Il est intéressant maintenant de suivre l’adversaire dans
son cheminement, qui va le mener à « construire » sur terre ce que le
Seigneur appelle le Royaume de Dieu. Constantin a légalisé la chrétienté et
chercha à l’organiser selon sa vision du monde. Les évêques comprirent rapidement
tout l’avantage qu’ils pourraient tirer en s’appuyant sur les autorités terrestres et ils s’organisèrent
en conséquence.
Du point de vue de l’administration civile, l’Empire
romain est divisé en provinces, chacune étant dirigée à partir de sa métropole
(littéralement « ville-mère », en grec). Du point de vue de
l'administration des églises, cette désignation ne s'applique qu'à Rome, Antioche,
Alexandrie, Nicomédie puis Constantinople qui la remplace. À la fin du IIIe siècle
ou au tout début du IVe siècle, l’évêque de chaque métropole, ou métropolite,
a pris de l’ascendant sur les autres évêques de la province. Le simple fait que
les évêques aient pris de l’ascendant dans l’Eglise, démontre bien la dégénérescence
précoce d’une partie de la chrétienté, car avant le christianisme, le terme évêque
était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs (ce mot est la
meilleure traduction) dans les domaines, civil, financier, militaire,
judiciaire. Les premières communautés chrétiennes étaient édifiées selon le
modèle définit par les apôtres ; Ephésiens 4 : 11 Et il a
donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme
évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, 12 pour le perfectionnement des saints en vue de
l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ. Les diacres et
les évêques n’étant donnés que pour l’administration des biens terrestres. Le
simple fait que les évêques soient devenus des conducteurs spirituels, témoigne
en soi que l’Esprit Saint avait déjà quitté une partie de l’Eglise dès le IIIe siècle.
Il est évident que c’est sur cette partie de l’Eglise que Satan va alors porter
toute son action.
En 325, le Concile de Nicée entérine cet état de
fait : nul évêque ne peut ordonner un prêtre ou un autre évêque sans
l’accord de son métropolite. Le même concile affirme aussi, pour trancher le
conflit mélitien et en se référant, dit-il, à un usage déjà constitué, que
trois métropolites ont des compétences qui dépassent le cadre de leur province,
ceux d’Alexandrie, de Rome et d’Antioche. Les conciles de Constantinople (381)
et de Chalcédoine (451) accordent le même statut de « super
métropolite » (ce qui devait devenir la dignité de patriarche) aux sièges
de Jérusalem et de Constantinople. Le premier échappe au pouvoir d’Antioche, arien,
et devient autonome, le second obtient un rang égal à celui de Rome, celui-ci
ne gardant qu’une « primauté d’honneur ». Ce système est calqué sur
l’administration civile : Constantinople est la capitale de l'empire
d'Orient, Rome se veut son égale en Occident - insistant spécifiquement sur une
première place symbolique - tandis qu'Alexandrie demeure une capitale
économique incontournable.
L’organisation de l’Eglise catholique se précise donc de
plus en plus au fil des siècles, ainsi que celui de l’esprit antéchrist qui l’anime.
Car après avoir imposé l’évêque comme chef spirituel dans la communauté
chrétienne, ils vont nommer comme chef des évêques un « père », alors
que Jésus a expressément interdit cela : Mat 23 : 9 Et
n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père,
celui qui est dans les cieux. Malgré cela, le premier évêque de Rome auquel
est attribué le titre de « pape » (pp), au début du IVe siècle, sur le cubiculum d'un diacre nommé Severus
est Marcellin (296-304) ; on y trouve l'inscription « jussu pp
[papae] sui Marcellini ». Néanmoins le titre sera encore utilisé pour de
nombreux évêques - comme le montre la désignation « Papa urbis Romae
(aeternae) » (Le pape de la ville (éternelle) de Rome) et ce n'est qu'à
partir du VIe siècle qu'il désigne plus
spécifiquement l'évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de
Constantinople qui utilise ce titre pour les évêques romains qui eux-mêmes
adopteront ce titre à partir de la fin du VIIIe siècle.
A la fin du Xe siècle, au cours
d'un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l'archevêque Arnolfe
II de Milan de ne plus utiliser le titre et c'est Grégoire VII (1073-1085) qui
édicte un Dictatus papae réservant l'usage du terme à l'évêque romain.
