Pour bien saisir ce qu’est le maçonnisme, une étude de
ses rites et symboles ne suffit pas, il faut revenir au motif de sa création et
suivre son développement. Le maçonnisme tel que nous le connaissons aujourd’hui
n’est en fait pas très ancien, car il est né en Angleterre au 18ème siècle,
puis s’est propagé en Europe sous différentes formes. Il n’était pas
précurseur, comme l’affirment les francs-maçons aujourd’hui qui s’affirment comme
étant les héritiers de rites anciens, mais des occultistes qui se greffèrent
sur des courants de pensée qui sont nés avec la réforme protestante. Les
francs-maçons sont donc les agents d’une contreréforme occulte, qui vise à
anéantir sous toutes les formes, la vision d’une société qui se voudrait chrétienne.
Officiellement, la franc-maçonnerie, telle que nous la
connaissons aujourd'hui, naît le 24 juin 1717 par la création de la Grande Loge
de Londres. Cet acte fondateur qui voit le regroupement de quatre loges déjà
constituées, est considéré par tous les maçons comme le début de la maçonnerie
spéculative, c'est-à-dire ayant pour but la recherche intellectuelle, par
opposition à la maçonnerie opérative, confrérie d'artisans soucieux de
préserver leurs droits et de protéger leurs secrets de métiers.
La maçonnerie opérative se perd dans la nuit des temps,
car on retrouve des corporations d'artisans aussi bien en Égypte qu'à Rome.
Toute construction monumentale implique en effet une organisation hiérarchisée
des différents corps de métiers sous la forme de confréries ou de collèges. Pour autant, c'est durant le Moyen Âge que ces
organisations professionnelles vont connaître leur âge d'or. L'édification des
monuments médiévaux, en particulier les cathédrales, qui s'étale sur de
nombreuses décennies, va faire rapidement apparaître des regroupements par
métiers qui se doteront de pratiques et de statuts spécifiques dont le plus
ancien à nous être parvenu, le manuscrit Regius date de 1390. On y voit déjà la
mention d'une loge, la mise en place de la catégorie des apprentis, l'obligation
du secret et la prestation d'un serment. Des éléments constitutifs que l'on
retrouvera, jusqu'à aujourd'hui, dans toutes les loges spéculatives. On y
rencontre également différentes légendes de fondations qui font de la
maçonnerie de l'époque le dépositaire de savoirs qui datent de l’antiquité et
donc renvoie aux temps bibliques.
La guerre de Cent Ans puis les conflits entre protestants
et catholiques vont supprimer les grands chantiers religieux et désorganiser,
quand elles ne sont pas interdites, les différentes confréries de métiers.
Confrontés au chômage, suspectés, par les pouvoirs en place, les maçons
opératifs se tourneront vers les pouvoirs locaux comme en Écosse où les Statuts
Schaw en 1598 vont organiser la vie des loges. Soucieux de s'attirer les bonnes
grâces des puissants, les maçons opératifs vont aussi prendre une décision qui
aura une influence déterminante pour la création de la franc-maçonnerie moderne
: dès le 17e siècle, les loges acceptent dans leur rang des hommes d'influence
qui ne sont pas des artisans.
La première mention écrite d'un maçon ainsi intégré date
de 1600. C'est là un tournant essentiel puisque, peu à peu, des loges feront
leur apparition, constituées presque uniquement de francs-maçons non opératifs.
Ce mouvement s'est principalement développé en Angleterre qui connaissait à
l'époque une longue période de guerre civile. Les loges, avec leur rituel du
secret et de la fraternité, deviennent rapidement des lieux, où les tenants des
différents partis peuvent se rencontrer et dialoguer. Lieux d'échange, les
loges spéculatives vont aussi accueillir les scientifiques de l'époque qui,
autour de Newton, tentent d'édifier une nouvelle vision du monde, non plus
bâtie sur la superstition religieuse, mais sur la raison. Pour autant, le goût
du secret, la pratique des rituels attirent aussi les ésotéristes de l'époque,
Rose-Croix et alchimistes, dont les spéculations philosophiques et
intellectuelles vont largement influencer et l'organisation et les rituels de
la franc-maçonnerie.
