Le froid ayant gelé autant le climat que l’actualité sur le continent européen, je me propose de partager par écrit, une étude que nous faite ces derniers shabbats sur ce que j’appellerais, l’externalisation, puis l’internalisation du NOM de l’Eternel.
D’habitude j’enregistre les études du shabbat, mais les circonstances ont conduit les choses de telles manières qu’un travail de fond c’est développé bien au-delà de ce qui était prévu et n’a pas été enregistré. C’est la marque de l’Esprit, qui souvent prend le relais sur l’homme pour l’emmener, là où il ne pense pas aller, parce qu’il ignore totalement qu’un chemin de découverte existe dans ce domaine du Verbe divin. Alors que nous travaillions sur le prophète Ezéchiel, soudain nous avons été conduits à revenir un siècle en arrière pour retourner sur le prophète Esaïe, car une logique tient tout cela et le Seigneur veut garder la main sur son enseignement. Car pendant cette période, un tournant majeur va s’opérer dans le monde, car d’Israël et de Juda, où seul le Nom de l’Eternel était connu, il va s’étendre dans tout le croissant fertile, car la civilisation mésopotamienne va se répandre et s’imposer au travers d’empires toujours plus grands et puissants.
Les assyriens seront les premiers à unifier la région jusqu’à l’Egypte, par des conquêtes successives. Ils seront également les premiers à entrer en conflit ouvert avec l’Eternel, ce qui entrainera leur chute et disparition accélérée. Les Assyriens laissèrent pourtant des traces ineffaçables, destruction irrémédiable de nombreux peuples et cultures ainsi que l'idée d'empire universel. Ils étaient également profondément religieux. Nous leur devons la survivance du fonds culturel Suméro-babylonien, conservé dans la bibliothèque de Ninive. Le fait qu'en quelques années l'Assyrie passe de la situation qui prévalait durant l'apogée du règne d'Assurbanipal à sa destruction totale peut susciter des interrogations. Pour P. Garelli, c'est même un « scandale historique ». De nombreux historiens s’expriment avec le même étonnement, et ne comprennent pas comment cette civilisation orientée vers la guerre et la conquête a pu disparaitre si vite. En fait, l’explication n’est pas politique ou militaire, mais religieuse. Pour le comprendre il faut reconstituer l’histoire de l’Assyrie et suivre son évolution à travers le temps.
Assur, le dieu de la suprématie assyrienne
L'Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d'Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s'est formé au IIe millénaire av. J.-C. un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.‑C., l'Assyrie contrôle des territoires s'étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l'Iran. Le nom d’Assur était écrit au Ier millénaire avec les signes cunéiformes « An » et « Shar ». Le signe « An » signifiant « le dieu », tandis que le signe « Shar » est l’expression symbolique de l’infini : Asshar est donc « le dieu (de la) totalité », créateur du ciel d’Anou et des lieux infernaux.
Assur est un dieu guerrier. La tâche de son serviteur, le roi, est de faire reconnaître sa gloire par les autres nations. L’ennemi, qui ne reconnaissait pas sa souveraineté divine, était détruit et anéanti sur ses ordres. Cette reconnaissance passant par une soumission politique, puis par l’intégration dans l’empire assyrien à partir du VIIe siècle. Au retour de sa campagne, le roi venait rendre grâce à Assur, lui offrir la part la plus précieuse du butin et lui faire un rapport écrit, dont le texte était lu au peuple assemblé, puis pieusement déposé dans le temple. La plupart des souverains du Ier millénaire inclut le nom d’Assur dans leur nom royal, tels Assur-nazirpal, Assur-nirari, Assur-dan, Assur-ah-iddin, Assurbanipal, et jusqu’au dernier roi d’Assyrie, Assur-uballit II. Sous Assurbanipal, le roi se rattache même généalogiquement à Assur.
A la différence des grandes divinités sumériennes ou babyloniennes, Assur n’avait pas de « famille divine » ; on lui donna comme épouse la déesse Mullissu, épouse traditionnelle d’Enlil. Et certains aspects de la figure d’Enlil furent désormais attribués à Assur. Plusieurs textes mythologiques furent ainsi arrangés pour servir de support à la prééminence du culte royal officiel. À partir du règne de Sennachérib, certains lettrés cherchèrent à substituer Assur à Mardouk, en élaborant une « version assyrienne » de l’Epopée de la Création, le grand texte qui servait de fondement théologique à la prééminence du dieu de Babylone.
