http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La bataille des jeux olympiques -4

mardi 7 août 2012

La bataille des jeux olympiques -4


Ce qui vaut pour l’orgueil des hommes, se transcende à l’échelle d’une nation. Car amplifiée par l’exaltation des foules, du discours d’un leader ou d’une idéologie dominante, ces courants porteurs peuvent créer une extraordinaire dynamique, qui entraine les foules bien au-delà de l’horizon de la perception humaine. Les jeux olympiques sont à ce sens un outil de propagande absolument formidable, car universel et intemporel, ils se placent au-dessus des races, des religions, des différences sociales ou culturelles, du moins en apparence. Il va de soi que les individus les pires que l’humanité ait pu produire, voient dans les jeux, plus un outil mis à leur disposition, qu’une idée noble qui transcenderait leur âme perverse et corrompue. Le Baron de COUBERTIN avait voulu ses jeux dans cet esprit, mais le pire allait venir avec la montée en puissance du nazisme. L’esprit olympique va alors exalter ce qu’il prétendait détruire et faire la démonstration du véritable esprit qui l’anime.

Les « arènes totalitaires »

Cet accablant mais étroit rapport entre les débuts de l’olympisme moderne, sous l’ère Coubertin, et le fascisme de la première moitié du XXe siècle (dans les années 30 en particulier), Daphné Bolz l’a très bien analysé dans une thèse de doctorat, publiée en 2007 aux éditions du CNRS, portant l’édifiant titre de "Les arènes totalitaires : Hitler, Mussoliniet les jeux du stade".

Ce qu’elle y soutient, en substance ? Que l’architecture sportive du CIO de ce temps-là était tout entière vouée à l’édification de l’idéologie dominante sur le plan politique : la fascisme, précisément, dont la clé de voûte n’était autre, à travers la célébration du sport, que cet "homme nouveau", préfiguration de l’"aryen", auquel rêvaient les adeptes du pseudo eugénisme scientifique, au premier rang desquels émergeait alors, en France, le docteur Alexis Carrel, prix Nobel de médecine en 1912 et membre de l’Académie pontificale des Sciences. Oui : aussi sidérant cela puisse-t-il paraître aujourd’hui pour ceux qui croient encore très sincèrement à l’humanisme de Pierre de Coubertin, le langage de ce dernier ne s’écartait guère, à l’époque, de celui d’Alexis Carrel ou, plus encore, de Francis Galton, cousin de Charles Darwin, dont la lecture, en 1850, de son "Origine des espèces" l'a conduit à devenir le théoricien de l’eugénisme, qu’on appelait alors aussi la "viriculture". Ces hommes ne sont que le produit d’une France profondément catholique, antisémite et antirépublicaine, un pur produit de la « fille ainée de l’Eglise ».

Le sport est en pleine expansion dans l’entre deux guerre, et ceci aussi bien dans les pays démocratiques que dans les pays totalitaires. Mais en Italie et en Allemagne, le sport devient « une technique privilégiée pour uniformiser les pensées et les comportements ». Daphné Bolz note que ce phénomène a été d’autant plus dangereux qu’il s’exprimait de la façon la plus efficace : « l’imperceptibilité ». Si les liens entre sport et totalitarisme nous sont familiers, Daphné Bolz s’intéresse à un aspect méconnu : l’architecture sportive. Loin d’être des espaces neutres idéologiquement, ils sont selon elle l’expression « concrète du politique. »

Dès leur arrivée au pouvoir, les régimes nazis et fascistes se sont emparés des cadres du mouvement sportif pour le diriger et le promouvoir. En Angleterre, où est née la pratique sportive, le sport est une affaire privée. Or en Italie et en Allemagne, les gouvernements interviennent dans le champ sportif et en prennent le contrôle. Fascistes et nazis élaborent alors un programme de construction sportive sans précédent dans l’histoire. La qualité des équipements construits fait référence à l’étranger, et de ce point de vue l’Allemagne et l’Italie se placent à côté des Etats-Unis.

Le sport est encadré politiquement sous une autorité commune. En Italie, ce contrôle s’exerce par le CONI, le Comité Olympique National Italien. Achille Starace qui dirige le CONI de 1931 à 1939 est à fois secrétaire du PNF et à la tête des Jeunesses fascistes. En Allemagne, l’encadrement du sport est le fait du « Reichsportfuhrer » : nommé en 1933, Hans Von Tschammer est à la fois directeur du Bureau des exercices physiques à la SA et directeur du service des sports de Kraft Durch Freude…. Ce sont des postes clefs et ils échoient à des dignitaires du régime.

Les totalitarismes italien et allemand donnent au sport le même sens : ce n’est pas seulement une pratique physique, c’est aussi mettre en avant la réussite d’un régime politique par les scores élevés remportés par leurs sportifs. C’est aussi mettre ce même régime en scène lors des spectacles sportifs qui sont avant tout des spectacles politiques. Selon D. Bolz, les installations «enferment intérieurement les masses nationales et impressionnent extérieurement les observateurs étrangers».

Les Jeux Olympiques de Berlin

 La ville de Berlin a été élue en 1931 pour recevoir les JO de 1936. C’est donc la république de Weimar qui a voulu cette candidature. Mais l’organisation des jeux est un événement formidable pour les nazis. Ceux-ci apprécient tout particulièrement les manifestations de masse, expression de la communauté toute entière, le « volk ». Les grandes manifestations sportives permettent d’exprimer » la qualité des propriétés biologiques de son peuple. » Aussi, c’est le ministère de la propagande lui-même qui se chargera de soutenir la communication des jeux.

