Un peu d’histoire avant de parler de l’euro. Une pièce de
monnaie est bien plus qu’une unité monétaire, la symbolique de ses
représentions faciales parle plus à un esprit avisé, qu’à un banquier n’y
remarquant qu’une unité monétaire. Je suis le seul actuellement à mener une
guerre frontale contre le diable, par rapport à sa représentation la plus
subtile et pourtant la plus répandue que représente la monnaie. Jouant sur
l’ignorance, il est facile à l’adversaire d’apparaitre ouvertement sous forme
allégorique sur les pièces et billets de banque actuels. Sa cible prioritaire
est évidemment la monnaie d’échange internationale, car elle est universelle.
Prenez la pièce d’or de 20 dollars américaine, avec
Liberty tenant une torche et une branche d’olivier. Satan aime à se représenter
sous la forme d’une vierge, comme aujourd’hui la vierge Marie catholique. Sur
la pièce de 20 dollars, la figure allégorique serait un syncrétisme d’Athéna et
d’Artémis, les déesses vierges image de la pureté, mais souvent associé à
l’amour physique et la guerre. Le symbole d’Athéna la chouette et l’olivier
comme sur l’euro grec actuel (copie d’une ancienne tétra drachme), nous renvoie
au Parthénon et sa statue chryséléphantine. Bien que le Parthénon reprenne le
modèle architectural du temple grec et soit habituellement qualifié comme tel
dès l'Antiquité ("néôs"), il n'est pas un temple au sens
conventionnel du terme. La statue d'Athéna Parthénos qui occupe la salle
principale à l'est n'est pas une statue de culte mais une offrande : elle
n'a fait l'objet d'aucun rite connu. Périclès la mentionne comme une réserve
d'or : « la statue comporte de l'or affiné pour un poids de quarante
talents et celui-ci peut entièrement s'enlever,» Il implique ainsi que le
métal, obtenu par la fonte de monnaies contemporaines, peut être réutilisé sans
risque d'impiété. Ainsi en cas de guerre, la statue est déshabillée de son or
et transformé en pièces qui paieront les armées de la cité grecque, transformant
de facto le Parthénon en banque. Le Parthénon a donc été conçu comme le trésor
destiné à accueillir la statue colossale d'Athéna Parthénos, œuvre de Phidias,
et les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos.
Mais l’idée n’est pas nouvelle, L’Artémision, le temple
d’Artémis à Ephèse avait déjà cet office, bâti vers 560 av. J.-C. par Théodore
de Samos, Ctésiphon et Metagenès et financé par le roi Crésus de Lydie.
L’Artémision est même considéré comme étant la première banque au monde, car il
était possible d'y déposer de l'argent et de le récupérer plus tard crédité
d'un intérêt. Artémis autre déesse vierge, comme Apollon, est porteuse de
lumière. On la nomme à ce titre « Phosphoros ». Apollon personnifie le Soleil
et la clarté du jour, Artémis éclaire la nuit et brandit une torche, symbole du
luminaire de la nuit, la lune. Ainsi grâce aux représentations allégoriques monétaires,
on peut faire la liaison entre l’occident et l’orient en suivant l’évolution des
dieux et déesses tutélaires des villes et royaumes depuis 650 avant J.-C
approximativement. La Lydie de Crésus en sera le trait d’union le plus remarquable,
car avant d’être absorbée par les Perses elle aura elle-même conquise l’Ionie,
propageant les croyances des uns vers les autres et permettant à la vierge
Ishtar/Astarté de conquérir l’Europe sous les noms d’Artémis, Athéna, Junon et
enfin la Vierge Marie. Le cheminement d’Asie vers Rome en passant par la Grèce,
devient évident.
