Dans le chapitre 17 de l’Apocalypse apparait le jugement
de la grande prostituée catholique. On y dévoile le moyen utilisé par Dieu pour
anéantir l’Eglise de Rome. Ce moyen est d’utiliser contre le catholicisme ce qu’il
a contribué à bâtir pendant 1000 ans, un royaume sur terre. Quand le Seigneur
nous a dévoilé les 7 sceaux, une des révélations majeures fut de reconsidérer
la notion de temps en l’intégrant dans la pensée de Dieu et non selon notre
compréhension humaine des choses. Il convient donc de réintégrer cette notion
dans la manière dont le jugement s’exerce, ce qui signifie que le jugement peut
s’exercer sur plusieurs siècles et qu’il faut élargir notre focal, pour avoir
une vision plus globale des évènements.
La montée en puissance du catholicisme s’est faite de la
chute de l’Empire romain jusqu’à la Renaissance où les papes se sont hissés en
autorité au-dessus des rois et des empereurs. Avec la Réforme protestante, les
choses ont commencé à se gâter et l’influence à diminuer. Le pape n’exerçait
plus directement son autorité sur les rois, mais au travers d’eux. C’est
particulièrement visible dans les pays latins. En France se sera au travers des
cardinaux. On retrouve tout cela en : Réflexions sur un combat idéologique
http://schoenelblog2.blogspot.fr/2012/11/reflexions-sur-un-combat-ideologique.html
Satan ayant voulu exercer son autorité temporelle sur
terre par les papes, cherchera après la Révolution à l’exercer sur les
consciences, en s’emparant de l’esprit des gens pour former un nouveau royaume
de la conscience, ce qui transparait notamment dans l’esprit des Lumières. Comme
l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement
répandue en France, qui comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus
populaire de toutes les associations des Lumières. En ce qui concerne
l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien
allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le
continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte
décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges
maçonniques».
Les loges maçonniques ont « reconstitué la vie
politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale,
avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En
d’autres termes, les microsociétés mises en place dans les loges ont constitué
un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Les francs-maçons de
toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en
outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges
françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se
fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés »,
se mettant de facto en opposition à l’Eglise catholique qui était l’exemple
parfait de l’obscurantisme qui régna au Moyen Age appelé âge des ténèbres. Le
français comme langue de culture se substitua au latin des prêtres.
L’exercice du pouvoir maçonnique se révéla à partir de la
Révolution en France. La Révolution n’était pas le fruit d’un complot
maçonnique comme de nombreuses personnes le pensent, mais elle permit à de
francs-maçons célèbres d’accéder au pouvoir et de mettre en pratique leur
religion occulte. Car la franc-maçonnerie est bien une religion, même si en France
elle se prétend laïque. Là où cela devient particulièrement évident, c’est
quand les francs-maçons cherchèrent à remplacer les églises catholiques par des
temples dédiés à la raison.
Le temple de la Raison, créé sous la Révolution française
en 1793, est le temple d'une nouvelle religion inspirée des dogmes de la
franc-maçonnerie et destinée à remplacer le christianisme : le culte de la
Raison des Hébertistes athées (automne 1793-printemps 1794) puis le culte de
l'Être suprême des Montagnards déistes (printemps 1794-été 1794).
La « religion » centrée sur le culte de la
Raison devait rassembler tous les peuples sous la devise de la liberté et de
l'égalité afin de revenir aux principes fondamentaux de la République romaine,
ce qui signifiait explicitement la fin de toutes les monarchies.
Le principal instigateur du culte de l'Être suprême fut Robespierre.
Député du Tiers-Etat, puis chef de file du parti des Montagnards devenu l'un
des accusateurs, avec son collaborateur direct Saint-Just lors du procès de
Louis XVI et figure prépondérante du Comité de salut public de juillet 1793 à
juillet 1794, il proposa, pour contrer la religion catholique mise à l'index
depuis 1792, mais aussi pour contrer les idées athées, de créer une nouvelle
« religion », d'où l'idée de « reconsacrer » des églises,
dont celle de sainte Geneviève à Paris en temples maçonniques dit "de la
Raison". En effet, sainte Geneviève était vénérée pendant la Révolution,
car elle avait protégé Paris contre l'invasion des Huns en 451.