La maçonnerie spéculative apparait donc comme un simple
parasitage par des intellectuels, qui se réapproprient des pratiques de
compagnonnages médiévales qui étaient en passe de disparaitre. Ainsi tel un
cancer qui gagnerait tout le corps, ils prolifèrent jusqu’à le tuer et le faire
renaitre sous une nouvelle forme dont ils prétendent être les héritiers, ce qui
est totalement faux et un mensonge grossier. Les loges médiévales n’ont que transmis
la manière de tenir des réunions secrètes afin de protéger leurs secrets de
métiers. Les francs-maçons ont ainsi acquis la maîtrise d’une méthode qui permit
le développement d’un maçonnisme à caractère purement occulte, que la société
en générale n’aurait jamais acceptée si elle avait pu librement avoir accès à
ses rites et pénétrer les principes qui fondent sa motivation.
La métaphore du cancer qui rongea les corporations
jusqu’à les détruire pour les remplacer, s’applique également et surtout, car
c’est la vocation première du maçonnisme, à celui de l’esprit. Les
francs-maçons aiment à se présenter comme les héritiers du siècle des Lumières
où l’on peut apprécier le monde d’un point de vue différent en encourageant la
science et l’échange intellectuel, en s’opposant à la superstition,
l’intolérance et les abus de l’Église et de l’État. Mais ils sont bien loin de
représenter réellement l’esprit des Lumières, car il faut rappeler que la
franc-maçonnerie n'atteint que les milieux de notables urbains. Le peuple en
est exclu. Très accueillante à la noblesse à ses débuts, elle séduit beaucoup
d'ecclésiastiques, d'officiers et de robins, de membres de la bourgeoisie
d'affaires, de cadres militaires. L'égalité entre eux est une théorie qui ne
s’applique qu’entre des gens du même milieu. En ceci on peut comprendre que le
cancer maçon se développe maintenant dans les consciences, car les Lumières, de
qui sont-elles les héritières ?
En fait les « Lumières » sont une notion sans réel
fondement historique, elles marquent seulement le début de l'ère scientifique que
l’on oppose aux ténèbres moyenâgeuses du catholicisme qu’on confond faussement
au christianisme. Ainsi religion et obscurantisme sont confondus comme étroitement
associés. C’est plutôt la Renaissance qui devrait être appelée le temps des
Lumières, avec ses grandes découvertes et son ouverture au savoir grâce à l’imprimerie
et aux humanistes qui s’oppose de plus en plus à l’Eglise, comme Erasme. Érasme
est un des plus fervents partisans de l'humanisme chrétien. Il fait la
conjonction entre la religion et la liberté dans son livre de 1503, Enrichidion
militis christiani. À une religion basée sur un ritualisme sans âme et des
obligations comme la messe dominicale, il oppose une religion de l'homme
s'adressant directement à Dieu. À sa suite, l'humanisme chrétien touche
exclusivement les pratiques ecclésiastiques, et non pas la religion. À ce
titre, les humanistes sont en partie à l'origine de la Réforme protestante du XVIe siècle introduite par Martin Luther en Allemagne
et Jean Calvin à Genève.
La diffusion du savoir à grande échelle dans toute la
société est la véritable source des Lumières. On peut donc dire que la
découverte de l’imprimerie et la diffusion en masse de livres, favorisa
grandement l’essor de la Renaissance. La bible de Gutenberg ou « bible à
quarante-deux lignes » est le premier livre imprimé en Europe à l'aide de
caractères mobiles. La Bible sort des enceintes religieuses pour atteindre le
grand public. Pour les humanistes comme Erasme ou Thomas More, qui préconisent
un retour aux Saintes Ecritures, l'invention de Gutenberg paraît même
providentielle. Erasme publie à Bâle, en 1516, un Nouveau
Testament avec le texte grec et une nouvelle traduction latine de son cru.
