http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Aujourd'hui la Pentecôte...

mercredi 4 juin 2014

Aujourd'hui la Pentecôte...

Chavouot (Pentecôte) dans la tétrade est l’occasion d’un recadrage et d’un recalage temporel d’une dimension spirituelle équivalente à celle de mon article précédent sur le sens shabbat. Aujourd’hui juifs et chrétiens ne partagent plus les mêmes jours de fêtes de Pâque et de la Pentecôte. La division est devenue la marque de fabrique des religieux. Pourtant Dieu est passé par-dessus cela. Car par UN sang, celui du Christ versé le jour de Pâque, Dieu forme UN corps, unis dans UN même Esprit le jour de la Pentecôte. Et pourtant la fête de la Pentecôte est devenue presque le symbole de la division.

Chavouot est une fête très particulière dans le sens où elle n’est pas dépendante d’elle-même, mais d’une conjonction de facteurs extérieurs à elle-même et qui lui donne sens que si la fête y est reliée. Par exemple, Chavouot n’est pas fixée dans le calendrier hébraïque à une date fixe, mais demeure intégralement liée à une autre fête, ainsi que l’énonce Lev. 23, 15 : « Puis, vous compterez chacun, depuis le lendemain du shabbat, depuis le jour où vous aurez offert l'omer du balancement, sept semaines, qui doivent être entières. » L’expression mi-mo’horate ha-shabbat, « depuis le lendemain du Shabbat », au début du verset, fut l’objet d’une intense controverse entre pharisiens et sadducéens, puis entre guéonim et karaïtes et aujourd’hui entre les juifs et chrétiens. D’une certaine manière, la détermination de la date de Chavouot est devenue une manière de se déterminer par rapport à un courant de pensée et de pratiques religieuses précises. La chose étant particulièrement importante du temps de Jésus, car elle opposait deux courants du judaïsme qui se détestaient et s’affrontaient idéologiquement et politiquement, les pharisiens et les sadducéens. Chavouot étant la fête où les uns et les autres se départageaient particulièrement. Donc loin d’être la fête de l’union nationale autour du Temple de Jérusalem, c’était devenu la fête de la division du judaïsme. Un peu d’Histoire est nécessaire pour comprendre comment on est arrivé à cette situation.

Outre qu’il est la religion du Dieu unique, le judaïsme d’avant 70 est la religion d’un seul Temple : celui de Jérusalem, capitale de la Judée. Reconstruit en même temps que les murailles de la ville à l’époque perse ; re-consacré par les Maccabées suite à « l’abomination de la désolation » – après que le roi grec Antiochos IV a tenté d’helléniser de force la Judée ; somptueusement restauré par Hérode à l’époque de Rome, le Temple organise la vie juive, à Jérusalem, en Judée et dans toute la diaspora. Pour les Judéens il est naturellement le centre de toute leur vie religieuse, spirituelle et rituelle : il n’est de culte qu’au Temple et aucun sacrifice sanglant (zebah), aucune oblation végétale (minha), ne peuvent être consacrés et offerts en aucun autre lieu. Pour les Juifs résidant un peu plus loin, par exemple en Galilée, le Temple est le lieu géographique autour duquel on se rassemble lors des trois grandes fêtes annuelles de pèlerinage (hag) : les deux fêtes du printemps, Pâque et Chavouot (Pentecôte) ; et celle de l’automne, Souccot (les cabanes). Ces fêtes rassemblaient une telle population à Jérusalem qu’elles furent souvent l’occasion d’émeutes et de soulèvements contre l’occupant romain, selon Flavius Josèphe le grand historien de la Judée au Ier s. de notre ère. A tous ceux-ci, s’ajoutait les juifs de la diaspora et les gentils (prosélytes) qui venaient peut-être qu’une seule fois dans leur vie à Jérusalem pour honorer Dieu au Temple.