Grâce à l’abondance d’électrum en Lydie, Crésus va utiliser
pour la première fois ce mélange d’or et d’argent pour inventer les pièces de
monnaie. Qu’est-ce qui fait alors la monnaie et la distingue des morceaux de
métal utilisés depuis longtemps pour les échanges? C’est qu’elle porte un signe
(une gravure, un charactèr diront les
Grecs) imprimé par la frappe, à coups de marteau, d’une matrice (appelée «
coins » en numismatique) sur le morceau de métal vierge (qu’on appelle le flan)
: un des noms du nouvel objet est « marqué d’un sceau » (sèmainomenon), ce qui indique que cette image est porteuse d’une
autorité. Le concept est resté dans la langue: en grec moderne, l’argent non
monnayé se dit toujours asimi, « non frappé ». Le sceau, qui apparaît dès le V
ème millénaire, est considéré par les archéologues comme l’un des marqueurs de
l’apparition des formes primitives d’État. Ainsi, s’il est possible de
reconnaitre le dieu ou la déesse frappé sur une pièce, on peut
approximativement la dater et la situer géographiquement. Une ville ou un
royaume antique est toujours sous la tutelle d’une divinité, avec les premières
pièces de monnaie le sceau divin y étant frappé le prouve.
Lydiens et Ioniens parlant des langues différentes, mais
écrivant dans les mêmes signes alphabétiques, se dotèrent d'une langue non
naturelle commune : les pièces de métal précieux, qui rendirent toutes choses
égales à toutes choses, prirent la place des choses dans les échanges, tout
comme les mots prennent sans cesse et toujours la place des choses dans la
vie. La
monnaie frappée figura donc une sorte de langue, qui disposa de «mots» sous la
forme de globules, puis de pièces. Lorsque Crésus opéra
la coupellation de l'électrum et frappa des créséides d'or et d'argent, il
transforma également l'iconographie; le type précédent, qui donnait à voir une
tête de lion et une tête de bœuf dos à dos et se mêlant au niveau des épaules,
fut transformé en un type nouveau qui montra une tête de lion et une tête de bœuf
séparées et affrontées.
Le taureau figurait dans l'Orient ancien le roi, premier
parmi les animaux qui marchent en troupeaux et illustra très certainement l'or
sur les créséides - or identifié au soleil, métal du roi en Mésopotamie, dont
l'origine est le sperme du dieu Marduk de Babylone, représenté par un taureau
sur la porte d’Ishtar. L’argent y représenta certainement la déesse Artémis,
associée à la lune et dont le symbole le lion renvoie également à l’Ishtar
babylonienne représentée sur la porte processionnelle de Babylone sous le
symbole du lion. Le lion et le taureau des créséides dévoilent des cultures qui
sont d’abord adossées les unes aux autres, puis qui vont se faire face dans la
guerre. Les dieux et les rois d’abord unis, s’affrontent avec le temps, comme
les grecs et les perses, les grandes figures de l’époque, représentant l’Orient
et l’Occident.
Les emblèmes
animaliers des créséides font plus que rendre visible la séparation de l'or et
de l'argent, ils montrent que les métaux précieux entretiennent des rapports
non seulement avec le monde des dieux, mais avec le corps des dieux des deux
côtés de la Lydie, entre l’Orient et l’Occident. D’abord les relations
commerciales rapprochent les peuples et les cultures, puis les plus riches
commencent à conquérir les voisins et les absorbent en y imposant leurs
croyances religieuses. Les lydiens, inventeurs de la monnaie,
"livrent à la prostitution leurs enfants de sexe féminin",
selon Hérodote, perpétuant en cela les traditions babylonienne. La
prostitution, qui a lieu dans les temples, est une forme de sacrifice : elle tend
à raffermir le pouvoir du signe, ici de la monnaie. L'Artémis éphésienne,
d'origine anatolienne et héritière du culte de Cybèle, n'est pas totalement
assimilable à l'Artémis grecque. Car l’Artémis éphésienne présidait à l'existence
d'un collège de prostituées sacrées (hiérodules) attachées à son temple à
Ephèse, ce qui ne sera pas le cas chez les grecs.
