L’esprit de Noël dérive aujourd’hui toujours plus vers le mercantilisme effréné des marchands des temples de la consommation, que vers les temples religieux. Personnellement cela ne me dérange pas, bien au contraire, car cela souligne d’autant plus la vacuité du fond prétendument chrétien de cette fête. Ce qui illustre le mieux la dérive, c’est l’histoire du Père Noël. On part d’un saint sortit de la Légende dorée de Jacques de Voragine pour arriver à un pur produit publicitaire, fabriqué par Coca Cola et qui n’a plus aucune relation avec le Saint Nicolas de la Légende dorée. On est dans le fantasme et l’imaginaire populaire.
L'histoire du père Noël
C'est au début de la chrétienté que naît Nicolas de Myre, plus précisément dans la cité de Patara (Turquie), en 270. Dans sa jeunesse, il opte pour le christianisme et devient évêque de Myre. Persécuté par les Romains, il meurt en martyr vers 350, un 6 décembre. Lorsque son corps fut décapité, il aurait jaillit une «fontaine» d'huile de son cou. Peu après, l'Église catholique le canonise; la fête de saint Nicolas est célébrée le 6 décembre. La tradition veut que saint Nicolas ait sauvé trois enfants de la mort; il les aurait même ressuscités après qu'un boucher les eut tués. C'est alors qu'il devient le saint protecteur des enfants.
Au 11e siècle, son tombeau est volé par des Italiens qui ramènent sa dépouille à Bari, en Italie. Au cours du siècle suivant, un chevalier de Lorraine (France), passant à Bari, découvre les reliques de saint Nicolas et apporte son culte dans le nord de la France. Au fil des siècles, ce culte se repend en Belgique et aux Pays-Bas. Ainsi, dans la nuit du 5 au 6 décembre, la tradition voulait que saint Nicolas circule dans les maisons afin de demander aux enfants s'ils avaient été obéissants. Les enfants laissaient alors leurs souliers devant la porte ou la cheminée, ainsi que du sucre, du lait et une carotte pour la mule de saint Nicolas. Les enfants sages recevaient des cadeaux, alors que ceux qui ne l'étaient pas recevaient la visite du Père Fouettard, un sombre avare vêtu de noir!
Lorsque les Hollandais fondent New Amsterdam (aujourd'hui New York), en 1613, ils importent avec eux cette coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas. Si bien que la tradition se poursuit après que les Anglais annexent cette contrée à la Nouvelle-Angleterre. L'appellation néerlandaise «Sinter Klass» devient «Santa Claus» en anglais. Aussi, les Anglais vont progressivement associer l'événement à celle de la naissance de Jésus, si bien que la fête passe de la nuit du 5 au 24 décembre.
Clement Clarke Moore
En 1821, un pasteur américain, le révérend Clement Clarke Moore, écrit un conte de Noël, dont le «rôle principal» est joué par Santa Claus. Il reprend le personnage de saint Nicolas et s'inspire également de Julenisse, un lutin scandinave qui apporte des cadeaux aux enfants, portant une barbe blanche, un bonnet et des vêtements scandinaves. Ainsi naît la version américaine du personnage. Ce dernier prit de l'embonpoint, sa crosse d'évêque se transforma en sucre d'orge, sa mitre devint un bonnet, sa mule fut remplacée par un attelage de huit rennes. Aussi, il fit disparaître le Père Fouettard.
Le conte de Moore s'intitule «A Visit from St Nicholas». Il est publié pour la première fois dans le Journal Sentinel de New York, le 23 décembre 1823, et est repris, puis traduit dans plusieurs langues afin d'être publié dans le monde entier.
Thomas Nast
En 1860, l'hebdomadaire new-yorkais Harper's Illustrated Weekly publie les dessins de l'illustrateur Thomas Nast qui troque alors les habits d'évêque contre un costume rouge orné de fourrure blanche et d'une large ceinture de cuir. Pendant près de 30 ans, Nast produit des centaines de dessins de tous les aspects du père Noël et lui définit ses caractéristiques. C'est entre autres en 1885 qu'il établit la résidence du père Noël au pôle Nord. L'année suivante, il précise que la manufacture de jouets ainsi que la maison du père Noël «étaient cachées dans la glace et la neige du pôle Nord». Cette affirmation est toutefois controversée, car plusieurs peuples du monde revendiquent le lieu de résidence du père Noël; mais tout le monde sait qu'elle se situe vraiment au vrai pôle Nord, c'est-à-dire au Canada!
Haddon Sundblom et Coca-Cola
C'est en 1931 que le père Noël prit sa dernière allure. Sous le pinceau d'Haddon Sundblom, l'entreprise Coca-Cola (fondée par le Dr John S. Pemberton en 1886) s'approprie le personnage de Santa Claus. Sundblom l'habilla aux couleurs de la célèbre bouteille, rouge et blanc, puis lui attribua un pantalon, un manteau rouge, une grande barbe blanche, lui redonna un peu de poids, un air joyeux et une attitude débonnaire.
L'objectif publicitaire de Coca-Cola était d'inciter les enfants à boire du «Coke» durant l'hiver (le breuvage était surtout connu comme un désaltérant), c'est pourquoi, dans ces publicités, le père Noël boit du coca-cola pour reprendre ses forces pendant la distribution des jouets.
Ce nouveau «look» et la renommée de cette publicité firent du père Noël le maître incontesté de la nuit de Noël, surpassant le petit Jésus, du moins en Amérique du Nord. Certains catholiques manifestent contre la présence du père Noël, allant même jusqu'à brûler son effigie. Mais le pouvoir économique et le marketing de Coca-Cola, alliés à la commercialisation croissante de la fête de Noël dans les années d'après-guerre, allaient faire du père Noël une des plus grandes références culturelles de la planète.
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