Les royaumes conquis ont toujours gardé leurs panthéons propres, tout en étant tenus de reconnaître la prééminence d’Assur. Mais le culte d’Assur resta cantonné à l’Assyrie et aucun temple dans les pays conquis, ne fut réaménagé pour devenir un sanctuaire de ce dieu. Le dieu Assur était donc une exclusivité assyrienne qui démontrait sa suprématie dans le fait qu’Assur assurait la victoire sur les royaumes ennemis, ainsi que sur leurs dieux.
Douze autres divinités constituent le panthéon assyrien. Ces douze dieux président aux douze mois de l'année et aux douze signes du zodiaque. Six de ces dieux sont répartis en deux triades:
. Anou le chaos primordial, Bel le démiurge et Nouah le dieu-providence
. Sîn le dieu-lune, Shamash le dieu-soleil et Bin le dieu de l'atmosphère.
Les cinq autres divinités sont les personnifications des planètes :
. Adar symbolise Saturne
. Marduk représente Jupiter
. Nergal est assimilé à Mercure
. Ishtar est Vénus
. Nabu symbolise aussi Mercure
. Anou le chaos primordial, Bel le démiurge et Nouah le dieu-providence
. Sîn le dieu-lune, Shamash le dieu-soleil et Bin le dieu de l'atmosphère.
Les cinq autres divinités sont les personnifications des planètes :
. Adar symbolise Saturne
. Marduk représente Jupiter
. Nergal est assimilé à Mercure
. Ishtar est Vénus
. Nabu symbolise aussi Mercure
Le dieu siégeait à Assur, capitale religieuse de l'Assyrie depuis les temps les plus reculés, dans son temple, l'Esharra. Il est le véritable souverain du pays assyrien, comme le montre la fonction du roi, présenté comme son "vicaire" (ishiakku), dont la tâche est de se soumettre aux ordres de son dieu, qui décide de tout. Tout ce que fait le roi lui est dicté par Assur, tout est fait au nom d'Assur, pour sa gloire. Le roi n'est que son serviteur dévoué et désintéressé. C'est ce que rappelle la cérémonie d'intronisation du souverain, durant laquelle la foule répète sans cesse la formule "Assur est roi". La guerre est d'ailleurs uniquement la "volonté d'Assur", faite pour châtier les ennemis du dieu, les mécréants ayant défié son autorité. Les Assyriens vont d'ailleurs tenter d'imposer à leurs vassaux le culte de leur divinité principale. Pour ce peuple, la guerre avait un caractère avant tout religieux, et on ne remportait la victoire qu'avec le soutien de son dieu. Le roi est de plus le grand prêtre d'Assur (shangu), comme le démontre son "rôle" au cours de la cérémonie du Nouvel An. Cette fonction l'obligeait par ailleurs à accomplir de nombreux rituels, qui le forçaient à résider une partie de l'année à Assur, la ville de son dieu, bien qu'elle ne fut que la capitale religieuse de son pays et non la capitale politique pour les derniers rois assyriens.
Le rituel du Nouvel An, l'Akîtu
Les Pâques mésopotamiennes, introduisaient après l’équinoxe du printemps le rite du Nouvel An, consacré à la grandeur de Marduk ou d'Assur, selon le pays où l'on se trouve. Il se déroulait dans la capitale religieuse du pays, soit respectivement Babylone et Assur, mais n'était pas un rituel nouveau : en effet, il s'agit d'une très ancienne cérémonie sumérienne déjà attestée dans des cités comme Ur à des époques antérieures, et qui se retrouve ailleurs dans le Proche-Orient. Il s'agit simplement d'une "adaptation" au dieu local, faite d'abord à Babylone, puis à Assur sous le règne de Sennacherib. Ces fêtes étaient désignées sous le nom d'Akîtu. Cette fête se déroulait le premier de l'An (le premier jour du mois de Nisan, c'est-à-dire mars-avril). Le roi recevait le pardon pour ses pêchés (ceux du pays), et où avait lieu une représentation théâtrale du combat primordial de l'Enuma Elish. Dans une société agricole comme la Mésopotamie, on saisit donc l'importance d'une telle cérémonie.
