http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Le mystère des cathédrales – 25

dimanche 22 juillet 2012

Le mystère des cathédrales – 25


Nous avons vu dans les chapitres précédant, que l’adversaire matérialise dans une structure terrestre, l’église en pierre, ce que Dieu dématérialisa dans un corps mystique, l’Ecclésia qui forme l’Epouse du Christ. La volonté divine avait déjà été clairement affichée, quand la synagogue remplaça le temple et poursuivit son essor avec le christianisme dans la nouvelle alliance en Jésus-Christ. Le but de former un corps mystique est de permettre à l’Esprit-Saint de pleinement s’exprimer, car Dieu est Esprit et le cœur des hommes est Son royaume, car ce royaume n’est pas de ce monde, mais trouve sa finalité quand la Jérusalem céleste descend du ciel, pour révéler à l’univers l’Epouse du Christ. L’Eglise selon ce principe ne se construit donc pas dans ce monde, car elle est uniquement spirituelle. Les dons de l’Esprit et les ministères définis dans la Bible, devant en assurer seul la cohésion.

Une fois la structure terrestre établie, le diable peut lui donner une orientation, dans le sens étymologique du terme, soit dirigé vers l’Orient. Ces édifices naissent et vivent au rythme des cycles solaires, pour rappeler que l’antique « sol invictus » est désormais le principe d’autorité qui gouverne dans l’église. Par le souverain pontife qui reprend à son compte la gouvernance de l’empereur de Rome, le trône du pape Rome remplace celui l’antique pontifex maximus dont il reprend également le nom. A partir de là, la cathédrale devient également le siège de l’autorité de Rome.

Ayant ramené sur terre ce que Dieu construit dans le ciel, Satan doit également lier définitivement l’édifice aux cieux, pour donner l’illusion d’une dimension spirituelle à ce qui n’est que terrestre. Il va donc ajouter au plan horizontal, une dimension tripartite verticale, qui symbolisera l’union de trois mondes. Celui des morts, des hommes et du ciel. Ce cheminement est symbolisé par deux axes, l’un horizontal et l’autre vertical que l’on retrouve dans les cathédrales.



Une cathédrale est le seul édifice qui soit né par et pour la lumière, car au Moyen-Age on est persuadé qu’elle mène vers Dieu, qui est la lumière du monde. Le premier cheminement vers la lumière est donc purement subjectif, car il suit celui du soleil. Le fidèle est invité à entrer dans une cathédrale par l’ouest, où les images du jugement dernier sont gravées sur les frontons, rappelant que le Christ aux derniers jours jugera les hommes. C’est la première image que les hommes verront en arrivant devant l’édifice. Ils viennent donc de la nuit du couchant, qui représente le monde extérieur, qui est la première composante tripartite du plan horizontal, pour aller vers le levant, l’est qui représente le soleil levant du Christ ressuscité.

Les formes orthogonales formant la base de l’édifice, symbolisent le monde terrestre et humain, alors que les formes circulaires ou sphériques (coupoles, dômes…) symbolisent le monde céleste et divin. La nef rectangulaire formera la seconde composante tripartite et symbolisera l’Ecclésia, dans laquelle est confinée la communauté des croyants. La dernière et troisième partie est l’abside du latin « absis » (voûte, arcade). Partie qui termine le chœur d'une église en hémicycle orientée vers l'est, qui représente le ciel, la direction où on veut aller, celle vers laquelle les regards sont tournés et qui symbolise le lieu où Dieu réside.

La cathédrale comme antimonde céleste voulu par l’adversaire, cherche donc à reproduire dans son architecture, ce que Dieu bâtit dans le ciel. Le gothique s'illustre dans des lieux publics et assume également une fonction de représentation. La cathédrale gothique, construction la plus emblématique du style, est une image de la Jérusalem céleste. Manifestation de la puissance et de la grandeur de Dieu elle est une invitation à l'élévation spirituelle. L'architecture gothique est l'incarnation de la théologie de la lumière élaborée par les pères de l'Église catholique (en particulier saint Augustin) et « remise » au goût du jour par un François d’Assise qui voit dans la nature la glorification de Dieu et dans la lumière l'expression du divin. La cathédrale est avant tout un édifice de lumière et c’est cette recherche de la lumière qui exige la légèreté des structures gothiques et non un accident découlant de l'évolution des techniques.


