En 2010 à la même date, j’avais écrit mon premier article
sur les déracinés de Gaza. Quand je parle
des déracinés, je fais référence aux juifs qui établirent des implantations
dans la bande de Gaza et qui furent chassés de là par Sharon en 2005, lui-même
fortement incité à le faire sous la pression internationale. Une grande partie
des expulsés vivent aujourd’hui à Nitsanim (bourgeons) dont certain venaient de
Netzarim (branches), d’où le titre est tiré pour ces articles : les
déracinés, puis les enracinés de Gaza. Le sens du symbole prend ici une
tournure particulièrement importante, notamment dans l’actualité
eschatologique. Je vous invite donc à relire les articles de 2010 avant de
poursuivre ceux qui vont suivre.
Il est en effet absolument fondamental et essentiel que
toutes les parties, tant juives que chrétiennes, comprennent les enjeux et enseignements
de ce qui s’est passé, se passe et se passera dans le futur, concernant les
communautés qui ont vécu et se sont développées dans la bande de Gaza et qui
aujourd’hui ont été déracinées pour être replantées à Nitsanim. 21 (3 X 7)colonies
de la bande de Gaza furent démantelées : Atzmona, Bedolah, Dugit, Elei
Sinai, Gad Or, Gadid, Ganei Tal, Katif, Kerem Atzmona, Kfar Darom, Kfar Yam, Morag,
Netzarim, Netzer Hazani, Neveh Dekalim, Nisanit, Pe'at Sade, Rafa Yam, Shirat
Hayam, Slav, Tel Katifa. Principalement habitées par des civils israéliens, ces
zones étaient également occupées par des installations militaires de Tsahal.
Ariel Sharon avait affirmé que ce plan permettrait d'améliorer la sécurité d'Israël
et de respecter les lois internationales, en l'absence de négociations
politiques pour mettre fin au conflit israélo-palestinien. Depuis l’histoire
nous a appris que les choses sont loin d’aller vers la paix, bien au contraire.
A peine quelques mois après le démantèlement des colonies
de Gaza, le 26 janvier 2006, le Hamas remporte les élections
législatives palestiniennes. Il obtient 56 % des suffrages, ce qui lui
donne une majorité parlementaire de 74 sièges sur 132. Le Hamas ravit ainsi la
majorité au Fatah. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas,
invite le Hamas à former le nouveau gouvernement38. Ce résultat est perçu comme
un net retour en arrière par les gouvernements étrangers qui jouaient le rôle
de médiateurs pour le conflit israélo-palestinien. L'objectif du Hamas est
l'établissement d'un État souverain sur le territoire actuellement constitué de
Jérusalem-Est, la Bande de Gaza et la Cisjordanie (d'après les frontières
d'avant 1967). Dans l'accomplissement de ce but, le Hamas soutient son droit à
la lutte armée. Selon certains médias, Abdel Aziz al-Rantissi, l'un des
cofondateurs du Hamas, assassiné par Israël comme son prédécesseur Ahmed
Yassine, a affirmé que le but de l'organisation était d'« effacer Israël
de la carte ».
Depuis l'élection ayant porté au pouvoir le Hamas, c'est
la crise en Palestine : fin des subventions internationales, de nombreuses
attaques de la part d'Israël et, plus récemment, des attaques bilatérales entre
les deux principales factions palestiniennes, soit le Fatah du président Mahmoud
Abbas et le Hamas du premier ministre Ismaïl Haniyeh. Mohammad Dahlan, chef de
la Sécurité intérieure (membre du Fatah), accentue les tensions et les amplifie
pour leur faire atteindre leur paroxysme en juin 2007. Ainsi, le 15 juin 2007,
suite à ce qui s'apparente à une guerre civile entre le Hamas et le Fatah, qui
occasionnera 113 morts, les forces de sécurité prennent le contrôle de la bande
de Gaza, évinçant totalement le Fatah du territoire.
La charte du Hamas a été adoptée par le Hamas le 18 août 1988
et comprend le programme et les objectifs originels du Hamas qui sont
l'institution d'un État Palestinien. Cette Charte identifie le Hamas comme
étant une branche des Frères musulmans en « Palestine » et déclare
que « ses membres sont des musulmans qui « craignent Allah et élèvent
la bannière du djihad face aux oppresseurs ». Elle souligne que « la
lutte contre les Juifs est très importante et très sérieuse » et appelle à
la création « d'un État islamique en Palestine à la place d'Israël et des Territoires
palestiniens » et à l’anéantissement et la disparition de l’État d'Israël,
elle précise que le Hamas est « humaniste », et qu'il « tolère
les autres religions pour autant qu'elles n'entravent pas les efforts du
Hamas » et ajoute que « renoncer à une partie de la Palestine, c'est
renoncer à une partie de la religion ». L'islam. Son objectif, tel que
défini dans la charte du Hamas, rédigée en 1988, est l'établissement d'un État
appliquant la charia (le code de jurisprudence religieuse musulmane) sur
l'ensemble de la Palestine mandataire.