Cette édition servira de base à toutes les traductions en langue vernaculaire
en Europe. La Réforme prolonge et renforce le mouvement, avec la
doctrine de la sola scriptura - il n'y a d'autorité doctrinale que de la Bible.
C'est l'époque des grandes traductions qui, en Allemagne avec Luther ou au
Royaume-Uni (la Bible du roi James), vont même fixer respectivement les langues
allemande et anglaise dans leurs caractéristiques modernes. Le retour à la
Bible sera le fermant de la Réforme qui scellera définitivement l’âge des
ténèbres catholiques, ou dit autrement le Moyen Age.
« Ta parole est comme une lampe qui guide tous mes
pas, elle est une lumière éclairant mon chemin. » Psaumes 119v105 prend
donc ici tout son sens. Le retour à la Bible agit comme l’aube d’un jour
nouveau qui verrait se lever le soleil du Christ que l’on redécouvre après des
siècles de culture mariale. La Réforme est donc un réveil religieux où l’Esprit
Saint agit comme un feu divin, qui par sa lumière va bouleverser toute la
société pour préparer les esprits au retour du Christ sur terre, par des réveils en cascade dans les siècles
qui suivirent. Ainsi l’Esprit des Lumières n’est que l’héritière séculière d’une
lumière bien plus éclatante et qui est celle de l’Esprit Saint. Jean 8 : 12 Jésus leur parla de nouveau. Il dit: «Je suis la lumière
du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura au
contraire la lumière de la vie.»
Le retour à la Bible brise le carcan scolastique
catholique qui s’est imposé au Moyen Age et qui donnait toute autorité sur la
diffusion de la connaissance à l’Eglise catholique. L'humanisme pédagogique va
alors s'opposer à l'enseignement scolastique en imposant l'étude des lettres
latines et grecques dans leurs textes « authentiques ». Les idées
humanistes en matière d'éducation aboutissent à la création de nouvelles écoles
dans toute l'Europe où est formée la nouvelle élite administrative des États,
qui se voit ainsi libérée de la férule catholique. La pédagogie est pour les
humanistes du XVe et du XVIe siècle
un domaine particulièrement important. Il faut que l'enfant soit formé d'une
manière continue et progressive, de sa naissance à l'âge adulte, et même
au-delà pour devenir un homme conforme à l'idéal professé par les humanistes. À
ce sujet Érasme déclare en 1529 « Il faut former les enfants à la vertu et
aux lettres dans un esprit libéral et cela dès la naissance ». Il s'oppose
aux châtiments corporels dans l’enseignement : « Ce genre de
formation, d’autres l’approuvent, moi, je ne pousserai jamais à faire ainsi
quiconque voudra que son enfant soit éduqué dans un esprit libéral […] Il est
vrai que la méthode ordinaire est plus économique, car il est plus facile à un
seul de contraindre plusieurs par la crainte que d’en former un seul dans la
liberté. Mais ce n’est rien de grand de commander à des ânes ou à des bœufs.
C’est former des êtres libres dans la liberté qui est à la fois difficile et
très beau. Il est digne d’un tyran d’opprimer des citoyens dans la crainte, les
maintenir dans le devoir par la bienveillance, la modération, la sagesse, cela
est d’un roi…».
La pensée nouvelle fait une place première à l'expérimentation.
Les dogmes, même issus de la bibliographie gréco-romaine, sont remis en
question, et doivent passer par l'épreuve du fait (cf Bernard Palissy, Discours
admirables aux Eaux et Fontaines). Ainsi se développe une pensée critique, où
l'expérience scientifique permet de dégager une connaissance libre de préjugés.