L’Akitu était à l’origine la fête du printemps sumérienne consacrée à Inanna-Dumuzi, puis plus tard Astarté-Tammuz où le cycle des saisons était expliqué par la descente d’Astarté en enfer puis son retour sur terre, grâce à son époux qui prenait sa place chez les morts. Ainsi le passage des saisons trouvaient une explication dans la vie des dieux. Au fil des siècles le rite évolua selon la prédominance des royaumes et leurs rois, qui affirmaient que leurs dieux tutélaires étaient toujours les plus puissants et donc remplaçaient les anciens, généralement par générations successives. Pendant cette fête le nom de l’époux divin évolua, mais était toujours interprété par le roi, alors que celui de l’épouse divine, s’imposa au travers d’Ishtar, notamment parce qu’elle était une déesse guerrière. Ishtar finira même par s’imposer aux assyriens qui reprendront l’intégralité du panthéon babylonien, excepté la prééminence d’Assur sur tous les autres dieux.
Au premier jour de l’Akitu assyrienne, on ouvrait les portes du temple du dieu (L'Esagil ou l'Esharra). Le second, le grand prêtre (qui n'est pas le roi) se lavait dans les eaux sacrées du fleuve (l'Euphrate ou le Tigre) et demande les faveurs du dieu pour son peuple et son pays. Au troisième jour, il fait forger deux statuettes, une en cèdre, l'autre en tamaris. Le jour suivant, au matin, le prêtre récite une prière au dieu dans le temple qu'il bénit ensuite. Le soir du même jour, il récite l'Enuma Elish à son dieu. Le lendemain, on purifie le temple puis on sacrifie un bélier qui est ensuite jeté dans le fleuve, emportant les pêchés de la ville avec lui. Le soir, le roi entre en scène. Il se rend au temple où il remet ses insignes au grand prêtre qui ensuite l'humilie devant le dieu pour assurer le pardon des pêchés de son peuple. Cette journée, probablement la plus importante du rituel, se clôt par le sacrifice d'un taureau. Le sixième jour, les deux statuettes conçues le troisième jour sont brûlées devant Nabû, elles aussi pour emporter avec elle le mal commis par le peuple. Les informations concernant les deux jours suivants nous manquent. Le neuvième jour, le roi se rend dans le temple et il installe la statue du dieu (donc le dieu lui-même), avec celles d'autres divinités, dans une chapelle spéciale. Cette assemblée est ensuite conduite le long de la Voie Processionnelle jusqu'au Bît Akîtu, un temple dédié à ce rituel, où les dieux restent deux jours avant de retourner dans le temple du dieu, et décider du "destin du pays". La journée s'achève par un banquet. Le douzième jour, les dieux qui s'étaient rendus à la fête du Nouvel An rentrent dans leur ville.
Enûma Elish
L'Epopée de la Création était appelée en Mésopotamie par son incipit : Enûma Elish ("Lorsque là-haut ..."). Ce texte, vraisemblablement écrit à Babylone, date du début du XIIè siècle avant notre ère, et il est constitué de plus de mille vers répartis sur sept tablettes. Lorsque les Assyriens adaptèrent cette légende pour leur dieu Assur, ils se contentèrent de le substituer à Marduk, ne changeant rien à l'histoire, faisant confiance à un texte qui avait déjà très bien rempli son rôle pour faire du dieu babylonien le plus grand de tous.
L'Epopée de la Création raconte les origines de l'univers. Les grands dieux sont opposés dans deux conflits face à leurs ancêtres les forces du chaos.
Dans un premier temps, c'est Apsû, le maître des eaux souterraines, qui menace de détruire ses rejetons trop irrespectueux à son égard. Mais le ruse d'Ea permet l'élimination de Apsû. Les dieux sont sauvés pour le moment.