Lors de sa visite dans la bande de Gaza en décembre 2012,
Khaled Méchaal a souligné les « principes intangibles » de son
organisation : « Numéro un, la Palestine tout entière est à nous.
Nous ne pouvons en céder un centimètre à quiconque. », « Le Hamas ne
reconnaîtra pas Israël ni la légitimité de l'occupation. »,
« Jérusalem est notre histoire et notre futur, nous la libérerons mètre
par mètre, pierre par pierre. », « Jérusalem appartient aux chrétiens
et aux musulmans, il n'y a pas de place pour les Israéliens ». Il a appelé
à « l'unité » avec Mahmoud Abbas, tout en déclarant qu'elle doit se
faire selon les « termes du Hamas » qu'il considère comme
« leader de la cause palestinienne » ajoutant que le Hamas ne
soutiendra « aucun programme commun qui comporterait la reconnaissance
d'Israël » et que « L’État [palestinien] doit être créé avec la
libération, pas avant. » reniant par ces propos l'initiative de Mahmoud
Abbas pour l'admission de l' État de Palestine comme État observateur à l'ONU
Ces déclarations reprennent les fondamentaux de la Charte du Hamas.
L'Iran soutient activement le Hamas en lui procurant une
aide militaire, financière et politique. La rhétorique iranienne appelle les
Israéliens à « retourner d’où ils sont venus » et affirme que
« la disparition de l’État hébreu est inéluctable ». La charte du
Hamas « prône la destruction d'Israël et la reconquête de l'ensemble de la
Palestine du mandat britannique, ce qui inclut l'actuel État hébreu. ». L'ayatollah
Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, rejette la solution à deux
États et a déclaré que « la Palestine est indivisible » et la
considère comme étant « sous occupation sioniste ». Le 19 novembre 2012,
le secrétaire général adjoint du Jihad islamique palestinien, Ziad Nakhle, a
déclaré dans une interview à la chaine de télévision du Hezbollah, Al-Manar
que « les armes et munitions en possession de la résistance palestinienne
sont iraniennes de la balle aux roquettes tout comme leurs unités de
production ». Ses propos ont été confirmés par le Secrétaire général de
cette organisation, Abdallah Challah, qui a affirmé que « les armes de la
résistance dans la bande de Gaza proviennent tou[te]s de la République
islamique d’Iran. ». Gabriel Tabarani, expert du Moyen-Orient et rédacteur
en chef de Miraat Al Khaleej rapporte que l'Iran soutient financièrement
le Hamas en plus d'un entrainement militaire. Il estime que les subventions
iraniennes annuelles depuis 1993 sont de l'ordre de 30 millions de dollars. En 1995
le directeur de la CIA, James Woolsey a quant à lui déclaré devant une
commission du Sénat américain que le montant était de 100 millions de dollars
sans préciser pour quelle période. En novembre 2006 suite à l'embargo
international après la prise du pouvoir du Hamas à Gaza, le Hamas a déclaré
avoir reçu 120 millions de dollars, puis en décembre de la même année, lors
d'une visite d'Ismail Haniyeh à Téhéran le gouvernement iranien s'est engagé à
apporter au Hamas une aide complémentaire de 250 millions de dollars. Par la
voie du Hamas, l’Iran s’est ouvert une porte jusqu’à la frontière d’Israël.
Avoir permis cela n’est pas seulement une erreur, c’est une faute et plus
encore une faute contre l’Eternel.
Céder Gaza fut donc une erreur fondamentale majeure et un
échec total pour la paix. La présence militaire et les implantations à Gaza
agissaient comme un régulateur et une protection pour l’ensemble du pays d’Israël.
Les implantions étaient comme les doigts de la main de Dieu sur les ennemis d’Israël
qui étaient contenus dans leur désir d’anéantissement du pays. Les implantations
devaient être considérées comme le Magen David (le bouclier de David) pour la
Nation. Retirez le bouclier et les coups pleuvent. 5000 roquettes ont été
tirées sur Israël depuis la bande de Gaza et leur portée s’accroit au fil du
temps.