De nombreuses églises furent transformées en temples de
la Raison puis en temples de l'Être suprême. Cependant, de nombreuses églises
qui servaient d'entrepôts, avaient été vendues ou affectées à d'autres usages
ne furent pas transformées en temples de la Raison ou en temples de l'Être
suprême. Le Concordat rétablira en 1802 le culte catholique dans les églises.
Le poids des
symboles dans la République
Le Sacré-Cœur
Les choses écrites plus haut paraissent relativement subjectives,
je vais donc les illustrer par deux faits historiques, qui s’inscrivent dans
une symbolique plus terre-à-terre et qui expliquent comment la lutte se
poursuivit entre les catholiques et les francs-maçons.
Tout le monde en France connait la basilique du Sacré-Cœur
de Montmartre, mais je suis certain que pratiquement personne ne sait à qui
elle est dédiée et pourquoi. C'est dans un contexte politique bien particulier
que fut élaboré, entre 1870 et 1872, le projet de la basilique du Sacré-Cœur :
l'Église, très hostile à la République qui venait de naître, voulait un édifice
symbolisant le pouvoir de la religion catholique sur toute la société.
En retraçant ce contexte, commence ici le récit de la
construction du Sacré-Cœur de Montmartre. Il y avait sur la Butte, le 16
octobre 1919, neuf cardinaux, douze archevêques, 98 évêques, le légat du pape,
des centaines de prêtres, de religieux et de religieuses, des milliers de
fidèles, pour la consécration solennelle de la basilique du Sacré-Cœur de
Montmartre. C'était le point d'orgue d'une histoire qui durait depuis près de
cinquante ans, pleine de bruit et de fureurs, et qui illustrait parfaitement
l'un des problèmes politiques majeurs de cette époque : la question des
rapports entre l'Église et la République.
On a souvent affirmé que le projet d'une basilique à
Paris dédiée au Sacré Cœur de Jésus avait été formé pour "expier"
l'insurrection de la Commune. Ce n'est pas exact. Le "vœu" qui marque
la naissance du projet date en effet de décembre 1870, et la Commune n'a éclaté
que le 18 mars 1871, à Montmartre. Mais cela n'enlève rien à la
signification politique de l'édifice : ceux qui l'ont conçu voulaient proclamer
par ce symbole spectaculaire, en même temps que leur hostilité à la République,
leur volonté de soumettre la société française et l'Etat à la religion
catholique. Le choix du site de Montmartre, dominant Paris, était significatif.
Le projet du Sacré-Cœur est né en même temps que la
IIIe République. Pour bien comprendre, il faut se rappeler le contexte de
l'époque.
1870 : Napoléon III est renversé. Ayant déclaré la
guerre à la Prusse en juillet 1870, il a été vaincu et fait prisonnier dès le 2
septembre. Le 4 septembre, dans Paris assiégé par l'armée prussienne, la
République est proclamée. Après un hiver épouvantable, le gouvernement
provisoire capitulera devant la Prusse en janvier.
Février 1871 : une Assemblée Nationale est élue. Elle est
composée majoritairement de députés royalistes, issus des campagnes. Mais
ceux-ci ne sont pas d'accord sur le choix du prétendant. Les
" légitimistes " sont partisans du comte de Chambord,
descendant de Charles X, et les " orléanistes " du
comte de Paris, héritier de Louis-Philippe. Faute de s'entendre, ils se
résignent au maintien (provisoire, pensent-ils) du régime républicain sous la
présidence de Thiers. La hiérarchie catholique, dans son immense majorité, est
royaliste. Elle ne s'était ralliée à Napoléon III qu'à contrecœur. Elle
souhaite le renversement de la République. Elle remet en cause les libertés
acquises au long du siècle dans le domaine politique et dans celui des mœurs.
De leur côté, évidemment, les républicains sont
majoritairement hostiles à l'Église. Le pape, c'est Pie IX, porté au trône
pontifical en 1846 et qui mourra en 1878. On a du mal aujourd'hui à imaginer de
quelle façon catégorique il condamnait toute idée de liberté de conscience et
de laïcité de l'État. En 1864, dans le Syllabus ou Catalogue des
principales erreurs modernes, il condamnait comme absolument fausses les idées
selon lesquelles " tout homme est libre d'embrasser et de suivre la
religion qu'il croit vraie ", ou " il n'est plus utile que
la religion catholique soit considérée comme l'unique religion d'État à
l'exclusion de tous les autres cultes ". A condamner également, ceux qui
prétendent que " l'Église n'a pas le droit d'employer la
force ", ou qui veulent que "les rois et les princes soient
exempts de la juridiction de l'Église ", ou que " l'Église
soit séparée de l'État et l'État de l'Église ", etc.