De fait, à l’inverse de la chaste et classique Artémis grecque, celle d’Ephèse se livre à l’amour sans retenue (elle
présidait d’ailleurs un
collège de prostituées sacrées nommées « hiérodules » et attachées à
son temple d’Ephèse) et
apparaît, en outre, comme une mère nourricière, de même que comme une déesse de
la végétation, son origine est donc clairement orientale et se rapproche plus
d’Astarté/Ishtar que de la Diane romaine. L’Artémis d’Ephèse
est donc, à l’instar de
Cybèle ou Ishtar, une déesse de la fertilité. On crut ainsi, assez logiquement,
que les protubérances qui apparaissent en nombre sur sa poitrine à Ephèse, étaient
autant de mamelles nourricières. On s’aperçut par la suite qu’il s’agissait
vraisemblablement de testicules de taureaux, symboles renvoyant aux sacrifices
de taureaux, symbole de fertilité.
Dans le cas de la prostitution sacrée lydienne, les
prêtres jouent probablement le rôle de premiers banquiers : ils font circuler
les pièces que reçoivent les prostituées sacrées en paiement de leurs services.
Les premières monnaies frappées deviennent donc le trait d’union dans les
temples entre le prêtre qui les vend et la divinité représentée sur ces pièces.
L’une des causes de l’invention de la monnaie frappée serait de nature rituelle
et sacrificielle, typifiant l’achat d’une femme qui se prostitue pour la déesse,
ou le substitut du sacrifice d’un taureau pour obtenir la faveur de la déesse.
Il est remarquable de savoir que les monnaies archaïques
d’électrum aient fort peu circulé. La circulation ne fut pas leur cause
première, car tout se passait dans le temple. Ainsi la monnaie remplaça le
rituel qu’on pouvait acheter avec le sceau frappé du dieu. Ces monnaies
sacrificielles de par leur côté pratique d’échange perdirent leur sacralité à
partir du moment où on commença à les utiliser en-dehors des temples pour des
utilisations profanes. Il vint un moment où on ne paya plus que des prostituées
sacrées ou des taureaux pour le sacrifice avec les monnaies sacrées, mais on les
utilisa hors du temple pour des échanges marchands, en espérant la faveur des
dieux représentés sur leurs faces. La divinité monétaire et sa valeur sacrée
sortit alors du temple pour se diffuser dans tout le pays. C’est alors tout le
pays et ceux qui y vivent qui se retrouvèrent sous le sceau d’une divinité
tutélaire, celle du dieu représenté sur la monnaie en circulation. Le clergé
n’y étant pas hostile, puisque les temples étaient les banques émettrices et
que cela leur assurait des revenus immenses.
Comme la Bête de l’Apocalypse est composée de 7 royaumes,
qui sont aussi 7 époques, on peut suivre l’évolution de la Bête dans son unité
d’esprit par le biais monétaire. Comme les ioniens faisaient le lien entre la
Perse et plus loin avec Babylone, la suite se fera par les grecs, puis les
romains, toujours dans le même esprit. Dans la mythologie romaine, Junon,
en latin Juno, est la reine des dieux et la reine du ciel. Fille de Rhéa
et de Saturne, elle est à la fois sœur et épouse de Jupiter. Protectrice des
femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de
voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient
l'emblème : la pomme de grenade. Nous retrouvons là, les grands traits de
Satan qui se cache derrière une reine du ciel. Elle présidait aussi à la
monnaie. De nombreuses monnaies romaines à la légende Ivno regina
représentent Junon debout, parfois voilée, tenant une haste et sacrifiant à
l'aide d'une patère, un paon quelquefois à ses pieds. D'autres, au revers Ivno
victrix, montrent une Junon victorieuse, tenant un casque et une lance,
avec un bouclier et parfois un captif à ses pieds.
A Rome, son temple était construit sur le Capitole à côté
du temple de Jupiter Capitolin et contenait les bureaux de la monnaie où
étaient fabriquées les pièces et conservées les précieuses matrices, ancêtres
de la planche à billet. JUNON était reine et mère, proche de JUPITER, le dieu
des dieux. A partir de -269, elle reçut le surnom de MONETA, celle qui avertit,
parce que les dirigeants romains voulurent avertir le monde entier de la
prochaine puissance de ROME. C’est en effet à cette époque, et près de son
temple sur le CAPITOLE, que les Romains décidèrent de créer un atelier de fonte
pour la fabrication de la monnaie métallique. Et c’est avec ce moyen qu’ils
imposèrent rapidement leur puissance militaire et organisationnelle au
"monde entier". Depuis lors, personne n’échappe au "piège
monétaire" (monétaire venant de "moneta"). Le temple a
entièrement disparu. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui l’Eglise S. Maria
de l’Ara Coeli où la nouvelle reine du ciel assure la transition.
