L’ouverture des sept sceaux de l’Apocalypse nous a
enseigné des choses fondamentales dans la compréhension de la logique divine,
elle s’inscrit dans une notion de temps et un ordre chronologique très
particulier. La pensée divine ne se laisse donc pénétrer que par la révélation,
ou dit autrement, quand le Saint Esprit vous éclaire, vous pénètre et se saisit
de votre âme. Alors une lumière nouvelle luit et les ténèbres refluent. Ce
principe pourrait s’appliquer à tous les réveils religieux et à une grande échelle
aux nations qui marchent selon ce principe. On a vu comment le monde a évolué
depuis que la Réforme protestante a modifié le rapport de force avec l’Eglise
catholique. Il serait maintenant intéressant de reconsidérer les choses selon
la vision pure de la Parole de Dieu, qui décrit le jugement de la grande
prostituée en Apocalypse 17 : 15 Et il me dit: Les eaux que tu as vues,
sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des
nations, et des langues. 17.16 Les dix cornes que tu as vues et la bête haïront
la prostituée, la dépouilleront et la mettront à nu, mangeront ses chairs, et
la consumeront par le feu. 17.17, Car Dieu a mis dans leurs cœurs d'exécuter
son dessein et d'exécuter un même dessein, et de donner leur royauté à la bête,
jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.
Je n’ai pas ici la volonté, ni la possibilité, d’apporter
des éléments qui permettent d’apporter un éclairage clair sur les évènements
décrits dans le chapitre 17. Mais si on les met en perspective avec ce qui se
passe en Europe depuis la réforme et surtout avec le vent révolutionnaire qui
va souffler sur la fille ainée de l’Eglise, il apparait que la Révolution va
agir comme un outil de jugement qui va exécuter le dessein de Dieu, comme
décrit dans les derniers versets du chapitre 17 de l’Apocalypse.
Car ce qui va se passer en France vis-à-vis de l’Eglise
catholique dans les premières années de la Révolution est proprement
incroyable, quand on considère son histoire millénaire et son profond enracinement
dans la Nation. Car on va basculer du catholicisme comme religion d’Etat au
maçonnisme, alors que rien ne laissait à l’origine présager une telle
évolution.
A l’aube de la Révolution en 1789, les francs-maçons sont
moins de 50000 et ils ont des réactions très variables face aux épisodes de la
révolution : le duc de Luxembourg émigre dès 1789, Chaumette devient l’un
des enragés les plus en vue pendant la Terreur, Buonarroti, le frère d’armes de
Babeuf, est maçon, tout comme Joseph de Maistre, l’une des grandes voix de
l’histoire contre-révolutionnaire du début du 19ème siècle. Cela s’explique par une maçonnerie
très disparate – socialement, philosophiquement, politiquement. Dans la Sociétés des amis des Noirs, œuvrent,
à partir de 1788, nombre de frères autour de Condorcet et de Brissot. En fait
des courants de pensée très différents se développent dans les différentes
loges. Courants qui sont pour ou contre la monarchie, l’Eglise, l’esclavage,
etc., et on est très loin d’une unité d’esprit qui aurait pu prendre le
contrôle de la Révolution, au contraire. Car pendant les premières années de la
révolution, les loges ralentissent leurs activités. D’autres espaces de
sociabilité se sont ouverts : clubs, assemblées électorales, qui
reprennent des pratiques fraternelles. Ainsi concurrencée, la maçonnerie perd
de son intérêt. A Paris même ne subsistent, en 1794, que quelques loges.
La déclaration que Philippe d’Orléans fit dans le Journal
de Paris du 22 février 1793 est d’ailleurs très révélatrice : « Dans
un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m'étais
attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d'égalité, comme je m'étais
attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J'ai, depuis, quitté
ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand
Orient s'étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les
fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande
relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du
5 janvier : « Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient
est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère
ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son
établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand-Orient ni des assemblées de
francs-maçons». Un « froid glacial » accueillit cette déclaration
puis on procéda à « la dégradation maçonnique du citoyen Égalité en le
faisant démissionnaire, et on le dépouilla de son titre de Grand maître.
Ainsi, certains maçons ont émigré, d’autres ont été tués
et guillotinés. A chaque phase d’approfondissement de la révolution, de
nouveaux maçons ont soit émigré, soit été tués, notamment en 1792 et lors de la
Terreur. Ces maçons ne voulaient pas aller jusqu’au bout de la logique
révolutionnaire. Au fur et à mesure de la progression de la révolution,
certains défenseurs de celle-ci veulent freiner son train, et l’arrêter. Mais
il est trop tard. Pour certains, sans roi, pas de propriété. La propriété doit
être préservée. Pour d’autres (tel Billaud Varenne), la répartition des biens
entre les citoyens doit s’effectuer de la manière la plus égalitaire possible.
Il y a donc bien des images préconçues qui doivent être
corrigées, notamment dans les déroulements des évènements révolutionnaires,
dont on devrait dire qu’il y eu plusieurs révolutions qui se succédèrent et non
une, que Robespierre admis comme un des pairs de la Révolution ne fut pas
franc-maçon et que la franc-maçonnerie elle-même ne fera pas la Révolution,
mais au contraire sera révolutionnée en son sein par les évènements. En fait,
de la maçonnerie anglaise théiste, en France, on basculera vers le déisme pour
aboutir à la laïcité, comme dogme des maçons contemporains. Car la Révolution française
vit s'affronter la bourgeoisie et la noblesse très fortement impliquées dans
les Loges. La coexistence au sein d'une même institution n'était plus possible
et progressivement la branche maçonne nobiliaire et théiste se réduira au
profit de multiples courants plus déiste, dont ceux présents au sein des
Jacobins s’imposeront pour sauver la Révolution.
Pour mieux comprendre l’écheveau complexe des évènements révolutionnaires,
écouter la conférence d’Henri Guillemin sur la Révolution et Robespierre est le
minimum pour comprendre comment les évènements ont évolué en ce temps-là :http://www.egaliteetreconciliation.fr/Robespierre-et-la-Revolution-francaise-11759.html
Pour résumer au maximum les choses, on pourrait dire que
la Révolution avait pour but premier de remplacer le roi et l’Eglise ainsi que
leurs pouvoirs, par celui exclusif de la bourgeoisie. Dans un second temps les
Jacobins corrigèrent les excès de la bourgeoisie afin que la Révolution ne soit
pas captée par elle. Les états généraux sous la pression de la bourgeoisie
finit par imposer le tiers état, mais sans vraiment affaiblir la noblesse, mais
en allouant des droits nouveaux à la bourgeoisie. Alors forcément les choses ne
pouvaient que dégénérer. L’Assemblée constituante en 1989 va corriger le tir et
de véritables changements s’opèrent : abolition de tous les privilèges
féodaux, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, décret proclamant la
liberté des opinions religieuses et la liberté de la presse, déclaration que
les biens du clergé sont mis à la disposition de l'État comme biens nationaux
qui serviront de garantie à la création d'un papier-monnaie sous le nom
d'assignats.
