La renaissance de l’Etat d’Israël est le résultat d’un
rejet des juifs un peu partout dans le monde et cela depuis des siècles, mais
avec une accentuation marquée au XXème siècle. On a coutume de décrire le Moyen
Age et ses horreurs multiples comme l’âge des ténèbres, mais que dire alors de
l’héritage de l’âge des lumières dans les temps modernes ? Jamais la
culture et les sciences n’ont autant progressé que ces derniers siècles et
pourtant jamais non plus l’antisémitisme n’a autant progressé qu’au XXème
siècle avec la montée en puissance du nazisme, puis de la Shoah.
Mais les nazis n’étaient pas les seuls, en France
l’affaire Dreyfus ou en Russie les pogroms témoignent d’un sentiment antisémite
dans toute l’Europe continentale. Mais la soi-disant Europe chrétienne n’était
pas la seule à s’en prendre aux juifs, dans le monde musulman les choses se
sont aussi détériorées gravement. Alors
qu’il est de bon ton actuellement de condamner Israël pour son attitude dans
les territoires palestiniens où l’on parle beaucoup de spoliation, un peu
d’Histoire pour rafraichir la mémoire collective ne devrait pas faire de mal.
L'Exode et la
spoliation des Juifs des pays arabes, Elias Levy le 24/02/2012
Article paru dans The Canadian Jewish News, repris
du site de l'Institut Séfarade, dirigé par Moïse Rahmani, en septembre
2003
Entre les années 1940 et les années 1970, environ
900 000 Juifs ont été contraints de quitter en masse et en catastrophe des pays
arabes où ils étaient installés depuis plus d'un millénaire. Ils abandonnèrent
alors tous leurs biens et leur patrimoine au point qu'il ne reste plus
aujourd'hui que quelques milliers de Juifs dans le monde arabo-musulman. 600
000 d'entre eux sont devenus des citoyens de l'Etat d'Israël.
Dans le grand bilan du XXe siècle, cet exode
oublié réapparaît aujourd'hui sur le devant de la scène. Le processus d'Oslo et
sa crise ont ravivé les mémoires du contentieux originel qui sépare les deux
parties du conflit proche-oriental. Si on évoque couramment le "droit au
retour" des Palestiniens, on oublie un élément déterminant du tableau
historique ainsi dressé : le contentieux des Juifs du monde arabe ? Ces
derniers constituent aujourd'hui la majeure partie de la Communauté juive de
France et de la société israélienne avec les Etats arabes.
A l'heure où les Palestiniens réclament avec
insistance le "droit au retour", voici deux livres remarquables
relatant ce drame refoulé qui arrivent à point nommé.
Le premier, dirigé par l'universitaire français
réputé, Shmuel Trigano, est intitulé L'exclusion des Juifs des pays arabes. Aux
sources du conflit israélo-arabe (Editions In Press, Paris, 2003). C'est un
recueil de textes de réflexions et d'analyses étayées par des spécialistes
israéliens, américains, français, canadiens, de cette problématique au cours
d'un Colloque international organisé, en décembre 2001 à Paris, sous les
auspices du Congrès Juif Européen et du Congrès Juif Mondial.
Le deuxième ouvrage, L'exode oublié. Juifs des
pays arabes (Editions Raphaël, Paris, 2003), dirigé par l'universitaire Moïse
Rahmani, dont la famille fut expulsée d'Egypte en 1956, contient de nombreux
témoignages vécus très poignants sur cette tragédie trop longtemps passée sous
silence.
D'après Shmuel Trigano, il est impératif et urgent
de réhabiliter, dans toutes ses dimensions, la mémoire blessée des centaines de
milliers de Juifs sépharades et orientaux spoliés et expulsés des pays arabes,
où leurs familles vivaient depuis des lustres.
« On comprend en effet l'utilité de cette
occultation pour servir les fins de la cause palestinienne et de
l'antisionisme. Les avocats de la disparition ou de l'abaissement de l'Etat
d'Israël, qui se veulent des modèles de vertu et d'humanisme, ne peuvent fonder
leur doctrine exterminatrice que sur l'argument du caractère artificiel de
l'Etat d'Israël, et donc de sa nature idéologique et violente. Rappelons-nous
qu'au moment où ils relancent le thème du "droit au retour", les
Palestiniens affirment qu'il n'y eut jamais de Temple sur Mont Moria, devenu
"Esplanade des Mosquées" »
Selon l'ex-négociateur américain Denis Ross, c'est
même la seule nouveauté du discours palestinien au sommet de Camp David II de
l'été 2000, explique Shmuel Trigano dans l'introduction de ce livre collectif.
