http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La franc-maçonnerie dans ses symboles

jeudi 17 janvier 2013

La franc-maçonnerie dans ses symboles


Dans le chapitre 17 de l’Apocalypse apparait le jugement de la grande prostituée catholique. On y dévoile le moyen utilisé par Dieu pour anéantir l’Eglise de Rome. Ce moyen est d’utiliser contre le catholicisme ce qu’il a contribué à bâtir pendant 1000 ans, un royaume sur terre. Quand le Seigneur nous a dévoilé les 7 sceaux, une des révélations majeures fut de reconsidérer la notion de temps en l’intégrant dans la pensée de Dieu et non selon notre compréhension humaine des choses. Il convient donc de réintégrer cette notion dans la manière dont le jugement s’exerce, ce qui signifie que le jugement peut s’exercer sur plusieurs siècles et qu’il faut élargir notre focal, pour avoir une vision plus globale des évènements.

La montée en puissance du catholicisme s’est faite de la chute de l’Empire romain jusqu’à la Renaissance où les papes se sont hissés en autorité au-dessus des rois et des empereurs. Avec la Réforme protestante, les choses ont commencé à se gâter et l’influence à diminuer. Le pape n’exerçait plus directement son autorité sur les rois, mais au travers d’eux. C’est particulièrement visible dans les pays latins. En France se sera au travers des cardinaux. On retrouve tout cela en : Réflexions sur un combat idéologique  http://schoenelblog2.blogspot.fr/2012/11/reflexions-sur-un-combat-ideologique.html

Satan ayant voulu exercer son autorité temporelle sur terre par les papes, cherchera après la Révolution à l’exercer sur les consciences, en s’emparant de l’esprit des gens pour former un nouveau royaume de la conscience, ce qui transparait notamment dans l’esprit des Lumières. Comme l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement répandue en France, qui comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus populaire de toutes les associations des Lumières. En ce qui concerne l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges maçonniques».

Les loges maçonniques ont « reconstitué la vie politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale, avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En d’autres termes, les microsociétés mises en place dans les loges ont constitué un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Les francs-maçons de toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés », se mettant de facto en opposition à l’Eglise catholique qui était l’exemple parfait de l’obscurantisme qui régna au Moyen Age appelé âge des ténèbres. Le français comme langue de culture se substitua au latin des prêtres.

L’exercice du pouvoir maçonnique se révéla à partir de la Révolution en France. La Révolution n’était pas le fruit d’un complot maçonnique comme de nombreuses personnes le pensent, mais elle permit à de francs-maçons célèbres d’accéder au pouvoir et de mettre en pratique leur religion occulte. Car la franc-maçonnerie est bien une religion, même si en France elle se prétend laïque. Là où cela devient particulièrement évident, c’est quand les francs-maçons cherchèrent à remplacer les églises catholiques par des temples dédiés à la raison.

Le temple de la Raison, créé sous la Révolution française en 1793, est le temple d'une nouvelle religion inspirée des dogmes de la franc-maçonnerie et destinée à remplacer le christianisme : le culte de la Raison des Hébertistes athées (automne 1793-printemps 1794) puis le culte de l'Être suprême des Montagnards déistes (printemps 1794-été 1794).

La « religion » centrée sur le culte de la Raison devait rassembler tous les peuples sous la devise de la liberté et de l'égalité afin de revenir aux principes fondamentaux de la République romaine, ce qui signifiait explicitement la fin de toutes les monarchies.

Le principal instigateur du culte de l'Être suprême fut Robespierre. Député du Tiers-Etat, puis chef de file du parti des Montagnards devenu l'un des accusateurs, avec son collaborateur direct Saint-Just lors du procès de Louis XVI et figure prépondérante du Comité de salut public de juillet 1793 à juillet 1794, il proposa, pour contrer la religion catholique mise à l'index depuis 1792, mais aussi pour contrer les idées athées, de créer une nouvelle « religion », d'où l'idée de « reconsacrer » des églises, dont celle de sainte Geneviève à Paris en temples maçonniques dit "de la Raison". En effet, sainte Geneviève était vénérée pendant la Révolution, car elle avait protégé Paris contre l'invasion des Huns en 451.