Mais soudain se présente une nouvelle menace, Tiamat, la mer primordiale, mère de tous les dieux. Voulant venger la mort de son mari, Apsû, maître des eaux sous-terraines, causée par ceux-ci (et Ea en particulier), elle avait crée une armée de créatures terrifiantes dans le but de les anéantir, avec l'aide de son nouvel allié Kingu. Ea, toujours prêt à profiter d'une occasion favorable, présenta son fils comme la personne providentielle, le sauveur des dieux. Il montra à ceux-ci qu'il leur fallait lui faire confiance, et en faire leur champion pour lutter contre leur mère. Ce fut chose faite au cours d'un grand banquet organisé par Ea, qui fit élire Marduk comme maître de tous les dieux. Après cela, le dieu de Babylone se rendit sur les lieux du combat. Après une bataille terrible aux multiples péripéties, il réussit à défaire l'armée de Tiamat, avec les armes célestes dont il était muni. Il vint ensuite à bout de la mère des dieux, et se servit de sa dépouille pour créer le Monde : il suspendit la première moitié du cadavre pour créer le Ciel (an), au-dessus de la seconde moitié qui forma la Terre (ki) émergée de l'Apsû, la mer primordiale. Il devint ainsi le maître des dieux et de tout le monde.
Ceux-ci élevèrent en un temple en son honneur sur les lieux mêmes du combat, là où il créa le Monde. Ce temple devait être non seulement celui de Marduk, mais aussi celui de tous les dieux, érigé au "centre du monde". Ce temple fut nommé l'Esagil ("Maison à la tête élevée"), et tout autour se développa la ville sainte de Babylone. Marduk créa ensuite l'Homme, pour permettre aux divinités de ne pas travailler, laissant cette lourde charge incomber à ces "substituts". L'homme est donc crée pour travailler pour les dieux ses maîtres, et Marduk en particulier.
Ce texte fait donc de Babylone et de son dieu les maîtres du monde. La ville étant considérée comme le premier lieu à émerger de l'Apsû, est perçue comme le centre du Monde, représenté par l'Esagil, le temple de tous les dieux, et la ziggurat Etemenanki, la "Maison du Fondement du Ciel et de la Terre". Dans la version assyrienne, Assur, avec son temple l'Esharra et sa ziggurat l'Earattakisharra ("Maison-Montagne du Monde entier"), avaient les mêmes caractéristiques.
Le texte mythologique assyrien, datant probablement du règne de Sennacherib, représente le courant anti-babylonien qui se développe à cette époque en Assyrie, et qui cherche notamment à asseoir la primauté du dieu national Assur sur le dieu babylonien Marduk. Ce texte sert à expliquer la destruction de Babylone par Sennacherib en 689, et la déportation de la statue de Marduk en Assyrie. Il a été retrouvé dans un état très fragmentaire, et certains passages nous sont inconnus.
Le récit part d'une interprétation particulière de l'Enuma Elish babylonien, et se passe d'ailleurs pendant l'Akîtu, le Nouvel An babylonien, durant lequel Marduk meurt puis renaît, symbolisant la renaissance de la Nature au printemps. Assur est assimilé par syncrétisme à la divinité Anshar, qui est le pendant masculin du couple primordial, avec son épouse Tiamat, que Marduk a tuée dans l'Enuma Elish. Tiamat est ici assimilée à une autre déesse assyrienne, Ishtar de Ninive. Assur veut donc venger la mort de Ishtar. Il préside donc une sorte de tribunal des dieux (réuni comme à l'habitude pour l'Akîtu), qui condamne l'attitude de Marduk, en dépit des protestations de son fils Nabû. Le dieu est donc jugé en criminel. Le texte est du reste mal connu, mais il n'est pas favorable à Marduk.
Pour résumer, nous dirons que les assyriens ont au fil des siècles absorbés la culture babylonienne, tout en conservant la suprématie de leur dieu tutélaire, Assur. Au fur et mesure de leur ascension, les rois assyriens ont certainement demandé au clergé d’adapter leur liturgie afin de faire d’Assur le dieu des dieux et pour finir, du roi le fils du dieu Assur. Il est essentiel de bien comprendre et assimiler toutes ces choses pour comprendre comment l’empire assyrien va s’effondrer en quelques années, après des siècles d’expansion.
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