http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La monnaie européenne et ses symboles religieux -2

jeudi 24 mai 2012

La monnaie européenne et ses symboles religieux -2


Un peu d’histoire avant de parler de l’euro. Une pièce de monnaie est bien plus qu’une unité monétaire, la symbolique de ses représentions faciales parle plus à un esprit avisé, qu’à un banquier n’y remarquant qu’une unité monétaire. Je suis le seul actuellement à mener une guerre frontale contre le diable, par rapport à sa représentation la plus subtile et pourtant la plus répandue que représente la monnaie. Jouant sur l’ignorance, il est facile à l’adversaire d’apparaitre ouvertement sous forme allégorique sur les pièces et billets de banque actuels. Sa cible prioritaire est évidemment la monnaie d’échange internationale, car elle est universelle.

Prenez la pièce d’or de 20 dollars américaine, avec Liberty tenant une torche et une branche d’olivier. Satan aime à se représenter sous la forme d’une vierge, comme aujourd’hui la vierge Marie catholique. Sur la pièce de 20 dollars, la figure allégorique serait un syncrétisme d’Athéna et d’Artémis, les déesses vierges image de la pureté, mais souvent associé à l’amour physique et la guerre. Le symbole d’Athéna la chouette et l’olivier comme sur l’euro grec actuel (copie d’une ancienne tétra drachme), nous renvoie au Parthénon et sa statue chryséléphantine. Bien que le Parthénon reprenne le modèle architectural du temple grec et soit habituellement qualifié comme tel dès l'Antiquité ("néôs"), il n'est pas un temple au sens conventionnel du terme. La statue d'Athéna Parthénos qui occupe la salle principale à l'est n'est pas une statue de culte mais une offrande : elle n'a fait l'objet d'aucun rite connu. Périclès la mentionne comme une réserve d'or : « la statue comporte de l'or affiné pour un poids de quarante talents et celui-ci peut entièrement s'enlever,» Il implique ainsi que le métal, obtenu par la fonte de monnaies contemporaines, peut être réutilisé sans risque d'impiété. Ainsi en cas de guerre, la statue est déshabillée de son or et transformé en pièces qui paieront les armées de la cité grecque, transformant de facto le Parthénon en banque. Le Parthénon a donc été conçu comme le trésor destiné à accueillir la statue colossale d'Athéna Parthénos, œuvre de Phidias, et les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos.


Mais l’idée n’est pas nouvelle, L’Artémision, le temple d’Artémis à Ephèse avait déjà cet office, bâti vers 560 av. J.-C. par Théodore de Samos, Ctésiphon et Metagenès et financé par le roi Crésus de Lydie. L’Artémision est même considéré comme étant la première banque au monde, car il était possible d'y déposer de l'argent et de le récupérer plus tard crédité d'un intérêt. Artémis autre déesse vierge, comme Apollon, est porteuse de lumière. On la nomme à ce titre « Phosphoros ». Apollon personnifie le Soleil et la clarté du jour, Artémis éclaire la nuit et brandit une torche, symbole du luminaire de la nuit, la lune. Ainsi grâce aux représentations allégoriques monétaires, on peut faire la liaison entre l’occident et l’orient en suivant l’évolution des dieux et déesses tutélaires des villes et royaumes depuis 650 avant J.-C approximativement. La Lydie de Crésus en sera le trait d’union le plus remarquable, car avant d’être absorbée par les Perses elle aura elle-même conquise l’Ionie, propageant les croyances des uns vers les autres et permettant à la vierge Ishtar/Astarté de conquérir l’Europe sous les noms d’Artémis, Athéna, Junon et enfin la Vierge Marie. Le cheminement d’Asie vers Rome en passant par la Grèce, devient évident.

Grâce à l’abondance d’électrum en Lydie, Crésus va utiliser pour la première fois ce mélange d’or et d’argent pour inventer les pièces de monnaie. Qu’est-ce qui fait alors la monnaie et la distingue des morceaux de métal utilisés depuis longtemps pour les échanges? C’est qu’elle porte un signe (une gravure, un charactèr diront les Grecs) imprimé par la frappe, à coups de marteau, d’une matrice (appelée « coins » en numismatique) sur le morceau de métal vierge (qu’on appelle le flan) : un des noms du nouvel objet est « marqué d’un sceau » (sèmainomenon), ce qui indique que cette image est porteuse d’une autorité. Le concept est resté dans la langue: en grec moderne, l’argent non monnayé se dit toujours asimi, « non frappé ». Le sceau, qui apparaît dès le V ème millénaire, est considéré par les archéologues comme l’un des marqueurs de l’apparition des formes primitives d’État. Ainsi, s’il est possible de reconnaitre le dieu ou la déesse frappé sur une pièce, on peut approximativement la dater et la situer géographiquement. Une ville ou un royaume antique est toujours sous la tutelle d’une divinité, avec les premières pièces de monnaie le sceau divin y étant frappé le prouve.

