http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La route des patriarches 3

jeudi 27 juin 2013

La route des patriarches 3



La renaissance de l’Etat d’Israël est le résultat d’un rejet des juifs un peu partout dans le monde et cela depuis des siècles, mais avec une accentuation marquée au XXème siècle. On a coutume de décrire le Moyen Age et ses horreurs multiples comme l’âge des ténèbres, mais que dire alors de l’héritage de l’âge des lumières dans les temps modernes ? Jamais la culture et les sciences n’ont autant progressé que ces derniers siècles et pourtant jamais non plus l’antisémitisme n’a autant progressé qu’au XXème siècle avec la montée en puissance du nazisme, puis de la Shoah.

Mais les nazis n’étaient pas les seuls, en France l’affaire Dreyfus ou en Russie les pogroms témoignent d’un sentiment antisémite dans toute l’Europe continentale. Mais la soi-disant Europe chrétienne n’était pas la seule à s’en prendre aux juifs, dans le monde musulman les choses se sont aussi détériorées gravement.  Alors qu’il est de bon ton actuellement de condamner Israël pour son attitude dans les territoires palestiniens où l’on parle beaucoup de spoliation, un peu d’Histoire pour rafraichir la mémoire collective ne devrait pas faire de mal.

L'Exode et la spoliation des Juifs des pays arabes, Elias Levy le 24/02/2012

Article paru dans The Canadian Jewish News, repris du site de l'Institut Séfarade, dirigé par Moïse Rahmani, en septembre 2003

Entre les années 1940 et les années 1970, environ 900 000 Juifs ont été contraints de quitter en masse et en catastrophe des pays arabes où ils étaient installés depuis plus d'un millénaire. Ils abandonnèrent alors tous leurs biens et leur patrimoine au point qu'il ne reste plus aujourd'hui que quelques milliers de Juifs dans le monde arabo-musulman. 600 000 d'entre eux sont devenus des citoyens de l'Etat d'Israël.

Dans le grand bilan du XXe siècle, cet exode oublié réapparaît aujourd'hui sur le devant de la scène. Le processus d'Oslo et sa crise ont ravivé les mémoires du contentieux originel qui sépare les deux parties du conflit proche-oriental. Si on évoque couramment le "droit au retour" des Palestiniens, on oublie un élément déterminant du tableau historique ainsi dressé : le contentieux des Juifs du monde arabe ? Ces derniers constituent aujourd'hui la majeure partie de la Communauté juive de France et de la société israélienne avec les Etats arabes.

A l'heure où les Palestiniens réclament avec insistance le "droit au retour", voici deux livres remarquables relatant ce drame refoulé qui arrivent à point nommé.

Le premier, dirigé par l'universitaire français réputé, Shmuel Trigano, est intitulé L'exclusion des Juifs des pays arabes. Aux sources du conflit israélo-arabe (Editions In Press, Paris, 2003). C'est un recueil de textes de réflexions et d'analyses étayées par des spécialistes israéliens, américains, français, canadiens, de cette problématique au cours d'un Colloque international organisé, en décembre 2001 à Paris, sous les auspices du Congrès Juif Européen et du Congrès Juif Mondial.

Le deuxième ouvrage, L'exode oublié. Juifs des pays arabes (Editions Raphaël, Paris, 2003), dirigé par l'universitaire Moïse Rahmani, dont la famille fut expulsée d'Egypte en 1956, contient de nombreux témoignages vécus très poignants sur cette tragédie trop longtemps passée sous silence.

D'après Shmuel Trigano, il est impératif et urgent de réhabiliter, dans toutes ses dimensions, la mémoire blessée des centaines de milliers de Juifs sépharades et orientaux spoliés et expulsés des pays arabes, où leurs familles vivaient depuis des lustres.

« On comprend en effet l'utilité de cette occultation pour servir les fins de la cause palestinienne et de l'antisionisme. Les avocats de la disparition ou de l'abaissement de l'Etat d'Israël, qui se veulent des modèles de vertu et d'humanisme, ne peuvent fonder leur doctrine exterminatrice que sur l'argument du caractère artificiel de l'Etat d'Israël, et donc de sa nature idéologique et violente. Rappelons-nous qu'au moment où ils relancent le thème du "droit au retour", les Palestiniens affirment qu'il n'y eut jamais de Temple sur Mont Moria, devenu "Esplanade des Mosquées" »

Selon l'ex-négociateur américain Denis Ross, c'est même la seule nouveauté du discours palestinien au sommet de Camp David II de l'été 2000, explique Shmuel Trigano dans l'introduction de ce livre collectif. Ce qui est en jeu avec l'occultation de l'histoire des Juifs du monde arabe, ajoute-t-il, concerne en fait bien plus que la légitimité de la présence juive sur la terre d'Israël, au regard de l'histoire.