A Tel Aviv, la situation est inédite depuis 1991 et la
première guerre du Golfe. A l'époque, la métropole avait été visée par Saddam
Hussein. Au total, trente-neuf missiles irakiens de fabrication soviétique -les
célèbres Scuds- s'étaient abattus sur la capitale économique d'Israël, faisant deux
morts, des centaines de blessés et d'importants dégâts. Depuis, même si la ville a subi des campagnes
d'attentats-suicide, notamment lors de la deuxième intifada au début des années
2000, les sirènes d'alerte à l'attaque aérienne n'avaient plus retenti.
Située à environ 70 km de la frontière avec Gaza, la
métropole (410.000 habitants environ pour Tel Aviv intra muros, 3 millions pour
son agglomération) est en effet hors de portée des roquettes palestiniennes
classiques, tout comme de celles du Hezbollah au Liban -le rayon d'action de
ces projectiles, principalement des "Qassam", est limité, au
maximum, à une trentaine de kilomètres.
La construction du "mur du sécurité" ayant
réduit drastiquement les attentats, Tel Aviv se sentait donc en sécurité.
Déconnectée du conflit palestinien, elle était loin de vivre dans la peur comme
Ashkelon ou Ashdod, les deux municipalités situées juste après la frontière
avec Gaza. Réputée entre autres pour son activité nocturne, la ville est même
devenue une destination touristique à la mode, au point d'être considérée par
les juifs ultra-orthodoxes comme un lieu de décadence moderne.
Tel Aviv vivait cependant avec une épée de Damoclès au-dessus du ciel :
le Fajr 5. Ce missile de fabrication iranienne possède un rayon d'action de
75km. Or l'Iran en a livré un certain nombre aux groupes palestiniens, dont le Hamas.
Tiré à la lisière de la frontière, le Fajr 5 pouvait donc théoriquement
atteindre Tel Aviv. Depuis un certain
temps, les Palestiniens laissaient entendre qu'il l'utiliserait en cas
d'attaque d'envergure sur Gaza. En novembre 2012, ils ont mis leurs menaces à
exécution. Cependant sans succès (pour le moment), puisque les deux Fajr 5 dont
le Jihad islamique, l'autre principal mouvement armé palestinien, a revendiqué
le tir, sont tombés en mer. Même chose pour celui envoyé le jour suivant sur
Jérusalem par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Ces tirs ont néanmoins créé la panique à Tel Aviv avec
sirènes d'alerte et course aux abris pour la population. Comme en 1991 et à
l'instar de leurs compatriotes du Sud du pays, les habitants se retrouvent
désormais rattrapés par la guerre. Avec une quasi-certitude : malgré
son imprécision et malgré le système de défense anti-missile IronDome, un Fajr
5 tombera un jour ou l'autre sur un secteur d'habitations. Celui de vendredi ne
s'est ainsi échoué qu'à 200 mètres du front de mer, de la plage et de
l'ambassade des Etats-Unis... Vendredi après-midi, c'est la banlieue de
Jérusalem, située à environ 70 km de Gaza, qui a été atteinte à son tour. Là
aussi, même si le missile n'a causé ni dégât ni victime, il a forcé la défense
aérienne israélienne à faire sonner les sirènes, produisant, comme à Tel Aviv,
un début de panique.
Ces tirs sont à considérer comme des tirs de semonce,
notamment pour la gauche israélienne qui considère que l’on peut faire n’importe
quoi avec n’importe qui dans ce pays. Les mêmes étaient prêts il y a peu à céder
le Golan à la Syrie… Il ne s’agit plus de faute dans ce cas-là, mais de folie
pure et simple. Heureusement, là ils ne sont pas allés au bout de leur projet insensé.
Cette même gauche qui considère les religieux qui au nom de leur foi cherchent
à forcer des implantations dans les territoires comme des trouble-fêtes, voit aujourd’hui
combien il est illusoire de pactiser avec l’ennemi. Tant que les réfugiés du
Goush Katif recevaient les roquettes sur leurs têtes à Sdérot ou Nitsanim, c’était
à la limite bien fait pour eux, car ils l’avaient bien cherché. Mais aujourd’hui
qu’ils sont menacés à Tel Aviv brusquement les idées changent et l’histoire les
rattrape. Bienvenue à la gauche israélienne dans l’actualité eschatologique. Quant
au monde occidental soi-disant chrétien, qu’il ne s’imagine surtout pas être à l’abri de tout
cela, car il a aussi sa part de responsabilité et il en paye et payera aussi le
prix.
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