http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La monnaie européenne et ses symboles religieux -6

lundi 4 juin 2012

La monnaie européenne et ses symboles religieux -6


Il existe de nombreux points communs entre la religion romaine et grecque, notamment en ce qui concerne les dieux. Ces dieux sont appuyés par une mythologie, souvent empruntée aux Grecs. L’homme romain est profondément religieux ; le mot de religion est spécifiquement romain. Religio, religare : « relier » → la religion relie les dieux aux hommes, elle repose sur un contrat entre les dieux et les hommes. Rome n’est pas un État laïque, c’est un État sous la protection des dieux ; on parle donc de religion politique. Les dieux sont en effet avant tout les dieux de la cité. Les prêtres sont reconnus par l’État, et en font partie intégrante. Ils sont en quelque sorte des magistrats. Les plus importants sont les pontifes (pontifex).

La cité de Rome elle-même sera divinisée quelques siècles avant J-C. À l'époque impériale, le culte de Roma est représenté surtout dans les provinces, et d'abord en Orient, où il s'inscrit plus facilement dans la tradition des monarchies hellénistiques ; il participe à l'exaltation de la puissance de Rome et à la fidélisation des populations locales. Il est un élément du culte impérial. Auguste autorise la construction de temples ou d'autels consacrés à Roma, en association avec César ou avec lui-même. Hadrien fit construire à Rome même, à l'emplacement de la Velia, entre le forum Romanum et le Colisée, le temple de Vénus et de Rome ; il s'agit d'un temple double, constitué de deux cellae adossées l'une à l'autre, dont l'une est consacrée à Vénus, mère d'Énée, et l'autre à la déesse Rome, associant ainsi le mythe des origines de la cité à sa puissance actuelle. Il y a volonté claire de relier Rome à la civilisation grecque par Enée le guerrier troyen et fondateur de Rome afin d’assurer la continuité civilisatrice.

À Rome, les pontifes sont chargés de l'entretien du pont sacré (pont Sublicius) et de surveiller la bonne observance des pratiques religieuses. Les pontifes s'occupent aussi des temples ne disposant pas de clergé propre. À la tête du collège pontifical, le grand Pontife (pontifex maximus) portait le titre le plus élevé de la religion romaine. Étymologiquement, le terme signifie "celui qui fait les ponts". Cela peut effectivement se rapporter à l'entretien du pont sacré (pont Sublicius); le Tibre étant un fleuve sacré dans la Rome antique. Cependant, un pont est aussi "ce qui relie", ce qui amène au terme "religio" (d'où religion en français). Le pontifex pourrait donc être aussi, de manière symbolique, celui qui établit le lien (religio) entre les hommes, les dieux et la cité de Rome, elle-même déifiée.

Sous l'Empire, comme souverain pontife l'empereur intervient dans le recrutement des prêtres, avec droit de présentation pour les collèges élus par le peuple (Augures, Pontifes, Quindécemvirs sacris faciundis, Féciaux). Il nomme aussi directement toute une série de prêtres et préside au recrutement des vestales. Lui revient la surveillance des cultes étrangers, la consultation des livres Sibyllins et l'organisation des jeux séculaires. Constantin Ier, qui favorisa les chrétiens, et ses successeurs même baptisés furent aussi Grand pontife de la religion romaine traditionnelle. En 382, l'empereur Gratien refusa de porter ce titre, parmi ses mesures contre les religions anciennes. Après lui, le titre n'est plus porté pendant des siècles, jusqu'à ce que le pape Théodore Ier le reprenne en 642. Aujourd'hui, le titre Pontifex maximus est réservé au pape - également appelé Souverain pontife (Summus pontifex) ou Pontife romain (Pontifex romanus). Le règne d'un pape est appelé pontificat.

L’Eglise catholique qui se revendique comme héritière de l’apôtre Pierre et Eglise du Christ, est bien plus l’héritière de l’esprit de Rome et de ses cultes païens. Ayant conservé l’antique tradition du culte de la Reine du ciel servit par un clergé de pontifes, la Rome éternelle comme émanation d’une déesse se pérennise grâce aux papes qui y règnent. Les ponts sur les 7 versos des billets en euros sont sensés symboliser le lien entre les peuples européens, puisqu’ils permettent de « vaincre pacifiquement les obstacles naturels », selon la version officielle. Mais, comme pour le drapeau dédié à la Vierge Marie l’explication officielle n’est que baliverne, la référence du pont est une allusion à peine voilée au pontife de Rome, le pape catholique. 