De nombreuses églises furent transformées en temples de la Raison puis en temples de l'Être suprême. Cependant, de nombreuses églises qui servaient d'entrepôts, avaient été vendues ou affectées à d'autres usages ne furent pas transformées en temples de la Raison ou en temples de l'Être suprême. Le Concordat rétablira en 1802 le culte catholique dans les églises.

Le poids des symboles dans la République

Le Sacré-Cœur


Les choses écrites plus haut paraissent relativement subjectives, je vais donc les illustrer par deux faits historiques, qui s’inscrivent dans une symbolique plus terre-à-terre et qui expliquent comment la lutte se poursuivit entre les catholiques et les francs-maçons.

Tout le monde en France connait la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, mais je suis certain que pratiquement personne ne sait à qui elle est dédiée et pourquoi. C'est dans un contexte politique bien particulier que fut élaboré, entre 1870 et 1872, le projet de la basilique du Sacré-Cœur : l'Église, très hostile à la République qui venait de naître, voulait un édifice symbolisant le pouvoir de la religion catholique sur toute la société.

En retraçant ce contexte, commence ici le récit de la construction du Sacré-Cœur de Montmartre. Il y avait sur la Butte, le 16 octobre 1919, neuf cardinaux, douze archevêques, 98 évêques, le légat du pape, des centaines de prêtres, de religieux et de religieuses, des milliers de fidèles, pour la consécration solennelle de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. C'était le point d'orgue d'une histoire qui durait depuis près de cinquante ans, pleine de bruit et de fureurs, et qui illustrait parfaitement l'un des problèmes politiques majeurs de cette époque : la question des rapports entre l'Église et la République.

On a souvent affirmé que le projet d'une basilique à Paris dédiée au Sacré Cœur de Jésus avait été formé pour "expier" l'insurrection de la Commune. Ce n'est pas exact. Le "vœu" qui marque la naissance du projet date en effet de décembre 1870, et la Commune n'a éclaté que le 18 mars 1871, à Montmartre.  Mais cela n'enlève rien à la signification politique de l'édifice : ceux qui l'ont conçu voulaient proclamer par ce symbole spectaculaire, en même temps que leur hostilité à la République, leur volonté de soumettre la société française et l'Etat à la religion catholique. Le choix du site de Montmartre, dominant Paris, était significatif.

Le projet du Sacré-Cœur est né en même temps que la IIIe République. Pour bien comprendre, il faut se rappeler le contexte de l'époque.

1870 : Napoléon III est renversé. Ayant déclaré la guerre à la Prusse en juillet 1870, il a été vaincu et fait prisonnier dès le 2 septembre. Le 4 septembre, dans Paris assiégé par l'armée prussienne, la République est proclamée. Après un hiver épouvantable, le gouvernement provisoire capitulera devant la Prusse en janvier.

Février 1871 : une Assemblée Nationale est élue. Elle est composée majoritairement de députés royalistes, issus des campagnes. Mais ceux-ci ne sont pas d'accord sur le choix du prétendant. Les " légitimistes " sont partisans du comte de Chambord, descendant de Charles X, et les " orléanistes " du comte de Paris, héritier de Louis-Philippe. Faute de s'entendre, ils se résignent au maintien (provisoire, pensent-ils) du régime républicain sous la présidence de Thiers. La hiérarchie catholique, dans son immense majorité, est royaliste. Elle ne s'était ralliée à Napoléon III qu'à contrecœur. Elle souhaite le renversement de la République. Elle remet en cause les libertés acquises au long du siècle dans le domaine politique et dans celui des mœurs.

De leur côté, évidemment, les républicains sont majoritairement hostiles à l'Église. Le pape, c'est Pie IX, porté au trône pontifical en 1846 et qui mourra en 1878. On a du mal aujourd'hui à imaginer de quelle façon catégorique il condamnait toute idée de liberté de conscience et de laïcité de l'État.  En 1864, dans le Syllabus ou Catalogue des principales erreurs modernes, il condamnait comme absolument fausses les idées selon lesquelles " tout homme est libre d'embrasser et de suivre la religion qu'il croit vraie ", ou " il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion d'État à l'exclusion de tous les autres cultes ". A condamner également, ceux qui prétendent que " l'Église n'a pas le droit d'employer la force ", ou qui veulent que "les rois et les princes soient exempts de la juridiction de l'Église ", ou que " l'Église soit séparée de l'État et l'État de l'Église ", etc.