La cathédrale comme élément centrale de la ville, est également une représentation de la cité de Dieu, domaine sacré, accueillant la communauté des croyants. Image du royaume de Dieu dans sa symbolique, elle l’est aussi dans sa construction même qui met en œuvre une géométrie complexe, idéale, divine. Le plan gothique répond aux règles de la scolastique, l'édifice se divise en sections et subdivisions uniformes qui doivent renvoyer à l’image de la Jérusalem céleste. Ap 21 : 10  Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne. Et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, 11 ayant la gloire de Dieu. Son éclat était semblable à celui d’une pierre très précieuse, d’une pierre de jaspe transparente comme du cristal. 12  Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d’Israël: 13  à l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes. 14  La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’agneau… 18  La muraille était construite en jaspe, et la ville était d’or pur, semblable à du verre pur.19  Les fondements de la muraille de la ville étaient ornés de pierres précieuses de toute espèce…

"Le mur de la Cité repose sur douze fondations, et chacune porte le nom d'un des douze Apôtres de l'Agneau."  A partir du XIIIème siècle, il n'était pas rare de placer des statues des Apôtres contre les colonnes pour rappeler ce passage de l'Apocalypse et un autre de Saint Paul. "La muraille est en jaspe, et la Cité est d'or pur, aussi claire que le verre. La muraille est ornée de toutes sortes de pierres précieuses."  Les immenses verrières des églises gothiques sont l'équivalent de ces pierres précieuses. Il faut se souvenir que le verre était un produit de très grand luxe avant le XVIème siècle (par exemple seuls les plus riches avaient des vitres à leurs fenêtres). Par conséquent, il va sans dire que les verrières des églises étaient des objets luxueux pratiquement aussi coûteux que des pierres précieuses. Ainsi que les statues recouvertes d’or, les croix et autres instruments en or massif répandus autour du maître autel. "La voix que j'entendis était semblable à celle de joueurs de harpe. Et ils chantent un chant nouveau devant le Trône." (14,2 et 3) Le chœur reproduit ce passage.


La base de la ville est carrée et s’élève telle une pyramide vers le sommet d’où le Seigneur illumine toute la ville. Ap 21 : 22  Je ne vis point de temple dans la ville ; car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l’agneau. 23  La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’agneau est son flambeau. 24  Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. 25  Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n’y aura point de nuit. 26  On y apportera la gloire et l’honneur des nations… 22 : 3  Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la ville ; ses serviteurs le serviront…  Le trône de l'évêque, la cathèdre, d’où le bâtiment tire son nom, est placée au fond de l'abside, dans l'axe, comme le siège du juge de la basilique antique, tandis que l'autel s'élève en avant de la tribune, ordinairement sur le tombeau d'un martyr. L'évêque, entouré de son clergé, se trouve ainsi derrière l'autel, isolé et dépourvu de retable et voit donc l'officiant en face. Cette disposition où  l'officiant fait face à l'Assemblée des fidèles, explique pourquoi, jusque vers le milieu du dernier siècle du Moyen Âge, dans certaines cathédrales, le maître-autel n'est qu'une simple table sans gradins, tabernacles ni retables. L’évêque est donc une reproduction de Dieu sur terre.

Le plan horizontal d’une cathédrale, est donc une reproduction terrestre, du cheminement qui mène le chrétien vers Dieu. Le livre de pierre révèle ainsi les pages les plus glorieuses de l’Apocalypse, où apparait la Jérusalem céleste. La cathédrale devient la porte qui mène vers Dieu et le dieu de cette porte est l’évêque qui y trône. Le nom Babylone signifiant le « dieu de la porte », ces versets de l’Apocalypse prennent alors tout leur sens. Ap 17 : 3  Il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. 4  Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or, remplie d’abominations et des impuretés de sa prostitution. 5  Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre. 6  Et je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. Et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement.

On peut vraiment être dans l’étonnement, quand la description de la Prostituée de l’Apocalypse se rapporte à une Eglise dite chrétienne. Mais comme le catholicisme est une forme d’inversion des valeurs chrétiennes par son idolâtrie, son goût du luxe et les meurtres de masse qui s’opéraient du temps des cathédrales, le passage résume bien les choses. "La mère des impudiques et des abominations de la terre, renvoie directement au fronton du Latran, "mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde", qui est l’église mère et modèle sur lequel toutes les églises catholiques du monde seront construites, et siège épiscopal du pape. Sur ce trône, le pape porte la tiare papale, appelée aussi le trirègne, qui est la triple couronne des papes. Elle symbolise l’autorité sur les trois mondes que rappellent la structure de la cathédrale. Ce triple pouvoir s’exprimé par ces trois titres, qui avaient à l'origine un accent très « temporel » ou « politique » : Père des rois, qui symbolise le monde extérieur de l’Eglise. Régent du monde, qui est l’Eglise et Vicaire du Christ. La cathèdre et la tiare papale « couvre » l’autorité sur les trois mondes.

