http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Le shofar retentit dans la cité de David

vendredi 7 juin 2013

Le shofar retentit dans la cité de David



Je reviens d’Israël ou comme d’habitude on a exploré le pays et ses habitants de fond en comble. Cette année la guerre et les tensions avec les Arabes étaient bien palpables. On est passé le long de la frontière syrienne où quelques kilomètres plus loin montait la fumée des combats qui était très visible. Tout comme les mouvements de chars israéliens ou de l’ONU. Quand on pense que l’Etat israélien voulait céder le Golan il y a quelques années. Pour quelle paix aujourd’hui ?

Une chose était particulièrement remarquable, c’est l’attitude des musulmans qui est beaucoup plus tendue et nerveuse que les années précédentes, attitude qui souvent devenait agressive, voire violente, même avec les touristes. Imaginer la paix avec un monde musulman en mutation et qui se radicalise est une illusion que seul l’Occident aveugle peut encore soutenir, surtout si cet Occident est lui-même en guerre avec les islamistes au Mali ou en Afghanistan, tout en voulant soutenir ces mêmes islamistes contre Assad, c’est vraiment du n’importe quoi. Toujours est-il, que les chrétiens doivent clairement se positionner pour ou contre Israël, car la neutralité n’est plus possible en ce moment.

La chose est particulièrement brûlante en ce moment, car en faisant ressurgir les scénarios d'intervention occidentale en Syrie, l'affaire des armes chimiques a replacé dans l'actualité celle des missiles russes S300. À l'issue d'un contrat d'un milliard de dollars signé en 2010, c'est-à-dire avant le début de la crise syrienne, Moscou est censée fournir au régime de Bachar el-Assad ce système de défense anti-aérienne sophistiqué, dont les batteries sol-air sont capables d'intercepter des avions et des missiles téléguidés jusqu’à 12 simultanément.

La Russie finalise les livraisons de ses missiles de défense aérienne à la Syrie, a déclaré vendredi à Varsovie le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. « La Russie vend (des missiles) depuis longtemps, elle a signé des contrats et est en train de finaliser les livraisons en vertu des contrats signés. Ceci n’est interdit par aucun accord international », a-t-il déclaré devant la presse. Selon le chef de la diplomatie russe, « il s’agit d’une arme défensive pour que la Syrie, qui est le pays importateur, ait la possibilité de se défendre contre des frappes aériennes, ce qui comme nous le savons n’est pas un scénario fantaisiste ».

« Il est crucial dans ce moment important d'éviter tout acte pouvant déstabiliser la situation », a déclaré M. Poutine à l'issue d'entretiens avec M. Netanyahu, dont le pays a effectué au début du mois des frappes aériennes contre des cibles en Syrie. Selon le journal Nezavisimaya Gazeta, les S300 existent sur le sol syrien mais ils y sont couverts. « Cette information a été transmise à Netanyahu au cours de sa récente rencontre avec le président Poutine au Kremlin ».

La Russie aurait également livré à la Syrie des missiles antinavires Iakhont, rapporte le quotidien New York Times, citant des fonctionnaires américains qui ont requis l'anonymat. "Cette décision montre clairement à quel point le soutien apporté par Moscou au régime de Bachar el-Assad est substantiel", conclut le New York Times. Selon le journal, il s'agit de missiles Iakhont dotés d'un système de pointage sophistiqué. D'après les experts américains, ces missiles permettraient à Damas d'opposer une riposte plus efficace aux forces navales de l'Occident si elles tentaient d'imposer un embargo maritime. Le Iakhont est un missile antinavire supersonique d'une portée de 300 km. Long d'environ 9 mètres, il peut être lancé à partir de sous-marins, d'avions ou de batteries côtières. Selon les spécialistes russes, le Iakhont est le missile antinavires le plus rapide au monde: sa vitesse maximale est de Mach 3,5

Clairement du matériel de pointe est livré à la Syrie et indirectement va servir au Hezbollah. La victoire remportée, et annoncée mercredi 5 juin, par le Hezbollah, au prix de combats acharnés, dans la ville de Qoussair, représente sans doute un tournant de la crise syrienne. Elle ne signifie pourtant pas que Bachar Al-Assad a repris la main, mais au contraire qu'il l'a perdue au profit de l'Iran et de ses supplétifs libanais. Car l'essentiel de la contre-insurrection urbaine est assuré par les commandos du Hezbollah, encadrés par les pasdarans iraniens – "gardiens de la révolution" – alors que l'armée du dictateur syrien assure le soutien de l'artillerie et de ses blindés et également le matériel sophistiqué livré par les Russes.