Pie IX par ailleurs s'accrochait à son pouvoir de monarque absolu sur ses États. Les États pontificaux couvraient une grande partie de l'Italie, mais leur existence était contestée. En 1848, les républicains italiens conduits par Garibaldi et Mazzini avaient pris le pouvoir à Rome. Des troupes françaises, envoyées par le futur Napoléon III, avaient rétabli Pie IX sur son trône en 1849. En 1867 à nouveau, l'armée française était venue au secours du pape. Mais en 1870, Napoléon III retire ses troupes d'Italie car il en a besoin pour la guerre contre la Prusse. Aussitôt l'armée du royaume d'Italie, qui était en cours d'unification, occupe Rome, et annexe les États du pape.

Pie IX refuse de s'incliner, bien qu'on lui ait garanti sa souveraineté sur le territoire du Vatican et la non-immixtion de l'État italien dans les affaires de l'Église. Contraint de ne plus sortir du Vatican, il se déclare prisonnier. Les catholiques français se mobilisent pour le soutenir, et parmi eux, au premier rang, les promoteurs de la basilique du Sacré-Cœur. Ce thème du pape " prisonnier " reviendra comme un leitmotiv dans leurs proclamations.

C'est une famille de riches bourgeois parisiens qui est à l'origine du projet. Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury ont épousé les deux filles de Charles Marcotte, qui avait été haut fonctionnaire sous Louis-Philippe ( directeur des Eaux et Forêts ) et qui s'était reconverti dans la finance. Depuis longtemps, cette famille est inquiète de la progression des idées nouvelles. Elle voit l'immoralité partout. Elle se demande comment faire pour ramener la France (la France, pas seulement les Français) dans le giron de l'Église sainte et unique.

Dès le début du siège de Paris, Legentil et Rohault de Fleury, avec leurs épouses, leurs enfants, leur beau-père et leur beau-frère, ont fui la capitale. Ils ne connaîtront pas l'affreux hiver 70-71 dans Paris assiégé. Ils se sont réfugiés à Poitiers, sous l'aile de l'évêque du lieu, Monseigneur Pie, un des prélats français les plus influents, chef de file du courant " ultramontain ", c'est-à-dire favorable à une soumission totale de l'Église de France à l'autorité du pape. C'est là que l'idée mûrit. Pour ces gens, aucun doute : si la France a été si rapidement vaincue, c'est en punition de ses péchés. Il faut bâtir un édifice qui proclame qu'elle se repent et qu'elle retourne sous l'autorité de sa mère l'Église.

Avec l'appui de Mgr Pie, ils envoient de nombreux courriers pour faire connaître leur idée. Vingt-cinq évêques au moins, et des supérieurs d'ordres religieux, sont contactés. Les jésuites et les dominicains se rallient au projet et s'en font les propagandistes. En décembre 1870, Legentil et Rohault rédigent leur " vœu " pour la construction d'une basilique dédiée au Sacré-Cœur. Cette première version du vœu, très longue, évoque les " péchés " de la France, citant comme exemples : l'insuffisance de l'aide apportée au pape pour la défense de ses États, les crucifix " arrachés " des écoles, l'érection à Paris d'une statue de Voltaire, les " horribles blasphèmes " qu'on entend partout et que l'autorité tolère... Elle parle aussi de la guerre, des " exactions et rapines " des troupes prussiennes " commandées par le chef de l'hérésie protestante " (le roi de Prusse).

En janvier 1871, le texte, un peu raccourci, est envoyé dans toute la France et à Rome. Presque tous les correspondants, à quelque tendance de l'Église qu'ils appartiennent, donnent leur accord. Le plus réticent est Mgr Darboy, archevêque de Paris. Mais Mgr Darboy sera fusillé comme otage en mai 1871 par la Commune, durant la "semaine sanglante".