L’esprit antéchrist ayant inversé les rôles dans la direction de l’Eglise en donnant la primauté à l’évêque puis à un pape, il fallait verrouiller cette nouvelle administration en lui donnant un semblant de coloration biblique. Le prestige éminent de la position de l'évêque de Rome dans la chrétienté depuis l'antiquité paléochrétienne réside avant tout en la présence supposée des tombeaux de Pierre et Paul de Tarse dans cette ville, l'un au Vatican, près de l'ancien cirque de Néron, et l'autre sur la via Ostiense, aux portes de Rome. Dans les premiers siècles de notre ère, Rome devient ainsi ville de pèlerinages « ad limina apostolorum ». L'Église romaine a toujours revendiqué une fondation apostolique qui sera utilisée pour revendiquer l'autorité magistérielle dont elle se prévaut et que les titulaires du siège de Rome affirment à la suite de l'évêque Libère (352-366), le premier à utiliser l'expression de « Siège apostolique » (Sedes apostolica).
Partant du Siège apostolique, la théologie catholique
fait remonter la lignée des papes à l'apôtre Pierre. Elle affirme que le rôle
de l'apôtre de présider à l'unité de l'Église a été énoncé par le Christ, ce
qui s'exprime dans l'évangile de Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église... je te
donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Mt 16. 18-19) et dans l'évangile de Jean, par les
paroles : « Simon [Pierre],
(...) Pais mes agneaux... Pais mes brebis ». Mais ni Jésus, ni l’apôtre
Pierre lui-même, n’ont jamais affirmé que Pierre fût le chef désigné de l’Eglise,
bien au contraire. Il s’agit là d’une des perversions la pire, de l’esprit
antéchrist qui anime le catholicisme. Car il faut revenir à la source du texte,
pour comprendre que c’est exactement du contraire dont il s’agit.
Pour comprendre le
sens du propos de Jésus, il faut revenir
à ce qui est un jeu de mots en hébreu par allitérations : Les paroles
« Heureux es-tu, Simon fils de
Jonas… Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » se
disent en hébreu : « ashreikha
shim’on benyona… atah eben veal eben zo ebneh benyoni ». Le mot
"pierre" possède une forte symbolique de transmission
de la Tradition de "père en fils". Le simple mot:
Eben (אָבֶן)
porte en lui cette notion: אָבֶ AB: c'est
le Père, בֶן,
BN: c'est le Fils. D'où l'idée que le lien entre un père et son enfant est
indestructible. Cette notion essentielle nous renvoie donc directement au
verset précédent : 16 Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le
Fils du Dieu vivant. Jésus commente donc la réponse de Pierre et en aucun
cas ne l’investit comme chef de l’Eglise. Au contraire, Jésus explique à Pierre
que l’Esprit Saint lui a révélé qui Il était réellement et que c’est sur cet
Esprit, cette révélation, que l’Eglise doit se bâtir. Cela se traduit en
filigrane dans le reste du texte en hébreu. La métaphore assimilant la
conception d’un enfant à celle d’une maison, d’un bâtiment ou d’une idée est
consubstantielle à l’hébreu biblique. En hébreu BN, ben, c’est “fils », BNH,
boneh, c’est construire, BYNH, bynah, c’est l’intelligence. BT, bat, “fille”,
est proche de BYT, bayt, “maison” (et de “bâtir” en français). Il y a dans la
Bible hébraïque d’innombrables assonances et allitérations qui jouent sur ces
proximités et disparaissent à la traduction. D’ailleurs comment l’apôtre interprète-t-il
lui-même toutes ces choses. 1 Pierre 2 :
4 Approchez–vous de lui (Jésus), pierre
vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu (nous
voyons ici que Jésus est identifié à une pierre vivante. Il est le Rocher.
Observez maintenant le v. 5) ; 5 et vous–mêmes
(vous, chrétiens), comme des pierres
vivantes, édifiez–vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce,
afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus–Christ.
Avec le catholicisme, son ancrage à Rome et son pape y régnant,
Satan a reconstitué sur terre l’ancien modèle religieux corruptible, qui
prévalait en Judée du temps de Jésus. Cette gouvernance terrestre s’accentuera
encore au fil du temps en cherchant à donner au pape de Rome, la gouvernance
totale sur toute la chrétienté. À la fin du Ve siècle,
Gélase Ier envoya à l'empereur Anastase une lettre dans laquelle il réaffirme
comme le pouvoir des rois et celui des évêques sont dissociés, celui des
évêques prévaut. A la victoire religieuse, Satan s’acharnera désormais à
obtenir la victoire politique un investissant le pouvoir séculier. La chute de
l’empire romain va lui donner l’occasion de s’exprimer dans un nouveau
registre, celui du monde chrétien.
