http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: De « concordia discors » à la voix de Babel

lundi 16 janvier 2012

De « concordia discors » à la voix de Babel

Aujourd’hui l’actualité est faite par le drame du Concordia, et que signifie ce nom ? Emprunté du latin concordia, il signifie « accord, harmonie ». Union harmonieuse entre plusieurs personnes, plusieurs groupes sociaux, plusieurs États. La concorde entre époux, entre parents et enfants. Prôner, maintenir, entretenir la concorde. Troubler, rétablir la concorde. Aborder une discussion dans un esprit de concorde. Cela pourrait altérer la concorde qui règne entre eux. Souhaiter la concorde entre les nations.

Le nom du bateau, Concordia, dans son côté symbolique, renvoie également à un principe philosophique développé dans l’antiquité. La doctrine de « concordia discors » développe l'idée, que les nombreux conflits entre les quatre éléments dans la nature (air, terre, feu et eau), paradoxalement peuvent créer une harmonie générale dans le monde. On peut faire remonter l’idée aux philosophes grecs, Pythagore, Héraclite et Empédocle. L'expression latine qui est utilisé pour définir l'idée, a d'abord été utilisé par Horace dans son premier livre, pour décrire la philosophie d'Empédocle, développant que le monde est expliqué et mis en forme par une lutte perpétuelle entre les quatre éléments, commandés par l'amour dans une unité discordante, ou, comme pour une métaphore musicale, on tiendrait  une «harmonie discordante».

Les romains plus tard, on reprit le concept. Vénus est la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté dans la mythologie romaine. Elle est équivalente à la déesse grecque Aphrodite. Elle est la mère d’Éros, dieu de l’amour, et d ‘Enée. C’est la femme de Vulcain (Héphaïstos pour les Grecs), dieu de la métalurgie, dieu forgeron… mais, elle le trompe avec son frère Mars, dieu de la guerre. Cette union, entre Mars et Vénus, a une signification philosophique : le principe de “Discordia Concors” ou “Concordia Discors”. Ce couple donne naissance à une harmonie dissonante. L’union de la guerre et l’amour ; la guerre est vaincue par l’amour, le résultat : la paix!

Comme j’aime à rapprocher le symbole et la réalité vécue, car il a le mérite de la pédagogie, celui du naufrage de la « Concorde » du croisiériste Costa, est vraiment intéressant à développer, car il est l’expression même des contraire qui cherche à exprimer l’harmonie. Comme faire toujours plus, avec toujours moins, uniquement pour de l’argent. Ainsi, la conjonction de deux évènements majeurs le même jour, n’ayant à priori aucun rapport, comme la dégradation des pays du sud et le maintien de ceux du nord, qui déchire de facto l’Union européenne en deux camps et brise la concorde qui les unie, et le naufrage d’un bateau de rêve qui vire au cauchemar, ne sont en fait pas très éloignés  dans leurs causes respectives. Car ce bateau est comme l’Union européenne, une véritable tour de Babel flottante. Outre les passagers qui viennent du monde entier, selon la CGT des marins du grand Ouest, parmi les 1 013 salariés figuraient 20 nationalités (Italiens, Philippins, Chinois, Colombiens...). « Comment ces personnels peuvent-ils communiquer entre eux ? », s'interroge le syndicat qui dénonce un équipage « à bas coût. » Le Symbole est également là.


Les faits : Vendredi, le Concordia heurte un rocher et coule face à la Toscane. D'après les premiers éléments tirés de la boîte noire, le navire était à « seulement 150 mètres du rivage, une distance incroyablement proche », a encore dit le procureur. Selon certains, il effectuait une sorte de parade surnommé « l'inchino » (la révérence), toutes lumières allumées et à grand renfort de sirènes pour saluer les 800 habitants du Giglio. Le magistrat a également mis en cause la gestion de l'accident par l'équipage. Selon lui, l'alerte a été lancée une heure après l'impact. Selon certains témoignages, le commandement du navire aurait répondu à la capitainerie du port, alertée par des passagers, que la situation était sous contrôle et qu'il s'agissait d'un simple problème électrique. Déjà les premiers éléments de l’enquête mettent en évidence une succession de fautes très graves.

Selon le journal Corriere della Serra, c'est pour faire plaisir au responsable des serveurs que le commandant du Costa Concordia se serait approché des côtes de l'île de Giglio, d'où il est originaire. Peu avant le naufrage, le capitaine aurait ainsi appelé Antonello Tievoli sur le pont. "Antonello, viens voir, nous sommes tout près de ton Giglio", aurait-il soutenu selon plusieurs témoins. Lorsqu'il arrive sur le pont, Antonello Tievoli prévient le commandant. "Attention, nous sommes extrêmement près de la côte". Mais le choc interviendra tout de suite après. Le capitaine sera parmi les premiers à quitter le navire en perdition. Joint sur son portable par une capitainerie du port vers 1h45, le capitaine Francesco Schettino aurait refusé de remonter à bord du paquebot pour organiser l'évacuation. La conversation a été enregistrée et retranscrite. "Que faites-vous ? vous abandonnez les secours ?", interroge l'officier. Réponse de Schettino : "Non non je suis là, je coordonne les secours". L'officier reprend : "Commandant, c'est un ordre, c'est moi qui commande maintenant, vous avez déclaré l'abandon du navire, vous devez aller à la proue, remonter à nord et coordonner les secours". Des témoins ont dénoncé un chaos complet lors de l’évacuation du navire. « Chacun ne pensait qu’à sauver sa peau, les membres d’équipage avaient oublié qu’ils devaient rétablir l’ordre et se bousculaient pour fuir avant nous », a affirmé Artur Silva, un passager portugais de 63 ans.

