http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Une Europe toujours plus compromise

vendredi 12 octobre 2012

Une Europe toujours plus compromise



Les opposants ont été deux fois moins nombreux que la veille. Mercredi, 490 députés ont voté pour  le projet de loi organique mettant en œuvre la «règle d'or» d'équilibre des finances publiques prévue par le traité budgétaire européen. Trente-quatre députés ont dit «non», dix-huit se sont abstenus. Le traité budgétaire, ratifié mardi, avait  fédéré 70 élus contre lui.

Si, cette fois, le nombre de votes hostiles est deux fois moindre, c'est que des écologistes et des socialistes, qui avaient voté contre le traité, se sont au contraire prononcés en faveur de ce projet de loi. On notera la cohérence des idées, on est contre le texte qui impose des restrictions budgétaires, mais on vote pour sa mise en application, le délire schizophrénique politique dans son expression française est évident. Ce texte confie aux lois de programmation pluriannuelle des finances publiques le soin de mettre en musique la «règle d'or» fixée par le traité: un déficit budgétaire «structurel» (hors aléas de la conjoncture) limité à 0,5% du PIB le plus rapidement possible. Un Haut conseil des finances publiques, présidé par le premier président de la Cour des comptes, doit veiller au respect de cet objectif. «L'essentiel désormais, c'est ce que nous ferons ensemble pour remettre les finances publiques sur la voie de la raison», avait annoncé mardi la co-présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, Barbara Pompili, au cours de son explication de vote. On oublie de préciser qu’il faudra poursuivre l’effort pour réduire 1/20ème la dette une fois l’équilibre atteint.

Bref l’euro est sauf, la BCE est maitresse du jeu et le fédéralisme budgétaire dans les tuyaux bruxellois. D’une certaine manière la bête de l’Apocalypse après être sortie de la mer des peuples, est en train de s’ébrouer sur une plage grecque, afin de prendre sa place dans l’Histoire de l’humanité et la mettre sur les rails de son destin communautaire. Car maintenant que la marque de la bête est entre toutes les mains européennes, il va falloir appliquer le fer rouge de sa marque sur les fronts de ses sujets et le diable s’y emploie.

Car tout est dans le symbole, et la Grèce est le parfait exemple de ce qui vient après l’euro. C'est en Grèce, entre le septième et le cinquième siècle avant J-C, que se sont mises en place les bases du régime politique qui reste encore de nos jours un modèle de référence : la démocratie. Étrange destin que celui de ce petit pays montagneux, aride et morcelé en multiple cités (polis), mais ouvert sur la mer et dans une position géographique idéale sur les voies maritimes menant au Moyen-Orient dont il subit les influences (alphabet phénicien, pièces de monnaie lydiennes, etc.) L'expansion commerciale du huitième siècle avant J-C va bouleverser profondément la société rurale traditionnelle des cités, en favorisant la création d'une classe urbaine d'artisans et de commerçants, désireuse de participer aux décisions entièrement aux mains des grandes familles, les Eupatrides. A ces revendications de la classe urbaine, vont bientôt se joindre celles des petits fermiers travaillant pour les riches propriétaires, appauvris et endettés, voire réduits en esclavage, du fait de leur incapacité à payer leur fermage. La révolte du peuple (démos) contre l'aristocratie gronde un peu partout dans les cités grecques, mais sans aboutir à des guerres civiles, car l'esprit de solidarité des Grecs contre leurs ennemis communs (les "barbares", les Perses) est plus fort que tout. Et c'est toujours pacifiquement et progressivement que les différentes cités vont régler leurs problèmes sociaux et politiques. Certaines, comme Corinthe, (et Athènes de 561 à 510) donnèrent le pouvoir à un chef populaire (tyran) mais gouvernant pour maintenir un ordre juste (eunomia), d'autres, telle la cité de Sparte, optèrent pour un régime militaire, mais fondée sur l'égalité des citoyens garantie par une constitution, mais la plupart suivirent l'exemple d'Athènes qui opta pour la souveraineté du peuple tout entier (mais excluant les femmes, les étrangers non-citoyens et les esclaves) aboutissant à la démocratie directe et totale qui contribua au rayonnement et à la puissance athénienne au cinquième siècle ou "siècle de Périclès".

La Grèce c’est : LE SYMBOLE DE LA DEMOCRATIE. Voilà pourquoi le diable maintient contre vents et marées ce pays ruiné dans la zone euro. Car en s’appuyant sur le symbole, Satan le fait sien, pour mieux le corrompre  et donner à sa bête apocalyptique la véritable âme politique de l’Union européenne de demain. Car la Grèce face à ses difficultés se radicalise de plus en plus et le partit néonazi « Aube doré » monte régulièrement en puissance dans ce pays, foulant délibérément aux pieds le principe même de démocratie. Aube doré n’est pas un parti d’extrême droite comme il y en a partout en Europe désormais, mais bien un parti néonazi ouvertement raciste et xénophobe, qui menace aussi bien les étrangers que les journalistes.