Le Temple était donc le cœur battant du peuple juif du temps de Jésus. Associé au Temple, la classe sacerdotale des prêtres tenait une place prépondérante, ce qui leur assurait un certain nombre de privilèges qui vont conduire à des excès de plus en plus grands, jusqu’à ce que la corruption les gagne au point d’être détesté du peuple. La chose prit particulièrement de l’ampleur avec les rois hasmonéens. Après la révolte des Macchabées, les rois hasmonéens ont bâti à partir de -152 un véritable État, en profitant de la rivalité entre deux rois séleucides. Jonathan se fait ainsi accorder non seulement des titres à la cour séleucide, mais aussi la fonction de Grand-Prêtre (à laquelle il n'avait aucun droit) et d'ethnarque (c'est-à-dire chef du peuple) des Juifs, c'est-à-dire l'unique interlocuteur du pouvoir royal. Les pharisiens condamnaient cela et la rivalité vis-à-vis  des sadducéens allait en grandissant au fil du temps, à cause de leur soutien aux rois Hasmonéens. Le dernier grand-prêtre roi hasmonéen avant la prise de contrôle par les Romains, Alexandre Jannée verra sa légitimité mise en doute par les pharisiens. Le roi répond par des massacres dans lesquels périssent six mille personnes. En 88, Alexandre Jannée se décide à négocier avec les pharisiens révoltés. Ceux-ci refusent toute discussion et fortement opposés à lui, avaient appelé le roi séleucide de Syrie Démétrios III pour qu'ils viennent le renverser. Après avoir repoussé les envahisseurs, il avait fait crucifier huit cents pharisiens, faisant égorger leurs femmes et leurs enfants devant les crucifiés pendant leur supplice, alors que lui-même et ses concubines assistaient à la scène comme à un spectacle tout en banquetant. Terrifiés, huit mille opposants s’enfuient en exil. Avant de mourir, Alexandre Jannée se résout à la séparation des pouvoirs que demandaient les pharisiens pour limiter l'omnipotence du grand-prêtre roi. Il lègue la royauté à sa femme Alexandra Salomé qui était acquise au parti pharisien. Alexandra donne le pontificat à son fils aîné Hyrcan II et fait entrer les pharisiens au Conseil.

Après la mort de Salomé Alexandra en -67, une  guerre civile éclata entre ses deux fils Hyrcan et Aristobule, partisans l'un des pharisiens, l'autre des sadducéens. Hyrcan ajoute à sa fonction de grand-prêtre, la couronne de roi, mais son pouvoir est violemment contesté par son jeune frère Aristobule. Celui-ci, à qui Alexandra avait confié son armée, écrase les partisans de son frère près de Jéricho, puis prend possession de Jérusalem. Hyrcan, assiégé dans le Temple avec ses partisans. Les deux frères se rencontrent dans le Temple et passent une alliance : à Aristobule revient la royauté et à Hyrcan la charge de grand prêtre. Mais le conflit entre les frères reprendra de plus belle, jusqu’à l’arrivée de Pompée qui assiège Jérusalem, prend le Temple après un siège de trois mois dont l'assaut final se conclut en carnage contre les partisans d'Aristobule(-63). L'imperator pénètre même dans le Temple et constate éberlué que le Saint des Saints, où seul le Grand-prêtre a le droit d'entrer une fois par an, est complètement vide. Le lendemain, il remet officiellement le titre de Grand-prêtre à Hyrcan II, en même temps que la garde du trésor. La Judée est désormais assujettie à Rome : Hyrcan n'a plus le droit d'user du titre royal et il s'engage à payer aux Romains un tribut annuel au nom des Juifs. C'est la fin de l'indépendance juive gagnée un siècle plus tôt sur les Séleucides. » Le royaume hasmonéen a vécu et est démembré. Les Grands-Prêtres sous l’autorité de Rome sont considérés comme des collaborateurs des Romains. C’est donc au sein d’une nation juive profondément divisée religieusement, que Dieu envoya Son fils pour sauver Son peuple. Les sauver non des Romains, mais des religieux.