Le pape accorde sa bénédiction mais demande qu'on retire les allusions au roi de Prusse.
À ce moment, aucun site n'est encore choisi pour la future basilique. Le nom de Montmartre n'a pas encore été prononcé. Là-dessus éclate la Commune. Le 18 mars 1871, Montmartre puis tous les quartiers ouvriers de Paris se révoltent contre le gouvernement de Thiers. C'est la guerre civile.

Le 16 mai 1871, l'Assemblée Nationale, installée à Versailles, vote une résolution ordonnant des prières publiques "pour supplier Dieu d'apaiser nos discordes civiles". Thiers et son armée répondent aussitôt à leur manière au souhait de l'Assemblée : la " semaine sanglante ", du 22 au 28 mai, fera taire les voix discordantes, au prix de 30 000 morts.

Le projet de basilique, mis de côté durant les deux mois de la Commune, est relancé sitôt après l'écrasement de celle-ci. En juillet, le nouvel archevêque de Paris, Mgr Guibert, reçoit Legentil et quelques-uns de ses amis. Legentil raconte l'entrevue : " L'archevêque a été très bon et a l'air très vénérable, mais bien vieux, bien cassé. Mgr Jeancard ( un de ses adjoints ) était là, qui roupillait un peu pendant les allocutions de son chef de file. Il n'est pas jeune non plus et je ne vois pas sans frayeur ce pauvre diocèse de Paris tomber dans de si vieilles mains."

Mais les inquiétudes de Legentil se dissiperont vite : jusqu'à sa mort en 1886, Mgr Guibert sera le plus actif des partisans de la basilique. Le 18 janvier 1872, l'archevêque accorde son soutien officiel à l'Œuvre du Vœu national qui vient de se former. Des personnalités catholiques de premier plan font partie du comité directeur. Le plus remarqué est le général de Charette, petit-neveu du plus célèbre des chefs chouans qui luttèrent contre la Révolution. M. de Charette, figure marquante du parti royaliste, a commandé les soldats français engagés dans l'armée de Pie IX ; à la tête de ses " zouaves pontificaux ", il est revenu en France en 1870 se battre contre les Prussiens, puis contre les communards.

La version définitive du "vœu" est rédigée sous la direction de Mgr Guibert :  " En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore, en présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l'Église et du Saint-Siège (...), nous nous humilions devant Dieu et reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés. Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons de contribuer à l'érection à Paris d'un sanctuaire dédié au Sacré Cœur de Jésus." ( le texte de ce vœu est inscrit à l'intérieur de la basilique, à gauche en entrant.)

Le 31 juillet une lettre de Rome approuve l'Œuvre. Une souscription nationale est lancée.
Où construire le sanctuaire ? Les membres du comité sont divisés. L'un propose le Trocadéro. Un autre Belleville. Legentil suggère qu'on démolisse l'Opéra de Paris (dont la construction, commencée en 1862, n'est pas achevée) pour le remplacer par la basilique. A ses yeux, l'Opéra symbolise l'immoralité de la société du Second Empire. Il souhaite, écrit-il, " que ce scandaleux monument d'extravagance, d'indécence et de mauvais goût soit détruit et que ses riches matériaux et son bel emplacement servent à la fondation projetée ".

Mgr Guibert tranchera en faveur de Montmartre. Plusieurs raisons à cela. D'abord Montmartre est un site sacré très ancien. Là, selon la légende, aurait été tué Saint Denis, premier évêque de Paris. Durant tout le Moyen Âge et jusqu'au XVIIe siècle, un pèlerinage solennel reliait chaque année la basilique de St-Denis à l'abbaye de Montmartre, au sommet de la Butte. Et puis l'emplacement, dominant Paris, permettra à la basilique du Sacré-Cœur d'être visible de toute la ville. Accessoirement, l'archevêque n'est pas fâché de répondre par ce sanctuaire à l'insurrection de la Commune, sur le lieu même où elle a éclaté, à Montmartre.