Ce qui est en jeu avec l'occultation de l'histoire des Juifs du monde arabe,
ajoute-t-il, concerne en fait bien plus que la légitimité de la présence juive
sur la terre d'Israël, au regard de l'histoire.
« C'est la réalité même d'un peuple juif qui
est remise en question. Cette occultation permet en effet, réversiblement,
d'identifier les Israéliens comme une population étrangère, venue d'Europe,
composée de réfugiés de la Shoah, en quête d'un abri pour fuir les
persécutions. Et non comme un peuple historique, inscrit dans la configuration
régionale et une histoire qui ne serait plus seulement humanitaire mais aussi
politique. La mémoire de l'exclusion des Juifs du monde arabe viendrait perturber
jusqu'à la détruire cette construction idéologique mensongère. L'argument que
les Juifs furent heureux dans le monde arabe constitue effectivement un
argument-clé du discours palestinien et antisioniste. Il revient souvent sous
la plume d'Edward Saïd ».
Selon Shmuel Trigano, cette manipulation
idéologique de la réalité fut possible parce qu'elle chevauchait une vague
historique qui lui était favorable : le tiers-mondisme et la culture de la
culpabilité post-coloniale de l'Occident.
« Le monde arabo-islamique s'y voyait
consacré comme la victime absolue au point que l'on ne puisse imaginer la
possibilité même qu'il soit aussi coupable, intolérant ou impérialiste. C'est
ce qui fait le lit du mythe de l'idylle judéo-arabe, de l'âge d'or de Cordoue, de
l'hospitalité et de la tolérance du monde arabe qui, par ces qualités, se
serait foncièrement distingué des turpitudes de l'Europe et qui fait dire
encore aujourd'hui, en dépit de la réalité passée et présente, que
l'antisémitisme n'a concerné que l'Europe chrétienne ».
Une tragédie occultée par les ennemis d'Israël
D'après Shmuel Trigano, certains milieux sépharades se sont faits aussi les propagateurs de ce « beau rêve » qui trahit la mémoire de leurs ancêtres - dans la plus pathétique ignorance des annales de leur propre histoire -, au point de dispenser les sociétés arabes d'un examen de conscience purificateur concernant leur passé autant que leur présent.
« La conséquence la plus grave de cette
amnésie rend le conflit actuel incompréhensible, en le coupant de ses
antécédents historiques. Les Sépharades sont en effet les témoins à charge de
l'histoire contemporaine. On ne peut trouver meilleure preuve dans le fait
qu'il n'y a quasiment plus de communautés juives dans le monde arabe aujourd'hui.
Dès que le retrait des puissances occidentales dans ces pays était devenu
évident, les Juifs avaient très vite compris qu'ils n'y avaient plus aucun
avenir, sous peine de retomber dans la condition inférieure du dhimmi de
l'islam. La majeure partie de ces Juifs n'ont alors trouvé de salut que dans le
jeune Etat d'Israël qui leur accorda la citoyenneté, démontrant avec force que
ce transfert et l'évidence de sa finalité (l'Etat d'Israël) manifestaient un
véritable acte d'autodétermination d'une minorité opprimée du monde arabe, au
cœur même de la géographie arabe, c'est à dire dans l'Etat d'Israël. La majeure
partie de la population israélienne est ainsi directement issue de l'histoire
et de la géographie du monde arabo-islamique et nom des camps de la mort européens,
comme le veut le mythe dominant. En l'occurrence, la condition sépharade fut le
témoin de l'intolérance et de l'exclusivisme propres aux nouveaux Etats arabes.
La purification ethnique qui se produisit alors est inscrite dans l'acte même
de leur fondation », soutient Shmuel Trigano.
Dans l'excellente préface qu'il a écrite pour le
livre collectif, L'Exode oublié. Juifs des pays arabes, publié sous la
direction de Moïse Rahmani, l'essayiste et spécialiste de l'islam, Alexandre
Del Valle, met l'accent sur le lien étroit existant entre la montée du
totalitarisme islamiste, visible partout en terre d'islam, et l'épineux dossier
de l'exil forcé des Juifs des contrées arabo-musulmanes.