Les prêtres ou sacrificateurs étaient partagés en vingt-quatre classes ou familles créées par David, et chaque semaine, l'une d'elles desservait le Temple à son tour. La classe d'Abia, par exemple, à laquelle appartenait Zacharie, père de Jean-Baptiste, occupait le huitième rang. Cet Abia descendait d'Eléazar, fils d'Aaron. Mais tous ceux qui portaient le nom de prêtres ne servaient pas au Temple, car toute la race d'Aaron faisait partie du sacerdoce et quiconque descendait du premier souverain sacrificateur ou était censé en descendre était prêtre. Ceux-ci étaient donc en quantité innombrable, et la plupart étaient pauvres, ignorants, grossiers. Leur instruction religieuse était le plus souvent nulle ou à peu près. Ils formaient un immense bas clergé fort peu intéressant, n'ayant aucun prestige et n'exerçant plus même l'ombre d'une autorité quelconque. Ils appartenaient aux classes inférieures, ils n'avaient point fréquenté les écoles des scribes, ils étaient de race sacerdotale par leur naissance et c'était tout. Jamais les hauts fonctionnaires ne leur donnaient l'argent des dîmes, et ils s'unissaient au peuple pour haïr les souverains pontifes. Il n'arrivait jamais qu'un de ces membres du bas clergé fût appelé au service du Temple ; le Sanhédrin qui était chargé de choisir les sacrificateurs dans la foule des prêtres de toutes conditions, qui était « juge du sacerdoce », se serait bien gardé de nommer un de ces « prêtres du peuple ». Pour trouver grâce devant lui il fallait être riche; alors il vous reconnaissait « sans tache ». Une fois reconnu tel, le nouvel officiant était vêtu de blanc, il pouvait sacrifier avec les prêtres ses frères, et on célébrait un jour de joie « parce qu’on n'avait pas trouvé de tache chez un des descendants d'Aaron, le souverain sacrificateur. »

Ce n'était pas seulement les prêtres pauvres et d'un ordre inférieur qui étaient ignorants. Toute la caste sacerdotale passait pour ne plus connaître que les formes du culte. Les sacrificateurs récitaient quand il fallait réciter, chantaient quand il fallait chanter, et offraient des sacrifices quand il fallait en offrir ; mais les discussions religieuses, l'étude des textes, les commentaires de la Loi, étaient au-dessus de leur portée. L'antique autorité du sacerdoce n'existait plus et le prêtre ne pouvait, plus en imposer qu'au pèlerin venu de loin et qui ne le connaissait pas. Il n'avait de place qu'à l'autel ; le premier venu qui savait un peu parler le supplantait à la synagogue. Ceux qui officiaient au Temple devenaient vite riches, car ils vivaient de l'autel et se posaient d'ordinaire en saducéens convaincus, soit des nobles liés au Temple. Ennemis des nouveautés, conservateurs par intérêt, ils se tenaient loin des docteurs de la Loi qui devenaient toujours plus nombreux et de redoutables concurrents, s’étaient les pharisiens.

A la tête du collège sacerdotal était le Grand-Prêtre dont l'avilissement dépasse toute idée. Il était toujours saducéen, car depuis des siècles les Tsadokites trafiquaient de la charge suprême. Elle était devenue une marchandise mise à l'encan qu'eux seuls étaient assez riches pour payer. Du temps d'Antiochus Épiphane, Jeschoua dit Jason, frère d'Onias, avait offert au roi, pour être nommé, trois cent soixante talents d'argent et quatre-vingts de revenus divers, outre cent cinquante talents pour l'autorisation d'ouvrir un gymnase à Jérusalem, mais Ménélaos en offrit trois cents de plus et eut la place. Une fois nommé, il vola les vases d'or du Temple et les vendit. Ces vils personnages accablaient le peuple d'impôts. Les Grands-Prêtres étaient désignés par le gouvernement et étaient censés nommés à vie; mais en réalité, ils étaient constamment déposés et remplacés. On en compta vingt-huit depuis l'avènement d'Hérode le Grand jusqu'à la destruction de Jérusalem. Ces derniers grands prêtres étaient insignifiants et n'avaient aucune influence. Quand les Romains mettent le pays sous tutelle, ils décident de contrôler le Sanhédrin en nommant le Grand-Prêtre président du Sanhédrin. Avec un sadducéen à sa tête, ils étaient assurés d’une bonne collaboration avec l’Empire.