Par contre, le Comité International Olympique est pris de doute. Le président du CIO rappelle dans une lettre aux membres du CIO pour l’Allemagne les principes olympiques dont la neutralité confessionnelle, politique et raciale. Il est répondu que « le Comité organisateur, le gouvernement du Reich et toute la nation sont d’accord pour faire des Jeux de 1936 une fête de l’amitié et de la paix conformément à l’idéal olympique. » Le dossier est définitivement accepté, mais certains membres du CIO sont dubitatifs. Ils ont raison. Les JO sont considérés par le Führer comme une tâche politique particulièrement importante. Cela n’empêche pas certains de ces collaborateurs de demander plusieurs fois de faire cesser les campagnes antisémites de crainte que les Jeux ne leur soient retirés. Une campagne de boycott est lancée depuis les Etats-Unis par un membre américain du CIO d’origine allemande. Mais la propagande nazie est telle qu’elle réussit à cacher la réalité.

Son premier objectif est cependant tourné vers les Allemands eux-mêmes, pour les convaincre de l’importance de ce moment. C’est toute l’Allemagne qui doit faire de ces jeux une gigantesque fête. Toutes les communes sont dotées d’un comité relais à la propagande nationale. Pour l’étranger, la propagande cherche à donner une bonne image de l’Allemagne. Elle est préparée dès 1933 et diffusée en plusieurs langues dans 39 pays. En même temps, une entreprise de séduction du comité olympique est entreprise. Hitler soutient financièrement Pierre de Coubertin, alors âgé et démuni. Lorsque les jeux ont été attribués à Berlin en 1931, les organisateurs pensaient réadapter le stade Berlin et n’envisageaient pas de nouvelles constructions. Mais les nazis voient grand grâce à la prise en charge financière des rénovations par le gouvernement. Le stade pourra accueillir jusqu’ à 100 000 spectateurs Une esplanade pourra accueillir jusqu’à 300 000 personnes. Toutes les compétitions seront rassemblées en un seul lieu, le Reichsportfeld, à l’exception de l’aviron et de la voile Le village olympique est doté de pavillons en durs. Ces équipements sont utilisés bien avant les jeux comme carte postale, transmettant ainsi dans le monde entier les preuves visibles, construites, de la réussite du national-socialisme.

Hitler aime particulièrement l’architecture romaine, mais les Grecs l’attirent par une soit disant appartenance commune à la race aryenne. Aussi le site olympique de Berlin se veut être la continuité de l’art grec antique, du moins dans son organisation plus que dans son architecture, ce qui plaisait beaucoup au CIO. Les dirigeants allemands manipulent les symboles antiques de façon à leur accorder un double sens, olympiques pour le CIO, nazis pour les Allemands. Par exemple, on réinvente la course au flambeau, relayé par trois mille coureurs et porté d’Olympie (dont la reprise des fouilles est annoncée par Hitler la veille de l’ouverture des jeux) à Berlin où elle enflamme une coupelle construite sur un modèle antique dans le stade. L’ambiance recrée ainsi est autant celle de la mystique nazie que celle de l’idéal olympique.  Le parcours de la flamme depuis Olympie jusqu'à Berlin passa par la Bulgarie, la Yougoslavie, la Hongrie, l'Autriche et la Tchécoslovaquie, pays qui furent occupés militairement par le Troisième Reich quelques temps après. En Hongrie, la flamme reçut la sérénade jouée par un orchestre tzigane. Lesquels tziganes furent par la suite, rassemblés et envoyés dans les camps de la mort.


L’idée de transporter la flamme olympique à travers une course relais, depuis Olympie, berceau des jeux antiques, jusqu’au stade où a traditionnellement lieu ladite cérémonie, événement majeur sur le plan médiatique, germa dans le cerveau d’un dignitaire nazi, Carl Diem. Il finit par l’appliquer concrètement, pour la première fois, lors des tristement célèbres Jeux Olympiques de Berlin, en 1936, pour lesquels il fut nommé, par le Ministre des Sports du Troisième Reich (Hans von Tschammer und Osten, qui ne faisait rien sans l’approbation de Goebbels, Ministre de la Propagande), Secrétaire Général du Comité Organisateur.

Rien d’étonnant à cela lorsque l’on sait que c’est le Comité International Olympique lui-même – dont Pierre de Coubertin, père de l’olympisme moderne, était le président d’honneur – qui confia à la République de Weimar, dès 1931, les Jeux de Berlin, qu’inaugura, nimbé de l’antisémitisme ambiant, le Chancelier d’Allemagne : Hitler, futur commanditaire, en plus de mettre l’Europe à feu et à sang, du plus gigantesque crime, avec la Shoah, au sein des annales de l’humanité. Hitler, Coubertin, Diem : un sacré podium ; un trio d’enfer ; un record légendaire, qui donne aux jeux olympiques le vrai sens de leurs valeurs.

Avec du recul, on peut légitimement se demander si les jeux n’ont pas été volontairement donnés aux hommes à un temps précis, pour un but précis. Comme pour les apparitions de la Vierge Marie, qui se multiplient à la fin du 19ème et début du 20ème siècle. Ainsi, comme une balance qui se chargerait de poids spirituels différents à l’est et à l’ouest, l’Amérique se prépare au réveil de Pentecôte et deviendra la futur super puissance mondiale, alors qu’en Europe catholicisme et fascisme prépare la venue de l’antéchrist. De la guerre idéologique et spirituelle, sortiront une confrontation totale et absolue, d’où émergera comme les prémices d’une gloire annoncée, l’Etat d’Israël, germe d’un royaume qui deviendra universel quand Jésus y règnera. Les Nations seront alors soumises, le faux prophète et l’antéchrist auront été jetés vivant en enfer et les jeux olympiques définitivement abolis. La flamme olympique aura rejoint son créateur et brûlera alors au milieu d’un autre feu qui ne s’éteindra jamais.

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