Le 16 octobre 1872, Mgr Guibert préside d'ailleurs le premier pèlerinage à Montmartre depuis la Révolution de 1789. Les pèlerins se rendent à une chapelle en bois qui vient d'être édifiée sur l'emplacement de l'ancienne abbaye, rasée en 1792 pendant la Révolution. Mgr Guibert n'a pas choisi par hasard la date du 16 octobre : c'est le jour anniversaire de l'exécution de la reine Marie-Antoinette. Et justement la rue où a été construite cette petite chapelle se nomme rue Marie-Antoinette. Coïncidence ?....

Le 28 mai 1873, un autre pèlerinage rassemble 20 000 fidèles à Chartres autour de Mgr Pie. En tête, 140 députés portant des cierges. Mgr Pie, dans son discours, évoque le projet du Sacré-Cœur. Il explique que la régénération de la France exige qu'on oppose les droits de Dieu aux droits de l'Homme. " L'heure approche, dit-il, en laquelle Jésus-Christ rentrera non seulement dans les intelligences et les cœurs des hommes, mais dans les institutions, dans les sociétés et dans la vie publique des peuples."

Trois jours avant, Thiers a été renversé par la majorité de droite de l'Assemblée qui le jugeait trop républicain. Le nouveau président, Mac Mahon, royaliste, forme ce qu'on appellera " le gouvernement de l'Ordre moral ". On attend de lui qu'il rétablisse le roi sur son trône. Tous les vents semblent favorables aux partisans de la " réaction catholique ", ainsi qu'ils se nomment eux-mêmes. Mais l'avenir déjouera leurs pronostics, et l'histoire du Sacré-Cœur en sera l'illustration. Une loi sera votée en 1873 par l'Assemblée Nationale pour permettre à l'archevêché d'acquérir les terrains. La première pierre sera posée en 1875. L'intérieur de la nef sera inauguré en 1891, le campanile ( clocher ) ne sera terminé qu'en 1912. Il faudra même attendre 1923 pour l'achèvement de la décoration intérieure. Et tout au long de ces années, de formidables et incessantes polémiques accompagneront les travaux.

On le voit, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est bien plus qu’un simple édifice religieux. Il est le symbole catholique, érigé au-dessus de la République dont il conteste l’autorité. Mais ce bâtiment hautement symbolique ne peut être dissocié de l’action du pape de l’époque, Pie IX. Les premières années de son pontificat sont marquées par des mesures libérales qui s’opposent aux méthodes de Grégoire XVI, mais très rapidement le naturel catholique va revenir au galop.

Le pontificat de Pie IX correspond également à une réaction de rejet à l'égard de l’évolution libérale des sociétés européennes et plus largement des idées nées de la Révolution. L’industrialisation qui s’accélère au cours du siècle voit se développer en Europe occidentale une classe ouvrière déracinée : né en dehors de toute influence religieuse, le prolétariat est tenté par le socialisme. L’enseignement de Pie IX est empreint d’une grande hostilité, à l’égard des idées modernes (libéralisme, matérialisme, socialisme, rationalisme) et de ceux qui les diffusent, en particulier les francs-maçons, regardés comme responsables de l'évolution libérale et laïque des États européens.

Le rationalisme et les idéologies scientiste et positiviste sont condamnées à partir de 1864 par deux documents, capitaux dans l'histoire de l'Église catholique contemporaine :
-L'encyclique Quanta cura (1864)
-Le Syllabus, liste de 80 propositions condamnées par l'Église, qui accompagne cette encyclique, la même année.
Le Syllabus est une liste de 80 propositions condamnées par l'Église. Pie IX y condamne explicitement le rationalisme, la liberté d'opinion, la liberté de culte et la séparation de l'Église et de l'État. En 1864, Pie IX explique le rôle qu'il entend assigner à l'école : « Les écoles populaires sont principalement établies en vue de donner au peuple un enseignement religieux, de le porter à la piété et à une discipline morale ».