Pie IX par ailleurs s'accrochait à son pouvoir de
monarque absolu sur ses États. Les États pontificaux couvraient une grande
partie de l'Italie, mais leur existence était contestée. En 1848, les
républicains italiens conduits par Garibaldi et Mazzini avaient pris le pouvoir
à Rome. Des troupes françaises, envoyées par le futur Napoléon III,
avaient rétabli Pie IX sur son trône en 1849. En 1867 à nouveau, l'armée
française était venue au secours du pape. Mais en 1870, Napoléon III
retire ses troupes d'Italie car il en a besoin pour la guerre contre la Prusse.
Aussitôt l'armée du royaume d'Italie, qui était en cours d'unification, occupe
Rome, et annexe les États du pape.
Pie IX refuse de s'incliner, bien qu'on lui ait
garanti sa souveraineté sur le territoire du Vatican et la non-immixtion de
l'État italien dans les affaires de l'Église. Contraint de ne plus sortir du
Vatican, il se déclare prisonnier. Les catholiques français se mobilisent pour
le soutenir, et parmi eux, au premier rang, les promoteurs de la basilique du
Sacré-Cœur. Ce thème du pape " prisonnier " reviendra comme
un leitmotiv dans leurs proclamations.
C'est une famille de riches bourgeois parisiens qui est à
l'origine du projet. Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury ont épousé
les deux filles de Charles Marcotte, qui avait été haut fonctionnaire sous
Louis-Philippe ( directeur des Eaux et Forêts ) et qui s'était
reconverti dans la finance. Depuis longtemps, cette famille est inquiète de la
progression des idées nouvelles. Elle voit l'immoralité partout. Elle se
demande comment faire pour ramener la France (la France, pas seulement les
Français) dans le giron de l'Église sainte et unique.
Dès le début du siège de Paris, Legentil et Rohault de
Fleury, avec leurs épouses, leurs enfants, leur beau-père et leur beau-frère,
ont fui la capitale. Ils ne connaîtront pas l'affreux hiver 70-71 dans Paris
assiégé. Ils se sont réfugiés à Poitiers, sous l'aile de l'évêque du lieu,
Monseigneur Pie, un des prélats français les plus influents, chef de file du
courant " ultramontain ", c'est-à-dire favorable à une
soumission totale de l'Église de France à l'autorité du pape. C'est là que
l'idée mûrit. Pour ces gens, aucun doute : si la France a été si rapidement
vaincue, c'est en punition de ses péchés. Il faut bâtir un édifice qui proclame
qu'elle se repent et qu'elle retourne sous l'autorité de sa mère l'Église.
Avec l'appui de Mgr Pie, ils envoient de nombreux
courriers pour faire connaître leur idée. Vingt-cinq évêques au moins, et des
supérieurs d'ordres religieux, sont contactés. Les jésuites et les dominicains
se rallient au projet et s'en font les propagandistes. En décembre 1870,
Legentil et Rohault rédigent leur " vœu " pour la
construction d'une basilique dédiée au Sacré-Cœur. Cette première version du
vœu, très longue, évoque les " péchés " de la France,
citant comme exemples : l'insuffisance de l'aide apportée au pape pour la
défense de ses États, les crucifix " arrachés " des écoles,
l'érection à Paris d'une statue de Voltaire, les " horribles
blasphèmes " qu'on entend partout et que l'autorité tolère... Elle
parle aussi de la guerre, des " exactions et rapines " des
troupes prussiennes " commandées par le chef de l'hérésie
protestante " (le roi de Prusse).
En janvier 1871, le texte, un peu raccourci, est envoyé
dans toute la France et à Rome. Presque tous les correspondants, à quelque
tendance de l'Église qu'ils appartiennent, donnent leur accord. Le plus
réticent est Mgr Darboy, archevêque de Paris. Mais Mgr Darboy sera fusillé
comme otage en mai 1871 par la Commune, durant la "semaine
sanglante".
Le pape accorde sa bénédiction mais demande qu'on retire les allusions au roi de Prusse.