Concernant l’Eglise catholique, les choses vont
rapidement tourner au vinaigre. Dès le 11 août 1789, la dîme est
supprimée sous réserve de rachat, privant ainsi le clergé d'une partie de ses
ressources. Le 2 novembre de la même année, sur proposition de Talleyrand,
évêque d'Autun, les biens du clergé sont "mis à la disposition"
de la Nation pour l'extinction de la dette publique. Ils deviennent des biens
nationaux qui seront vendus par lots pour combler le déficit de l'État. La même
année, les assignats, qui deviendront une forme de papier-monnaie, sont
introduits. Vu l’urgence de la situation financière, l'Assemblée constituante
fait des biens nationaux la garantie d’un papier que ses détenteurs pourront
échanger contre de la terre. La fortune de l’Eglise s’élevant à plusieurs
milliards de l’époque, elle financera la Révolution qui la dépouillera de presque
tout.
La nationalisation des biens du clergé, amène l'Assemblée
constituante à s'intéresser au financement du culte: pour ceci, un Comité
ecclésiastique est constitué. Le 13 février; les vœux de religion sont abolis
et les ordres religieux supprimés sauf, à titre provisoire, les maisons
hospitalières et enseignantes. Les municipalités procèdent aux inventaires dans
les mois suivants et réclament souvent les bibliothèques qui vont servir à
constituer les premiers fonds des bibliothèques municipales. La vente des biens
nationaux débute en octobre; ils sont souvent rachetés par la bourgeoisie qui
dispose des fonds importants qui permettent d'acheter vite. Les principaux
gagnants de la Révolution sont donc les bourgeois, qui sont les véritables
instigateurs de la Révolution.
La Constitution civile du clergé, adoptée le 12 juillet 1790
et ratifiée par le roi le 24 août 1790, transforme les membres du clergé en
fonctionnaires salariés par l’État. Les membres du clergé séculier sont
désormais élus et doivent prêter un serment dans lequel ils s'engagent à
accepter et protéger la nouvelle organisation du clergé. Suivant une tradition gallicane
et janséniste bien ancrée dans une partie de la bourgeoisie parlementaire, en
accord avec une partie de l'héritage des Lumières favorable à la laïcisation de
la société, les députés n'ont pas demandé au pape son avis sur les réformes du
clergé catholique. Les premiers clercs commencent à prêter serment sans
attendre l'avis du souverain pontife.
Par décret du 27 novembre le serment est rendu
obligatoire pour bénéficier des traitements et pensions versés aux membres du clergé
constitutionnel: les ecclésiastiques doivent choisir, peuvent-ils accepter une
réforme opérée sans l'aval des autorités légitimes? Tous les évêques (ou presque,
car ces derniers ont été forcés), sauf quatre, refusent de le prêter; ils
entrent en résistance passive et malgré la suppression de 45 diocèses, ils
continuent à agir comme si les nouvelles lois n'existaient pas. Les officiers
ecclésiastiques députés à la Constituante doivent le prêter avant le 4 janvier
1791; on y dénombre 99 jureurs sur les 250 députés qui y étaient astreints.
Mais, dès mars 1791, le pape Pie VI condamne toutes ces
réformes visant l’Église de France, ce qui amène un certain nombre de jureurs à
se rétracter. Malgré la difficulté à dresser des chiffres globaux, on peut
estimer à la moitié, la proportion
d’ecclésiastiques non jureurs ou réfractaires. La question du serment dégénère
en affrontement violent dans l'ouest où les villes soutiennent les prêtres
jureurs et les campagnes les réfractaires. La répression contre les prêtres
réfractaires et contre leurs protecteurs, suivie rapidement. Cette
crise religieuse, en provoquant le divorce de la Révolution et de la tradition
catholique, va fournir à la contre-révolution, la « piétaille qui lui
manquait » ; elle contribuera durablement — avec les menées des
contre-révolutionnaires, que soutiennent de l’extérieur les princes émigrés— à
l’agitation en France pendant toute la durée de la Révolution ; c’est
aussi une des causes de la fuite du roi le 20 juin 1791.
Lorsque, le 30 septembre 1791, l’Assemblée
constituante se retire du pouvoir, aux cris de « Vive le Roi ! Vive
la Nation ! », l’œuvre de reconstruction de la France qu’elle a
entamée est énorme. Ainsi les constituants, après avoir solennellement restauré
la monarchie, pensent avoir rétabli l’union et la concorde au sein de la nation,
croyant avoir scellé l'alliance entre la royauté et la bourgeoisie censitaire,
contre la réaction aristocratique et contre la poussée populaire, ceci pouvant
leur laisser augurer la fin de la Révolution. Or, il n’en est rien, car à ce
stade, la Révolution bénéficie surtout à la bourgeoisie et contrairement à ce
qu’ils croient, la nation ne s’identifie pas avec la bourgeoisie. La fusillade
du Champ-de-Mars et surtout le schisme religieux, divisent plus que jamais les Français
ainsi que toute l’Europe. La violence de
la bourgeoisie vis-à-vis du Peuple, va encore une fois faire rapidement évoluer
les choses.
La fusillade du Champ-de-Mars du 17 juillet 1791, provoque
une scission dans la classe politique française. Après la coupure entre le roi
et son peuple révélée par Varennes, une nouvelle déchirure a lieu au sein du Tiers
état, entre la bourgeoisie dont la garde nationale est considérée comme la
représentante et le mouvement populaire. Le club des Jacobins est coupé en
deux, la plupart des députés le quittant pour les Feuillants. Les seuls députés
à rester au club sont Robespierre, Pétion, Anthoine et Coroller. Ce simple fait
d’Histoire suffirait à lui-même à démontrer que la franc-maçonnerie très représentée
au sein des Jacobins, est elle-même très divisée idéologiquement et ne porte
pas la Révolution, mais la supporte.