Le billet de 5€ évoque l’antiquité classique par une colonnade au recto et un aqueduc au verso (similaire au Pont du Gard) : ces deux constructions sont parfaitement représentatives de l’architecture romaine. Ainsi, les bâtisseurs romains du Pont du Gard sont à l’honneur … 2000 ans après l’achèvement de leur œuvre qui se poursuit spirituellement par le pontifex maximus de Rome! Le premier billet couvre les 1000 ans d’histoire de la Rome antique, à la domination de l’Eglise de Rome qui s’affirmera à partir du 11e et 12e siècles avec la période romane et les grandes abbayes.

Les ponts représentés sur le verso des billets, renvoient tous à une époque clairement identifiable, grâce notamment aux édifices religieux représentés par les portes au recto. Ces périodes à partir du Roman, couvrent chacune 2 siècles. Jusqu’à la Renaissance ces périodes accompagnent l’ascension de l’Eglise catholique par l’architecture de leurs églises. Nous passons du temple à la cathédrale qui représente la gouvernance du pape de Rome sur le monde. Nous sommes avec le temps des cathédrales à l’apogée de l’autorité des papes.



Puis viennent les temps où l’autorité des papes est remise en cause, c’est le temps des réformes. La popularité et le succès du baroque au 17e et 18e siècles, sont encouragés par l’Église catholique romaine quand elle décide que le côté théâtral du style des artistes du baroque pouvait promouvoir des thèmes religieux avec une implication directe et émotionnelle. C’est un art du catholicisme tel qu'il fut défini en 1545-1563 par le concile de Trente, dont le décret le plus significatif est le « Décret sur l’innovation et les reliques des saints, et sur les images saintes ». C’est donc une esthétique de la Contre-Réforme, que l'on retrouve particulièrement dans l'art jésuite ; on a d'ailleurs longtemps assimilé l'« art jésuite » et l'« art baroque ». Cette esthétique rencontre de fortes résistances dans les pays acquis à la Réforme, où se développe un art protestant.

Le 19e et 20e siècles représenté par l’Art nouveau, scelle également une nouvelle ère. Celle des apparitions mariales à répétitions. Depuis le début du 19ème siècle, la Vierge est apparue au moins 70 fois en Italie, 30 fois en France, 20 fois en Allemagne, 20 fois en Belgique, 10 fois en Espagne, plusieurs fois au Portugal, aux USA, au Canada, au Brésil, en Irlande, en Pologne, en Suisse, en Hollande, en Tchécoslovaquie, au Mexique, en Algérie, en Chine, en Egypte, au Liban, en Palestine, en Afrique noire, en Russie, en Ukraine, en Hongrie, en Roumanie, en ex-Yougoslavie... La Reine du ciel intervient toujours plus directement pour contrer l’action évangélique et surtout le courant pentecôtiste qui se diffuse dans le monde au 20ème siècle.


Le dernier billet renvoie aux temps modernes. L’Eglise n’est plus identifiable, si ce n’est sous la forme aboutie d’une civilisation urbaine. Or la ville c’est la cité, l’urbis comme produit de la déesse et réceptacle de sa semence. Les hommes se sont multipliés, concentrés dans les villes où par les cathédrales, règne depuis Rome le Pape. Caïn comme semence du serpent et bâtisseur de la première ville, Eridu bâtit sur sept collines, croîtra et se développera au travers de 7 civilisations successives, comme sept têtes, pour finir sur les 7 collines de Rome.  Nous avons donc 7 billets qui sont un entrelacs symbolique entre des portes et des ponts. Les ponts renvoyant au pontife et les portes au symbole du passage vers les cieux.

Le nom de la ville de Babylone provient du nom pré-sumérien Babulu, que les Akkadiens ont expliqué étymologiquement par bab-ili(m), « la Porte des dieux », devenu plus tard bab-ilāni, « la Porte des dieux ». Ce nom a été traduit en sumérien selon le même sens en KA.DINGIR.RA. Les Grecs ont traduit ce nom en Babylon, qui a été repris par la suite par les Européens. Babylone est donc la ville par laquelle les hommes accèdent aux dieux, l’allée processionnelle en permettant l’accès principal étant la porte d’Ishtar, la porte de l’étoile qui représente la reine du ciel, remplacée par la Vierge Marie aujourd’hui. Le billet en euro peut donc se lire comme un « oracle » antique qui dirait ceci : « par la voie du pontife de Rome entrez dans la cité des dieux par la porte de la reine du ciel ». 7 billets d’euro comme représentants les sept têtes qui traversent le temps pour former la bête romaine d’Apocalypse 17.

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