À ce moment, aucun site n'est encore choisi pour la future basilique. Le nom de Montmartre n'a pas encore été prononcé. Là-dessus éclate la Commune. Le 18 mars 1871, Montmartre puis tous les quartiers ouvriers de Paris se révoltent contre le gouvernement de Thiers. C'est la guerre civile.
Le 16 mai 1871, l'Assemblée Nationale, installée à
Versailles, vote une résolution ordonnant des prières publiques "pour
supplier Dieu d'apaiser nos discordes civiles". Thiers et son armée
répondent aussitôt à leur manière au souhait de l'Assemblée : la
" semaine sanglante ", du 22 au 28 mai, fera taire les voix
discordantes, au prix de 30 000 morts.
Le projet de basilique, mis de côté durant les deux mois de la Commune, est relancé sitôt après l'écrasement de celle-ci. En juillet, le nouvel archevêque de Paris, Mgr Guibert, reçoit Legentil et quelques-uns de ses amis. Legentil raconte l'entrevue : " L'archevêque a été très bon et a l'air très vénérable, mais bien vieux, bien cassé. Mgr Jeancard ( un de ses adjoints ) était là, qui roupillait un peu pendant les allocutions de son chef de file. Il n'est pas jeune non plus et je ne vois pas sans frayeur ce pauvre diocèse de Paris tomber dans de si vieilles mains."
Mais les inquiétudes de Legentil se dissiperont vite :
jusqu'à sa mort en 1886, Mgr Guibert sera le plus actif des partisans de la
basilique. Le 18 janvier 1872, l'archevêque accorde son soutien officiel à
l'Œuvre du Vœu national qui vient de se former. Des personnalités catholiques
de premier plan font partie du comité directeur. Le plus remarqué est le
général de Charette, petit-neveu du plus célèbre des chefs chouans qui
luttèrent contre la Révolution. M. de Charette, figure marquante du parti
royaliste, a commandé les soldats français engagés dans l'armée de Pie IX
; à la tête de ses " zouaves pontificaux ", il est revenu
en France en 1870 se battre contre les Prussiens, puis contre les communards.
La version définitive du "vœu" est rédigée sous la direction de Mgr Guibert : " En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore, en présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l'Église et du Saint-Siège (...), nous nous humilions devant Dieu et reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés. Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France, nous promettons de contribuer à l'érection à Paris d'un sanctuaire dédié au Sacré Cœur de Jésus." ( le texte de ce vœu est inscrit à l'intérieur de la basilique, à gauche en entrant.)
Le 31 juillet une lettre de Rome approuve l'Œuvre. Une
souscription nationale est lancée.
Où construire le sanctuaire ? Les membres du comité sont divisés. L'un propose le Trocadéro. Un autre Belleville. Legentil suggère qu'on démolisse l'Opéra de Paris (dont la construction, commencée en 1862, n'est pas achevée) pour le remplacer par la basilique. A ses yeux, l'Opéra symbolise l'immoralité de la société du Second Empire. Il souhaite, écrit-il, " que ce scandaleux monument d'extravagance, d'indécence et de mauvais goût soit détruit et que ses riches matériaux et son bel emplacement servent à la fondation projetée ".
Où construire le sanctuaire ? Les membres du comité sont divisés. L'un propose le Trocadéro. Un autre Belleville. Legentil suggère qu'on démolisse l'Opéra de Paris (dont la construction, commencée en 1862, n'est pas achevée) pour le remplacer par la basilique. A ses yeux, l'Opéra symbolise l'immoralité de la société du Second Empire. Il souhaite, écrit-il, " que ce scandaleux monument d'extravagance, d'indécence et de mauvais goût soit détruit et que ses riches matériaux et son bel emplacement servent à la fondation projetée ".
Mgr Guibert tranchera en faveur de Montmartre. Plusieurs raisons à cela. D'abord Montmartre est un site sacré très ancien. Là, selon la légende, aurait été tué Saint Denis, premier évêque de Paris. Durant tout le Moyen Âge et jusqu'au XVIIe siècle, un pèlerinage solennel reliait chaque année la basilique de St-Denis à l'abbaye de Montmartre, au sommet de la Butte. Et puis l'emplacement, dominant Paris, permettra à la basilique du Sacré-Cœur d'être visible de toute la ville. Accessoirement, l'archevêque n'est pas fâché de répondre par ce sanctuaire à l'insurrection de la Commune, sur le lieu même où elle a éclaté, à Montmartre.