L’ambiance générale à l’époque de Jésus explique grandement pourquoi la date qui fixe la fête de Chavouot était différente chez les pharisiens et les sadducéens. Le fait est que la majorité des juifs du deuxième Temple, suivaient le même calendrier que celui actuellement établi par le rabbinat. Par contre, les deux grands courants du judaïsme divergeaient sur la question de la fête de Chavouot. Dans toutes les religions, la fixation du calendrier rituel a donné lieu à des luttes parfois longues et âpres avec souvent des schismes en aboutissement. Cela pour une raison très simple : celui qui tient le pouvoir peut déterminer le calendrier. Contester le pouvoir peut donc se faire très facilement en remettant en cause la légitimité du calendrier. Cela était particulièrement vrai dans des périodes où il n’existait pas de calendrier fixe.

Le refus de la tradition orale par les sadducéens constituait alors la garantie de leur pouvoir, incarné dans la Torah écrite et le Temple, car ils n'acceptaient que la Torah, et elle seule, comme source de halakha (les prescriptions de la Loi). La querelle qui opposa les pharisiens aux sadducéens et à la secte apparentée des boethusiens au sujet du commandement biblique d'offrir l’omer "au matin suivant le shabbat", ne peut alors bien se comprendre que si on l’intègre dans le champ des querelles bien plus vaste qui opposaient les pharisiens et les sadducéens depuis les Hasmonéens. Dans ce conflit aussi politico-financier que religieux, la détermination de la date du début du comput de l’omer visait surtout à se partager des parts de pouvoir et de commerce lié au Temple. Car en décalant le comput, on décalait le jour du second pèlerinage obligatoire concernant Chavouot et on partageait ainsi le peuple en part de marché et d’influence politico-religieuse.

Pour les pharisiens, le début du comput, « depuis le lendemain du shabbat », était lié à la fête des pains sans levain qui était considérée comme un shabbat. Mais pour les sadducéens, le shabbat était le jour du Shabbat, le septième jour de la semaine juive (correspondant au samedi). C'est pourquoi ils commençaient le décompte de l’omer non pas le lendemain de Pâque, mais le lendemain du premier Shabbat de Pâque, et Chavouot tombait alors toujours un dimanche. L'argument des boethusiens était que "Moïse, en tant qu'ami des Israélites, voulut leur donner un jour saint étendu, en annexant la Pentecôte au Shabbat." Ceci liait alors Chavouot au samedi et le décorrélait totalement de la fête de Pâque. Si on décale les fêtes, alors la relation avec l’œuvre du Christ n’est plus possible et le Temple devient plus important que Celui qui le représente, soit Jésus. La destruction du Temple se comprend alors comme la volonté de Dieu de former un peuple lié au Verbe et non comme une nation liée au Temple et ses rites. Du même coup les prêtres corrompus du Temple étaient balayés de l’Histoire du judaïsme et on entrait dans une nouvelle ère et une nouvelle alliance. Alliance dans laquelle le nouveau souverain sacrificateur serait établi, non plus comme descendant d’Aaron, mais de Dieu Lui-même. Hébreux 5:10  Dieu l’ayant déclaré souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek.

