La franc-maçonnerie, née en Angleterre dans les premières
années du XVIIIe siècle, a mûri au carrefour de l’humanisme et de la
spiritualité occidentale qui grandissait au rythme des réveils chrétiens
successifs. Elle ne fut pas à l’initiative des Lumières, ni de la Révolution.
Elle se définit comme un «Ordre
initiatique», fondé sur la bienfaisance et le rapprochement des
hommes de bonne volonté. Cependant les faits et les hommes de renoms dont on
aime à faire l’éloge comme étant des francs-maçons célèbres, me laissent plus
que sceptique quant à leurs motivations premières affichées, comme la recherche
de la morale, de l’honnêteté, etc…
Le maçonnisme qui veut se parer des vertus propres au
christianisme, n’en a pas l’esprit et encore moins les moyens de l’atteindre. Car pour grandir dans la
vertu, il faut mourir à soi-même et être revêtu d’un esprit nouveau qui
transforme l’homme de l’intérieur par la puissance du Saint Esprit. La
séduction de Satan qui se cache dans le principe maçonnique, prétend cependant le contraire et laisse croire que par des pensées
philosophiques et raisonnements humains, l’homme peut croître en bien, quand
l’esprit qui repose sur lui est antéchrist. Satan a bien compris qu’en se
saisissant de l’âme humaine par le biais d’un axe purement philosophique et
mystique, qui étouffe et éteint l’action du Saint Esprit sur l’homme, il tient
le levier de commande spirituel qui va gouverner le monde après la domination
temporelle des papes.
Pour maintenir sa gouvernance, le diable ne va pas comme
le fait le Seigneur, chercher à gagner les cœurs sans distinction sociale. Comme
souvent, les plus faibles seront plus ouverts à l’action de l’Esprit Saint, où
l’évangélisation et les réveils se développent plus facilement au sein des classes populaires ou des esclaves en
Amérique. Non, le diable vise la maitrise du pouvoir et non celui du bonheur du
genre humain. Il va donc viser l’élite de la Nation et chercher par tous les
moyens à mettre en place une gouvernance qui soit revêtue de son esprit
satanique, comme le fit le catholicisme au Moyen Âge. Le maçonnisme va jouer ce
rôle corrupteur et devenir la nouvelle religion diabolique qui va se développer
à partir du 19ème siècle.
On ne trouvera donc pas de leaders maçons, malgré ce qu’ils
prétendent, au siècle des Lumières pour illuminer le genre humain. Ils
disparaitront presque pendant la Révolution française, mais réapparaitront en
force pour en corrompre l’esprit, puis prendre le contrôle de la République.
L’Exemple de Talleyrand est très éclairant quant à ce sujet. Il est l’exemple
type de l’homme qui accepta du diable ce que Jésus refusa de Satan quand il fut
tenté, soit la gloire, la richesse et le pouvoir.
Talleyrand (1751-1838).
Chartes Maurice de Talleyrand-Périgord incarne avec Cambacérès et Fouché
l'exemple de la continuité du pouvoir et de l'adaptation â tous les vents de la
politique. Évêque d'Autun sous l'Ancien Régime, révolutionnaire à la
Constituante et sous la Législative, il suggère la confiscation dos biens de
l'Église et impose aux prêtres la Constitution civile du clergé. Émigré contre-révolutionnaire
durant la Convention, il se découvre la fibre républicaine avec le Directoire. Ministre
des Affaires étrangères de Napoléon, dont il fut le mentor, il se rallie â
Louis XVIII en 1814. Ne croyant pas à l'aventure des Cent-Jours, il s'en tient
à l'écart en Belgique pour revenir aux affaires avec la Restauration et
négocier le traité de paix de 1815. Il passera dans l'opposition en 1830, juste
à temps pour soutenir Louis-Philippe ler qui en fera son ambassadeur à Londres.
Il finira prince, aura de nombreuses maitresses et bâtards. Par sa conduite, il
foulera aux pieds tout ce qui fait de la noblesse, une vertu.