L’étrange prétention de prétendre au titre de vicaire du Christ, est apparue assez tardivement dans l'histoire de la papauté. Au départ, l'évêque de Rome a déclaré être le vicaire de César, proclamant que ses successeurs seraient les héritiers légitimes des empereurs romains. La ville de Rome, siège du pouvoir impérial romain, est devenue le siège de l'autorité de l'évêque de Rome. Peu à peu, les autres évêques et les chefs des nations ont accepté de voir dans l'évêque de Rome le vicaire et le successeur de César, et de lui attribuer, tout comme à César, le titre de "Pontifex Maximus". Par la suite, les évêques de Rome se sont attribué le titre de "Vicaire du prince des Apôtres", autrement dit, de "Vicaire de Pierre". Vers le début du cinquième siècle, l'évêque Innocent 1er (401-417) posa le principe selon lequel le Christ aurait délégué le pouvoir suprême à Pierre et l'aurait établi évêque de Rome. Plus tard, il considéra qu'en tant que successeur de Pierre, l'évêque de Rome pouvait exercer les prérogatives et le pouvoir de Pierre. Boniface III, qui devint évêque de Rome en 607, s'établit de sa propre initiative en tant qu'Evêque Universel, soutenant qu'il était le vicaire et le maître de tous les autres évêques. Mais c'est seulement au huitième siècle qu'on vit apparaître le titre de "Vicaire du Fils de Dieu", dans un document frauduleux intitulé "Donation de Constantin". Au début du seizième siècle, la preuve fut établie que ce document était un faux ; cependant, les évêques de Rome portent ce titre depuis le huitième siècle. Le pape s'approprie ainsi une suprématie tant spirituelle que temporelle. Les porteurs d'un tel titre prirent goût aux pouvoirs divins qu'il confère, au point de ne plus pouvoir y renoncer. Le "Vicaire de Christ" ne reconnaît d'autre autorité que la sienne, et se considère comme le Maître de tout. Il a l'audace de proclamer que "le Premier Siège n'est jugé par personne".

 Le rôle de "Vicaire (remplaçant) de Christ" sur la terre, selon la doctrine romaine, est si vaste et si complexe qu'il est impossible à un seul homme d'exercer un pouvoir "suprême, plénier, immédiat, universel". Aussi la personne qui prétend être investie de ce rôle doit-elle avoir sous ses ordres une vaste hiérarchie. La pyramide hiérarchique soumise au "Vicaire de Christ" est composée de cardinaux, de patriarches, d'archevêques, de métropolitains, de coadjuteurs des archevêques, d'évêques diocésains, de vicaires épiscopaux, d'éparques, de vicaires apostoliques, de préfets apostoliques, d'administrateurs et de vicaires généraux. Quand la tête de cette structure hiérarchique vient à décéder, toutes ces fonctions continuent, sous un autre régime. La loi actuelle du Vatican stipule qu'à la mort d'un Pape, le gouvernement est confié au Camerlingue (Chamberlain), c'est-à-dire à un cardinal nommé par le Pape du vivant de ce dernier, pour assurer la fonction d'administrateur après la mort du Pontife. Le droit canonique interdit explicitement au Camerlingue d'introduire une innovation quelle qu'elle soit tant que le siège papal est vacant (Canon 335).


C’est cette hiérarchie très spéciale que résume ce passage, "la femme est assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème". Les évêques sont vêtus en pourpre violet et cardinaux en pourpre écarlate. Il porte la mitre, ou bonnet à corne, qui symbolisait dans l’antiquité babylonienne la divinité. A Babylone on identifiait un dieu par le symbole des cornes, la déesse Ishtar par exemple portait quatre paires de cornes, ce qui signifiait que ce nombre élevé de cornes, la plaçait tout en-haut du panthéon babylonien. L’évêque en portant la mitre représente le vicaire de Rome, qui lui remplace le Fils de Dieu sur terre. Une véritable folie blasphématrice du catholicisme. Le mensonge originel de Satan, "vous serez comme des dieux" (Genèse 3:5) atteint son comble dans cette prétention d'être le "Vicaire de Christ". Ainsi s'accomplissent à la lettre les paroles de l'Apôtre Paul sur celui "qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu... et qui va jusqu'à... se faire passer lui-même pour Dieu" (2 Thessaloniciens 2:4).

La cathédrale comme représentation de la Jérusalem céleste et son évêque comme celui du Christ, renvoie également à celui de la ville éternelle, Rome. L’antique ville au sept collines.  "Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise" Ap 7 : 9.  Ce sont les sept têtes de la bête écarlate exaltées dans le Tour des sept églises, qui est une expression traditionnelle et officielle d’un pèlerinage de Rome, instituée par saint Philippe Néri le 25 février 1552. Ce tour inclut les quatre basiliques majeures de Rome ainsi que trois importantes basiliques mineures. Le nombre 7 prend évidemment une valeur symbolique : il évoque le nombre des collines de Rome. En procession ou isolément, nombre de romées suivront le chemin tracé par saint Philippe Néri. En 1575, le pèlerinage aux sept églises deviendra la norme pour obtenir l’indulgence plénière du jubilé.

En replaçant les choses à leur endroit, il apparait que le plan horizontal de la cathédrale, loin de représenter symboliquement le chapitre 21 de l’Apocalypse où apparait la Jérusalem céleste, épouse parfaitement la forme du chapitre 17 où est révélé la femme assise sur la bête écarlate.

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