Artistes, lettrés et savants se lancent dans la construction d'un savoir
moderne. Léonard de Vinci, par exemple, s'intéresse à l'anatomie et opère
plusieurs dissections dont témoignent ses carnets de dessin. Copernic conçoit
le modèle héliocentrique, en réaction au modèle géocentrique de Ptolémée et
Aristote. Rabelais donne dans son Gargantua l'exemple d'une éducation idéale et
universelle, ajoutant aux langues anciennes la connaissance des mathématiques,
de l'astronomie et des sciences naturelles.
Les humanistes sont en général pacifistes et
cosmopolites. Même quand ils sont au service d'un prince, comme Guillaume Budé,
ils font passer leurs impératifs moraux avant les considérations politiques.
Érasme, quant à lui, est un temps conseiller de Charles Quint. En 1516, il
écrit L'Institution du prince chrétien. Il y loue la notion de bien commun dans
un État où le devoir du peuple est mis en parallèle avec celui du prince.
Parfois ils envoient des lettres ou dédient leurs ouvrages à un souverain pour
essayer d'exercer une influence salutaire sur leurs décisions politiques. Ils
proposent volontiers des réformes politiques comme Érasme dans L'Éloge de la
Folie en 1511.
Ainsi, les Humanistes, la Réforme, puis la Renaissance
vont refermer définitivement la parenthèse hégémonique catholique du Moyen Age
et refermer 1000 de ténèbres sur l’Europe. La civilisation reprend son cours là
où elle s’était arrêtée avec l’Empire romain et une nouvelle identité
européenne née de la culture, fait place au royaume de Dieu établi en Occident
par les papes. Car« le clergé leur parlait comme à des chrétiens
appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de
la vraie foi. » En somme, les Européens n'avaient pas pleinement
conscience de leur identité culturelle. La conscience de cette identité
n'apparut qu'à la Renaissance et se développa au fur et mesure que l’influence
du catholicisme diminuait.
La racine du mal qui entretint l’Europe dans les ténèbres
n’était pas du fait du christianisme, mais du catholicisme, et donc prétendre
que la religion en générale est la source de tous les maux qui entretient
l’ignorance et la superstition, n’est qu’un prétexte pour reprendre le contrôle
de l’instruction sous une autre forme. En fait, le retour à une Bible
vernaculaire et sa diffusion, va déboulonner le catholicisme régnant, jusqu’à
faire vaciller et chuter les monarchies sacralisées par les papes. Si on avait
laissé agir l’esprit nouveau qui soufflait sur l’Europe, une transition
progressive se serait faite, de la monarchie absolue vers des régimes où les
souverains auraient abdiqué pour faire place de vraies démocraties. C’est ce
qui s’est passé en Europe du nord où le catholicisme avait perdu toute son
influence. Mais en Europe du Sud où elle la conservait, les choses vont évoluer
toutes autrement et avec beaucoup plus de violence.
L'Angleterre est un cas particulier à cause de son
détachement de l’autorité papale qui remonte au XVIe siècle,
lorsque le roi d'Angleterre Henri VIII rompit avec le pape et Rome pour des
raisons purement politiques. La séparation entre l'Église d'Angleterre et la
papauté ne vint pas de querelles théologiques. Le roi d'Angleterre, Henri VIII,
jusque-là soutien sans faille de la papauté, avait épousé en 1509 Catherine
d'Aragon. Sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne
Boleyn, il fait parvenir au pape en 1527 une demande d'annulation de son
mariage. Ayant essuyé en 1530 un refus définitif de Clément VII, il se proclame
l'année suivante alors « Chef suprême de l'Église et du Clergé
d'Angleterre » et rompt toute relation diplomatique avec Rome en créant
l’Anglicanisme.