Évêque profane sous l'Ancien Régime, Talleyrand affiche
alors son mépris Pour la franc-maçonnerie. À son retour d'exil en 1796, il
manifeste à l'égard de la confrérie un intérêt de circonstance. À cette époque,
la maçonnerie émerge de son sommeil imposé par la Terreur. Talleyrand, qui
recherche une caution républicaine, formule sa demande auprès des Amis Réunis,
une loge où se regroupent financiers et négociants, et que Gaspard Monge s'active
à reconstituer. Talleyrand mise sur une résurrection de la maçonnerie et sur le
retour de la grande bourgeoisie aux affaires pour se remettre en selle. Une
fois de plus son flair ne le trompe pas. Son réseau relationnel et son laissez-
passer maçonnique lui permettent â nouveau de graviter autour des sphères du
pouvoir. Tandis qu'il courtise le Directoire et devient le ( professeur en
politique ) du jeune général Bonaparte, Les Amis Réunis ne reçoivent pas
souvent l'honneur de sa présence et maintiennent l'évêque au grade d'Apprenti. Sous
le Consulat, il disparaît complètement du registre de la loge. Talleyrand ne
réapparaît en maçonnerie qu'en 1805 dans une nouvelle loge au titre distinctif
plus conforme â l'air du temps, L'Impériale des Francs Chevaliers; il y tiendra
l'office de 1er Surveillant. Trois ans plus tard, Talleyrand quittera
définitivement la franc- maçonnerie.
L’autre exemple célèbre qui utilisera la Révolution pour
accéder au pouvoir c’est naturellement Napoléon. Napoléon dira qu’il incarne la
Révolution, en effet proche de Robespierre il servira la République loyalement,
notamment pendant la campagne d’Italie. Mais en revenant d’Egypte où il fut
certainement initié, son état d’esprit va radicalement changer. En cela
Napoléon est un cas d’école qui permet de suivre l’évolution d’une personne
quand elle devient franc-maçonne et que son idéal premier est perverti par
l’action satanique. De révolutionnaire il va devenir dictateur et comme
Talleyrand, fouler aux pieds tous ses beaux principes révolutionnaires. Il
incarnera même lui-même ce qu’il à combattu pendant la Révolution en devenant
empereur.
D'une façon générale, les loges sont entrées en sommeil pendant
la Révolution. Il reste peut-être un dixième de leurs effectifs à cette date,
mais il est difficile de donner une proportion exacte, car nombre d'ateliers
ont subsisté sous forme profane ou de manière informelle. Certes, il n'y eut
jamais, d'interdiction générale de l'Ordre. Mais les jacobins lui sont
hostiles. Ils pensent que, dans une république, il ne doit pas y avoir
d'organisation dont l'activité échappe au contrôle populaire. Nous savons
d'autre part qu'il y a eu ici et là des tenues informelles qui ont permis, dès
la réaction thermidorienne et sous le Directoire, la restauration de l'Ordre.
Bousculés par la Révolution, les maçons vont se disperser
vers tous les horizons politiques. Dans la noblesse où l'épée domine, la
rupture s'effectue très vite. Un quart des maçons nobles suit le duc d'Orléans
dans son rapprochement avec le tiers état. Ensuite, ces « sires » se
rencontrent à tous les horizons politiques, de la gauche à la droite et parmi
l'émigration. Les représentants du clergé restent relativement cohérents
jusqu'au vote, le 12 juillet 1790, de la Constitution civile du clergé : la
majorité passe dans l'opposition, mais les futurs évêques constitutionnels, en
sont partisans. La masse des députés du tiers est constitutionnelle. Néanmoins,
on trouve des partisans de l'Ancien Régime, Faydel, Paccard et surtout Martin
Dauch, député de Castelnaudary, le seul à refuser de prêter le serment du Jeu
de paume, le 20 juin 1789. Il y a aussi quelques députés en relation avec
l'extrême gauche : Barère, Prieur de la Marne, Merlin de Douai, etc. D'après
les votes, on peut dire qu'une centaine de maçons est favorable à la
Révolution, une cinquantaine a une attitude effacée, quarante sont nettement
hostiles au mouvement parmi lesquels trente et un émigrent.
Napoléon va mettre bon ordre dans la franc-maçonnerie au
travers de Cambacérès qui va réorganiser l’Ordre. Grand Maître-adjoint du Grand
Orient de France de 1806 à 1815, comme suppléant du roi Joseph Bonaparte.
Napoléon lui assigna la mission de "surveiller et contrôler" la
maçonnerie. Car comme on l’a vu, la maçonnerie couvre toutes les tendances
politiques et le mysticisme français est également riche de courants aussi
étrange qu’ils sont farfelus. On trouvait des racines maçonnes fantaisistes
chez les templiers, ou dans le judaïsme avec le bâtisseur du Temple de Salomon.
