http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L’ « esprit » de Noël - 3 -

vendredi 16 décembre 2011

L’ « esprit » de Noël - 3 -

Si on suit le cheminement de la civilisation  par le truchement de la statue de Daniel, on passe des villes Etats, au royaume, pour finir avec la tête d’or qui représente l’empire babylonien.  Le concept va se développer et se durcir pour finir avec le fer de l’empire romain, qui propose une forme aboutie de l’évolution d’une forme de civilisation, celle qui absorbe les fils de Dieu.  C’est donc  à l’intérieur de ces empires, qu’un combat spirituel va s’imposer, pour affirmer la domination globale d’un dieu unique, dans un monde globalisé sous une administration unique. Le monothéisme sera le terme du développement religieux des civilisations représentées dans la statue de Daniel.  Au fur et mesure que l’on s’approche de l’an 0 de l’ère commune, le syncrétisme des divinités païennes va s’accélérer, afin d’offrir une solution globale aux peuples qui attendent un salut de leurs âmes de la part des dieux. 


La diffusion de ces idées nouvelles sera d’autant plus facile, qu’elles se développent dans un espace relativement stable et sécurisée. Celui de Rome. La Paix romaine ou Pax Romana en latin, désigne la longue période de paix imposée par l'Empire romain sur les régions contrôlées. L'expression provient du fait que l'administration et le système légal romain pacifiaient les régions qui avaient souffert des querelles entre chefs rivaux. Pendant ce temps Rome livrait toujours bataille contre les peuples et les tribus en périphérie, notamment les peuples germaniques et parthes (nord-est de l'Iran). Il s'agit d'une ère de relative tranquillité, pendant laquelle Rome n'éprouva ni guerre civile majeure, telle que le carnage perpétuel du Ier siècle av. J.‑C., ni de grande invasion, du type de la deuxième guerre punique du siècle antérieur. Cette période est généralement considérée comme avoir duré de -29, quand l'empereur Auguste a déclaré la fin des grandes guerres civiles du premier siècle, jusqu'en 180 à l'annonce de la mort de l'empereur Marc-Aurèle.

Ce n’est pas un hasard, si le Machiah d’Israël vient dans le monde à cette période précise. Non pour restaurer un royaume terrestre, mais celui du ciel. Car c’est dans le domaine des idées qu’une guerre totale va commencer, afin d’investir l’esprit des hommes et conquérir leurs cœurs. Les premiers à en être informé ne seront pas les représentants du Sanhédrin qui est l'assemblée législative traditionnelle du peuple juif ainsi que son tribunal suprême qui siège à Jérusalem, mais les prêtres du monothéisme persan qui tend à se diffuser dans tout l’empire en toute discrétion.

Il convient tout d’abord de rectifier des erreurs fondamentales qui affirment que les mages étaient des rois,  Melchior étant blanc, Gaspard jaune, Balthazar noir, symbolisant ainsi l'ensemble de l'Humanité. C’est une légende catholique sans aucun fondement. L'Evangile selon Mathieu rapporte qu'à l'époque de la naissance de Jésus des mages arrivèrent qui venaient de l'Orient, sans en préciser le nombre. Selon toute probabilité ces voyageurs spirituels appartenaient à une religion extrêmement antique dont la figure la plus connue des historiens est celle d'un sage nommé Zarathoustra (Zoroastre). Mais les mages qui vinrent en Palestine, n’étaient pas les prêtres d'Ahura-Mazda dieu suprême de l’ancienne Perse, celle du mazdéisme et du zoroastrisme, mais les prêtres d’une divinité apparue des siècles avant Zoroastre, un Yasata, un esprit céleste qui était déjà révéré des peuples indo-iraniens: il portait le nom de Mithra.

Mithra était un dieu solaire, mais aussi un sauveur des hommes. Il vint d'Iran par le canal des Phrygiens, et trouva probablement son origine plus lointaine dans le dieu indien védique Mitra, " l'Ami ". Son culte est apparu vers le ~5ème siècle et a donc précédé le christianisme  de plus de 600 ans. Il fut tardivement célébré dans le monde hellénistique qui tendit à l'assimiler à Hermès. Mithra joua d'abord un simple rôle de médiateur entre Ahriman, le Mal, et le Dieu suprême, Ahura Mazdä, la Lumière du Soleil. Il grandit ensuite et en vint presque à l'égaler. "Je le créai aussi digne de sacrifices, aussi digne de prières que Moi-même, ‘Ahura Mazdä. (Avesta, Yasht 10, strophe 1). Mithra était une lumineuse image du Soleil, violent et guerrier, impossible à vaincre. Il fut même assimilé tardivement au Sol Invictus d'Aurélien. Son culte ne se répandit dans l'Empire qu'à partir de 90, mais son importance devint ensuite très grande, surtout chez les militaires. Voyons donc le mythe. Sur l'ordre du Soleil, apporté par un corbeau, Mithra est associé au salut du monde en mettant à mort un taureau qu'Ahriman vient d'infecter pour vicier la source universelle de la vie. En sacrifiant l'animal, il répand son sang éternel avant qu'il soit corrompu. De cet épanchement, Mithra fait naître les plantes et les autres créatures. Il arrache ses proies à l'Esprit du Mal et monte ensuite sur le char du Soleil. Il est donc à la fois démiurge et sauveur, et par ce baptême de sang, ses fidèles obtiendront l'éternité.

