http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L'Union passe par le forceps monétaire

jeudi 6 septembre 2012

L'Union passe par le forceps monétaire



Tel le Messie, Draghi (dragon) vient au secoure de la zone euro. Mario Draghi vient de présenter la nouvelle arme de la BCE pour lutter contre les envolées des taux d’intérêt sur les dettes publiques européennes. Elle achètera sans limite les titres de 1 à 3 ans de maturité des pays attaqués. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé d'intervenir sur le marché secondaire de la dette publique face aux primes de risques élevées réclamées à certains pays, a annoncé, jeudi 6 septembre, son président Mario Draghi. "La BCE fera tout pour sauver l'euro, qui est irréversible", a-t-il dit. Elle va lancer un nouveau programme, baptisé "Outright monetary transactions" (OMT), en raison "des perturbations graves observées sur le marché des obligations publiques qui proviennent de craintes infondées de la part des investisseurs sur la réversibilité de l'euro", a-t-il explicité lors d'une conférence de presse très attendue à Francfort.


Tout cela sur fond de guerre monétaire larvée. Alors que les pays de la zone euro peinent à sortir de la crise, Moody's fait un premier pas vers une dégradation de la note de la dette de l'Union européenne. L'agence de notation a en effet ramené de «stable» à «négative» la perspective de la note qu'elle accorde à l'Union européenne. En cause, l'affaiblissement des finances publiques des pays les plus solides du Vieux Continent. Tout cela alors que les Etats-Unis financent leur merveilleuse croissance avec leur planche à billets. Car n’oublions pas que les prévisions de déficit US sont prévus pour 2012 à 1100 milliards de dollars,  alors que c’est la quatrième année d’affilée que le déficit budgétaire des Etats-Unis est au-dessus des 1000 milliards… Très au-dessus des déficits européens.

Pour mieux comprendre ce qui se passe au niveau des politiques budgétaires, un tour d’horizon est très révélateur des enjeux du moment. Aux Etats-Unis un déficit d’environ 8,5% du PIB américain en 2013, similaire à l’année 2012,  est attendu. Le Japon, aux prises avec un endettement de 200% de son PIB, devrait maintenir son déficit budgétaire aux alentours de 6,5% en 2013. La Grande Bretagne qui a entamé une austérité budgétaire particulièrement brutale, a réduit son déficit 2011-2012 de 8,5% à 6% pour 2012-2013, au prix d’une entrée en récession en 2012, qui se prolongera en 2013. Quant à l’Union Européenne, la marche forcée des réductions budgétaires va se poursuivre, jusqu’à l’équilibre des comptes publics prévu dans les traités.

La crise économique n’est pas le seul problème de l’Europe, le volet politique de l’intégration vers plus de fédéralisme est tout aussi important. En fait, il apparait toujours plus clairement que la BCE devient le véritable chef de l’exécutif européen. Comme le titre certains médias: Et si Mario Draghi était en train de devenir le véritable Président de l’Europe ? Il semble en tout cas en prendre le chemin. Depuis plusieurs semaines, les marchés financiers vivent pendus à ses lèvres, il a mis un terme au diktat de la Bundesbank et impose ses vues aux dirigeants politiques de la zone euro.

"En neuf mois, Mario Draghi a plus fait pour influencer l'agenda des gouvernements de la zone euro (fiscal compact, union bancaire) que Monsieur Trichet qui, huit ans durant, s'est contenté de fustiger leurs déficits excessifs, souligne Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities. Il a aussi, semble-t-il, obtenu la couverture politique de la part d'Angela Merkel". Alors que, depuis sa création, la BCE mettait un point d’honneur à n’agir que dans un strict cadre monétaire, n’interprétant son mandat que par le prisme de la stabilité des prix, depuis l’éclatement de la crise de l’euro, la banque, et Mario Draghi en particulier, semble vouloir jouer un plus grand rôle pour préserver la monnaie unique.

D’ailleurs l’Italien, qui en appelle régulièrement à la responsabilité des politiques et qui multiplie en ce moment les déplacements dans les capitales européennes, devrait voir son rôle d’arbitre grandir davantage à court et moyen terme, avec la mise en place de l’Union bancaire et avec l’instauration d’un contrôle budgétaire renforcé au sein de l’eurozone. Fin juin, le Conseil européen en a acté le principe. Résultat, le président de la BCE s’inscrit désormais dans une logique du donnant-donnant. Un pays à qui on accorderait une aide –on pense à l’Espagne- devrait, au préalable accepter d’être soumis à des inspecteurs internationaux, à une sorte de troïka plus ou moins light, à laquelle participerait la BCE. Aux politiques de s’adapter à cette nouvelle donne.

Les capitales européennes doivent rapidement donner un signal: dès le mois de septembre, la zone euro doit avancer dans l’union bancaire et mieux utiliser les outils existants permettant de renforcer l’intégration budgétaire. Cette année sera une année charnière pour le passage vers une structure fédérale assumée. Le Président du Conseil européen Herman Van Rompuy a présenté une note prévoyant une vision sur quatre points: l’union bancaire, le fédéralisme budgétaire, le rapprochement des législations sociales et fiscales et enfin l’union politique. Le président de l'UE a qualifié "d'erreur fondamentale" le fait de s'être "lancé dans une monnaie commune sans politique commune". "Il faut corriger le tir", a-t-il plaidé, ajoutant que l'UE était "en train d'établir une double architecture pour faire face aux problèmes à court terme et aussi à long terme" et a affirmé qu'il y avait "une véritable volonté de la part des dirigeants de l'UE de répondre à la nature systémique de la crise, de terminer une maison à moitié construite". Le volet politique est désormais solidement arrimé au volet monétaire.

A l’unanimité moins une voix –celle du représentant allemand pour donner l’illusion démocratique– le conseil des gouverneurs de la BCE a donc autorisé des rachats « quantitativement illimités » d’obligations publiques de court terme (moins de trois ans) sur le marché secondaire. Objectif : faire baisser les taux auxquels empruntent les pays les plus en difficulté, Espagne et Italie en tête. Contrairement à certaines prévisions, la BCE n’a fixé aucun écart maximum de taux par rapport à l’Allemagne, dont le dépassement aurait automatiquement entraîné son intervention. [...] Elle a également posé deux limites à son programme. Pour en bénéficier, un pays devra solliciter l’assistance du Fonds européen de stabilité financière, laquelle est conditionnée à de profondes réformes économiques. [...] L’action de la BCE sera donc conditionnée à la demande d’aide au UE/FESF/MES/FMI et donc aux conditions déjà attachées à ces institutions. En clair, pas d’aide sans intégration renforcée. La naissance de l’Europe politique se fera aux forceps manipulés par Draghi, douleurs et larmes sont à prévoir.  Le sceau de la bête de l’Apocalypse est bien l’euro et du dragon (Draghi) qui le manipule.

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