils et cet
enfant est baptisé « Napoléon François Charles Joseph » et est titré roi
de Rome, une manière d’enfoncer définitivement le dernier clou du cercueil papal.
Napoléon ayant symboliquement épousé par le biais de l’archiduchesse
Marie-Louise d’Autriche le Saint-Empire Romain et emprisonné le pape tout en
annexant les États pontificaux, on peut légitimement affirmer qu’à cet instant
le l’Histoire le principe de la continuité de l’Empire romain par le
catholicisme romain qui forme la 6ème tête de la bête de l’Apocalypse
est véritablement blessé à mort. Au début de l'année 1812 l’expansion napoléonienne
est à l’apogée de son extension territoriale. Le « Grand Empire »
compte alors 134 départements, de Hambourg à Rome et Barcelone, ainsi que les Provinces
illyriennes et une population de 70 millions d’habitants (dont 30 seulement
sont de la France de 1793), et compte plusieurs états vassaux (le royaume
d'Italie, le royaume de Naples, le royaume d'Espagne, la Confédération du Rhin
avec le Duché de Varsovie, la Confédération suisse, la principauté de Lucques
et Piombino, la principauté d'Erfurt, la ville libre de Dantzig et enfin Corfou,
île de République des Sept-Îles encore sous contrôle français).
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