L’anglicanisme sera au départ un mélange de
protestantisme et de catholicisme. Mais en toute rigueur, on ne saurait parler
de l'« Église anglicane », puisque les différentes églises qui se
reconnaissant dans cette confession sont autocéphales. La plupart sont rassemblées dans la Communion
anglicane, au sein de laquelle l'Église d'Angleterre et son primat,
l'archevêque de Canterbury, ne jouissent que d'une primauté d'honneur. Par
ailleurs, les Églises anglicanes se disent réformées parce qu'elles ont adhéré
à certains principes nouveaux issus de la Réforme protestante en matière de
doctrine et de liturgie.
De 1633 à 1640, l'archevêque de Cantorbéry William Laud
va tenter de mettre en œuvre une politique d'uniformisation religieuse. Elle
est rejetée par les non-conformistes, notamment par les puritains qui
souhaitent parachever la Réforme en Angleterre. C'est une des causes de la
Première Révolution anglaise. La guerre aboutit à l'exécution du roi, au
renversement de la monarchie et à la création d'une république connue sous le
nom de Commonwealth de l'Angleterre. L'absence de dirigeant clair conduisit à
des troubles civils et militaires et à un désir de retour à la monarchie. Le
retour de la monarchie entraina une nouvelle querelle religieuse entre
Catholiques et Protestants. Le retour de rois catholiques qui veulent
rétablir la monarchie absolue Angleterre, va aboutir au renversement du roi
catholique Jacques II et est habituellement désigné sous le nom de
« Glorieuse Révolution ». Ce fut l'un des évènements les plus
importants de la longue évolution du pouvoir parlementaire. En effet, la Déclaration
des droits (ou Bill of Rights en anglais) de 1689 affirma la suprématie du
Parlement et conféra certains droits aux citoyens anglais. La Déclaration fait
aussi obligation aux futurs monarques d'être protestants pour pouvoir accéder
au trône. Une lente transition vers une monarchie constitutionnelle s’opérera,
pour exister encore de nos jours.
Comme on peut le constater, la définitive libération de
la tutelle catholique permit le développement de régimes politiques toujours
plus démocratiques. C’est dans ce
nouveau contexte que le second étage de la fusée des réveils religieux, mit en
orbite le méthodisme. Le méthodisme est un courant du protestantisme regroupant
de nombreuses Églises d'orientations diverses, mais trouvant leur inspiration
dans la prédication de John Wesley au XVIIIe siècle.
Après la justification par la foi de Luther, vint la sanctification de Wesley.
Ces deux étapes essentielles dans la restauration de l’Esprit Saint au sein d’une
Eglise nouvelle, prépare en fait pour le 20ème siècle la venue du Pentecôtisme
et le rétablissement d’Israël. Les deux signes eschatologiques majeurs qui
annoncent le retour prochain du Christ sur terre et l’avènement du royaume de
Dieu.
C’est dans ce contexte religieux très particulier en
Angleterre, que le Diable va réagir pour essayer de contrer l’action de
l’Esprit Saint et tenter de réduire, voire d’annihiler la nouvelle dynamique
des réveils religieux qui montent en puissance en Europe. Ne pouvant plus agir
par le biais catholique pour étouffer l’Esprit de Dieu, Satan va utiliser la
nouvelle donne politique qui se met en place en Angleterre, pour revenir au
pouvoir par la voie des nouvelles institutions parlementaires. Ainsi au
solstice d’été du 24 juin 1717, quatre loges mineures de Londres réunies dans
la taverne du "Goose and Gridiron", fondèrent la première Grande
Loge. Ses 4 loges mineures portaient le nom des tavernes où elles se
réunissaient: L'Oie et le Grill, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les
Raisins. La Grande Loge unie d'Angleterre est désignée comme la "Loge
mère" du maçonnisme naissant, devient l’organe supérieur chargé de la
régularité des groupes existants et de l'ouverture de nouvelles loges. La
première pierre d’un nouveau temple mystique dédié à Satan vient d’être posée.