L'encyclique Quanta cura, le 8 décembre 1864, condamne violemment les « hérésies et erreurs qui souillent l'Église et la Cité », comme le socialisme et le communisme, mais également le « délire » (selon l'expression de Grégoire XVI) de la liberté de conscience et de culte et autres « opinions déréglées » et « machinations criminelles d'hommes iniques » parmi lesquelles la séparation du temporel et du spirituel et l'école laïque. Il précise que là où la religion a été mise à l'écart de la société civile (...) la pure notion même de justice et du droit humain s'obscurcit et se perd, et la force matérielle prend la place de la véritable justice. Il attaque également implicitement une certaine conception de la liberté de la presse, lorsque « les ennemis acharnés de notre religion, au moyen de livres empoisonnés, de brochures et de journaux répandus par toute la terre, trompent les peuples, mentent perfidement, et diffusent toutes sortes d'autres doctrines impies ». Pie IX souligne que « non contents de mettre la religion à l'écart de la société, ils veulent même l'écarter de la vie privée des familles. En effet enseignant et professant l'erreur très funeste du communisme et du socialisme, ils affirment que la société domestique ou la famille emprunte au seul droit civil toute sa raison d'être. »

Le 8 décembre 1854, Pie IX proclame, dans sa bulle Ineffabilis Deus, le dogme de l'Immaculée Conception. Il définit solennellement, en vertu de son autorité apostolique, que la bienheureuse Vierge Marie a été exempte du péché originel. Peu de temps après, entre le 11 février et le 16 juillet 1858, Bernadette Soubirous affirmera avoir été témoin, dans la petite grotte de Massabielle à Lourdes, d'apparitions ("aquerro" dira la jeune voyante) déclarant en patois bigourdan : « Que soy era Immaculada councepciou ».

Le 23 août 1856, le pape Pie IX, à la demande des évêques français, étend la fête du Sacré-Cœur à toute l'Eglise catholique. Il l'inscrit ainsi au calendrier liturgique universel. C'est aussi ce pape qui béatifie Marguerite-Marie Alacoque, le 19 août 1864, et qui bénit le projet d'édification de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. En 1899, son successeur Léon XIII consacre le genre humain au Cœur de Jésus. Ainsi le message du Sacré-Cœur prend une dimension universelle qui pourrait donner cette lecture : « Le monde n’a pas pour vocation d’être dirigé par des républiques élues démocratiquement, mais doit être soumis à l’autorité de l’Eglise de Rome, de son pape et du roi dont l’autorité sera d’une dimension universelle ». Un mashiah romain, en quelque sorte. Derrière un verni vaguement chrétien, s’ourdit la trame qui de jour en jour prend sa place dans l’Histoire et les Ecritures. D’abord on reconstruit un royaume, l’Union européenne dédiée à la Reine du Ciel, puis on lui donnera un roi et un prophète.  

Afin de bien graver dans le marbre et pérenniser ses idées, en 1867, Pie IX convoque le concile Vatican I, qui s'ouvre le 8 décembre 1869. Malgré les résistances d'une minorité, les Pères conciliaires promulguent le 18 juillet 1870 la constitution apostolique Pastor æternus, affirmant l'infaillibilité du pape, lorsque celui-ci se prononce, solennellement et ex cathedra, en vertu de sa charge, sur un point de doctrine devant être tenu par toute l'Église.

La Troisième République

Les batailles idéologiques entre les catholiques et les francs-maçons vont prendre une nouvelle tournure sous la Troisième République où le combat va se muer en combat politique en une droite sous influence catholique et une gauche maçonnique. La Troisième République est le premier régime français à s'imposer dans la durée depuis 1789. En effet, après la chute de la monarchie française, la France a expérimenté, en quatre-vingts ans, sept régimes politiques : trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux Empires.

Sous la pression catholique, on cherchera dans un premier temps à remettre en place la monarchie au début de la Troisième République, mais progressivement les républicains s’imposeront. Les élections législatives de 1881 renforcent les républicains qui sont désormais 457 contre 88 conservateurs. Jules Ferry est la personnalité dominante des premiers gouvernements républicains de 1879 à 1885, chargé soit de l’éducation nationale, soit des affaires étrangères. Il engage alors une série de réformes touchant l'école, la magistrature et d'une certaine manière la constitution. C’est le retour en force des francs-maçons qui retrouve le pouvoir et vont l’exercer assez violemment.