Le culte à Mystère de Mithra,(Mithriacisme ou Mithraïsme), ne se reliait pas aux antiques religions agraires. Il était associé à un dieu solaire transcendant qui intervenait dans les affaires du Monde. Le mythe se retrouve sous diverses formes dans d'autres religions, car il s'agit d'une divinité très ancienne. Á l'origine, c'était un dieu iranien bienveillant qui protégeait les justes, et on l'identifie dans l'Hindouisme à côté d'Indra, dans le Zoroastrisme d'Ahura Mazda et, peut-être, dans le Manichéisme. Le culte procédait d'un syncrétisme associant diverses croyances moyen-orientales. Mithra était toujours représenté portant un bonnet phrygien et tuant un taureau. Á partir de la Grèce, le culte fut importé à Rome par les légions, et au premier siècle, le Mithra grec devint le "Mithras" romain, identifié dès le 1er siècle. Son culte avait lieu dans un temple appelé "mithraeum".

 Ce que nous savons sur le mithriacisme est fondé sur l'iconographie, sur des peintures et surtout des sculptures, car quasiment aucun texte sacré n'est parvenu jusqu'à nous. Cette religion se présente comme un livre d'images sans commentaires et sans explications qui permettent d'en décrypter la doctrine.   Dans l'interprétation qu'en donnent les Romains, le mithriacisme repose sur une conception mythique de l'histoire de l'univers. A l'origine, un dieu, Saturne, sort du chaos. Puis il désigne un successeur, Jupiter, à qui il remet l'insigne du pouvoir absolu : la foudre. Pour combattre le mal, présenté sous la forme d'une sécheresse qui détruit la vie, naît Mithra, qui surgit d'un rocher tenant une torche et un glaive. C'est à lui de veiller sur l'ordre du monde, d'assurer sa survie en luttant contre les esprits mauvais, en le sauvant de la sécheresse, de la soif, de la mort des troupeaux ; il va en effet procurer l'eau en faisant miraculeusement jaillir une source d'une paroi rocheuse. Puis il se met à la poursuite du taureau dont le sacrifice redonnera au monde la force vitale.

Le taureau étant le symbole de la divinité au Moyen-Orient, en le tuant c’est le principe du divin polythéiste qui est effacé pour être remplacé par monothéisme. Mithra est ainsi un dieu sauveur - sur le plan matériel aussi bien que spirituel, et son geste d'immolation du taureau a une dimension cosmique : " Le sacrifice est le fait non des hommes, mais des dieux, et c'est un acte de création : le sacrifice fonde le monde. " Le culte de Mithra, en passant de l'Orient à l'Occident, est devenu, à l'instar d'autres cultes grecs, une religion à mystères. Lors de son initiation, le futur adepte (le néophyte), passant de l'obscurité à la lumière, meurt symboliquement, puis renaît à une vie autre.

Jean-Baptiste a précédé le Messie, car il était écrit dans le livre du prophète Isaïe:  "Voici que j'envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route", car il fallait que les cœurs soient préparés pour recevoir le Verbe divin. De la même manière l’adversaire préparait les cœurs au travers des nouvelles religions à mystères, qui impliquaient que l’adepte s’engage totalement pour accéder au salut de son âme. La trajectoire spirituelle des deux chemins religieux allait se croiser quand Jésus-Christ vint sur terre.  Immédiatement le combat allait s’engager.  Si le Seigneur a utilisé les mages pour annoncer la nouvelle au monde de la venue du Messie, c’est que la portée de cette nouvelle devait être universelle. Aussi bien chez les juifs que les païens, que chez les anges. Le diable a bien compris le message. Le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem, ordonné par Hérode peu après la naissance de Jésus, prouve sa détermination à éliminer l’intrus et une lutte à mort commence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Comme je ne veux plus perdre du temps à répondre aux commentaires inutiles j’ai activé le filtre.