Temple où désormais tout sera occulte, caché sous la dénomination de maçonnerie
spéculative.
Le maçonnisme n’agit donc pas dans l’esprit des Lumières
qui est enfant de la Réforme, mais comme un contrecourant antéchrist et une contre-réforme.
Le maçonnisme n’est pas l’héritier des Lumières comme il le laisse supposer,
mais le cancer idéologique qui va le gagner pour en tuer l’esprit initiateur et
le remplacer par un courant de pensée occulte qui va en pervertir le sens,
exactement comme le catholicisme a perverti le sens du christianisme. Les
francs-maçons vont donc reprendre ce qui est né dans la lumière pour
l’entrainer vers l’occulte, dont les synonymes sont cachés, clandestin, ésotérique,
larvé, mystérieux, noir, parallèle, secret.
Le culte du secret est si grand, qu’ils doivent en faire
serment. Le serment est prononcé sur la Bible, au nom de Dieu et de saint Jean
(solstice), mais également, sur les outils de la Franc-Maçonnerie. Si celui-ci
venait à être trahi, l'entrant devra en répondre devant Dieu, le jour du
jugement dernier. Le serment détermine la condition préliminaire indispensable
dans la communication des secrets. En effet, rien ne doit être révélé sous
quelque forme que ce soit, sous peine de châtiments corporels abominables. De
ce fait, ce secret ne peut être partagé qu'avec les autres maçons entrés. C'est
par conséquent, l'un des éléments dont a hérité le serment au XVIIIème siècle
qui sont les paroles de celui qui vient d'être reçu. L’aspect fondamental qui
prime au premier abord est l’évolution de la prise à témoin de Dieu, qui est du
reste une des caractéristiques anglaises permettant de respecter sa promesse
sur sa foi de gentilhomme avec l’aide et au nom du Grand Architecte de
l’Univers qui remplace Dieu. Avant même de prêter serment et d’être le garant
des secrets, il est demandé au futur maçon du 18ème siècle d’être
croyant, voire pratiquant, comme cela était le cas à cette époque, et de rester
fidèle plus particulièrement à la chrétienté. Le courant philosophique et
religieux étant mêlé comme au début de la Réforme, le maçonnisme ne doit donc
être considéré que comme le fondement d’une contreréforme religieuse et rien d’autre.
Le but étant d’arracher les meilleurs éléments intellectuels du protestantisme
et du méthodisme à leur Eglise respective, pour les faire entrer dans un nouvel
ordre qui cache sa véritable apparence religieuse. C’est une manière de pervertir
l’Eglise du Christ de l’intérieur et par la suite d’asservir toute la société
en prenant les rênes du pouvoir parlementaire.
En cooptant exclusivement des membres de la noblesse ou
de la bourgeoisie la plus instruite, une élite d’intellectuels parmi les plus
brillants se forme au sein de la franc-maçonnerie anglaise, qui va
progressivement investir toutes les strates du pouvoir. La
franc-maçonnerie spéculative a été créée entre 1700 et 1717 à l’initiative de
Newton et de ses amis de la Royal Society. 1723 : le texte des Constitutions d’Anderson, écrit par le révérend
James Anderson, pasteur presbytérien, unifie les pratiques des loges en matière de rituel et
d’initiation et cette parution signe la reconnaissance officielle de la
Franc-Maçonnerie. Avant d’être ce scientifique connu et
reconnu, Newton est un alchimiste ignoré, mais authentique, dont les
recherches, celles relatives à l’attraction universelle, et à celles de la
nature de la lumière, plongent leurs fondements dans sa pratique alchimique.