La société affirme toutefois que le commandant -entré en son sein en 2002 comme responsable de la sécurité et promu commandant en 2006-, avait suivi toutes les formations continues adéquates, ainsi que les membres d'équipage et même les passagers, soumis à un exercice d'évacuation dans les 24 heures qui suivent l'embarquement. Cependant, selon l'Ansa, l'enquête de la capitainerie de Livourne, coordinatrice des secours, montre par ailleurs qu'il y a eu une sorte de «mutinerie» de l'équipage qui a décidé l'évacuation avant un ordre formel du capitaine. En outre, contrairement aux premiers éléments recueillis, ce n'est pas une manœuvre volontaire qui a fait échouer le navire tout près de la rive, sauvant la vie d'un bon nombre des plus de 4.000 occupants du bateau, Selon Malcolm Latarche,  redchef de la revue maritime IHS Fairplay Solutions, la taille et le tonnage des paquebots de croisière sont désormais tels qu’un sauvetage en mer totalement réussi est hors de question. Il faut rajouter que la compagnie Costa veut mettre en service prochainement un navire encore plus grand.

La démonstration capitalistique du drame Costa est le reflet d’une logique qui s’étend de plus en plus dans le monde. Faire toujours plus de profit en cherchant à réduire toujours plus les couts, jusqu’à ce que les catastrophes s’enchainent.  Personnels sous-payé, mal formé, démotivé, etc, pour à terme servir des prestations qui ne sont plus à la mesure des tâches à effectuer. On économise sur tout, jusqu’à la sécurité pour maximaliser les profits et quand les accidents arrivent, les coûts induits sont infiniment supérieur aux gains espérés. Il en fut de même sur la plate-forme Deepwater dans le golfe du Mexique, avec les implants PIP, etc… A chaque fois la mort et la catastrophe suit. Le principe se généralise même grâce à la mondialisation, où par exemple les industries les plus polluantes et dangereuses sont délocalisées pour échapper aux normes de sécurités et environnementales pour en abaisser les coûts. L’impact environnemental prend alors  une telle ampleur que même le climat en est changé, générant lui-même de nouvelles catastrophes.   

Si on extrapole en partant des entreprises vers les Etats, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le principe capitalistique cherche en permanence à réduire la surface de l’Etat pour favoriser l’entreprise privée, jusqu’à ce que les grands équilibres se rompent et que la casse sociale surpasse les profits générés par l’économie. Moins de soin, d’éducation ou de justice, amène à terme une nation entière à s’effondrer sur elle-même, comme le schéma de la Russie post soviétique le montre. Le monde occidental avec un certain décalage dans le temps est en train de prendre le même chemin. Les pays de la périphérie européenne  sont déjà sur les mêmes rails  que la Russie. Car avec les mêmes mauvais capitaines, prenant les mêmes routes, c’est le même rocher qu’ils vont finir par heurter.

C’est ainsi que la doctrine de « concordia discors » démontre ses limites. Les conflits qui opposent des forces que tout repousse, ne trouvent un équilibre, que si elles sont de même force. De puissants courants spirituels cherchent à reconstituer l’antique tour de Babel en la parant du nom d’Union, comme l’union monétaire et politique, mais toujours en défiant ouvertement le ciel et Celui qui y trône. Cependant dans la Bible retentit un autre appel : Ap 18:4  Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux. Ainsi, quand bien même une minorité suivrait cet appel, cela suffirait à équilibrer les forces et rétablir une forme de « concordia discors », mais il est évident que ce n’est plus le cas aujourd’hui et que seul un petit reste entend et obéit à cette voix. Les équilibres sont alors rompus et le navire désormais dirigé par un capitaine à l’esprit antéchrist ne peut le conduire que vers un funeste destin.

2 commentaires:

  1. Au dessus du 33eme degrès de la franc-maçonnerie, se trouve d'autres degrès. A ces postes se trouvent notamment des religieux hindoux, catholiques, pasteurs,...
    http://www.dailymotion.com/video/xnzgoo_franc-maconnerie-degres-supplementaire-au-33eme-degre_news

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  2. En voyage à Malte récemment, j'ai pu voir pour la première fois ces gigantesques paquebots dont un du groupe Costa.
    Un détail m'a marqué : sur l'avant droit du bateau était peint un immense drapeau européen...
    Je vous laisse le soin de faire le lien éventuel avec votre article.
    Cordialement

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