Le 16 octobre 1872, Mgr Guibert préside d'ailleurs le premier pèlerinage à Montmartre depuis la Révolution de 1789. Les pèlerins se rendent à une chapelle en bois qui vient d'être édifiée sur l'emplacement de l'ancienne abbaye, rasée en 1792 pendant la Révolution. Mgr Guibert n'a pas choisi par hasard la date du 16 octobre : c'est le jour anniversaire de l'exécution de la reine Marie-Antoinette. Et justement la rue où a été construite cette petite chapelle se nomme rue Marie-Antoinette. Coïncidence ?....
Le 28 mai 1873, un autre pèlerinage rassemble 20 000
fidèles à Chartres autour de Mgr Pie. En tête, 140 députés portant des cierges.
Mgr Pie, dans son discours, évoque le projet du Sacré-Cœur. Il explique que la
régénération de la France exige qu'on oppose les droits de Dieu aux droits de
l'Homme. " L'heure approche, dit-il, en laquelle Jésus-Christ
rentrera non seulement dans les intelligences et les cœurs des hommes, mais
dans les institutions, dans les sociétés et dans la vie publique des
peuples."
Trois jours avant, Thiers a été renversé par la majorité
de droite de l'Assemblée qui le jugeait trop républicain. Le nouveau président,
Mac Mahon, royaliste, forme ce qu'on appellera " le gouvernement de
l'Ordre moral ". On attend de lui qu'il rétablisse le roi sur son
trône. Tous les vents semblent favorables aux partisans de la
" réaction catholique ", ainsi qu'ils se nomment eux-mêmes.
Mais l'avenir déjouera leurs pronostics, et l'histoire du Sacré-Cœur en sera
l'illustration. Une loi sera votée en 1873 par l'Assemblée Nationale pour
permettre à l'archevêché d'acquérir les terrains. La première pierre sera posée
en 1875. L'intérieur de la nef sera inauguré en 1891, le campanile
( clocher ) ne sera terminé qu'en 1912. Il faudra même attendre 1923
pour l'achèvement de la décoration intérieure. Et tout au long de ces années,
de formidables et incessantes polémiques accompagneront les travaux.
On le voit, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est
bien plus qu’un simple édifice religieux. Il est le symbole catholique, érigé
au-dessus de la République dont il conteste l’autorité. Mais ce bâtiment
hautement symbolique ne peut être dissocié de l’action du pape de l’époque, Pie
IX. Les premières années de son pontificat sont marquées par des mesures
libérales qui s’opposent aux méthodes de Grégoire XVI, mais très rapidement le
naturel catholique va revenir au galop.
Le pontificat de Pie IX correspond également à une
réaction de rejet à l'égard de l’évolution libérale des sociétés européennes et
plus largement des idées nées de la Révolution. L’industrialisation qui
s’accélère au cours du siècle voit se développer en Europe occidentale une
classe ouvrière déracinée : né en dehors de toute influence religieuse, le
prolétariat est tenté par le socialisme. L’enseignement de Pie IX est empreint
d’une grande hostilité, à l’égard des idées modernes (libéralisme,
matérialisme, socialisme, rationalisme) et de ceux qui les diffusent, en
particulier les francs-maçons, regardés comme responsables de l'évolution
libérale et laïque des États européens.
Le rationalisme et les idéologies scientiste et
positiviste sont condamnées à partir de 1864 par deux documents, capitaux dans
l'histoire de l'Église catholique contemporaine :
-L'encyclique Quanta cura (1864)
-Le Syllabus, liste de 80 propositions condamnées par
l'Église, qui accompagne cette encyclique, la même année.
Le Syllabus est une liste de 80 propositions condamnées
par l'Église. Pie IX y condamne explicitement le rationalisme, la liberté
d'opinion, la liberté de culte et la séparation de l'Église et de l'État. En
1864, Pie IX explique le rôle qu'il entend assigner à l'école : « Les
écoles populaires sont principalement établies en vue de donner au peuple un
enseignement religieux, de le porter à la piété et à une discipline
morale ».
