Washington ne laissera pas l'Iran avoir la bombe, a répété Barack Obama mardi 24 janvier lors de son discours sur l'état de l'Union. Téhéran a à nouveau menacé de bloquer le détroit d'Ormuz après l'annonce lundi de la mise en place d'un embargo graduel de l'Union européenne contre le pétrole iranien. « Aucune option n'est exclue », insiste le président américain.
L’USS Abraham Lincoln a rejoint l'USS Carl Vinson et l'USS John C. Stennis. Ces porte-avions se croisent dans le Golfe escortés par plusieurs frégates, destroyers et de nombreux sous-marins. Depuis la publication du rapport à la fin de l’année dernière de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) sur le nucléaire iranien, le refus de restituer un drone de surveillance américain, la condamnation à mort pour espionnage d’Amir Hekmati, et surtout le retrait américain en Irak, la tension dans le golfe persique ne cesse de s’exacerber.
Quelle est cette puissance qui va « remplacer » les Américains dans cette portion explosive du monde ? L’Occident refuse que l’Iran accède à la maîtrise militaire du nucléaire. Barak Obama vient encore une fois de le rappeler dans son discours sur l’état de la nation. Ce discours a été prononcé moins de 24 heures après la décision de l'UE de la mise en place d'un embargo sur le pétrole iranien à compter du… 1er juillet. C’est qu’il faut laisser le temps à la Grèce, l'Italie et l'Espagne (qui dépendent du pétrole iranien) de trouver d'autres sources d'approvisionnement d’ici l’été où la demande de brut va baisser.
Un embargo graduel que l’Iran tente d’un revers de la main de banaliser. En effet, le “ Majlis ” devrait examiner dès demain, dimanche, un projet de loi visant à interdire l'exportation des 400 milles barils de pétrole quotidien que ce pays vend a une poignée de pays européens. Une quantité relativement « modeste » par rapport aux exportations iraniennes dont le gros est destiné au marché asiatique notamment l’Inde, le Japon et la Chine. Trois pays qui entendent tirer profit de cette énième tension géopolitique menée par les USA (qui ne consomment pas une goute d’or noir de l’Iran) et jouée par l’Union européenne, un client périphérique … mais qui absorbe quand même le cinquième des exportations iraniennes. Traditionnellement les achats de pétrole sont libellés en dollars. L’Inde innove et ouvre la voie. Il est le premier acheteur de pétrole iranien à accepter de payer ses achats en or et en …roupies. Des dépôts qui s’effectueront vraisemblablement dans deux banques : La Banque UCO basée à Calcutta et Halk Bankasi en Turquie.
La Chine et L’URSS ont également mis en place des mécanismes similaires pour échapper au «Diktat» du dollar. Dans cette partie d’échec seul l’euro reste le supplétif du dollar. L’Arabie saoudite, 2ème producteur mondial derrière la Russie, promet de compenser le déficit sur le marché mondial si jamais les quelque 70 ports qui s’étalent le long des 2.000 km de côtes de l’Iran s’embrasent. Mais ce royaume ne peut réguler en permanence et indéfiniment à chaque crise le marché mondial du brut. Ses réserves quoique impressionnantes sont limitées et déclineront fatalement. Ce royaume vient d’ailleurs de signer un pacte de coopération nucléaire avec la Chine (l'un de ses plus gros clients de pétrole). Car Riyad envisage de construire dans moins de 20 ans seize réacteurs nucléaires, ce qui de facto fera de l’Arabie Saoudite… une puissance nucléaire. L'Arabie Saoudite a besoin du nucléaire (civil) parce que les Saoudiens consomment de plus en plus de pétrole, menaçant de réduire les capacités futures d'exportation du royaume. Un peu comme en Iran, en somme : les extractions de brut du plus vieux producteur du Moyen-Orient déclineront d'ici à 2015, pronostique l'Agence internationale de l'énergie...
