Après un week-end de violences, la tension est encore
montée d’un cran entre Gaza et Israël. Mercredi, en réponse à des tirs de
roquette récurrents, Israël a lancé l'opération «pilier de défense», un raid
tuant neuf Palestiniens, dont le chef militaire du Hamas. Les raids aériens
israéliens continuent, tout comme les tirs de roquettes depuis Gaza. Avec l’opération
«pilier de défense», commence la 2ème guerre contre le Hamas. Tsahal a dressé un
bilan partiel de l’opération, ainsi quelque 300 roquettes en tous genres ont
été lancées sur Israël, le Dôme de fer en a interceptées environ 130, et 320
cibles terroristes ont été bombardées à Gaza. Un missile s'est frayé un chemin
à travers Iron Dome, le "dôme d'acier" israélien anti-missile.
Il s'est abattu sur un immeuble, à 30 kilomètres de la bande de
Gaza, pour tuer trois Israéliens.
Le porte-parole de Tsahal, le général Yoav
Mordechai, a prévenu : "Des
préparatifs sont en cours et si nécessaire, l'option d'une entrée par voie
terrestre est à notre disposition." L'attitude d'Israël
pourrait dépendre de celle du Hamas qui risque gros dans une confrontation
directe. "Israël
a réussi à créer un dilemme pour le Hamas : soit une confrontation totale,
soit une trêve sur des bases nouvelles", a expliqué
Naji Charab, professeur de sciences politiques à Gaza. Or, en cas
d'intervention terrestre, le Hamas pourrait perdre le pouvoir dans la région,
renversé par Israël. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, n'a rien
exclu. "Nous
sommes au début des événements et ça ne fait que commencer",
a-t-il menacé, ajoutant qu'Israël entreprendrait "tout ce qui est nécessaire
pour ramener la paix dans le Sud".
La
guerre politique derrière la guerre armée.
Dimanche, le Premier ministre israélien Benyamin
Nétanyahou, en campagne pour sa réélection, avait prévenu: «Le monde doit
comprendre qu’Israël ne restera pas sans rien faire face aux tentatives de nous
attaquer. Nous sommes prêts à l’escalade.» Un positionnement dur qui rappelle
celui observé avant d’autres élections: en décembre 2008, le Premier ministre
d’alors, Ehoud Olmert, avait ainsi déclenché l’opération «Plomb Durci» à deux
mois des législatives.
Crédité fin septembre de 66 sièges dans la prochaine
Knesset (Assemblée), l’alliance, pourtant prometteuse sur le papier, du Likoud
de «Bibi» avec Israël Beitenou, le parti de son ministre des Affaires
Etrangères, Avidgor Liberman, n’était plus créditée que de 35 à 42 sièges fin
octobre. Or, «il y a une angoisse latente permanente de la population
israélienne concernant sa sécurité, notamment dans les "zones
de contact" comme Sderot. Et, du fait
de cette inquiétude latente, l’opinion publique demande des comptes à l’Etat
sur le sujet, qui doit donner des gages, notamment en période de campagne
électorale», rappelle Jean-François Daguzan. «Les Israéliens sont favorables à
ce que tout soit fait pour les protéger», indique pour sa part Frédéric Encel,
spécialiste du Proche-Orient.
Le champion incontesté de la droite israélienne, déjà
Premier ministre en 1996-1999 lors d'un mandat controversé, s'est façonné une
image de dirigeant à poigne, convaincu que "la force" empêche la
guerre. Le Premier ministre s'est félicité le mois dernier devant le Parlement
qu'aucune "guerre inutile" n'ait été menée pendant ses sept années au
pouvoir. "Il n'y a pas eu de guerre parce que nous avons projeté de la
force", s'est-il flatté. Ces remarques visaient son prédécesseur Ehud
Olmert, qui a orchestré en 2006 une guerre à moitié ratée contre le Hezbollah
chiite libanais, qui a fait plus de 1.200 morts au Liban, en majorité des
civils, et 160 tués en Israël, pour la plupart soldats.
C'est le même M. Olmert qui, six semaines avant des
élections, avait déclenché l'opération "Plomb durci", offensive
dévastatrice contre Gaza qui, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, avait
coûté la vie à 1.440 Palestiniens et 13 Israéliens. Quatre ans après, Bibi
Netanyahu, qui vient de fêter son 63e anniversaire, se trouve à son tour sur la
ligne de front dans le sud d'Israël.
Haaretz poursuit la
comparaison avec Obama et explique encore que "Pilier de défense" et
ses conséquences clouent le bec aux opposants de Netanyahu tancé dans les
sondages, comme Sandy a contraint Mitt Romney à un quasi-silence.
Chacun se trouvant bien forcé de serrer les rangs. La campagne électorale
est du coup gelée.
Pour ce qui est de Gaza, ce que nous observons n’est rien
d’autre qu’un schéma très connu. A chaque fois qu’il y a un vote législatif
israélien, le Hamas vote pour le Likoud de manière à remettre au pouvoir un
parti nationaliste et ainsi pouvoir justifier de l’absence de négociation. Il
faut également préciser que la partie qui se joue ne se joue pas uniquement à
deux mais bien à trois. En effet, bien que le Hamas vise tactiquement Israël,
son but à court terme est de faire tomber l’autorité palestinienne de Mahmoud
Abbas. Celui-ci doit prochainement déposer une nouvelle demande d’adhésion à
l’ONU et l’augmentation des tensions ne fait que le rendre de plus en plus
inaudible.
Le Hamas n’hésitant pas à surenchérir les menaces
israéliennes pour se poser en protecteur de la cause musulmane, et plus
particulièrement de la cause sunnite. Le Hamas est une organisation qui n’est
pas monolithique, loin de là, chacune de ses branches reçoit des soutiens de
sources diverses, traditionnellement de l’Arabie Saoudite et de l’Iran. Le
Qatar, dont l’émir s’est récemment rendu à Gaza, vient officiellement
d’investir 400 millions de dollars dans la région et ceci vient de lancer une
véritable compétition entre chaque groupe de combat pour obtenir le maximum de
soutien, qu’il soit financier ou logistique. Ceci peut aussi expliquer le
positionnement dur de Benyamin Nétanyahou qui est «un avertissement lancé au
Hamas, mais également au Qatar», après la visite en grande pompe de cheikh
Hamad Ben Khalifa Al-Thani, l'émir de ce pays, le 23 octobre dans la bande de
Gaza. «Israël semble dire au Qatar de garder ses distances, qu’il ne se
laissera pas impressionner.»
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