La dégradation de la note de la France par une des agences de notation était dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Elle est officiellement intervenue vendredi soir : l'agence de notation américaine Standard and Poor's lui a retiré sa note AAA, l'abaissant d'un cran à AA+, avec perspective négative, ce qui laisse supposer qu'elle pourra encore être abaissée. L'Autriche, Chypre, le Portugal, l'Italie, l'Espagne, la Slovaquie, la Slovénie et Malte voient également leur note abaissée, parfois de deux crans. L'Allemagne conserve sa note d'excellence grâce à ses bonnes performances côté croissance et déficit public. Comme prévu, la première charge nucléaire à têtes multiples tirées depuis les Etats-Unis, vient d’atteindre et toucher le cœur de l’Union européenne.
Curieusement, c’est un tribun de l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui par ses accents guerriers a le ton le plus acerbe contre l’attaque américaine. « La guerre de la finance est déclarée contre la France et donc contre l’Europe. Maintenant, Il faut rendre les coups, en aucun cas céder à la pression que vont exercer sur nous les milieux de la finance », a-t-il lancé, à la sortie de la gare. "La Banque centrale doit annoncer immédiatement qu'elle prêtera à la France à un taux très bas. Faute de quoi il faut suspendre les versements français au budget de l'Union européenne et couvrir les prochaines tranches avec un emprunt forcé sur les banques françaises qui viennent d'être gavées par la BCE", développe le candidat.
Qu’un candidat de l’extrême gauche, appelle au secoure l’ex Vice-président pour l'Europe de Goldman Sachs Mario Draghi, aujourd’hui président de la Banque centrale européenne (BCE), en dit long sur l’évolution des mentalités politiques en Europe. Mais comme cette intervention de la BCE ne peut se faire sans modification des traités européens, un consensus politique de la droite et de la gauche européenne semble aujourd’hui possible pour aller vers plus de fédéralisme. Les coups de boutoirs américains sur l’euro, comblent d’aise l’adversaire qui agit dans l’ombre afin de donner une âme à cette bête européenne qui stagnait politiquement depuis bien trop longtemps.
Mais si les américains sont toujours plus virulents contre l’euro, c’est que leur propre situation, notamment monétaire, se fragilise toujours plus. Car le statut du dollar comme monnaie d’échange internationale, est de plus en plus remis en cause par la Chine. La planche à billet tournant toujours autant à haut régime chez les US, et rien n’étant entrepris pour sérieusement maitriser les déficits, la Chine ne veut plus prêter aux Etats-Unis en amoncelant une montagne de dollars, dont la valeur avec le temps, ne peut que se déprécier. Alors ils agissent.
La Chine accélère l'internationalisation du yuan. Pékin a reçu, mercredi 28 décembre, une demande du Soudan, dont elle est le premier partenaire commercial, afin d'utiliser leurs monnaies respectives dans leurs échanges. Si les Chinois l'acceptent, "nous pourrions abandonner le dollar", a déclaré le gouverneur de la banque centrale soudanaise. Depuis 2009, la Chine a déjà signé des accords de "swap", c'est-à-dire de compensation directe sur des montants plafonnés, avec de multiples banques centrales, surtout en Asie mais aussi avec l'Argentine ou la Nouvelle-Zélande. En décembre, de tels accords ont été conclus avec le Pakistan et la Thaïlande, permettant à leurs commerçants d'obtenir des yuans pour leurs transactions avec le premier exportateur mondial et il y a deux ou trois mois avec la Russie. Une nouvelle étape a été franchie le 25 décembre, lorsque la Chine a signé avec le Japon un pacte prévoyant l'utilisation directe du yuan et du yen entre les deuxième et troisième économies mondiales, afin de "réduire le risque de change et les coûts de transaction", selon Pékin.
Pour Pékin, il est important de contribuer à l'émergence d'une monnaie de réserve alternative pour briser l'exposition aux politiques monétaires américaines. Mais une telle devise de stature internationale doit par nature être librement convertible, ce qui n'est pas le cas du yuan, et pour Pékin l’euro serait certainement préférable dans un premier temps, car l’aspect strictement commercial n’est pas le seul dans cette affaire. Car selon les historiens chinois officiels, Gorbatchev a perdu la course aux armements contre les Etats-Unis parce qu'il ne s'était pas attaqué au statut de monnaie de réserve mondiale du dollar. Celui-ci permettait à Washington de financer facilement son effort de guerre en émettant des dollars qui trouvaient preneurs dans le monde entier. La Chine, tirant les leçons de l'échec de l'URSS, a entrepris de détrôner le dollar, car ils savent que jamais les Etats-Unis ne pourrons continuer de financer une armée pléthorique et surdimensionnée, sans le pouvoir que leur accorde le statut du dollar. Ainsi, derrière la bataille monétaire en cours actuellement, une autre stratégie militaire se développe dans l’ombre, nettement plus dangereuse pour les nations, celle-là.
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