C'est en se substituant ouvertement à la police, en menant des contrôles de papiers d'identité, début septembre, dans un marché de plein air, suivis de saccages d'étals, le tout diffusé sur internet, qu'Aube Dorée cherche à se faire de la pub et à se substituer aux autorités grecques. Car après des années d'incurie face à l'extrémisme de droite, qui bénéficie de collusions policières et de l'inertie judiciaire, la crise permet aux néonazis de s’exprimer librement. Aube Dorée («Chryssi Avghi» en grec) est dans la démonstration de force permanente. Ce parti orchestre des violences visant, dans la rue, au travail ou à domicile, des étrangers et des journalistes. Cet ancien groupuscule semi-clandestin, qui a raflé, en juin, 18 sièges au parlement grec, est «là pour rester», estime l'analyste politique Yannis Mavris. Après avoir obtenu 7% aux élections de juin, Aube Dorée est désormais créditée de plus de 10% d'intentions de vote par plusieurs instituts de sondages. L'un d'eux lui donne même le double de son score des dernières élections. Au vu de son succès auprès des jeunes, de la «vague de désaffection des partis» traditionnels déferlant sur un pays en voie de paupérisation sous le poids de l'austérité, «il s'agit d'un nouveau phénomène, très dangereux pour le système parlementaire», ajoute Yannis Mavris.


Injures et menaces lancées au parlement, collecte de sang «grec pour les Grecs», distribution de colis alimentaires dont des gros bras chassent les non-Grecs, raids homophobes: pour la criminologue Sophia Vidali, Aube Dorée «mène une politique activiste renvoyant au néofascisme italien des années 70». L'objectif de la formation, dont les membres paradent en T-shirt noir frappés du méandre gre (leur emblème), est «d'apparaître en justicier, en vengeur» d'une population mise sous pression par la crise et par les redoutables politiques de rigueur qu'elle a entraînées, relève la criminologue. Et aussi d'intimider, comme l'affectionne son chef. Le quinquagénaire Nikos Mihaloliakos, détenu deux fois pour violences dans les années 70, est coutumier des menaces publiques. D'autant que le centre politique est uni au sein d'un gouvernement de coalition droite-socialistes-gauche modérée, qui s'apprête à corser sa politique d'austérité, sous la pression de l'Europe et du FMI.

Que la crise économique ravive les braises fascistes en Europe, ne semble en rien affecter les tenants de l’orthodoxie budgétaire. Car la Banque centrale européenne (BCE) arrêtera d'aider les pays de la zone euro bénéficiaires de son nouveau programme de rachat d'obligations publiques qui n'en respecteront plus les conditions, a indiqué mercredi Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE. "Il est clair que si un pays sort des rails (en s'affranchissant de ces conditions, ndlr), le programme s'arrêtera", a déclaré à Tokyo M. Noyer lors d'un séminaire organisé dans le cadre de l'assemblée annuelle FMI-Banque mondiale. Dans ce cas, le Fonds monétaire international et les gouvernements de la zone euro devront alors "intervenir et gérer le problème", a ajouté M. Noyer, par ailleurs gouverneur de la Banque de France. "Le pays lui-même devra trouver un moyen de revenir sur les rails", a-t-il précisé, tout en ajoutant que "les règles seront connues à l'avance".

Et pour bien enfoncer le clou, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé vendredi 12 octobre qu'il n'y avait pas "d'alternative" à la réduction de la dette des Etats de la zone euro après que la patronne du FMI a appelé à donner plus de temps à la Grèce pour assainir ses comptes publics. "Il n'y a pas d'alternative à la réduction à moyen terme des dettes des Etats qui sont trop élevées, notamment et bien entendu pour l'euro et la zone euro dans son ensemble", a déclaré le ministre allemand lors d'un débat avec la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, à Tokyo. "Bien entendu, avec une monnaie unique, la pression sur la compétitivité est très forte pour tous les pays", a ajouté Wolfgang Schaüble. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer à la réduction des déficits, car, a-t-il assuré, le chômage est aussi une "conséquence de politiques budgétaires qui ne sont pas solides". Renoncer à cet objectif ne fait que "créer de la confusion mais pas de la confiance", a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en coûte et avec une main de fer, la politique européenne est désormais uniquement centrée sur le volet budgétaire et le maintien de l’euro comme monnaie commune. L’euro est la marque de la bête et l’acceptation d’une politique coercitive qui privera à terme de liberté et de la démocratie les pays d’Europe est la marque sur le front des européens. Je tiens à souligner que le projet européen à l’origine, a été fondé sur le principe qu’il faut créer un espace politique et économique, où la prospérité et la démocratie se développeraient afin d’éviter les guerres que connurent l’Europe par le passé.  Dans cet espace de malédiction, désormais c’est l’austérité qui va prévaloir, la résurgence des extrêmes politiques en attendant le fascisme comme stabilisateur politique et pour finir la guerre comme ultime logique. Tout s’accompli selon les écritures et l’Epouse dort…

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