http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Le mystère des cathédrales 27

mardi 2 octobre 2012

Le mystère des cathédrales 27



Nous avons vu que la construction d’un édifice religieux catholique s’effectue selon un code très précis et hautement symbolique, qui est presque toujours, à de rares exceptions près, toujours le même. L’édifice est défini dans un champ spatial selon un ordre prédéfini, qui lui donne une orientation et une direction précise. Il s’inscrit ainsi architecturalement dans lune symbolique mystique. Le principe prévaut pour sa forme, généralement une croix.


Vue du ciel, l'église à une forme de croix. Les catholiques disent cependant qu’ils n’exaltent pas n’importe quelle croix, mais la Croix que Jésus a sanctifiée par son sacrifice, fruit et témoignage d’un amour immense. Le Christ sur la Croix a versé tout son sang pour délivrer l’humanité de l’esclavage du péché et de la mort. Signe de malédiction, la Croix a par conséquent été transformée en signe de bénédiction, symbole de mort, elle a été transformée en symbole par excellence de l’Amour qui vainc la haine et la violence et engendre la vie immortelle. « O Crux, ave spes unica ! O Croix, unique espérance ! ». C’est ce que chante la liturgie.

La vision que donne le catholicisme de la croix est cependant l’exact contraire de celui qu’en donne les Ecritures. Jésus n’a aucunement sanctifié par son sacrifice la croix et encore moins l’a transformé en signe de bénédiction. La croix reste dans son symbole celui de la malédiction et de la mort. La croix est la rétribution que mérite celui qui vit dans le péché et se détourne de Dieu. Ro 6:23  Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. Le catholicisme se développe dans le principe des inversions des valeurs bibliques. Dans cette logique antéchrist, la croix comme symbole de malédiction est présentée alors comme une bénédiction, bien qu’il n’en soit rien. Ga 3:13  Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois.

La croix est un châtiment, pas une récompense,  la croix est la rétribution de tous les péchés et de toutes les iniquités que l’homme commet dans sa vie. Dans son symbole elle rappelle pourquoi le Christ a dû mourir.  Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Esaïe 53:1-5 La croix est également le symbole de la séparation que confère le péché d’avec Dieu. Jésus en prenant nos fautes sur lui, s’est volontairement coupé de sa présence en devenant parfaitement péché à notre place. Matthieu 27 : 46  Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le mystère de la croix prend ici toute sa dimension, l’Esprit Saint s’est retiré du Christ sur la croix, car il est parfaitement dans le rôle du pêcheur qui doit mourir pour ses fautes.

La croix n’est donc pas un aboutissement, un but à atteindre pour le chrétien, il est un passage obligé  qui est symbolisé par les eaux du baptême. Mais la signification du baptême ne s’arrête pas à la croix, car cette union s’applique aussi à sa résurrection. En Colossiens 2.12, on peut lire cette phrase. Ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Par le baptême, vous avez été ensevelis avec Jésus. Mais vous êtes aussi ressuscités avec lui dans une vie nouvelle. La croix est un souvenir effacé de la mémoire divine qui permet au chrétien d’être introduit dans une vie nouvelle, empreint d’un esprit nouveau. S’arrêter à la croix et s’y maintenir, symboliquement c’est rester attaché à la mort et à la malédiction ; c’est se couper de la présence de Dieu, car n’oublions pas que les ténèbres ont accompagné l’agonie de Jésus. Mr 15:33  La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Ces ténèbres représentent la nuit dans laquelle le monde est précipité, quand Dieu se détourne de lui. Bibliquement la croix représente les ténèbres, la malédiction et la mort. Modeler une architecture religieuse en forme de croix en dit long sur l’esprit qui anime le clergé qui bâtit de tels édifices.