Ainsi plusieurs Rites ou Ordres initiatiques ont existé
en France à la fin du XVIIIe siècle.
Ils se présentaient comme héritiers de divers courants mystiques non maçons beaucoup
plus anciens. Parmi ceux-là, certains s’inspirèrent de cultes pour le moins
exotiques, comme par exemple en 1767 des Architectes africains, en 1780 du Rite
primitif des philadelphes, en 1785 du Rite des parfaits initiés d'Égypte, en
1801 de l'Ordre sacré des Sophisiens et en 1806 des Amis du désert. Ces Rites
s'inspiraient de ce que l'on appelait la « tradition égyptienne », et
consistaient en une association de traditions et de textes, tels qu'ils étaient
compris à cette époque. C'est le cas par exemple du « Séthos » de
l'Abbé Jean Terrasson (1731), « l'Oedipus aegyptianicus » d'Athanasius
Kircher (1652) et du « Monde primitif » d'Antoine Court de Gébelin
(1773). C’est au sein d’une de ces loges dites égyptiennes, que Napoléon va
être initié. Pour le diable c’est une opportunité fantastique et inespérée, car
bibliquement l’Egypte symbolise le retour du peuple de Dieu vers l’idolâtrie,
l’esclavage et le renoncement à leur Dieu libérateur.
Le mot « Exode » signifie « sortie au dehors ». Ce mot a dans la Bible une signification matérielle
: la sortie d’Egypte. Car le Seigneur dit à Moïse: "J'ai vu, j'ai vu la
misère de mon peuple qui est en Egypte. J'ai entendu son cri devant ses
oppresseurs; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer
de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre
plantureuse et vaste..." (Ex 3, 7-8). Le mot « Exode » a aussi une
signification spirituelle, car il signifie sortir d’un royaume pour entrer dans
un autre où l’Eternel Lui-même est le roi. Les dix plaies d’Egypte sont
l’expression de cette lutte spirituelle où Dieu détruit un à un tous les dieux
de l’Egypte en partant du Dieu Nil jusqu’à Ramsès le fils du dieu soleil. Au
travers de la Pâque, Dieu établit une alliance avec son peuple par un sacrifice
dont le sang protège et sauve le peuple. Tout cela prendra un sens définitif
avec le sacrifice de Jésus qui remplacera celui de la Pâque par la sainte cène.
A partir de là tous ceux acceptent le sang du Christ sont affranchis du péché. Bibliquement,
pour résumer, l’Egypte représente le royaume de Satan et symboliquement celui
du péché. N’importe quel chrétien ayant un enseignement de base minimum connait
ces choses-là et donc Satan va en jouer à son profit.
Le diable va pénétrer l’âme de Napoléon pendant son
initiation en Egypte et le franc-maçon Bonaparte révolutionnaire va se muer en
tyran sanguinaire qui à l’image des empereurs romains voudra s’élever comme un
soleil divin pour atteindre la stature d’un dieu. Le diable va essayer au travers
du dictateur, d’établir un véritable nouveau royaume de Satan sur terre qui
remplacerait celui du Saint Empire romain contrôlé par les papes. Mais à peine
choisi par le diable pour le représenter, sa première défaite spirituelle sera
face à l’Angleterre en plein réveil méthodiste. La bataille d'Aboukir également
appelée bataille du Nil, sera la première plaie d’Egypte pour Napoléon.
Napoléon Bonaparte voulait envahir l'Égypte afin de
menacer les possessions britanniques en Inde et obtenir la sortie du
Royaume-Uni de la Deuxième Coalition. La flotte de Bonaparte se dirigeant vers
l'Égypte fut prise en chasse par la flotte britannique menée par l'amiral Horatio
Nelson. Une fois l'armée débarquée, la flotte française jeta l'ancre le 27
juillet dans la baie d'Aboukir à 32 km au nord
d'Alexandrie et se déploya suivant une formation qui, selon son commandant, le
vice-amiral François Paul de Brueys d'Aigalliers, représentait une formidable
position défensive. Lorsque Nelson arriva le 1er août, il découvrit
la formation française et se lança immédiatement à l'attaque pour l’anéantir
complètement.