Les données purement factuelles démontrent, que la
noblesse et la bourgeoisie agissent systématiquement contre le petit peuple, ce
qui est fondamentalement contraire à l’esprit des Lumières. Les francs-maçons
de ces classes-là ne sont pas de vrais démocrates et encore moins des
humanistes éclairés, mais un ramassis obscène d’égoïstes, cruels et mondains
qui agissent plus dans le cadre d’un courant contrerévolutionnaire, que comme
des réformateurs progressistes. Les nombreuses têtes qui alors tombèrent dans
leurs rangs, ne furent que le résultat de leur propre inconscience politique et
religieuse. Ils sont également le résultat du suffrage censitaire où seuls ceux
qui paient l’impôt et donc les plus riches sont représentés. Les classes
aisées, qui ont élu l’Assemblée nationale législative à la place de la constituante,
pensaient affermir la monarchie constitutionnelle, patiemment mise en place par
l’Assemblée constituante depuis 1789, et mettre un terme à la Révolution en
favorisant largement les bourgeois face au reste de la Nation. Bel exemple face
aux Lumières et qui discrédit les maçons qui soutinrent cette bourgeoisie
corrompue.
La Convention
La Convention qui gouvernera la France du 21 septembre 1792
au 26 octobre 1795, succéda à l’Assemblée législative et fonda la Première
République. Dès sa première séance, la Convention, qui exerçait le pouvoir
législatif, abolit la royauté. Le dernier rempart qui protégeait encore le
catholicisme vient de s’effondrer et une mutation religieuse en profondeur va
s’opérer dans le pays. La France qui a déclaré la guerre à deux des monarchies
européennes solidaires de la famille royale française, l’Autriche et la Prusse
va encore accélérer les choses et faire basculer le gouvernement dans la
Terreur. Cette déclaration de guerre condamnée par Robespierre est en outre
totalement contraire à l’esprit des Lumières. Les Montagnards et les Girondins
ne s’entendirent pas sur le contenu à donner à la République. Beaucoup de
députés, liés d'amitié profonde quelques mois plus tôt se séparèrent sur des
questions d’hommes et de projets. Ils se divisèrent sur différentes questions
importantes. La première, qui envenima leurs rapports jusqu’à l’élimination
physique des uns par les autres. Après le procès de Louis XVI, la Convention
nationale vota l’exécution du roi (21 janvier 1793), ce qui provoqua
la formation d’une coalition européenne qui attaqua la France.
Pour pallier le manque de soldats, la Convention décréta
en mars 1793 la levée en masse de 300 000 hommes, sur le principe du
volontariat. Devant le manque de volontaires, on décida de procéder à un tirage
au sort. Les départements de l’Ouest refusent de partir à la guerre et
dénoncent les privilèges accordés aux notables. L’unité de la République est
mise en péril. La Convention réagit d’abord en envoyant des contingents armés
en Vendée et prit des mesures radicales : tout insurgé serait condamné à
mort. L’Eglise catholique qui s’était vue dépouillée de tous ses droits et
biens, se ralliera à l’insurrection en Vendée avec l'Armée catholique et royale
qui se coalisera avec les Anglais, mais elle sera écrasée et massacrée et
n’existera plus. Les républicains reprennent le contrôle de la Vendée et des
départements voisins insurgés et y organisent une répression terrible. Cela
fera plus de 100000 morts dans la région. Les multiples fractures apparues dès
les débuts de la Révolution entre le Clergé et les révolutionnaires ont créé
une dynamique de crise qui s’est progressivement envenimée avec la
radicalisation des évènements: une campagne de déchristianisation va alors
précéder la terreur et finit par se confondre avec elle.
Née en province, où les premières manifestations se
développent visiblement en août 1793, la déchristianisation a un démarrage
relativement tardif à Paris. Organisé, mais non imposé, ce mouvement s'étend
dans de nombreux départements. Iconoclasme, vandalisme et blasphèmes
antichrétiens vont être officiellement encouragés par les représentants en mission
et par les sociétés populaires, accélérant ainsi l’écroulement de l’Église
constitutionnelle patiemment mise en place depuis 1791. Les réfractaires
étaient déjà qualifiés de fanatiques, antirépublicains et intolérants, insoumis
et de mauvaise conduite. Quelques-uns seront fusillés dont un rédacteur de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen. Le 26 août 1792, les prêtres réfractaires,
qu'on peut estimer au nombre de 75 000 doivent « quitter la France dans le délai de 15 jours ».
A cette occasion le député Isard affirme : « Il faut renvoyer ces
pestiférés dans les lazarets de Rome et de l'Italie. »
Agissant comme un courant contrerévolutionnaire aux
ordres du pape, l’Eglise catholique va subir les foudres de la République. Après
avoir en novembre 1793 déclaré les prêtres inaptes à tout service civil public,
les églises sont fermées ou transformées en temple de la Raison, de Brutus, de
Marat... Des autodafés de livres, œuvres d'art, vases sacrés, ornements du
culte sont organisés. Le catholicisme qui avait tant combattu la Réforme ne
permettra pas de solution alternative, ni de modération comme dans les pays
réformés et un vide religieux va se créer dans le pays après son éviction.
Le clergé dit insermenté se retrouve dans la
situation où il a mis tous les courants réformateurs qui l’ont combattu au
paravent, soit la clandestinité. Il continue cependant à assurer les sacrements,
et se cache chez les particuliers, dans les fermes, les châteaux, la campagne,
la montagne, les grottes. La campagne de déchristianisation se poursuit avec l’adoption du calendrier républicain
correspond à la politique de déchristianisation appliquée par la Convention.
Les années sont dorénavant comptées non plus depuis la naissance de Jésus-Christ,
mais depuis le début de la République. Le 22 septembre 1792, le jour de la
proclamation de la République, la Convention décrète que « tous les actes
publics sont désormais datés à partir de l’an I de la République
française ». L’année du Calendrier républicain est divisée en 12 mois de
30 jours chacun. Chaque mois est découpé en 3 décades de 10 jours et non plus en
semaines de 7 jours, qui sont également une référence biblique. On efface ainsi
les fêtes religieuses du calendrier, ainsi que le jour du Seigneur, le
dimanche.
Quelques
éclaircissements sur les Lumières.