L’Eglise comme corps du Christ, comme son Epouse véritable, est révélée par l’esprit qui l’anime, qui est un esprit de résurrection et de vie. L’image de la Pâque est celui de la délivrance du péché, comme celui des juifs qui sont délivrés de l’esclavage de pharaon en quittant l’Egypte. C’est le symbole d’un peuple qui sort d’un monde pour aller en conquérir un autre, attaché à une promesse divine. Mais c’est par la pentecôte que l’Eglise entre vraiment dans le royaume de Dieu et que l’Eglise comme corps mystique commence à s’édifier, grâce au Saint Esprit qui descend du ciel et investit ceux qui ont cru en Jésus. Le symbole de la Pâque signifie donc une fin, celui de l’esclavage, c’est pour cela que Jésus est mort le jour de la Pâque et que la croix y est à jamais associée. Ainsi, rester attaché au symbolisme de la croix, s’est perpétuer l’image de l’esclavage, l’esclavage au péché. C’est bloquer le chemin qui mène à la pentecôte et à l’édification d’une Eglise bâtit non par de la pierre, mais par les âmes de ceux qui vivent par l’Eprit Saint.

Construire l’Age des ténèbres

A la sortie de l’Antiquité, une nouvelle ère chrétienne va se développer selon des principes diamétralement  opposés, selon que l’on bâti l’Eglise mystique du Christ, ou les édifices catholiques de pierre. Se sont également deux semences animées de deux esprits radicalement différents. Pendant les 1000 ans que va durer le Moyen Age, deux forces spirituelles vont s’affronter et le catholicisme va tenter d’annihiler la puissance de l’Esprit Saint en imposant par le dogme, puis la violence, les principes qui l’animent. Des croix sous forme de calvaires ou masqué dans la forme des églises, symbole du catholicisme triomphant, vont fleurir dans tout l’Occident et le précipiter dans un véritable âge de ténèbres.

Pour les humanistes, le Moyen Âge est un âge de barbarie, de léthargie et de décadence. L'Église y a exercé une autorité excessive qui a entraîné la dégénérescence de tous les arts et de toutes les cultures. Il n'y a donc rien de surprenant à ce que les humanistes aient créé l'expression " âge des ténèbres " pour identifier le Moyen Âge. Le XIVe siècle, le dernier siècle du Moyen Âge, avait tout pour être nommé "âge des ténèbres". Apparaissant pour la première fois depuis le VIe siècle, la peste (la mort noire) qui commence en 1347 fera mourir en 3 ans entre le quart et le tiers de la population de l'Europe. Les crises économiques, les famines, les émeutes, les jacqueries, les guerres se succèdent tout au long de ce siècle. Il annonce également la fin de l’autorité absolue de la papauté de Rome.

Le christianisme est au cœur de l'histoire médiévale : il modèle la pensée de cette époque, principalement en raison de son universalisme et à cause de la montée en puissance, en Occident, de l'Église catholique organisée autour de la papauté de Rome. Les frontières de l'Occident médiéval, qui échappent à toute unité politique, se confondent aussi avec celles de l'Église catholique. La dilatation de la chrétienté s'accompagne de la mise en place de la hiérarchie ecclésiastique – l'Église en venant à désigner cette dernière – et la papauté, qui se hisse à la tête de celle-ci, devient un des principaux pouvoirs en Occident : l'évêque de Rome, dont l'autorité spirituelle s'appuie sur la primauté du siège de l'apôtre Pierre, devient le souverain pontife.

Durant le haut Moyen Âge, les missions chrétiennes de prédicateurs isolés, appuyés par Rome lorsqu'elle le peut, repoussent avec succès les limites politiques de la chrétienté en amenant à la conversion des rois barbares et en s'appuyant sur l'influence des rois chrétiens — comme les rois francs, dont l'adhésion au christianisme remonte à Clovis (496 ou 498) — mais leur préoccupation dernière, qui est de faire entendre le message du Christ aux peuples des derniers, demeure un objectif des plus difficiles à quantifier. Elles sont le plus souvent l'œuvre de simples moines, comme Colomban en Gaule, Augustin de Canterbury dans le Kent ou Boniface en Frise. Après l’œuvre d’évangélisation de base, les premières églises vont se bâtir, grandir et un clergé se développer. L’influence de Rome et du pape va alors pouvoir s’imposer quand les cathédrales s’imposent au cœur des villes. La taille des édifices étant en relation directe avec l’autorité grandissante de l’Eglise de Rome et de son pape, qui instaurera une véritable théocratie en Occident à la fin du bas Moyen Age.