Reste à répondre à la question de la détermination de la date de la fête de Chavouot. Lévitique 23 : « 10  Parle aux enfants d’Israël et tu leur diras : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, et que vous y ferez la moisson, vous apporterez au sacrificateur une gerbe, prémices de votre moisson. 11  Il agitera de côté et d’autre la gerbe devant l’Eternel, afin qu’elle soit agréée : le sacrificateur l’agitera de côté et d’autre, le lendemain du shabbat. » Cette fête était au moment où Moïse la promulgue, une promesse liée aux moissons futures dans le pays promis. Elle est le pendant de la Pâque qui représente la fin de la servitude dans le pays d’Egypte. Ainsi, quand vous serez entrés dans votre propre pays et que la première moisson sera récoltée, vous fêterez Chavouot comme le résultat final de la fin de l’esclavage et de la liberté de cultiver votre propre terre. Pâque représente la sortie d’Egypte et Chavouot l’entrée dans le pays promis, l’entrée dans les promesses de Dieu. Chavouot est le sceau d’une promesse tenue par Dieu Lui-même, celui d’un pays dont Il est le souverain. Cette fête n’a donc de sens que si elle est liée à cette promesse. Si le pays disparaît, alors la fête disparaît avec elle, car plus aucune moisson n’est plus possible. Donc en aucun cas cette fête ne peut être liée au samedi, comme le firent les sadducéens, car cela dénaturerait le sens biblique qui la lie directement à Pâque et ce que cette fête représente.

Dans la détermination de la date de Chavouot, c’est donc les pharisiens qui avaient raison, mais pour peu de temps. Car après la destruction du Temple et l’exil forcé par les Romains, la fête ne pouvait plus avoir lieu. Les « sages » ont donc trouvé une nouvelle signification à cette fête, c’est en fait le jour où la Torah fut donnée à Moïse. Ce qui n’a aucun lien biblique et dénature complètement le sens originel de la fête. Mais à cette dérive on en ajoute une autre. Une fois le point de départ déterminé, on compte sept semaines entières pour arriver au… 6 ou 7 sivan. Un débat se fit alors jour dans la littérature talmudique (traité Shabbat 86-88) concernant le jour exact du don de la Torah et démontre de manière magistrale que le Talmud est tout ce qu’on veut, sauf une source d’inspiration divine. Car le débat, à un temps oscillé entre la date du 6 sivan et celle du 7. La différence d’opinions portait sur le nombre de jours de perishah (« séparation » [sexuelle au sein des couples]) exigés avant le don de la Torah, ainsi que le relate le verset Ex. 19, 10 : « Et l'Éternel dit à Moïse: Rends-toi près du peuple, enjoins-leur de se tenir purs aujourd'hui et demain et de laver leurs vêtements.. » Il apparaît donc à la lecture de la page talmudique que le véritable enjeu de la discussion est en fait la question suivante : combien de jours le sperme reste-t-il viable ?... Pour les acteurs du débat, la question avait des conséquences de la plus haute importance sur le statut de pureté de la femme, en cas de ré-émission à partir de son corps… Selon leur conception de ladite viabilité, les Sages affirmèrent que la perishah dura 2 jours et rabbi Yossei trois jours ; dans la section Yoré dé’a du Shoulkhan Aroukh, la halakhah est tranchée selon Rabbi Yossei. En remontant le raisonnement « à l’envers », on parvient donc à la conclusion de la date du 6 et non du 7 sivan… C’est à cette pieuse sollicitude des érudits juifs envers le corps féminin que nous devons la date actuelle de Chavouot !

Mais que les chrétiens arrêtent de sourire en levant les yeux au ciel face à la stupidité des religieux juifs, car pour ce qui les concerne cela ne vaut guère mieux. Pour l’immense majorité des chrétiens, Chavouot est devenue la fête de la Pentecôte catholique. Quand on sait tout le bien que je pense des Pâques babyloniennes catholiques, on peut se faire une petite idée de ce que je pense de la Pentecôte qui y est associée. Face à ces dérives et portés par les juifs messianiques en Yeshoua, un recadrage c’est opéré pour recaler les jours de fêtes sur le calendrier juif originel. Si c’est relativement facile pour les jours datés précisément dans la Bible, il en va autrement pour la Pentecôte qui est une date associée à celle de Pâque et l’imagination fertile des « puristes » va déboucher sur de nouvelles polémiques dignes de celles des pieuses sollicitudes des érudits juifs envers le corps féminin. Personnellement je n’ajouterais aucun commentaire à la vacuité des débats stériles sur le sujet au sein du monde chrétien et je me contente d’observer comment Jésus a agi par rapport à la fête de Chavouot. En jean 16 : 7 Jésus relie deux évènements capitaux, sa mort et le don du Saint Esprit : « Cependant je vous dis la vérité: il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. » Dans ce chapitre Jésus annonce sa mort et sa résurrection, puis comment les chrétiens seront portés par un Esprit nouveau, celui de Dieu Lui-même. La séquence des évènements que Jésus annonça alors dans Jean 7 ne s’effectua pas n’importe comment, mais en se superposant parfaitement aux fêtes de l’Eternel pratiquées en ce temps-là.