Les évènements qui suivirent, ne peuvent alors être
compris que si on les replacent dans un contexte plus large. Le protestantisme
qui s’inspira des humanistes pour émerger et sortir du Moyen-Age catholique, se
pervertit quand il s’associa toujours plus étroitement à la noblesse et la
bourgeoisie. Cela le ramena sur terre et éteignit progressivement l’action de
l’Esprit Saint qui l’animait à ses débuts. Le protestantisme ne peut se
justifier seulement comme une opposition, mais comme une adhésion aux principes
bibliques. On sort donc d’une position religieuse pour entrer dans une autre. A
partir de là, progressivement on progresse dans la compréhension et la volonté
de Dieu en communion avec l’Esprit Saint. Le protestantisme n’est donc pas une
fin en soi, mais le commencement d’un processus qui vise à revitaliser l’Epouse
du Christ pour la mettre en conformité avec la parole de Dieu.
Mais à partir du moment où le processus de revitalisation
par l’Esprit Saint s’arrête, très rapidement le mouvement de réforme se
politise et le terrestre prend le dessus. C’est ce qui se passe au 18ème siècle
dans les pays réformés continentaux et qui est corrigé en Angleterre par le
méthodisme où l’engagement personnel reprend le dessus. Car les enfants de
convertis protestants ne sont pas forcément eux-mêmes des convertis et relèvent
plus de la tradition que de l’engagement. Le fossé entre le protestantisme « traditionnel » et le protestantisme « de conversion » devient immense. En fait, ce qui les
sépare, c'est la question de la nature même de la foi et les protestants par
tradition, vont se comporter de moins en moins comme des chrétiens et provoquer
des réflexions et débats toujours plus houleux avec les intellectuels du siècle
des Lumières, comme Rousseau et Voltaire.
Tout le 18ème « philosophe » se convainc progressivement que
la religion est née d’une complicité des tyrans et des prêtres pour exploiter
la crédulité des peuples. Dans cette réflexion globale, le protestantisme et le
catholicisme sont mis dans le même sac. Pour Voltaire, tout croyant sincère est
un fanatique. Il faut donc rester vigilant et déterminé à « écraser l’Infâme »,
cet Infâme dont est porteur toute religion dépassant une religiosité vague pour
tenter d’approfondir le sentiment religieux en un discours structuré : dès
qu’elle est dogmatique, une religion est intolérante, et en fin de compte,
l’Infâme, pour Voltaire, c’est bien le christianisme ! La religion de Voltaire
est en effet un authentique déisme ; évacuant toute Révélation et toute
Incarnation, il rend hommage à un Être suprême, éternel Architecte de
l’Univers, accessible à la seule raison naturelle et rend en fait un culte à la
raison. C’est le Dieu du Dictionnaire philosophique : « nous sentons que nous sommes
sous la main d’un être invisible; c’est tout, et nous ne pouvons pas faire un
pas au-delà. Il y a une témérité insensée à vouloir deviner ce que c’est que
cet être, s’il est étendu ou non, s’il existe dans un lieu ou non, comment il
existe, comment il opère ».
Voltaire outre les catholiques qu’ils vouent aux
Gémonies, accuse les réformés du crime de lèse-majesté, pour avoir repris la
guerre après 1610, et il s’étonne que Richelieu, au lieu de tenter de les
ramener au catholicisme par la persuasion, n’ait pas révoqué l’Edit de Nantes… Il
considère les Protestants du 17ème siècle comme des passéistes, des
gens pédants, doctrinaires avides de controverses, que Louis XIV a eu raison de
mater par des mesures légales et par la Caisse des conversions. Il accuse le
ministre Louvois et le jésuite Le Tellier d’être responsables des dragonnades,
des condamnations aux galères, de la Révocation et de l’exil qui s’ensuit,
Louis XIV étant ignorant des faits et mal conseillé ! Et Voltaire de déplorer
surtout les pertes économiques, faillite des manufactures, exil d’excellents
artisans et officiers, dont ont profité les pays du Refuge, ennemis de la
France. Mais la secte écrasée renaît cependant : le fanatisme est excité par
les pseudo-prophètes du Vivarais et des Cévennes, et Voltaire condamne sans
appel les Camisards dont la rébellion et les exactions montrent qu’ils
croyaient être « élevés en gloire à proportion du nombre des prêtres et des
femmes catholiques qu’ils auraient égorgés ».
Pour Voltaire, le protestantisme français n’est donc pas
une secte mieux fondée qu’une autre, et moins porteuse de fanatisme et
d’intolérance; cela ne justifie certes pas une persécution ou une répression
systématique, mais doit conduire le pouvoir à ne laisser la liberté de conscience
aux Réformés que s’ils obéissent aux lois de l’Etat. A ces conditions, on peut
« tolérer » leur différence. Les seuls chrétiens que reconnaisse pour une part
Voltaire sont les Quakers, auxquels il consacre quatre de ses Lettres
anglaises, parce que leur religion n’a ni dogme, ni prêtre, ni ambition
temporelle, et est donc vraiment tolérante et tolérable. Outre les chrétiens à qui Voltaire faisait des leçons de tolérance,
il était également farouchement antijudaïque. Conscient des racines judaïques
de l'Église, il voyait dans l'attaque du judaïsme et des juifs un moyen de saper
les fondements de l'Église. Dans son Dictionnaire philosophique, les attaques
féroces s'accumulent : article "Tolérance" : « C’est à
regret que je parle des Juifs: cette nation est, à bien des égards, la plus
détestable qui ait jamais souillé la terre. » Bel exemple de tolérance voltairien
et on pourrait en ajouter bien d’autre du même acabit.