« C'est la réalité même d'un peuple juif qui est remise en question. Cette occultation permet en effet, réversiblement, d'identifier les Israéliens comme une population étrangère, venue d'Europe, composée de réfugiés de la Shoah, en quête d'un abri pour fuir les persécutions. Et non comme un peuple historique, inscrit dans la configuration régionale et une histoire qui ne serait plus seulement humanitaire mais aussi politique. La mémoire de l'exclusion des Juifs du monde arabe viendrait perturber jusqu'à la détruire cette construction idéologique mensongère. L'argument que les Juifs furent heureux dans le monde arabe constitue effectivement un argument-clé du discours palestinien et antisioniste. Il revient souvent sous la plume d'Edward Saïd ».

Selon Shmuel Trigano, cette manipulation idéologique de la réalité fut possible parce qu'elle chevauchait une vague historique qui lui était favorable : le tiers-mondisme et la culture de la culpabilité post-coloniale de l'Occident.

« Le monde arabo-islamique s'y voyait consacré comme la victime absolue au point que l'on ne puisse imaginer la possibilité même qu'il soit aussi coupable, intolérant ou impérialiste. C'est ce qui fait le lit du mythe de l'idylle judéo-arabe, de l'âge d'or de Cordoue, de l'hospitalité et de la tolérance du monde arabe qui, par ces qualités, se serait foncièrement distingué des turpitudes de l'Europe et qui fait dire encore aujourd'hui, en dépit de la réalité passée et présente, que l'antisémitisme n'a concerné que l'Europe chrétienne ».

Une tragédie occultée par les ennemis d'Israël

D'après Shmuel Trigano, certains milieux sépharades se sont faits aussi les propagateurs de ce « beau rêve » qui trahit la mémoire de leurs ancêtres - dans la plus pathétique ignorance des annales de leur propre histoire -, au point de dispenser les sociétés arabes d'un examen de conscience purificateur concernant leur passé autant que leur présent.

« La conséquence la plus grave de cette amnésie rend le conflit actuel incompréhensible, en le coupant de ses antécédents historiques. Les Sépharades sont en effet les témoins à charge de l'histoire contemporaine. On ne peut trouver meilleure preuve dans le fait qu'il n'y a quasiment plus de communautés juives dans le monde arabe aujourd'hui. Dès que le retrait des puissances occidentales dans ces pays était devenu évident, les Juifs avaient très vite compris qu'ils n'y avaient plus aucun avenir, sous peine de retomber dans la condition inférieure du dhimmi de l'islam. La majeure partie de ces Juifs n'ont alors trouvé de salut que dans le jeune Etat d'Israël qui leur accorda la citoyenneté, démontrant avec force que ce transfert et l'évidence de sa finalité (l'Etat d'Israël) manifestaient un véritable acte d'autodétermination d'une minorité opprimée du monde arabe, au cœur même de la géographie arabe, c'est à dire dans l'Etat d'Israël. La majeure partie de la population israélienne est ainsi directement issue de l'histoire et de la géographie du monde arabo-islamique et nom des camps de la mort européens, comme le veut le mythe dominant. En l'occurrence, la condition sépharade fut le témoin de l'intolérance et de l'exclusivisme propres aux nouveaux Etats arabes. La purification ethnique qui se produisit alors est inscrite dans l'acte même de leur fondation », soutient Shmuel Trigano.

Dans l'excellente préface qu'il a écrite pour le livre collectif, L'Exode oublié. Juifs des pays arabes, publié sous la direction de Moïse Rahmani, l'essayiste et spécialiste de l'islam, Alexandre Del Valle, met l'accent sur le lien étroit existant entre la montée du totalitarisme islamiste, visible partout en terre d'islam, et l'épineux dossier de l'exil forcé des Juifs des contrées arabo-musulmanes.

« Ce processus de négation de l'identité autochtone des Juifs des pays arabes, cette propension à excuser à posteriori le sort si douloureux des millions de Sépharades chassés de leurs propres pays par le seul fait qu'ils sont plus ou moins consciemment considérés comme des colons et donc des envahisseurs, sont largement à l'œuvre, hélas, non seulement au sein des représentations arabes, mais aussi dans celles de la plupart des Européens et des Occidentaux non-juifs, résignés à ne voir dans l'exil des Juifs sépharades que le résultat, somme toute compréhensible et légitime, du processus d'émancipation des peuples arabo-musulmans du joug colonial européen », explique Alexandre Del Valle.