Actes 2 : 1 Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. 2  Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3  Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. 4  Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. 5 Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel.

Acte 2 précise que le jour de Chavouot qui était également un jour de pèlerinage, l’Esprit Saint descendit sur l’assemblée des 120 réunis à Jérusalem. Comme cette promesse du don de l’Esprit était liée par Jésus Lui-même à sa mort le jour de Pâque, on se rend compte que le Christ a restauré dans sa pureté biblique le sens même des fêtes de l’Eternel. Ce que les religieux avaient avili, Dieu l'a sanctifié. Le don des langues a en soit également une grande signification, car par le don du Saint Esprit le jour même de la Pentecôte, Dieu s’adresse au monde, a ceux dont les religieux interdisaient l’accès au Temple et qui étaient condamnés à rester dans la cour des Gentils, à la diaspora ou aux prosélytes qui étaient méprisés comme des croyants de second rang par les sadducéens et les pharisiens.

Après avoir déchiré le voile du Temple et ouvert la voie directement vers Dieu, la fonction de Grand-Prêtre est devenue obsolète et les sadducéens furent rejetés de Dieu. Mais à Chavouot c’est les pharisiens comme gardien du judaïsme qui furent rejetés. La loi orale qui définit les règles qui organisent la vie de la communauté est jetée à bas, puisque l’Esprit Saint repose désormais sur ceux qui gardent la foi en Jésus Christ. Les fêtes de l’Eternel n’ont donc de sens, que si elles sont fêtées par rapport au Christ. Comme Chavouot est lié à la promesse de récoltes dans son propre pays, la Pentecôte est la promesse que Dieu lie Son peuple à un royaume qui n’est pas de ce monde. A la Pentecôte, Jésus nous a versé les arrhes de notre part du royaume des cieux. Nous savons ce que veut dire "verser des arrhes" pour l'acquisition d'un bien. Ce versement garantit l'exécution d'un contrat.  Le mot est employé par l'apôtre Paul pour indiquer que le don du Saint-Esprit et ses manifestations sont  pour les élus de Dieu comme un acompte  de "l'héritage qui leur est réservé dans les cieux". 1 Pierre 1.4 C’est Dieu, qui nous  donne les arrhes de l’Esprit. 2 Corinthiens 5.5 C'est Dieu qui nous a marqués de son sceau, comme sa propriété, et qui a mis dans notre cœur son Esprit comme acompte des biens à venir. 2 Corinthiens 1.22

Un autre terme est employé par l'apôtre Paul dans sa lettre aux disciples de Rome : "les prémices". Dans la pensée de l'apôtre, le don du Saint-Esprit est  une avance sur ce qui est à venir, c'est les prémices des choses nous attendons, "que Dieu a préparées pour ceux qui l‘aiment". 1 Corinthiens 2.9 Comme Chavouot est également la fête des prémices, dans l’esprit des épîtres, implicitement la Pentecôte chrétienne remplace avantageusement l’ancienne pratique de Chavouot dont les religieux juifs ont totalement perverti le sens, encore faut-il la célébrer au bon moment. Mais n’est-ce pas précisément cela qui donne sens à cette fête, lui rendre sa place légitime dans le Verbe par l’Esprit Saint ?

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