Brueys était franc-maçon, membre de la Loge La Bonne Foi
de Montauban, son navire amiral s’appelait l’Orient et lorsqu’il explosa
annonça également la victoire anglaise de manière flamboyante, ainsi que celle
sur le maçonnisme français dont l’Eternel venait d’abattre le premier symbole. La
bataille renversa la situation stratégique en Méditerranée et elle permit à la Royal
Navy d'obtenir une position dominante qu'elle conserva jusqu'à la fin de la
guerre. Elle encouragea également les autres pays européens à rejoindre la
Deuxième Coalition contre la France.
Mais cette première défaite maçonnique ne servit pas de
leçon au futur pharaon maçonnique Bonaparte, qui au contraire s’engagera encore
plus dans la folie maçonne. Elevé au sein d’une famille de maçon et quasiment
exclusivement entouré de francs-maçons, Bonaparte va propulser au sommet du
pouvoir des francs-maçons célèbres, pour au final révolutionner la Révolution
par un coup d’Etat. La fille ainée de l’Eglise va alors se muer en fille ainée
de la franc-maçonnerie.
Revenu dans la capitale, le général s’entretient avec le
sinistre maçon Talleyrand, homme politique d’expérience dans la trahison et fin
connaisseur des forces en jeu, pour fomenter un coup d’Etat. Le schéma du coup
d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799) prévoit les opérations suivantes :
Bonaparte aura le commandement en chef de l’armée pour le maintien de l’ordre
dans Paris et dans les assemblées. Le directoire sera remplacé par un consulat
où provisoirement il gouvernera avec Sieyès et Ducos.
Sieyès, surnommé la Taupe par Robespierre qui le détestait, à l’image de Talleyrand sera une des images
maçonniques remarquable de la Révolution.
Contribuant au déclenchement de la tourmente révolutionnaire, il y
mettra un terme en confiant le pouvoir à Bonaparte. Devenu abbé par décision
paternelle, Sieyès s’accommodait mal de cet état ecclésiastique qu’il n’avait
pas choisi. Il se fit franc-maçon et fréquenta les milieux libéraux. Ses
qualités intellectuelles indéniables firent bientôt de lui un prélat investi de
responsabilités politiques quand, en 1788, il fut élu député du clergé à
l’assemblée provinciale de l’Orléanais. Méprisant la noblesse et ses
privilèges, Sieyès n’avait jamais caché son aversion pour cet ordre auquel il
n’appartenait pas. Ce fut pour lui l’occasion de publier un nouveau pamphlet en
janvier 1789, Qu’est-ce que le tiers état ? qui fit l’effet d’une bombe. Dans
un style incisif, l’abbé laissait s’épancher toute sa haine pour cette aristocratie
qui n’était rien d’autre qu’une « caste inutile […] étrangère à la nation par
sa fainéantise ». Sorti de l’anonymat, Sieyès devint une manière de héros dans
les rangs du tiers, et à Paris ses admirateurs le pressaient d’accepter d’être
leur représentant aux Etats généraux.
Il joua alors un rôle de premier plan dans les évènements
qui se précipitaient. Aux côtés de Mirabeau, Bailly ou de Le Chapelier, il
convainquit les autres représentants du tiers de constituer une Assemblée
nationale le 17 juin. Trois jours plus tard, dans la salle du Jeu de paume de
Versailles, il rédigea le fameux serment fait par les représentants de ne pas
se séparer « jusqu’à ce que la constitution du royaume soit établie et affermie
sur des fondations solides ».Favorable à une monarchie constitutionnelle,
Sieyès pensait que celle-ci pourrait advenir bientôt. Ce qui, en 1793, ne
l’empêcha de voter la mort de Louis XVI. La Révolution était en marche et
l’abbé s’effaça devant d’autres. Il rendit ses lettres de prêtrise et regarda
avec prudence tous les évènements qui s’enchaînaient, acceptant quelques
fonctions, puis se retira laissant à Danton et Robespierre le soin de
poursuivre une Révolution peu conforme à ses vues.