Dans un texte intitulé « Les brûlures de l'oubli », publié dans ce livre dirigé par Moïse Rahamani, le député du Parlement européen, François Zimeray, rappelle très justement que contrairement aux pays arabes où tant de réfugiés vivent aujourd'hui à l'intérieur ou à l'extérieur des camps, l'Etat d'Israël a absorbé dans leur intégralité les centaines de milliers de Juifs venus des pays arabes.

« Ceux-ci vivent aujourd'hui dans l'Etat juif en tant que citoyens à part entière, jouissant de toutes les libertés. Cet échange de populations qui s'est effectué de facto au Moyen-Orient devrait être représenté comme l'argument majeur à opposer à la revendication arabo-palestinienne du "droit au retour" appel qui revient en pratique à exiger la destruction de l'Etat d'Israël. Cette évidence a été reconnue par le président Bill Clinton, le 28 juillet 2000, peu avant l'effondrement total des pourparlers de Camp David. Ce jour-là, dans son discours, l'ancien président des Etats-Unis observait que le problème des réfugiés au Moyen-Orient avait deux faces et que celui-ci inclut les Juifs des pays arabes venus en Israël parce qu'ils avaient été réduits à l'état de réfugiés de leur propre pays ».

Ces deux essais collectifs, dirigés par Shmuel Trigano et Moïse Rahmani, constituent une contribution importante à la compréhension des racines du conflit israélo-arabe et de l'histoire méconnues des Juifs dans les pays arabes.

Combinant analyses historiques et témoignages vécus, ces deux ouvrages majeurs exhument un chapitre totalement éludé de l'histoire du conflit israélo-arabe et de l'Etat d'Israël.

« Si l'opinion publique internationale n'ignore rien du drame des réfugiés palestiniens maintenus volontairement dans cet état de précarité et de misère tant par les régimes arabes que par une Autorité Palestinienne corrompue, celui des réfugiés des pays arabes a été occulté durant plus de cinquante ans », rappelle Moïse Rahmani.

A la lecture de ce qui précède, on comprend que les pays arabes ont provoqué un déplacement massif de population  juive vers Israël. Il est donc logique que ces mêmes Arabes acceptent le fait qu’Israël soit une entité juive par nature, puisque c’est le critère qui fut retenu pour les expulser des pays arabes. Israël étant donc par nature un Etat juif, c’est sur ses racines bibliques que l’arbre de la Nation doit pousser en enfonçant ses racines de plus en plus profondément à la fois dans sa terre et sa mémoire religieuse. Suivons donc une autre racine juive qui s’enfonce lentement vers un autre lieu historique d’importance juive, Bethel.


La bataille de Bethel

C'est dans une annonce légale dans Makor Rishon, le journal des colons, que la décision a été rendue publique, avant d'être confirmée par le ministère de la Défense. Elle survient à quelques semaines seulement de la visite du président américain Barack Obama en Israël et dans les Territoires palestiniens. Quatre-vingt-dix unités de logements seront donc mises en chantier dans la colonie de peuplement de Beit El, une des plus grandes implantations dans le secteur de Ramallah. Les commentateurs font remarquer que la construction à Beit El est d'autant plus problématique du point de vue américain que cette implantation se trouve en-dehors des grands blocs de colonies dont Israël entend conserver le contrôle.


Pour le monde laïc il s’agit là de la N ième provocation du gouvernement israélien envers la communauté internationale, le territoire palestinien est encore une fois grignoté et en plus à portée de tir d’une kalachnikov de Ramallah. Cependant en élargissant la focale de la carte de Bethel on remarque immédiatement comment les implantations « poussent » lentement des limites israéliennes vers Bethel. Pourquoi ?


L’une des tactiques de pointe associées à la loi juive est le principe de la “Muqtsa”, littéralement la mise à l’écart, un principe qui forme l’individu à éviter jusqu’au contact de ce dont il ne doit pas faire usage. Ce principe ressortit à une stratégie halakhique plus large de construction de remparts autour de la Torah, afin de s’assurer que l’éventualité de la violer n’effleure personne. La barrière autour de la barrière autour de la barrière constitue une tactique de type comportementaliste, qui formate les conduites au niveau inconscient, rendant certaines actions ou violations inconcevables. Se fondant sur cette stratégie judaïque qui guide de nombreux aspects de leur vie et éducation religieuse, les chefs du mouvement colon enseignent lentement mais sûrement aux responsables politiques et à la société israélienne que l’évacuation des implantations est muqtsa. Six maisons près de Bethel ont paralysé la vie politique et le fonctionnement du pays pendant des semaines... on n’ose imaginer ce qui pourrait se passer si l’évacuation de toutes les implantations extérieures aux blocs formés par le Goush Etzion, Jérusalem, Maaleh Adumim et Ariel devait venir sur le tapis. Mais c’est exactement de cela qu’il s’agit. Les chefs du mouvement colon veulent conditionner l’inconscient israélien à ne pas même l’imaginer. Ils font entrer dans la tête de tous les juifs que ce sera impossible.