« Ce processus de négation de l'identité
autochtone des Juifs des pays arabes, cette propension à excuser à posteriori
le sort si douloureux des millions de Sépharades chassés de leurs propres pays
par le seul fait qu'ils sont plus ou moins consciemment considérés comme des
colons et donc des envahisseurs, sont largement à l'œuvre, hélas, non seulement
au sein des représentations arabes, mais aussi dans celles de la plupart des
Européens et des Occidentaux non-juifs, résignés à ne voir dans l'exil des
Juifs sépharades que le résultat, somme toute compréhensible et légitime, du
processus d'émancipation des peuples arabo-musulmans du joug colonial
européen », explique Alexandre Del Valle.
Dans un texte intitulé « Les brûlures de
l'oubli », publié dans ce livre dirigé par Moïse Rahamani, le député du
Parlement européen, François Zimeray, rappelle très justement que contrairement
aux pays arabes où tant de réfugiés vivent aujourd'hui à l'intérieur ou à
l'extérieur des camps, l'Etat d'Israël a absorbé dans leur intégralité les
centaines de milliers de Juifs venus des pays arabes.
« Ceux-ci vivent aujourd'hui dans l'Etat juif
en tant que citoyens à part entière, jouissant de toutes les libertés. Cet
échange de populations qui s'est effectué de facto au Moyen-Orient devrait être
représenté comme l'argument majeur à opposer à la revendication
arabo-palestinienne du "droit au retour" appel qui revient en
pratique à exiger la destruction de l'Etat d'Israël. Cette évidence a été
reconnue par le président Bill Clinton, le 28 juillet 2000, peu avant
l'effondrement total des pourparlers de Camp David. Ce jour-là, dans son
discours, l'ancien président des Etats-Unis observait que le problème des
réfugiés au Moyen-Orient avait deux faces et que celui-ci inclut les Juifs des
pays arabes venus en Israël parce qu'ils avaient été réduits à l'état de
réfugiés de leur propre pays ».
Ces deux essais collectifs, dirigés par Shmuel
Trigano et Moïse Rahmani, constituent une contribution importante à la
compréhension des racines du conflit israélo-arabe et de l'histoire méconnues
des Juifs dans les pays arabes.
Combinant analyses historiques et témoignages
vécus, ces deux ouvrages majeurs exhument un chapitre totalement éludé de
l'histoire du conflit israélo-arabe et de l'Etat d'Israël.
« Si l'opinion publique internationale
n'ignore rien du drame des réfugiés palestiniens maintenus volontairement dans
cet état de précarité et de misère tant par les régimes arabes que par une
Autorité Palestinienne corrompue, celui des réfugiés des pays arabes a été
occulté durant plus de cinquante ans », rappelle Moïse Rahmani.
A la lecture de ce qui précède, on comprend que les pays arabes ont provoqué un déplacement massif de population juive vers Israël. Il est donc logique que ces
mêmes Arabes acceptent le fait qu’Israël soit une entité juive par nature,
puisque c’est le critère qui fut retenu pour les expulser des pays arabes. Israël
étant donc par nature un Etat juif, c’est sur ses racines bibliques que l’arbre
de la Nation doit pousser en enfonçant ses racines de plus en plus profondément
à la fois dans sa terre et sa mémoire religieuse. Suivons donc une autre racine
juive qui s’enfonce lentement vers un autre lieu historique d’importance juive,
Bethel.
La bataille de Bethel
C'est dans une annonce légale dans Makor Rishon, le journal des colons, que la décision a été rendue
publique, avant d'être confirmée par le ministère de la Défense. Elle survient
à quelques semaines seulement de la visite du président américain Barack Obama
en Israël et dans les Territoires palestiniens. Quatre-vingt-dix unités de
logements seront donc mises en chantier dans la colonie de peuplement de Beit
El, une des plus grandes implantations dans le secteur de Ramallah. Les
commentateurs font remarquer que la construction à Beit El est d'autant plus
problématique du point de vue américain que cette implantation se trouve
en-dehors des grands blocs de colonies dont Israël entend conserver le
contrôle.
Pour le monde laïc il s’agit là de la N ième provocation
du gouvernement israélien envers la communauté internationale, le territoire
palestinien est encore une fois grignoté et en plus à portée de tir d’une
kalachnikov de Ramallah. Cependant en élargissant la focale de la carte de
Bethel on remarque immédiatement comment les implantations « poussent »
lentement des limites israéliennes vers Bethel. Pourquoi ?