L'encyclique Quanta cura, le 8 décembre 1864, condamne
violemment les « hérésies et erreurs qui souillent l'Église et la
Cité », comme le socialisme et le communisme, mais également le
« délire » (selon l'expression de Grégoire XVI) de la liberté de
conscience et de culte et autres « opinions déréglées » et
« machinations criminelles d'hommes iniques » parmi lesquelles la
séparation du temporel et du spirituel et l'école laïque. Il précise que là où
la religion a été mise à l'écart de la société civile (...) la pure notion même
de justice et du droit humain s'obscurcit et se perd, et la force matérielle
prend la place de la véritable justice. Il attaque également implicitement une
certaine conception de la liberté de la presse, lorsque « les ennemis
acharnés de notre religion, au moyen de livres empoisonnés, de brochures et de
journaux répandus par toute la terre, trompent les peuples, mentent
perfidement, et diffusent toutes sortes d'autres doctrines impies ». Pie
IX souligne que « non contents de mettre la religion à l'écart de la
société, ils veulent même l'écarter de la vie privée des familles. En effet
enseignant et professant l'erreur très funeste du communisme et du socialisme,
ils affirment que la société domestique ou la famille emprunte au seul droit
civil toute sa raison d'être. »
Le 8 décembre 1854, Pie IX proclame, dans sa bulle
Ineffabilis Deus, le dogme de l'Immaculée Conception. Il définit
solennellement, en vertu de son autorité apostolique, que la bienheureuse
Vierge Marie a été exempte du péché originel. Peu de temps après, entre le 11
février et le 16 juillet 1858, Bernadette Soubirous affirmera avoir été témoin,
dans la petite grotte de Massabielle à Lourdes, d'apparitions
("aquerro" dira la jeune voyante) déclarant en patois
bigourdan : « Que soy era Immaculada councepciou ».
Le 23 août 1856, le pape Pie IX, à la demande des évêques
français, étend la fête du Sacré-Cœur à toute l'Eglise catholique. Il l'inscrit
ainsi au calendrier liturgique universel. C'est aussi ce pape qui béatifie
Marguerite-Marie Alacoque, le 19 août 1864, et qui bénit le projet
d'édification de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. En 1899, son
successeur Léon XIII consacre le genre humain au Cœur de Jésus. Ainsi le
message du Sacré-Cœur prend une dimension universelle qui pourrait donner cette
lecture : « Le monde n’a pas pour vocation d’être dirigé par des
républiques élues démocratiquement, mais doit être soumis à l’autorité de
l’Eglise de Rome, de son pape et du roi dont l’autorité sera d’une dimension
universelle ». Un mashiah romain, en quelque sorte. Derrière un verni
vaguement chrétien, s’ourdit la trame qui de jour en jour prend sa place dans
l’Histoire et les Ecritures. D’abord on reconstruit un royaume, l’Union
européenne dédiée à la Reine du Ciel, puis on lui donnera un roi et un
prophète.
Afin de bien graver dans le marbre et pérenniser ses
idées, en 1867, Pie IX convoque le concile Vatican I, qui s'ouvre le 8 décembre
1869. Malgré les résistances d'une minorité, les Pères conciliaires promulguent
le 18 juillet 1870 la constitution apostolique Pastor æternus, affirmant l'infaillibilité
du pape, lorsque celui-ci se prononce, solennellement et ex cathedra, en vertu
de sa charge, sur un point de doctrine devant être tenu par toute l'Église.
La Troisième
République
Les batailles idéologiques entre les catholiques et les
francs-maçons vont prendre une nouvelle tournure sous la Troisième République
où le combat va se muer en combat politique en une droite sous influence catholique
et une gauche maçonnique. La Troisième République est le premier régime français
à s'imposer dans la durée depuis 1789. En effet, après la chute de la monarchie
française, la France a expérimenté, en quatre-vingts ans, sept régimes
politiques : trois monarchies constitutionnelles, deux républiques et deux
Empires.
Sous la pression catholique, on cherchera dans un premier
temps à remettre en place la monarchie au début de la Troisième République,
mais progressivement les républicains s’imposeront. Les élections législatives
de 1881 renforcent les républicains qui sont désormais 457 contre 88
conservateurs. Jules Ferry est la personnalité dominante des premiers
gouvernements républicains de 1879 à 1885, chargé soit de l’éducation
nationale, soit des affaires étrangères. Il engage alors une série de réformes
touchant l'école, la magistrature et d'une certaine manière la constitution. C’est
le retour en force des francs-maçons qui retrouve le pouvoir et vont l’exercer
assez violemment.