Cependant, concernant Voltaire, que vaut l’avis « éclairé » d’un philosophe qui renie en privé, ce qu’il exalte en public ? Méprisant les petites gens et flattant à outrance les princes pour quelques grâces, ce multimillionnaire à l’esprit assez pervers pour coucher avec sa propre nièce, était prêt à toutes les bassesses pour peu que cela aille dans le sens de ses intérêts. Esprit lumineux, certes, mais assez pour être hissé au sommet du panthéon des Lumières, certainement pas, tant l’ombre que projette sa vie corrompue éteint le sens même de la lumière de l’esprit. En fait, il démontre que l’homme sans Esprit, n’est qu’un esprit bien animal. On comprend beaucoup mieux sa haine du christianisme quand on sait qu'il fut homme de péché. Marion Sigaut dans un exposé sur le personnage, renvoi un éclairage bien plus vif sur le personnage, que son esprit sur les Lumières : "Voltaire, le personnage et l'homme, qui trompe qui ?" http://www.dailymotion.com/video/xxeyjx_marion-sigaut-voltaire-le-personnage-et-l-homme-qui-trompe-qui-1-2_news?start=4047#.UR5j0mesGqE
Cependant, concernant Voltaire, que vaut l’avis « éclairé » d’un philosophe qui renie en privé, ce qu’il exalte en public ? Méprisant les petites gens et flattant à outrance les princes pour quelques grâces, ce multimillionnaire à l’esprit assez pervers pour coucher avec sa propre nièce, était prêt à toutes les bassesses pour peu que cela aille dans le sens de ses intérêts. Esprit lumineux, certes, mais assez pour être hissé au sommet du panthéon des Lumières, certainement pas, tant l’ombre que projette sa vie corrompue éteint le sens même de la lumière de l’esprit. En fait, il démontre que l’homme sans Esprit, n’est qu’un esprit bien animal. On comprend beaucoup mieux sa haine du christianisme quand on sait qu'il fut homme de péché. Marion Sigaut dans un exposé sur le personnage, renvoi un éclairage bien plus vif sur le personnage, que son esprit sur les Lumières : "Voltaire, le personnage et l'homme, qui trompe qui ?" http://www.dailymotion.com/video/xxeyjx_marion-sigaut-voltaire-le-personnage-et-l-homme-qui-trompe-qui-1-2_news?start=4047#.UR5j0mesGqE
Rousseau est un enfant de la petite bourgeoisie
genevoise, petit-fils de pasteur, élevé par le pasteur Lambercier, Jean-Jacques
est marqué par son éducation calviniste et témoigne tout au long de sa vie
d’une profondeur spirituelle authentiquement chrétienne, d’un piétisme ardent,
dont il expose clairement dans ses livres les fondements et les richesses,
quitte à provoquer les sarcasmes et rapidement la haine de ses ex-amis
Philosophes. S’il a par faiblesse abjuré à l’âge de 16 ans, il revient au
protestantisme en 1754, à Genève même, pour n’en plus varier.
Lié aux combats des Lumières, Rousseau participe à la
critique des impostures cléricales, des despotismes théologiques et de la
crédulité superstitieuse, mais c’est pour dénoncer la perte du véritable esprit
du christianisme : « ne confondons point le cérémonial de la religion avec la
religion ». Or, déplore-t-il, « on ne demande plus à un chrétien s’il craint
Dieu, mais s’il est orthodoxe ; on lui fait signer des formulaires sur les
questions les plus inutiles et souvent inintelligibles, et quand il a signé,
tout va bien ; l’on ne s’informe plus du reste…Quand la religion en est là,
quel bien fait-elle à la société, de quel avantage est-elle aux hommes ? Elle
ne sert qu’à exciter entre eux des dissensions, des troubles, des guerres de
toute espèce…Il vaudrait mieux ne point avoir de religion que d’en avoir une si
mal entendue ». Rousseau est donc à la réforme intellectuelle, ce que la
Réforme fut au dogme catholique à ses débuts, un courant de vertu.
Il faut donc impérativement revenir à la vérité de
l’Evangile, à Jésus-Christ sur la croix, « expirant dans les tourments,
injurié, raillé, maudit de tout un peuple » ; et de confesser : « si la vie et
la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu ».
Tous les autres dogmes dépendent de celui-ci, et Rousseau veut rester à leur
sujet dans un silence respectueux, en attendant que lui apparaisse leur liaison
avec son salut. Mais quant à lui, il est assuré de ce Salut en Christ, par
grâce, par le moyen de la foi. Ainsi Dieu se révèle-t-il à nous non sur le mode
historique ni par le soin d’intermédiaires patentés (les institutions ecclésiastiques,
les querelles dogmatiques, les « hérésies » théologiques, les fanatismes de
toute sorte…ayant donné d’éloquents contre-exemples depuis 18 siècles…), mais
dans le spectacle du monde qui s’offre à nous, dans la conscience morale, ce
sentiment intérieur de l’être qui se laisse toucher à la lecture de l’Evangile.
Dans le Contrat social, Rousseau montre qu’il faut
garantir à tous la plus parfaite liberté de conscience, et supprimer
l’intolérance, aussi bien civile que théologique, vis-à-vis des religions qui
respectent les lois et comportent les articles essentiels au lien social : en
deçà des convictions religieuses personnelles de chaque citoyen (qui peut
appartenir ou non à toute église de son choix), et dont les dogmes ne regardent
pas l’Etat, il appartient à l’Etat de fixer les articles d’une sorte de
profession de foi commune, purement civile, non dogmes de religion, mais
garantie du lien social, « sentiments de sociabilité », à savoir « l’existence
de la divinité bienfaisante, le bonheur des justes, la sainteté du Contrat
social et des Lois ». On ne saurait donc trop insister sur la voix singulière
de cet immense philosophe des Lumières qu’est Rousseau, fils de la Réforme. Sous
la Révolution, le rousseauiste Robespierre reprendra cette idée de religion
laïque.
La philosophie des « Lumières » sera défendue et
reprise par la Révolution française et particulièrement par les Girondins,
avec, à leur tête, Danton et Desmoulins. À contrario, les idées de Rousseau
furent reprises par les Jacobins qui étaient menés par Robespierre et St Just. Il
s’agit donc en fait de deux philosophies issues des Lumières
qui se sont opposées politiquement. Les Girondins défendant les idées libérales
des possédants, les Jacobins défendant les droits des petites gens. Si 1794
(année où siégea Robespierre au Comité de salut public) marqua l’avènement des
idées rousseauistes (et le transfert de ses restes au Panthéon par la
Convention), il n’en est pas moins vrai que le 9 Thermidor an II et la chute de
l’Incorruptible marque un point final à l’influence des idées rousseauistes.
C’est alors que Voltaire prend sa revanche et triomphe sur Rousseau.
Dès lors, la politique libérale défendue par ceux qui se réclament des idées
des « Lumières »
de Voltaire va triompher en France jusqu’à nos jours. Voltaire
cependant fut le chef de file et symbole des « Lumières »
qui fréquentait les Grands et courtisait les monarques, sans dissimuler son
dédain pour le peuple. Il aimait le luxe et les plaisirs de la table. Il acquit
une fortune considérable dans des opérations spéculatives ce qui lui permit de
s'installer en 1759 au château de Ferney entouré d'une cour de beaux esprits.
Il y a donc dans l’esprit des Lumières des courants très différents, qui sont souvent
très éloignés de leurs principes premiers et parfois même leur tournent
résolument le dos dans leur finalité. La franc-maçonnerie n’ayant qu’une part
très marginale dans tout cela et je dirais même qu’elle puisa son inspiration
dans les Lumières plutôt que l’inverse. Comme il fut dès l’origine le cancer du
christianisme anglais, il devint la métastase occulte de la République, qu’il
contribua à pervertir au travers de son esprit démoniaque.