Le symbole de la croix s’est désormais imposé partout en Occident, comme une victoire du catholicisme sur toutes les autres formes de christianisme. La croix étant bien installée au cœur du Moyen Age, ce qui la représente dans son expression la plus cruelle et meurtrière va alors donner sa pleine mesure au travers des croisades. Car défendre le Christ au travers du symbole de la mort ne peut mener qu’à la mort. Les croisades du Moyen Âge seront des pèlerinages armés prêchés par le pape. La vision traditionnelle identifie l'époque des croisades à la période 1095-1291, du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre, et se limite aux expéditions qui ont eu la Terre sainte pour objectif et l'Orient pour théâtre d'opérations. Mais il faut lui donner une définition bien plus large, toutes les guerres contre les Infidèles et les hérétiques, sanctionnées par le pape qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences, sont des croisades.

Les croisades ne s’orientent pas uniquement contre des ennemis extérieurs comme les musulmans, mais également contre les ennemis intérieurs que sont les juifs et ceux qui contestent l’autorité de Rome et que l’on appelle des hérétiques. Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le Christ devient le parfait Seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est donc un miles christi, « chevalier du Christ ». Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte et cherche à établir un royaume de Dieu sur terre.

Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut du croisé. Lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des péchés, à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l'indulgence plénière. À partir d'Innocent III, les canonistes élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerre sainte, pourtant contraire au message évangélique, en arguant que les infidèles ont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. La guerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilité qu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terre musulmane. Il faut donc la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Les canonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé en Terre sainte : deux ans pour une indulgence plénière. Avec le quatrième concile du Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade alors que jusque-là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéal des croisades et non pas seulement les combattants. Il suffit pour cela d'aider financièrement à l'organisation de la cinquième croisade. En proposant à tous les fidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le pape inaugure la spiritualisation de la croisade. La bulle quantum praedecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection de l'Église.

Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est la preuve que les masses humaines de la fin du XIe siècle étaient très réceptives à la promesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération du Saint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde. L'attente eschatologique et millénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Ceux qui ont répondu à l'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut. Le catholicisme a réussi à imposer l’idée que le salut se gagne par les œuvres et non par la foi seule en Jésus Christ. L’idéal même que les croisés défendent est celui qu’ils pensent combattre, car le sens des valeurs bibliques est totalement inversé dans le bas Moyen Age.

On en viendra à un point tel, qu’au nom de la croix et du pape, de véritable croisade seront organisées pour détruire ceux qui cherchent à bâtir l’Eglise avec le seul concours du Saint Esprit. Le pape ordonnera de combattre l’hérésie dans le sud de la France en partant en croisade contre les albigeois, les vaudois, les hussites en Bohème héritier de John Wyclif  le grand précurseur de la Réforme, qui sonnera le glas du catholicisme triomphant du Moyen Age.

Entrainé par une théologie trompeuse et un clergé apostat, le fidèle catholique est donc toujours amené sous une forme ou une autre à la croix. Quand il entre dans une église catholique il fait même partie intégrante de cette croix, car l’édifice entier représente une croix. Implanté au cœur des cités, c’est toute la communauté qui vit à son ombre. La malédiction et la mort qui la représente se répand alors dans toute la société, ce qui explique les malheurs sans fin qui ont accompagné tout le Moyen Age jusqu’à la réforme protestante.

1 commentaire:

  1. Bonjour Frère, d'après certaines personnes, l'Eglise catholique a emprunté beaucoup au paganisme mais aussi au judaisme qu'elle a tant rejeté. Cette nef et forme d'église, ressemble un peu à un temple juif, avec le parvis, le lieu saint, et le saint des saints. La chrétienté apostate du Moyen âge a été en quelque sorte sous la malédiction (peste noire et autres) à cause surtout de son refus de reconnaitre le peuple du livre, le peuple judaique.Quand on se coupe de ses racines, on meurt, on perd son identité, d'où la fameuse peur de l'An 1000. A quand une Eglise qui se greffera à nouveau sur l'arbre d'où elle est issue. Soyez bénis en Yeshouah

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