Soulignons également cette donne d’importante : même si l’Arabie saoudite est le premier producteur de l’OPEP, elle ne prévoit pas, dans l’immédiat, d’ouvrir à plein régime ses vannes. C’est dire que sur cet échiquier les pièces sont loin de se mouvoir selon un ordre d’ensemble. Et pour cause. Les plus grands clients de l’Iran ne se trouvent pas dans le monde occidental. L’embargo n’a pas une dimension contraignante, planétaire, frappé du sceau de la « légalité » internationale de l’ONU. Aussi, un second discours vient de prendre le relais. Il se drape d’une clause sur « le droit international » qui garantit la liberté de circulation dans le détroit d’Ormuz. En cas de sa fermeture, le Conseil de sécurité de l’ONU pourrait envisager des mesures militaires pour rouvrir le détroit. Mais l’Iran a besoin également de ce détroit « veine jugulaire » de l’approvisionnement mondial en brut. Ses exportations pétrolières représentent plus de 50 % de ses et près de 80 % de ses recettes en devises. Il faut donc trouver d’autres prétextes pour expliquer les tensions grandissantes avec l’Iran.
A cela, les sources militaires de Debkafile mentionnent un renforcement d’autres forces navales occidentales face à l'Iran, dans le Golfe Persique et la Mer d'Arabie. La Grande-Bretagne a déployé le HMS Daring, un destroyer de Type 45 armé de nouvelles technologies pour abattre les missiles, en direction de la Mer d'Oman, qui doit arriver au même moment que le porte-avions français Charles De Gaulle.
En outre, le porte-avions USS Enterprise mène dans l'Atlantique des exercices en vue de sa mission de mai prochain dans le Golfe, région sous tension en raison de la crise iranienne, lit-on sur le site de l'US Navy. Ce porte avion a été commandé en 1957 et a été commissionné en 1961. Arrivant à la fin de sa vie, son démantèlement est prévu pour l’année prochaine. Ce navire est propulsé par des turbines à vapeur prenant leur énergie dans 8 réacteurs nucléaires qui coutent très cher à démanteler. On peut le considérer comme un tas de ferraille, qu’on exposerait volontiers en l’agitant sous le nez des iraniens.
«Le régime iranien est maintenant le dos au mur», prévient un homme d'affaires proche du pouvoir à Téhéran. «Il a deux options: négocier ou alors créer un dérapage pour tenter une sortie par le haut.» D'où les deux messages apparemment contradictoires adressés ces dernières semaines par l'Iran: d'un côté, le rappel de sa disponibilité à négocier sur le nucléaire, de l'autre la menace de fermer le détroit d'Ormuz, goulet par où transite plus d'un tiers du pétrole mondial.
En position de force, les durs rassemblés autour des Gardiens de la révolution et des radicaux conservateurs influents au Parlement et autour d'Ali Khamenei, le guide et numéro un du régime, pourraient être tentés par une escalade. «Les radicaux ont le sentiment que les Occidentaux veulent renverser le régime, poursuit l'industriel. Ils sont convaincus que même s'ils acceptaient de négocier sur le nucléaire, les Occidentaux sortiraient ensuite le dossier des droits de l'homme.» Et la proximité d'avec les élections législatives de mars risque de favoriser encore la surenchère. La pression sur le taux de change est désormais très forte. En quelques jours, fin décembre, le rial a perdu 30 %, alors qu'il avait été stable ces dix dernières années.
«Même si le pouvoir décide de limiter les importations non essentielles, il n'a plus de liquidités pour tenir longtemps», avertit l'industriel iranien. D'autant que les prochaines sanctions européennes et américaines contre le pétrole vont encore aggraver les tensions. «Quand on vous empêche de vendre du pétrole qui représente 70 % de vos exportations, c'est la guerre économique qui est déclarée», constate l'observateur, qui redoute un «malentendu dans le Golfe ». Clairement, les occidentaux resserre le nœud coulant autour du coup iranien, en attendant un geste désespéré, qui donnerait le prétexte de riposter « énergiquement » et définitivement.
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