Ce préalable sur les philosophies des Lumières est
nécessaire pour comprendre la suite des évènements pendant la période de
déchristianisation sous la Convention.
La déchristianisation
Le phénomène de déchristianisation se caractérise tout
d'abord par le fait que ce mouvement a été de très courte durée, et ensuite
qu'il ne fut pas organisé par le pouvoir central. Le gouvernement de salut
public et la Convention sont hostiles ou en tout cas circonspects face à ce
phénomène. L'intensité de la campagne de déchristianisation
varie selon les régions. Cette campagne se déroule en deux temps. Il s'agit tout
d'abord de procéder à une table rase des religions en place, puis de tenter
d'instaurer un nouveau culte civique qui sera celui de la Raison. On a souvent
opposé Danton à Voltaire et Rousseau pour écrire que, pour Voltaire, il fallait
un trône sans l’autel, pour Rousseau, un autel sans trône, tandis que pour
Danton, il ne devait y avoir ni autel, ni trône.
Culte
de la Raison.
Depuis 1790, un culte civique s'était peu à peu esquissé
au fil des grandes fêtes, telle la fête de la Fédération le 14 juillet
1790. Le culte de la Raison est un des caprices de ce culte civique que les
révolutionnaires ont tenté d'établir d'une manière désordonnée jusqu'à la
création du culte de l'Être suprême par Robespierre. Le 10 août 1793, la
fête de l'Unité et de l'Indivisibilité fut la première fête purement laïque.
Vers le même moment s'affirmait une véritable dévotion populaire pour les
martyrs de la liberté, Lepeletier, Chalier et surtout Marat.
L'essor du culte de la Raison est lié à la
déchristianisation, opérée d'abord en province par les initiatives de
représentants en mission à l'automne 1793. À Paris, la Convention adoptait le
5 octobre 1793 le calendrier républicain, dont le but était bien de
supprimer les superstitions ; il s'agissait, comme le disait le rapporteur,
de fonder « sur les débris des superstitions détrônées la seule religion
universelle, qui n'a ni secrets ni mystères, dont le seul dogme est l'égalité,
dont nos lois sont les orateurs, dont les magistrats sont les pontifes ».
Un ensemble de cérémonies nouvelles qualifiées de «
cultes révolutionnaires » se met en place. Déchristianisation n’est pas
athéisme ni laïcité dans l’esprit des révolutionnaires. Les courants de pensée
déistes du siècle des Lumières se prolongent en cultes d’Etat. Né de l’événement,
le culte rendu aux martyrs de la Révolution, comme Marat et Le Peletier, est
vite suivi du culte à l’Être suprême et aux vertus montagnardes. Les cérémonies
sont confiées à des metteurs en scène, « citoyens-artistes » comme David ou
Marie-Joseph Chénier, et organisées comme moyens de propagande pour susciter
l’adhésion populaire à la Révolution. D’une certaine manière la République est
divinisée et les symboles qui habituellement représentent la divinité dans les
églises catholiques comme le triangle trinitaire symbole du dogme, sont repris
et adjoints à ceux qui représentent les symboles républicains. Le symbole le
plus grand étant l’église elle-même transformée en temple de raison.
La Commune de Paris prit l'initiative et poussa l'évêque
constitutionnel Gobel à renoncer spontanément à ses fonctions le
17 brumaire (7 nov. 1793). Le 20 brumaire, Chaumette fit
célébrer dans l'église Notre-Dame une fête de la liberté, une des
manifestations les plus éclatantes du culte de la Raison. On avait édifié une
montagne en carton dans le chœur, entourée des bustes de Voltaire, de Rousseau
et de Franklin. Après les discours et les hymnes, la Raison sortit de la
montagne sous les traits d'une danseuse de l'Opéra. Notre-Dame resta consacrée
au culte de la Raison. Le 5 frimaire (25 nov. 1795), toutes les
églises de Paris étaient à leur tour consacrées à la Raison. Plusieurs églises
et mêmes cathédrales furent transformées en temples de la Raison.
Le culte de la Raison ne fut jamais bien organisé. Hymnes
patriotiques, lectures des lois, discours contre les superstitions ou
cérémonies plus ou moins grotesques, tout cela était laissé à l'initiative des
municipalités lors des réunions décadaires. Une partie de la Convention, avec
Robespierre, hésitait à poursuivre dans ce sens, de peur d'aliéner à la
Révolution la masse des catholiques. Le culte de la Raison exprime pourtant une
tendance assez forte qui se manifestera à nouveau avec le culte de l'Être
suprême et, plus tard avec la théophilanthropie.
De là est repris le triangle maçonnique qui n’est rien d’autre que l’ancienne représentation trinitaire du dogme catholique qu’ils ont transformé en représentation de l’Être Suprême. Ce ne sont pas les francs-maçons qui ont inventé le symbole du triangle avec un œil au centre, mais les catholiques, car de telles représentations apparaissaient déjà dans certaines enluminures au 16ème siècle, puis dans les églises au 18ème.
Culte de l’Être suprême
A l’été 1793, la Révolution française traverse une
période sombre : le pays est durement touché par une crise économique et des
troubles sociaux auxquels s’ajoutent une guerre civile (insurrection vendéenne et
révolte fédéraliste) et une série de défaites militaires aux frontières. Or
l’entrée de Robespierre, fervent jacobin, au Comité de salut public le 27
juillet 1793 marque un tournant : elle permet au gouvernement révolutionnaire
d’opérer un redressement de la situation sur tous les fronts, tandis qu’elle
entraîne simultanément une radicalisation de la Révolution. Robespierre, qui
aspire à l’unité et à la régénération du peuple, s’efforce d’éliminer
physiquement tous les ennemis de la Révolution. A ce renforcement de la
Terreur, il ajoute l’instauration d’une religion d’Etat en mai 1794 : le culte
de l’Être suprême, en l’honneur duquel il organise des cérémonies fastueuses le
8 juin suivant.