Cela fait plus d'un an que cette tendance lourde change le cours du conflit syrien, en laissant la première ligne "loyaliste" aux mains des troupes de choc chiites, venues du Liban, avec un renfort en officiers iraniens et en "chair à canon" irakienne. Téhéran a été contraint d'engager aussi directement ses clients et ses conseillers pour compenser le délitement des défenses gouvernementales depuis l'été 2012, face aux avancées révolutionnaires sur Damas et Alep. Ce contrôle opérationnel de l'Iran a été démontré avec éclat, en janvier, lorsque la libération de 48 ressortissants iraniens a été négociée par la guérilla syrienne en échange de plus de 2 000 prisonniers aux mains du régime Assad.

Un tel transfert de la charge de la répression, qui s'annonce également sur les fronts de Damas, de Homs et d'Alep, alimente une escalade dans l'horreur infligée aux Syriens. Il réduit à une pure fiction la "légitimité" dont se targue Bachar Al-Assad, avec le soutien de Vladimir Poutine. Cette dépossession du régime syrien au profit de ses alliés chiites s'accompagne d'une dérive messianique dont les conséquences à court et moyen terme ne sauraient être sous-estimées. L'eschatologie chiite accorde en effet une place de choix à la Syrie dans son grand récit de la fin des temps. C'est là que l'imam caché, le Mahdi, reviendra pour y terrasser le Sofyani, la figure maléfique qui se pare des habits de l'islam pour mieux le pervertir.

Le Hezbollah avait revendiqué, dès 2006, l'assistance du Mahdi dans la "Victoire divine" remportée, selon lui, contre Israël. J'avais acquis l'année suivante, au Centre culturel iranien de Damas, des brochures prophétisant la "grande bataille" en Syrie, où se rejoindraient les armées des fidèles venus du Liban, d'Iran et d'Irak, pour combattre ensemble les "faux musulmans" soulevés contre Assad, avant de partir à la conquête de Jérusalem.

C'est ce discours que véhiculent aujourd'hui le Hezbollah et son chef, le cheikh Hassan Nasrallah. Il faut l'intensité dramatique de ce scénario apocalyptique pour justifier auprès de la base libanaise du "Parti de Dieu" les sacrifices consentis en Syrie, officiellement au nom de la Palestine. Tel est le prix à payer pour l'alignement idéologique de Nasrallah envers l'ayatollah Khamenei, très contesté par la hiérarchie cléricale en Iran même : le Guide de la révolution iranienne a ainsi plus de disciples au Liban que dans son propre pays !

Ni Khamenei ni Nasrallah ne croient aux élucubrations millénaristes jetées en pâture à leurs partisans. Cette propagande délirante acquiert cependant une dynamique propre, qui échappe à ses instigateurs, et encore plus à Bachar Al-Assad. Elle ouvre un abîme dans lequel l'utilisation d'armes de destruction massive n'est plus qu'une question d'opportunité, sur fond de souffrances indicibles. C'est en effet à d'épouvantables massacres entre musulmans que préparent ces prédictions apocalyptiques.

L'appel à la défense du sanctuaire de Sayyida Zeinab est ainsi déterminant dans le recrutement en Irak de milliers de miliciens chiites à destination de la Syrie. Zeinab, fille de l'imam Hussein, martyrisé à Kerbala en 680, est révérée pour avoir défié jusque dans les chaînes le calife sunnite de Damas. Sa dépouille est enterrée dans un faubourg de Damas qui porte désormais son nom. Deux minarets dorés, l'un offert par l'Iran du temps du Chah, l'autre par l'ayatollah Khomeyni en signe de piété, marquent l'emprise perse sur le mausolée. La brigade chiite qui protège ce sanctuaire sécurise du même coup la route stratégique vers l'aéroport international de Damas.