Soixante pour cent de ses écrits sont liés à l'Alchimie. Sa culture est immense
dans ce domaine, il recopie lui-même tous les livres d’alchimie, les annote,
les commente. Les expérimente. Pendant 30 ans, il éprouve au laboratoire la
réalité du travail alchimique. Il met en évidence ce Feu de Nature tant
recherché des alchimistes, "lumière (je le cite) venant de la Lumière,
portée sur les ailes de l’Esprit universel", il observe que ce Spiritus
Mundi, cet Esprit universel, informe et relie toute chose en notre monde
manifesté. Il vérifie dans le creuset la force d’attraction de cet Esprit.
Newton consacre l’essentiel de sa vie à chercher les messages cachés secrets
dans la Nature, dans la construction du Temple de Salomon.
En 1703, Isaac Newton en devint le
président avec comme assistant Jean-Théophile Désaguliers, franc-maçon et
Grand-Maître de la Grande Loge de Londres. Cela pour un mandat de 25 ans, jusqu’ à sa
mort le 20 mars 1727. Il est au faîte de sa gloire. Royal Society et
Franc-Maçonnerie sont étroitement liées dans le projet : en 1723, année de la
Constitution, 40 membres de la Royal Society sur 300 sont
déjà membres de la Franc-Maçonnerie. La maçonnerie s’ouvre alors à un plus
grand nombre. Au début, avec deux grades, sur le modèle de la Franc-Maçonnerie
opérative : apprenti et compagnon. Le grade de maître sera installé
autour de 1725. Mais les expériences newtoniennes sur l’alchimie vont
rapidement évoluer au sein du maçonnisme. Car ils comprirent que ce n’est pas
au sein de la matière que l’on trouve la lumière, mais dans l’esprit. "Le
sujet de l’Alchimie est la lumière, la lumière venant de la Lumière, portée sur
les ailes de l’Esprit universel". Voilà, le premier grand secret des
alchimistes, qui est au cœur du Cabinet de Réflexion. C’est une manière subtile
d’abandonner les premières réflexions maçonniques élaborées à sa fondation,
pour en inventer de nouvelles qui vont progressivement reprendre tous les
symboles religieux, pour façonner par syncrétisme le Maçonnisme moderne.
La manière dont le maçonnisme a pris le contrôle de la Royal Society
résume à lui seul la méthode occulte de son fonctionnement. Nul besoin
d’adhésion massive, à partir du moment où les postes clés sont sous contrôle. On
peut alors s’attribuer la paternité de la chose, puis l’orienter dans une direction
qui vous est favorable et fabriquer des mythes, comme une franc-maçonnerie
héritière des Lumières. Mais oui disent-ils : regardez tous ces
francs-maçons qui sont des savants illustres, ils sont les pairs qui ont
favorisé les sciences qui ont permis l’émergence d’un siècle des Lumières. Mais
il n’en est rien, car la très grande majorité des gens qui firent par leur
intelligence que le Siècle des Lumières exista, n’étaient pas franc-maçon. Ce
siècle exista uniquement parce que les humanistes et protestants qui les ont précédés,
ont libéré l’Europe d’une tutelle qui empêchait toute expression
intellectuelle, tant qu’elle n’était pas au service de l’Eglise catholique.
Paradoxalement, le siècle des Lumières verra naître en son
sein, les ténèbres d’une nouvelle forme de gouvernance occulte, qui cherchera
par tous les moyens à remplacer le catholicisme et la monarchie qui lui est
associée. Cette nouvelle religion, inondera de symboles païens et ésotériques
tous les monuments publics et même religieux, pour mieux marquer de son
empreinte indélébile, le contrôle d’une nouvelle société naissante. Ainsi, le
nouveau temple mystique maçonnique et ses idoles associées, entreront en lutte
ouverte avec le renouveau spirituel qui marque la sortie du catholicisme. Le
but évident de Satan étant d’étouffer l’action du Saint Esprit par un contrecourant
antéchrist issu du maçonnisme. C’est en France, fille ainée de l’Eglise, que le
combat spirituel sera le plus intense et le plus violant, car il mettra à feu
et à sang toute l’Europe.
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