Dans l'esprit des républicains maçons, l'école doit être
le moyen pour les Français de lutter contre l'ignorance, "d'éclairer
chaque jour davantage le suffrage universel" (Gambetta) et aussi de
rattraper son retard vis-à-vis de l'Allemagne. En effet, il est couramment
admis que "Sedan était la victoire du maître d'école allemand". On revient à l’esprit des Lumières initial.
Jules Ferry agira de manière « très
démocratique » de 1879 à 1885, pour l’établissement d’une école publique
« gratuite et obligatoire », mais sans Dieu et militant contre le
catholicisme. Il y met tellement de violences autoritaires et d’illégalités que
les magistrats démissionnent par centaines. Il emploie l’armée pour envahir les
couvents et les écoles catholiques, jeter à la rue des milliers de religieux,
réaliser la « dispersion » des congrégations enseignantes. "Aux
yeux de Ferry, l'école, expression de la supériorité de la culture et de la race
françaises, est une œuvre missionnaire. On
colonise intérieurement les villages français - interdiction de parler
désormais le patois, mais aussi lutte contre l'enseignement religieux encore
dominant à l'époque, qu'il décapite en chassant les Jésuites et les maristes -
comme on colonise extérieurement les pays, au nom de la France et d'une race
supérieure dont Ferry se fera ouvertement le défenseur : "Il faut dire
ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races
inférieures. (...) Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit,
parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les
races inférieures." On retrouve les grandes lignes de l’éducation
maçonnique dans le verbe de Ferry.
Le retour en force des francs-maçons sous la Troisième
République se retrouve également dans de grands symboles construits par des
francs-maçons célèbres comme Auguste Bartholdi qui avec l'aide d'Eiffel, construira
la statue de la Liberté qui est un hommage aux idéaux maçonniques de liberté
des pères de la Révolution américaine (Franklin, Washington) et de leurs frères
français (La Fayette, Rochambeau). Hommage à peine voilé à l’esprit des
Lumières, lumières qui éclairent le monde, excusez du peu.
Mais les Français qui sont à l’initiative de la statue de
la Liberté, vont faire bien mieux et surtout bien plus grand, même si cela ne
saute pas yeux et qu’on ne le crie pas sur les toits, secret maçonnique oblige.
Paris la Ville lumière par excellence ne pouvait pour les
maçons qu’ériger un monument qui soit le phare de leur idéologie. Reprenant la base carrée
pyramidale ils érigeront la tour Effel comme un chemin initiatique vers le
ciel. Vraie pyramide, dotée d'un phare illuminant la ville de ses lumières, la
tour comporte trois étages, renvoit évident pour les maçons aux trois premiers
degrés de l'initiation, celui de l'apprenti, du compagnon et du maître. Ultime défi: elle est plus haute que le sommet
du Sacré-Cœur de Montmartre, ce qui constituait, pour ses architectes
francs-maçons, une victoire sur l'Eglise. La tour Effel est la réponse
maçonnique à la construction du Sacré-Cœur et ne peut aujourd’hui être comprise
que si on replace ces monuments dans le contexte de l’époque. C’est le principe
de la lutte des Lumières contre les ténèbres qui est recherché de manière
symbolique.
Il va de soi que pour un véritable chrétien qui vit en
Jésus Christ par l’Esprit Saint, que l’adhésion à un camp ou un autre revient à
se retrancher de l’Eglise du Christ son Epouse véritable. Aujourd’hui la simple
adhésion par un bulletin de vote à l’UMP ou au PS suffit à provoquer cette scission.
C’est pour cela que j’exhorte en permanence la famille chrétienne à ne pas
voter, car c’est aujourd’hui faire un choix religieux, qui contribue à former
la bête de l’Apocalypse en Europe et vous place par le biais politique dans un
camp religieux qui s’est toujours opposé avec violence à Christ. Les pasteurs
qui ne se soucient pas assez de ces choses par ignorance en négligeant la
culture dans la Parole de Dieu, portent une grande responsabilité dans l’effondrement
de la foi chrétienne en Occident. Parce qu’ils ignorent la nature de l’adversité
à laquelle ils doivent faire face, le mal peut progresser jusqu’à les absorber
progressivement.
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