Clovis régna de 481 à 511, c'est le plus célèbre des Rois
Mérovingiens. Grâce à lui, la France se convertit au Christianisme. En 496,
l'église catholique est dans une situation précaire, son existence est fragile,
et n'avait que peu de pouvoirs et avait besoin d'un soutien puissant. La
soudaine conversion de Clovis fut l'œuvre de sa femme Clotilde, fervente
catholique, et de son confesseur St-Remy, qui servit d'intermédiaire entre Rome
et Clovis. L'accord qui eut lieu en 496 était pour Rome une victoire politique
qui assurait la survivance de son église sur tout l'Occident. En échange,
Clovis obtient l'autorisation de régner sur un "St-Empire Romain".
Clovis fut baptisé par St-Remy en 496 à Reims, et prononça : " Mitis
depone colla, Sicamber, adora quod incendisti, incendi quod adorasti." (Dépose tes colliers, Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as
adoré).
La dynastie mérovingienne se maintient sur le trône avec
des "rois fainéants" trop jeunes pour posséder une quelconque
autorité. Le pouvoir était alors dans les mains des différents Maires du
Palais. Pépin le Bref, déposa Childéric III en 751 avec le soutien de l'église,
trahissant le Pacte scellé avec Clovis en 496, et pour l'humilier, on lui coupa
jusqu'à la racine sa chevelure sacrée. Pépin pouvait régner en paix sur le
royaume. Un an auparavant, était paru la "Donation de Constantin", et si l'on sait aujourd'hui qu'il
s'agissait d'un faux maladroitement fabriqué par la chancellerie du pape, il
eut à l'époque une influence considérable. Par cette donation, datée de la
conversion au christianisme en 312, de l'empereur Constantin faisait don à
l'église de la totalité de ses droits et de ses biens. La conséquence fut que
l'évêque de Rome devint pape et empereur à la fois, disposant à son gré de la
couronne impériale et déléguant ses pouvoirs à qui bon lui semblait. L'église
s'empresse de confirmer sa position et celle de Pépin le Bref, en instituant
une cérémonie destinée à consacrer, un nouveau roi. Le pape devient le
médiateur suprême entre Dieu et les rois. Couronné à Ponthion en 754, Pépin le
Bref inaugura la dynastie carolingienne dont Charlemagne, est proclamé St-Empereur
en 800.
Au IXème siècle, pour étayer la nouvelle ecclésiologie
d’un évêque de Rome supérieur à tout l’épiscopat les promoteurs du centralisme
romain vont de nouveau avoir recours à des faux : - les fausses Décrétales (ou décrétales isidoriennes, du nom de leur
auteur, Isidorus Mercator), forgées de toutes pièces afin de soumettre les
évêques au pouvoir de Rome en affirmant mensongèrement que le pontife latin a
depuis le début du christianisme une primauté de juridiction sur l’Eglise tout
entière. Les canonistes romains s’en serviront ensuite pour justifier la
doctrine de la primauté de droit divin du pape et de l’infaillibilité de son
magistère, doctrine qui sera érigée en dogme lors du concile Vatican 1 en 1870.
Les fausses décrétales représentent un ensemble de textes
qui contiennent ce qu’aucun évêque de Rome n’avait osé écrire jusque-là; à
savoir que depuis toujours l’évêque romain se tenait pour l’évêque des évêques
et le chef de toute l’Eglise. Avant le VIIIème siècle existent des décrétales
signées de la main des évêques de Rome. Celles-ci ne traduisent rien d’autre
que ce que l’Eglise indivise avait toujours proclamé par la voix des conciles œcuméniques
(seule autorité légitime reconnue par tous). Puis des clercs inventent des
textes qu’ils datent frauduleusement des temps anciens et apportent ainsi la
"preuve" de l’autorité exceptionnelle d’un évêque de Rome supérieur à
tout l’épiscopat.
Shabbat Shalom !
RépondreSupprimerJe me permet de vous mettre des liens (qui sont en anglais),que vous pourriez trouver interessant, (au cas ou vous n'en n'auriez jamais entendu parler), personnellement je trouve que "ca se tiens" et que ca explique bien des choses.
Voila . Bonne journée :-)
http://www.seawaves.us/na/web4/simonmagus.html
http://www.hissheep.org/catholic/the_discovery_of_peters_tomb.html
http://prorege-forum.com/forum_entry.php?id=224
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Bientot la moisson et la vendange-