La chute de Robespierre favorisa son retour sur la scène
politique. Membre du Comité de salut public en 1795, puis président de la
Convention, il renonça à faire partie du Directoire et prit la présidence du
Conseil des Cinq-Cents. En 1799, de retour en France, après une ambassade en
Prusse, il accepta cette fois de siéger au Directoire et se mit en quête de
l’homme capable de « terminer » la Révolution en imposant un régime fort. En
fait Sieyès cherchait surtout le "sabre" qui lui manquait pour faire
tomber l'actuel Directoire et amener les Conseils à accepter un changement de
régime dans lequel il aurait sa place. Il le trouva. Présenté par
Talleyrand, cet homme avait les traits d’un jeune général auréolé de ses faits
d’armes en Italie et en Egypte et s’appelait Bonaparte. Sieyès avec Talleyrand
instigua et favorisa le coup d’Etat du 18 Brumaire première marche vers
l'Empire. Il rêvait de partager le pouvoir avec Bonaparte. Mais celui-ci,
dorénavant premier Consul, n’en avait pas l’intention et n’entendait rien aux
idées constitutionnelles de Sieyès qu’il estimait du galimatias. Evincé, ses
projets de Constitution évanouis, l’ancien abbé fut envoyé au Sénat où il bouda
l’Empire qui le fit néanmoins comte en 1808.
Pour le diable, corrompre des ecclésiastiques comme
Talleyrand et Sieyès, est une formidable opportunité pour illustrer
symboliquement le retour vers l’Egypte. C’est une forme d’abandon du
christianisme pour le satanisme maçon et un retour vers l’idolâtrie. Ces hommes
sont des symboles que le diable utilise dans le vide religieux que la
Révolution a créé. Satan ne veut surtout pas que la liberté des cultes serve à
la propagation des réveils chrétiens. Il est essentiel qu’en attendant un éventuel
retour à la restauration, qui est préférable à toute autre forme de
gouvernance, que le christianisme soit contenu par une autre autorité
spirituelle pour lui faire face, c’est le maçonnisme. Il le développera alors
en culte. Culte à la personne au travers de Napoléon, culte aux idoles par une
multiplication de symboles maçonniques visibles ou suggérés.
La Constitution de l’an VIII sera adoptée en comité
restreint le 13 décembre 1799. Elle s’inspire en partie du projet de Sieyès,
mais intègre les idées politiques de Napoléon Bonaparte, notamment concernant
le pouvoir exécutif. Sieyès, lui-même, sera chargé de désigner les trois
consuls de la république : Bonaparte comme Premier Consul, puis Jean-Jacques-Régis
de Cambacérès et Charles-François Lebrun, comme 2e et 3e
consuls de la République. Sieyès, quant à lui, sera relégué au poste de
président du Sénat. La Constitution de l’an VIII entre en vigueur le 25
décembre 1799. Bonaparte établit la Constitution sous des apparences
démocratiques, mais organise un pouvoir autocratique, toutes les évolutions du
régime ne feront qu’accentuer le caractère autocratique du pouvoir.
Napoléon se couronne Empereur le 2 décembre 1804. Le
Consulat abattu, l’ordre se serait effondré avec lui. L'Empire, lui, était une
institution scellant la pérennité des valeurs républicaines. Napoléon Bonaparte
pouvait mourir : l'hérédité du titre était censée protéger le pays des
bouleversements et de la perte des acquis révolutionnaires. C’est ainsi que les
monnaies impériales portèrent la mention « Napoléon Empereur - République
française ». « La Révolution est fixée aux principes qui l'ont
commencée : elle est finie» - Bonaparte.
Le sacre impérial, événement unique dans l’Histoire de
France, représenté sur le tableau de Jacques-Louis David, Le Sacre de
Napoléon, est lourdement chargé en symboles. L’aigle est choisi en
référence aux aigles romaines, portées par les légions, mais il est également
le symbole de Charlemagne, l’aigle éployée qui renvoie au Saint Empire. Les
abeilles symbolisent la ruche maçonne que l’on retrouvera sur le nouveau blason
de Paris. La main de justice, utilisée par les Capétiens lors des sacres
royaux, doit faire apparaître que l'Empereur est l’héritier de leur pouvoir.
Napoléon veut montrer qu’il est le fondateur de la « quatrième
dynastie », celle des Bonaparte, après les Mérovingiens, les Carolingiens,
et les Capétiens. Les rois de France ayant été élevés par les papes en gloire à
la place des rois d’Israël, pour faire du royaume un nouveau royaume de Dieu
qui efface l’ancien des juifs, le sacre de l’empereur prend donc ici une
dimension quasi biblique. Le peuple de France s’est donné en Napoléon son
premier empereur, mais le maçonnisme qui jusqu’à présent n’était qu’un parasite
occulte du christianisme, va se donner son premier pharaon occulte ou grand pontife
maçon.
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