Dans l'esprit des républicains maçons, l'école doit être le moyen pour les Français de lutter contre l'ignorance, "d'éclairer chaque jour davantage le suffrage universel" (Gambetta) et aussi de rattraper son retard vis-à-vis de l'Allemagne. En effet, il est couramment admis que "Sedan était la victoire du maître d'école allemand".  On revient à l’esprit des Lumières initial.

 Jules Ferry agira de manière « très démocratique » de 1879 à 1885, pour l’établissement d’une école publique « gratuite et obligatoire », mais sans Dieu et militant contre le catholicisme. Il y met tellement de violences autoritaires et d’illégalités que les magistrats démissionnent par centaines. Il emploie l’armée pour envahir les couvents et les écoles catholiques, jeter à la rue des milliers de religieux, réaliser la « dispersion » des congrégations enseignantes. "Aux yeux de Ferry, l'école, expression de la supériorité de la culture et de la race françaises, est une œuvre missionnaire. On colonise intérieurement les villages français - interdiction de parler désormais le patois, mais aussi lutte contre l'enseignement religieux encore dominant à l'époque, qu'il décapite en chassant les Jésuites et les maristes - comme on colonise extérieurement les pays, au nom de la France et d'une race supérieure dont Ferry se fera ouvertement le défenseur : "Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. (...) Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures." On retrouve les grandes lignes de l’éducation maçonnique dans le verbe de Ferry.

Le retour en force des francs-maçons sous la Troisième République se retrouve également dans de grands symboles construits par des francs-maçons célèbres comme Auguste Bartholdi qui avec l'aide d'Eiffel, construira la statue de la Liberté qui est un hommage aux idéaux maçonniques de liberté des pères de la Révolution américaine (Franklin, Washington) et de leurs frères français (La Fayette, Rochambeau). Hommage à peine voilé à l’esprit des Lumières, lumières qui éclairent le monde, excusez du peu.

Mais les Français qui sont à l’initiative de la statue de la Liberté, vont faire bien mieux et surtout bien plus grand, même si cela ne saute pas yeux et qu’on ne le crie pas sur les toits, secret maçonnique oblige.


Paris la Ville lumière par excellence ne pouvait pour les maçons qu’ériger un monument qui soit le phare  de leur idéologie. Reprenant la base carrée pyramidale ils érigeront la tour Effel comme un chemin initiatique vers le ciel. Vraie pyramide, dotée d'un phare illuminant la ville de ses lumières, la tour comporte trois étages, renvoit évident pour les maçons aux trois premiers degrés de l'initiation, celui de l'apprenti, du compagnon et du maître.  Ultime défi: elle est plus haute que le sommet du Sacré-Cœur de Montmartre, ce qui constituait, pour ses architectes francs-maçons, une victoire sur l'Eglise. La tour Effel est la réponse maçonnique à la construction du Sacré-Cœur et ne peut aujourd’hui être comprise que si on replace ces monuments dans le contexte de l’époque. C’est le principe de la lutte des Lumières contre les ténèbres qui est recherché de manière symbolique.

Il va de soi que pour un véritable chrétien qui vit en Jésus Christ par l’Esprit Saint, que l’adhésion à un camp ou un autre revient à se retrancher de l’Eglise du Christ son Epouse véritable. Aujourd’hui la simple adhésion par un bulletin de vote à l’UMP ou au PS suffit à provoquer cette scission. C’est pour cela que j’exhorte en permanence la famille chrétienne à ne pas voter, car c’est aujourd’hui faire un choix religieux, qui contribue à former la bête de l’Apocalypse en Europe et vous place par le biais politique dans un camp religieux qui s’est toujours opposé avec violence à Christ. Les pasteurs qui ne se soucient pas assez de ces choses par ignorance en négligeant la culture dans la Parole de Dieu, portent une grande responsabilité dans l’effondrement de la foi chrétienne en Occident. Parce qu’ils ignorent la nature de l’adversité à laquelle ils doivent faire face, le mal peut progresser jusqu’à les absorber progressivement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Comme je ne veux plus perdre du temps à répondre aux commentaires inutiles j’ai activé le filtre.