Il convient de rappeler que les alaouites, communauté à laquelle se rattache la famille Assad, ne sont pas plus chiites que les mormons ne sont protestants. Quant aux Syriens de confession chiite, ils représentent moins de 1 % de la population nationale. L'importation de cette querelle chiite sur la terre de Syrie représente bel et bien une agression étrangère, dont on attend qu'elle soit condamnée comme telle par les instances internationales. Un tel recours au droit s'impose face à la montée aux extrêmes nourrie par cette mobilisation apocalyptique.

Les formations djihadistes, dont l'influence croît à la mesure de la passivité occidentale, sont de plus en plus tentées de promouvoir leur propre discours messianique. Damas est après tout, dans la tradition sunnite, le lieu où Jésus/Issa, avant-dernier prophète de l'islam, reviendra à la fin des temps pour affronter Al-Dajjal, l'Antéchrist ou faux prophète. C'est sur le "minaret blanc" de la mosquée des Omeyyades que Jésus redescendra parmi les hommes pour cet ultime combat.

Le "minaret blanc" fait déjà florès dans la propagande djihadiste en Syrie. Bachar Al-Assad n'a pas peu contribué à cet emballement en libérant, en février 2012, Abou Moussab Al-Souri, un compagnon de route syrien de Ben Laden, que la CIA lui avait livré quelques années plus tôt. Car Abou Moussab Al-Souri est convaincu que la Syrie sera le théâtre d'une grande bataille apocalyptique. Il a brossé une fresque terrible des carnages qui ravageront son pays natal, non sans assimiler Bachar Al-Assad au détestable Sofyani. Ces thèses monstrueuses ont été largement diffusées sur Internet, par les sites djihadistes.

Les éléments les plus sinistres de cette dramaturgie messianique sont en train de se mettre en place du côté des plus exaltés des militants chiites et sunnites. Il s'agit d'un effroyable détournement de la révolution syrienne, longtemps pacifique, et fondamentalement vouée à restituer au peuple de Syrie son droit imprescriptible à l'autodétermination. Mais la complicité, active de la Russie, passive des Etats-Unis, a permis au régime syrien de ruiner les espérances de sa population au prix d'une surenchère aussi catastrophique.

Le pire est à venir en Syrie et les manoeuvres diplomatiques paraissent bien futiles, surtout lorsqu'elles semblent récompenser les fourriers d'une guerre atroce. Il faut sauver au plus tôt le peuple syrien du choc entre les apprentis sorciers de la fin des temps.

Pour revenir à notre voyage en Israël, on est également allé à Sderot qui se trouve à 1 kilomètre de la bande de Gaza, soit également à 15 secondes d’un tir de Qassam. Le nom Qassam donné à ce type de roquettes fait référence à Izz al-Din al-Qassam un prédicateur et militant syrien, membre des Frères musulmans qui prônait le Jihad la révolte contre les puissances coloniales européennes et l'immigration juive en Palestine mandataire dans les années 1920 et 1930. De 2001 à 2010 environ 5000 ont été tirées sur Israël, principalement la population civile. La population exposée à ces tirs est affectée également psychologiquement. 33 % des enfants vivant dans la ville israélienne de Sdérot, cible fréquente des attaques de Qassam, souffrent de trouble de stress post-traumatique.


On nous a fait un exposé de la situation dans un bunker puis nous avons pu voir un stock de Qassam explosés au poste de police à côté. Ces engins font à peu près 2 mètres de long et sont de fabrication très artisanale. Cependant de nouveaux modèles apparaissent et on voit immédiatement qu’ils sortent d’usine et sont bien plus précis que les premiers modèles. Ces engins viennent sûrement d’Iran via l’Egypte pour entretenir un climat de terreur et de guerre.  Comme on le voit la situation s’aggrave nettement.

Pour terminer, je rapporterais cette anecdote personnelle. En visitant la Cité de David, site archéologique au pied des murailles de Jérusalem, les sirènes se sont mises à hurler selon une modulation très particulière, il s’agissait du signal indiquant qu’Israël entrait en guerre….
Difficile de décrire l’émotion du moment et en ce lieu en entendant ces sirènes annonçant la guerre, mais elle était profonde et réelle, pourtant il ne s’agissait que d’un exercice, pour le moment, car d’habitude on utilise jamais ce type de modulation…

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