Une autre raison majeure est d’ordre purement historique et pour comprendre il fait revenir au premier livre de la Bible et aux passages relatifs à  ces lieux où Abraham  séjourna  et où Dieu lui apparut en proclamant : « Je donnerai ce pays  à ta descendance. » (Genèse 12 :7). Promesses qu’Il lui renouvela de nombreuses fois. Puis, « il leva le camp pour se rendre dans les montagnes ……il dressa sa tente  (entre) Bethel à l’ouest et Aï à l’est où il bâtit un autel à l’Eternel » (v.8) Là encore, non loin de ce lieu (Genèse 13 :3 ) sur une montagne ayant vue sur la plaine du Jourdain, Abraham et Lot,  tous deux trop riches en bétail avaient décidé de se séparer (v.11).

Plus tard, non loin de Béthel, (maison de Dieu) son petit-fils Jacob s’y arrêta un soir.  (Genèse 28 :11). Durant la nuit, il  vit en songe une grande échelle qui  touchait le ciel, des anges montant et descendant. L’Eternel  apparut, lui renouvelant la promesse faite à Abraham (v.13). Là aussi, Jacob y érigea un autel.


N’importe quel juif pieux en Israël connait le lieu où fut prise la photo ci-dessus. C’est le site  présumé du songe de Jacob, maintenu à l’abri des regards. Il n’a pas été déterminé au hasard, car de nombreux signes révélateurs d’un site  particulier envers lequel  les populations locales (juives, Arabes, chrétiennes) manifestèrent un profond respect le caractérise. En effet, on peut déceler une centaine de caveaux creusés dans le roc de l’époque du 2ème Temple, des ruines d’une basilique byzantine, un chêne vert millénaire parmi d’autres, le mausolée en bon état d’un scheik  arabe. Des restes importants de murailles et même une tour de garde protègent  encore ce site, rappelant le souvenir du passage de Jacob, prouvant ainsi son importance  dans l’esprit des populations. Des archéologues ont pu repérer cet endroit selon les indications données par l’historien  de l’Eglise : Eusèbe de Césarée. Celui-ci précisait sa situation : à 1000 pieds près de Bethel ! La légitimité de ce site était démontrée.

Bethel deviendra un lieu important à la scission des deux royaumes après la mort de Salomon. Jéroboam fait alors ériger à Dan et Béthel, les deux extrémités de son royaume, des veaux d'or, qu'il fait mettre en place en tant que symboles de Dieu, enjoignant à la population de ne plus aller au culte au Temple de Jérusalem, mais plutôt d'apporter leurs offrandes aux sanctuaires qu'il venait d'ériger, renforçant ainsi l’indépendance politique du royaume d’Israël, qui n'est plus sous la tutelle de Jérusalem, du Temple et des prêtres. Un jour, alors que Jéroboam brûlait des offrandes sur l'autel de Béthel, un homme de Dieu vint et annonça que Josias, futur roi de Juda, éradiquerait ce culte des idoles qui déplaît fortement au Dieu d'Israël. Jéroboam continua jusqu'à sa mort malgré cet avertissement. A proximité du rocher de Jacob vous trouverez les ruines du temple qui contenait probablement le veau d’or. Il est clair que Jéroboam a volontairement choisi ce site à cause de la proximité du rocher, ce qui en confirme la localisation de longue date.

Le Béthel moderne c’est donc construit logiquement dans le même secteur. Là  y vivent  1000 familles pratiquantes (environ 7000 personnes). Des hommes, des femmes juifs  de tous pays sont revenus  « restaurer et s’établir dans les villes de leurs ancêtres ! » selon la promesse immuable de Dieu : « Mais on dira : L’Eternel est vivant, Lui qui a fait monter les israélites du pays du nord et de tous les pays où Il les avait bannis ! Je les ramènerai  sur leur territoire  que j’avais donné à leurs pères. » (Jérémie 16 :15). Mais il s’agit plus que de cela, il s’agit de se réapproprier la même foi que ses ancêtres, dans les mêmes lieux qu’autrefois. L’âme juive est intrinsèquement liée par sa foi à sa terre et à son Histoire, car les deux les mènent invariablement vers Dieu.  Dans ce sens on peut affirmer que le rocher de Jacob est réellement un lieu où la terre rejoint le ciel et l’homme la lumière divine, à l’image de cette photo prise par hasard, où prenant une pierre du rocher de Jacob et la jetant en l’air elle se mêla à la lumière du soleil.

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