L’une des tactiques de pointe associées à la loi juive
est le principe de la “Muqtsa”, littéralement la mise à l’écart, un principe
qui forme l’individu à éviter jusqu’au contact de ce dont il ne doit pas faire
usage. Ce principe ressortit à une stratégie halakhique plus large de
construction de remparts autour de la Torah, afin de s’assurer que l’éventualité
de la violer n’effleure personne. La barrière autour de la barrière autour de
la barrière constitue une tactique de type comportementaliste, qui formate les
conduites au niveau inconscient, rendant certaines actions ou violations
inconcevables. Se fondant sur cette stratégie judaïque qui guide de nombreux
aspects de leur vie et éducation religieuse, les chefs du mouvement colon
enseignent lentement mais sûrement aux responsables politiques et à la société
israélienne que l’évacuation des implantations est muqtsa. Six maisons près de
Bethel ont paralysé la vie politique et le fonctionnement du pays pendant des
semaines... on n’ose imaginer ce qui pourrait se passer si l’évacuation de
toutes les implantations extérieures aux blocs formés par le Goush Etzion,
Jérusalem, Maaleh Adumim et Ariel devait venir sur le tapis. Mais c’est
exactement de cela qu’il s’agit. Les chefs du mouvement colon veulent conditionner
l’inconscient israélien à ne pas même l’imaginer. Ils font entrer dans la tête de
tous les juifs que ce sera impossible.
Une autre raison majeure est d’ordre purement historique
et pour comprendre il fait revenir au premier livre de la Bible et aux passages
relatifs à ces lieux où Abraham séjourna et où Dieu lui
apparut en proclamant : « Je donnerai ce pays à ta
descendance. » (Genèse 12 :7). Promesses qu’Il lui renouvela de
nombreuses fois. Puis, « il leva le camp pour se rendre dans les montagnes
……il dressa sa tente (entre) Bethel à l’ouest et Aï à l’est où il bâtit
un autel à l’Eternel » (v.8) Là encore, non loin de ce lieu (Genèse
13 :3 ) sur une montagne ayant vue sur la plaine du Jourdain, Abraham et
Lot, tous deux trop riches en bétail avaient décidé de se séparer (v.11).
Plus tard, non loin de Béthel, (maison de Dieu) son
petit-fils Jacob s’y arrêta un soir. (Genèse 28 :11). Durant la
nuit, il vit en songe une grande échelle qui touchait le ciel, des
anges montant et descendant. L’Eternel apparut, lui renouvelant la
promesse faite à Abraham (v.13). Là aussi, Jacob y érigea un autel.
N’importe quel juif pieux en Israël connait le lieu où
fut prise la photo ci-dessus. C’est le site présumé du songe de Jacob,
maintenu à l’abri des regards. Il n’a pas été déterminé au hasard, car de
nombreux signes révélateurs d’un site particulier envers lequel les
populations locales (juives, Arabes, chrétiennes) manifestèrent un profond
respect le caractérise. En effet, on peut déceler une centaine de caveaux creusés
dans le roc de l’époque du 2ème Temple, des ruines d’une basilique
byzantine, un chêne vert millénaire parmi d’autres, le mausolée en bon état
d’un scheik arabe. Des restes importants de murailles et même une tour de
garde protègent encore ce site, rappelant le souvenir du passage de
Jacob, prouvant ainsi son importance dans l’esprit des populations. Des
archéologues ont pu repérer cet endroit selon les indications données par
l’historien de l’Eglise : Eusèbe de Césarée. Celui-ci précisait sa
situation : à 1000 pieds près de Bethel ! La légitimité de ce site
était démontrée.
Bethel deviendra un lieu important à la scission des deux
royaumes après la mort de Salomon. Jéroboam fait alors ériger à Dan et Béthel,
les deux extrémités de son royaume, des veaux d'or, qu'il fait mettre en place
en tant que symboles de Dieu, enjoignant à la population de ne plus aller au
culte au Temple de Jérusalem, mais plutôt d'apporter leurs offrandes aux
sanctuaires qu'il venait d'ériger, renforçant ainsi l’indépendance politique du
royaume d’Israël, qui n'est plus sous la tutelle de Jérusalem, du Temple et des
prêtres. Un jour, alors que Jéroboam brûlait des offrandes sur l'autel de
Béthel, un homme de Dieu vint et annonça que Josias, futur roi de Juda,
éradiquerait ce culte des idoles qui déplaît fortement au Dieu d'Israël. Jéroboam
continua jusqu'à sa mort malgré cet avertissement. A proximité du rocher de
Jacob vous trouverez les ruines du temple qui contenait probablement le veau d’or.
Il est clair que Jéroboam a volontairement choisi ce site à cause de la
proximité du rocher, ce qui en confirme la localisation de longue date.
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