Santa Maria in Aracoeli, littéralement Sainte Marie de
l'autel du ciel, à l’origine appelée Santa Maria in Capitolo, fut bâtie par des
moines byzantins au VIème siècle sur les fondations de l'ancien temple de Junon
Moneta, au nord de la colline du Capitole, à l'endroit où la Sibylle de Tibur
aurait prédit à l'empereur Auguste l'avènement prochain du Christ. Auguste fit
alors construire un autel à l'endroit où il avait eu la révélation, l'ara
coeli. L'église comporte trois nefs, divisées par 22 colonnes romaines qui sont
toutes différentes les unes des autres car prélevées sur différents
bâtiments romains antiques du Forum et du Palatin. Il est évident que l’Eglise
cherche par ce symbole à assurer la continuité de l’autorité de Rome en la
confiant à son représentant, le pape.
La source mystique du thème remonte à l'instauration sous
Auguste de la paix universelle. A partir du V siècle la littérature catholique
réinterpréta dans un sens christologique l'espoir dans un retour à l'âge d'or. L’histoire
raconte que l’empereur Octave-Auguste agenouillé adorant l’apparition de la
Vierge à l’Enfant que lui indique du doigt la Sibylle de Tibur. Nous sommes
dans un palais somptueux, l’empereur est en grand apparat, son couvre-chef est
à ses pieds ; la prophétesse est une jeune femme, escortée de deux
suivantes, elle est aussi parée de ses plus beaux atours et porte sur la tête
une coiffe très orientale. Au loin, par la fenêtre, sous l’apparition, se
devine une église qui ne peut être que celle d’Ara Cœli à Rome. La légende
prétend que le Sénat romain, pour récompenser l’empereur d’avoir donné la paix
au monde, proposa de le diviniser. Mais celui-ci voulut d’abord demander à la
Sibylle de Tibur (Tivoli) si le monde verrait naître un homme plus grand que
lui.
Or le jour de la Nativité du Christ, comme la Sibylle
était avec l’Empereur sur le Capitole, elle vit apparaître en plein midi un
cercle d’or autour du soleil et au milieu du cercle rayonnait une vierge d’une
beauté merveilleuse portant un enfant sur son sein. Et une voix se fit entendre
disant : « Celle-ci est l’autel du Ciel (Hæc est ara Cœli). » La
Sibylle, montrant ce prodige à l’empereur Auguste, lui dit alors :
« Cet enfant sera plus grand que toi. » L’empereur renonça alors à se
faire déifier. Il s’agenouilla et rendit hommage à l’Enfant divin comme un
vassal à son suzerain. Un autel aurait été édifié sur le Capitole par ses soins
à l’emplacement où s’érigera plus tard l’église Ara Cœli. Cette légende
d’origine purement locale se répandit au Moyen-Âge par la Légende dorée.
Nous avons ainsi grâce à l’Eglise de Rome et son faux
prophète le pape, une continuité historique qui se fait de déesse en déesse
païenne depuis Babylone, pour donner à Satan une divinité usurpée au travers de
la reine du ciel et mère des dieux et qui se manifeste dès que les premières
monnaies font leur apparition. Les premières pièces qui apparaissent dans les
temples, matérialisent les croyances et expriment visiblement l’autorité de
tutelle des dieux frappés sur les pièces. Les pièces frappées du sceau de la
divine déesse et reine du ciel est bien plus qu’un simple outil d’échange
économique, il est la marque d’un don et de l’antique sacrifice réalisé au
temple. La monnaie, le temple et la déesse sont unis subjectivement dans l’antique
corps des dieux que représente l’or. Dématérialisé aujourd’hui, subsiste le
principe directeur religieux qui existait autrefois et qui persiste toujours.
Nous verrons cela au prochain chapitre.
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