Robespierre est apparu comme le symbole de la rigueur et
de l’intégrité morale ; il fut dès lors surnommé l’Incorruptible. Il
affirme qu’il ne faut pas compter bâtir la nation sur une minorité aisée, mais
sur les valeurs et l’enthousiasme du peuple. Imprégné des idées de Jean-Jacques
Rousseau, Robespierre entreprend de les mettre en pratique. Il dira : Jean-Jacques
Rousseau restera toujours pour moi le plus grand homme que la France et
l'humanité aient connu, et j'embrasse toutes ses œuvres, sans exception, du
«Contrat Social» aux «Confessions». Robespierre comme fils spirituel de
Rousseau, exclu de facto qu’il n’est jamais été athée, idolâtre ou un fou
sanguinaire comme ses ennemis chercheront à le faire croire.
Jean Jacques Rousseau attaché à un idéal chrétien qu’il
ne retrouve pas dans les institutions établies, va chercher une forme
philosophique attachée aux vertus chrétiennes pour les adapter à un résonnement
social dont les valeurs humaines exalteraient l’intelligence. Le problème c’est
que naturellement l’homme par son intelligence ne recherche pas la vertu, mais
son intérêt qui confère alors rapidement au péché. Le christianisme véritable corrige
cette absence naturelle de l’homme à rechercher la vertu, en remplaçant l’homme
naturel par un être supérieur, dans le sens où unis dans un même Esprit, Dieu
peut transcender l’âme humaine en lui conférant Ses propres vertus issus du
l’Esprit-Saint. C’est la base des Evangiles, mourir à soi-même pour laisser
vivre Christ en moi. Quand ce principe pourtant basique n’est pas compris et
appliqué, alors le raisonnement humain prend le relais et les dérives
commencent, aussi bien en religion, qu’en philosophie ou en politique.
Robespierre ne veut pas extirper du cœur des Français le
sentiment religieux. Mais il veut qu’ils remplacent l’adoration de Dieu de
l’Eglise catholique réactionnaire par le culte de l’Être suprême. Le 18 floréal
an II, ou 7 mai 1794, il fait voter par la Convention, l’acte de naissance
d’une religion dont il sera le grand pontife. Pendant … un peu plus d’un
mois ! C’est déjà beaucoup trop pour les partisans de l’athéisme absolu.
Certes Hébert vient d’être coupé en deux, mais ses amis, aux Jacobins et même à
la Convention, cherchent et s’agitent, sans compter le Clergé, la noblesse et
la bourgeoisie, ses ennemies naturels. Le culte à l’Être suprême est souvent
présenté comme une apothéose qui succèderait au culte de la Raison, mais je
pense que c’est plutôt l’inverse, un frein et une barrière que Robespierre a
voulu mettre en place pour stopper les excès provoqués par les athéistes.
Pendant que Robespierre établit avec David, le peintre,
et Chénier, le poète, les rites et les cantiques de la nouvelle religion, ils
cherchent comment jeter au bas de ses autels cet Être-là, et son pontife. Ennemis
de Robespierre, Vadier, député montagnard qui exècre tout autant Robespierre
que sa divinité, et Barère, surnommé « l’Anacréon de la guillotine »,
montent de toute pièce l’affaire Catherine Théot, servante, illettrée,
catéchèse, la Mère de Dieu. La Mère
enseigne que l’Incorruptible est le nouveau messie, l’incarnation de l’Être
suprême, envoyé sur la terre pour faire de la France le Paradis le jour de la fête
de l’Être suprême. A la Convention, huit jours après, Barère fait éclater sa
bombe : Robespierre était le disciple d’une vieille folle mystique !
C’est Catherine Théot, la Mère de Dieu, qui a inventé l’Être suprême et qui a
persuadé l’Incorruptible qu’il était le nouveau messie ! En fait une véritable
campagne visant à discréditer Robespierre est mise en place par la bourgeoisie
qui s’inquiète de voir filer entre ses doigts cette Révolution dont ils ont
tant souhaité la venue. Il devient urgent de couper court au socialisme
naissant, afin que le capitalisme drapé dans les vertus de la République puisse
enfin s’exprimer librement sans entrave populaire. A la fin il sera présenté
comme un dictateur sanguinaire, alors qu’il cherchait à sauver la Révolution et
stopper les excès de la terreur.
La fête de l'Être suprême, sera célébrée le 20 prairial
an II (8 juin 1794 , Robespierre a choisi le dimanche de Pentecôte à
dessein, comme symbole d’un esprit nouveau qui souffle sur le pays, mais aussi
pour rappeler au pays ses racines religieuses. C’est une manière de contrer les
ultras qui cherchent à imposer par la force l’athéisme dans le pays, ce dont
Robespierre ne veut pas. La fête est composée de deux parties. Aux Tuileries,
le peuple doit d’abord rejeter l’athéisme puis, au Champ-de-Mars, reconnaître
l’Être suprême et célébrer son adhésion à la Révolution
Dans l’esprit de Robespierre, la « déchristianisation »
entreprise à partir de brumaire an II (novembre 1793) ne doit conduire ni à
l’athéisme ni à la laïcité. Le 18 floréal (7 mai), Robespierre fait prendre par
la Convention le décret par lequel « le peuple français reconnaît l’Être
suprême et l’immortalité de l’âme » et lui fait approuver le projet de
déroulement de la fête de l’Être suprême mis au point par David pour le 20 prairial.
Aux Tuileries, l’Incorruptible prononce deux discours pour stigmatiser
l’athéisme, rendre grâce à l’Être suprême et élever la conscience publique.
Robespierre présente alors Dieu comme un principe de
divinité qui se place au-dessus de la religion et des Partis. « La liberté
et la vertu sont sorties ensemble du sein de la Divinité: l'une ne peut
séjourner sans l'autre parmi les hommes. Peuple généreux, veux-tu triompher de
tous tes ennemis? Pratique la justice, et rends à la Divinité le seul culte
digne d'elle. » L’influence de Rousseau est évidente et c’est une manière de
dire : rendez un culte intelligent à Dieu en exprimant les vertus qu’Il
incarne dans la République.
