Tel le Messie, Draghi (dragon) vient au secoure de la
zone euro. Mario Draghi vient de présenter la nouvelle arme de la BCE pour
lutter contre les envolées des taux d’intérêt sur les dettes publiques
européennes. Elle achètera sans limite les titres de 1 à 3 ans de maturité des
pays attaqués. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé
d'intervenir sur le marché secondaire de la dette publique face aux primes de
risques élevées réclamées à certains pays, a annoncé, jeudi 6
septembre, son président Mario Draghi. "La BCE fera tout pour sauver
l'euro, qui est irréversible", a-t-il dit. Elle va lancer un nouveau
programme, baptisé "Outright
monetary transactions" (OMT), en raison "des perturbations graves
observées sur le marché des obligations publiques qui proviennent de craintes
infondées de la part des investisseurs sur la réversibilité de l'euro",
a-t-il explicité lors d'une conférence de presse très attendue à Francfort.
Tout cela sur fond de guerre monétaire larvée. Alors que
les pays de la zone euro peinent à sortir de la crise, Moody's fait un premier
pas vers une dégradation de la note de la dette de l'Union européenne. L'agence
de notation a en effet ramené de «stable» à «négative» la perspective de la
note qu'elle accorde à l'Union européenne. En cause, l'affaiblissement des
finances publiques des pays les plus solides du Vieux Continent. Tout cela alors
que les Etats-Unis financent leur merveilleuse croissance avec leur planche à
billets. Car n’oublions pas que les prévisions de déficit US sont prévus pour
2012 à 1100 milliards de dollars, alors
que c’est la quatrième année d’affilée que le déficit budgétaire des Etats-Unis
est au-dessus des 1000 milliards… Très au-dessus des déficits européens.
Pour mieux comprendre ce qui se passe au niveau des
politiques budgétaires, un tour d’horizon est très révélateur des enjeux du
moment. Aux Etats-Unis un déficit d’environ 8,5% du
PIB américain en 2013, similaire à l’année 2012, est attendu. Le
Japon, aux prises avec un endettement de 200% de son PIB,
devrait maintenir son déficit budgétaire aux alentours de 6,5% en 2013. La
Grande Bretagne qui a entamé une austérité budgétaire
particulièrement brutale, a réduit son déficit 2011-2012 de 8,5% à 6% pour
2012-2013, au prix d’une entrée en récession en 2012, qui se prolongera en
2013. Quant à l’Union Européenne, la
marche forcée des réductions budgétaires va se poursuivre, jusqu’à l’équilibre
des comptes publics prévu dans les traités.
La crise économique n’est pas le seul problème de l’Europe,
le volet politique de l’intégration vers plus de fédéralisme est tout aussi important.
En fait, il apparait toujours plus clairement que la BCE devient le véritable
chef de l’exécutif européen. Comme le titre certains médias: Et si Mario Draghi
était en train de devenir le véritable Président de l’Europe ? Il semble en
tout cas en prendre le chemin. Depuis plusieurs semaines, les marchés financiers
vivent pendus à ses lèvres, il a mis un terme au diktat de la Bundesbank
et impose ses vues aux dirigeants politiques de la zone euro.
"En neuf mois, Mario Draghi a plus fait pour
influencer l'agenda des gouvernements de la zone euro (fiscal compact, union
bancaire) que Monsieur Trichet qui, huit ans durant, s'est contenté de fustiger
leurs déficits excessifs, souligne Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo
Securities. Il a aussi, semble-t-il, obtenu la couverture politique de la part
d'Angela Merkel". Alors que, depuis sa création, la BCE mettait un point
d’honneur à n’agir que dans un strict cadre monétaire, n’interprétant son
mandat que par le prisme de la stabilité des prix, depuis l’éclatement de la crise
de l’euro, la banque, et Mario Draghi en particulier, semble vouloir jouer
un plus grand rôle pour préserver la monnaie unique.
D’ailleurs l’Italien, qui en appelle régulièrement à la
responsabilité des politiques et qui multiplie en ce moment les déplacements
dans les capitales européennes, devrait voir son rôle d’arbitre grandir
davantage à court et moyen terme, avec la mise en place de l’Union bancaire et
avec l’instauration d’un contrôle budgétaire renforcé au sein de l’eurozone.
Fin juin, le Conseil européen en a acté le principe. Résultat, le président de
la BCE s’inscrit désormais dans une logique du donnant-donnant. Un pays à qui
on accorderait une aide –on pense à l’Espagne- devrait, au préalable accepter
d’être soumis à des inspecteurs internationaux, à une sorte de troïka plus ou
moins light, à laquelle participerait la BCE. Aux politiques de s’adapter à
cette nouvelle donne.
Les capitales européennes doivent rapidement donner un
signal: dès le mois de septembre, la zone euro doit avancer dans l’union
bancaire et mieux utiliser les outils existants permettant de renforcer
l’intégration budgétaire. Cette année sera une année charnière pour le passage
vers une structure fédérale assumée. Le Président du Conseil européen Herman Van Rompuy a présenté une note
prévoyant une vision sur quatre points: l’union bancaire, le fédéralisme budgétaire,
le rapprochement des législations sociales et fiscales et enfin l’union
politique. Le président de l'UE a qualifié "d'erreur
fondamentale" le fait de s'être "lancé dans une monnaie commune sans
politique commune". "Il faut corriger le tir", a-t-il plaidé,
ajoutant que l'UE était "en train d'établir une double architecture pour
faire face aux problèmes à court terme et aussi à long terme" et a affirmé
qu'il y avait "une véritable volonté de la part des dirigeants de l'UE de
répondre à la nature systémique de la crise, de terminer une maison à moitié
construite". Le volet politique est désormais solidement arrimé au volet
monétaire.
A l’unanimité moins une voix –celle du représentant
allemand pour donner l’illusion démocratique– le conseil des gouverneurs de la
BCE a donc autorisé des rachats « quantitativement illimités
» d’obligations publiques de court terme (moins de trois ans) sur le marché
secondaire. Objectif : faire baisser les taux auxquels empruntent les pays les
plus en difficulté, Espagne et Italie en tête. Contrairement à certaines
prévisions, la BCE n’a fixé aucun écart maximum de taux par rapport à
l’Allemagne, dont le dépassement aurait automatiquement entraîné son
intervention. [...] Elle a également posé deux limites à son programme. Pour en
bénéficier, un pays devra solliciter l’assistance du Fonds européen de
stabilité financière, laquelle est conditionnée à de profondes réformes
économiques. [...] L’action de la BCE sera donc conditionnée à la demande
d’aide au UE/FESF/MES/FMI et donc aux conditions déjà attachées à ces
institutions. En clair, pas d’aide sans intégration renforcée. La naissance de
l’Europe politique se fera aux forceps manipulés par Draghi, douleurs et larmes
sont à prévoir. Le sceau de la bête de l’Apocalypse
est bien l’euro et du dragon (Draghi) qui le manipule.
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