On fait appel à l’artificier Ruggieri, pour mettre en
scène la défaite de l’athéisme. David a prévu un effet bref, mais spectaculaire
: « Le président s’approche tenant entre ses mains un flambeau, le groupe
s’embrase, il rentre dans le néant avec la même rapidité que les conspirateurs
qu’a frappés le glaive de la loi. » La statue de l’Athéisme à laquelle Robespierre,
habillé en bleu céleste, met le feu a reçu un traitement spécial afin de brûler
de façon fulgurante. L’Athéisme doit aussi consumer les figures qui lui servent
de socle : l’Ambition, l’Egoïsme, la Discorde et la Fausse Simplicité. David a
prévu qu’elles portent toutes sur le front la mention « seul espoir de
l’étranger ». Ces maux fragilisent la patrie en guerre contre les souverains
d’Europe coalisés, et le peuple doit en prendre conscience. C’est aussi pourquoi Robespierre choisit les
Tuileries, car ce fut la résidence des rois, ces souverains de droit divin…
Le but de Robespierre est d’opérer une pédagogie de masse,
fondée sur les conceptions de Rousseau selon lesquelles une émotion
bouleversante peut élever les consciences. L’image, le projet et les documents
de cette fête montrent que Robespierre a tenté de propager la morale «
naturelle », tout aussi chère à Rousseau que la Raison. Mais cette morale qui
serait fondée sur la bonté de l’homme dans l’état de nature nécessite de
susciter des élans vers les valeurs simples et naturelles. Robespierre espère
voir se répandre la vertu civique grâce à des cérémonies de ce type, qui
cherchent à toucher collectivement la sensibilité des participants. David
prévoit que le programme suscitera de nombreux moments d’émotion et des larmes
populaires, mais aux participants qui viennent de traverser la Terreur, cette
fête paraît sans doute grandiose, mais étrangement abstraite. La fête de l'Être
suprême connut un grand succès à travers la France et fut celle dont on a
conservé des traces visibles le plus longtemps. Des statues cyclopéennes se dressent au-dessus
des jardins à la française, devenus Jardin national. Elles symbolisent
l’Athéisme, l’Ambition, la Discorde et voleront en éclats le jour de la cérémonie…
Après la cérémonie des Tuileries, le cortège se mit en
route pour le Champ de Mars, où la cérémonie s'acheva en grande pompe. Pendant
le trajet, Robespierre marcha en tête, à quelques pas en avant du cortège. Il
eut l'air d'un grand pontife, d'un dictateur, et quelques-uns de ses collègues,
futurs thermidoriens, l'apostrophèrent à ce propos en termes injurieux. Ne
comprenant rien aux motivations profondes de Robespierre, ils seront les
artisans d’un retour aux ordres anciens, alors que c’est précisément ce qu’il
veut éviter. Le choix du Champs de Mars le confirme. Car fusillade du
Champ-de-Mars est le symbole de la contrerévolution bourgeoise et l’évènement
est qualifié de « Saint-Barthélemy des patriotes », patriote étant
pris dans le sens de personne favorable à la Révolution. On reprend donc tous
les symboles pour les fixer à jamais dans la mémoire populaire. On comprend
aisément que les ennemis de Robespierre vont tout faire au contraire, pour les
discréditer et les faire oublier.
Dans la troupe des députés de la Convention, pendant la
cérémonie, on se moque, on bavarde, on refuse de marcher au pas. Malgré
l'impression profonde produite par cette fête, le culte de l'Être suprême fut
loin de créer l'unité morale entre les révolutionnaires et devait même
susciter, peu après son instauration, une crise politique au sein du
gouvernement révolutionnaire. La Convention, la comité de Salut public et
surtout le comité de Sûreté générale ne prirent pas ce culte au sérieux. II fut
un des griefs des thermidoriens contre Robespierre. Quand celui-ci eut disparu
de la scène politique, le culte de I ‘Être suprême, qui déjà s'était confondu
avec le culte de la patrie, tomba presque dans l'oubli. La Convention le
supprima en quelque sorte par omission, quand elle rendit le décret du 3
brumaire au IV qui établissait sept fêtes nationales, parmi lesquelles il n'y
avait pas de fête de l'Être suprême.
La tentative de déchristianisation avorta, mais tenter de
remplacer le christianisme par un raisonnement humain qui renvoie le divin à un
concept, avorta lui aussi. Mais pas totalement, car l’idée se poursuivra plus
tard dans les loges maçonniques françaises pour transformer le culte à la
Raison en culte à la Gnose dont le Grand Architecte serait le pendant de l’Être
suprême. Il y a là encore une récupération des idées de la Révolution, mais
appliquée par de manière occulte qui dénature complètement son sens premier. Rousseau
voulait politiser le christianisme, mais le christianisme ne se politise pas,
car il appelle de ses vœux à l’existence du royaume de Dieu, en laissant à l’Esprit
Saint le loisir de bâtir ce royaume en investissant le champ de la conscience
humaine librement et sans entrave conceptuelle, pour la transformer en la transcendant.
Un simple retour à la lecture de la Parole de Dieu suffit en cela. C’est la
base d’un réveil religieux qui illumine les âmes et révolutionne les
consciences. C’est cela une Révolution réussie.
Si la France au lieu de faire la Révolution, avait suivi
le chemin des réveils religieux en laissant agir de manière puissante l’Esprit
de Dieu, jamais toutes les horreurs issues de tous ces conflits n’auraient eu
lieu et certainement à l’instar du Royaume Uni, la France aurait conservé son
statut de Nation dominante. Mais non, les Français choisiront entre le
catholicisme et le rétablissement de la monarchie, puis plus tard ils rétabliront
la République, mais avec des francs-maçons devenus plus puissants et nombreux
aux manettes du pouvoir. C’est le résultat d’une stérilisation de l’action de l’Esprit
Saint né d’un conflit devenu perpétuel en France entre le catholicisme et la
franc-maçonnerie qui a reprise pour elle en la corrompant, l’esprit
révolutionnaire.
Bonsoir,
RépondreSupprimerQu'en est il frère shoenel de la secte des illuminatis société secrète impliquée dans le franc maconnisme dont on parle tant.
Peut être ferez vous un sujet dessus
Merci
Pour moi clairement c’est du flan. De l’enfumage et un délire obsessionnel des théoriciens du complot. Jusqu’à présent c’était un sentiment, mais au fur et à mesure que je progresse dans la compréhension du monde maçonnique, cela devient une évidence. La franc-maçonnerie n’est pas un système pyramidal, avec une tête qui dirige tout, mais un ensemble disparate de loges aussi divisé qu’il y a de membres. Globalement il est occulte et satanique, individuellement c’est juste pour servir certain intérêts personnels. On peut les ajouter aux skull and bones, bohemian club ou simplement des think tanks. Ce sont des groupes d’intérêt qui visent à propager des idées, mais aussi à former des groupes de pression et un carnet d’adresses.
RépondreSupprimerConcernant les chrétiens qui reprennent ces théories fumeuses, il en est comme de l’enlèvement avant les tribulations, c’est un moyen de trier l’ivraie du bon grain spirituel.