Lydiens et Ioniens parlant des langues différentes, mais écrivant dans les mêmes signes alphabétiques, se dotèrent d'une langue non naturelle commune : les pièces de métal précieux, qui rendirent toutes choses égales à toutes choses, prirent la place des choses dans les échanges, tout comme les mots prennent sans cesse et toujours la place des choses dans la vie.  La monnaie frappée figura donc une sorte de langue, qui disposa de «mots» sous la forme de globules, puis de pièces.  Lorsque Crésus opéra la coupellation de l'électrum et frappa des créséides d'or et d'argent, il transforma également l'iconographie; le type précédent, qui donnait à voir une tête de lion et une tête de bœuf dos à dos et se mêlant au niveau des épaules, fut transformé en un type nouveau qui montra une tête de lion et une tête de bœuf séparées et affrontées.


Le taureau figurait dans l'Orient ancien le roi, premier parmi les animaux qui marchent en troupeaux et illustra très certainement l'or sur les créséides - or identifié au soleil, métal du roi en Mésopotamie, dont l'origine est le sperme du dieu Marduk de Babylone, représenté par un taureau sur la porte d’Ishtar. L’argent y représenta certainement la déesse Artémis, associée à la lune et dont le symbole le lion renvoie également à l’Ishtar babylonienne représentée sur la porte processionnelle de Babylone sous le symbole du lion. Le lion et le taureau des créséides dévoilent des cultures qui sont d’abord adossées les unes aux autres, puis qui vont se faire face dans la guerre. Les dieux et les rois d’abord unis, s’affrontent avec le temps, comme les grecs et les perses, les grandes figures de l’époque, représentant l’Orient et l’Occident.

Les emblèmes animaliers des créséides font plus que rendre visible la séparation de l'or et de l'argent, ils montrent que les métaux précieux entretiennent des rapports non seulement avec le monde des dieux, mais avec le corps des dieux des deux côtés de la Lydie, entre l’Orient et l’Occident. D’abord les relations commerciales rapprochent les peuples et les cultures, puis les plus riches commencent à conquérir les voisins et les absorbent en y imposant leurs croyances religieuses. Les lydiens, inventeurs de la monnaie, "livrent à la prostitution leurs enfants de sexe féminin", selon Hérodote, perpétuant en cela les traditions babylonienne. La prostitution, qui a lieu dans les temples, est une forme de sacrifice : elle tend à raffermir le pouvoir du signe, ici de la monnaie. L'Artémis éphésienne, d'origine anatolienne et héritière du culte de Cybèle, n'est pas totalement assimilable à l'Artémis grecque. Car l’Artémis éphésienne présidait à l'existence d'un collège de prostituées sacrées (hiérodules) attachées à son temple à Ephèse, ce qui ne sera pas le cas chez les grecs.

De fait, à linverse de la chaste et classique Artémis grecque, celle dEphèse se livre à lamour sans retenue (elle présidait dailleurs un collège de prostituées sacrées nommées « hiérodules » et attachées à son temple dEphèse) et apparaît, en outre, comme une mère nourricière, de même que comme une déesse de la végétation, son origine est donc clairement orientale et se rapproche plus d’Astarté/Ishtar que de la Diane romaine. LArtémis dEphèse est donc, à linstar de Cybèle ou Ishtar, une déesse de la fertilité. On crut ainsi, assez logiquement, que les protubérances qui apparaissent en nombre sur sa poitrine à Ephèse, étaient autant de mamelles nourricières. On saperçut par la suite quil sagissait vraisemblablement de testicules de taureaux, symboles renvoyant aux sacrifices de taureaux, symbole de fertilité.

Dans le cas de la prostitution sacrée lydienne, les prêtres jouent probablement le rôle de premiers banquiers : ils font circuler les pièces que reçoivent les prostituées sacrées en paiement de leurs services. Les premières monnaies frappées deviennent donc le trait d’union dans les temples entre le prêtre qui les vend et la divinité représentée sur ces pièces. L’une des causes de l’invention de la monnaie frappée serait de nature rituelle et sacrificielle, typifiant l’achat d’une femme qui se prostitue pour la déesse, ou le substitut du sacrifice d’un taureau pour obtenir la faveur de la déesse.
Il est remarquable de savoir que les monnaies archaïques d’électrum aient fort peu circulé. La circulation ne fut pas leur cause première, car tout se passait dans le temple. Ainsi la monnaie remplaça le rituel qu’on pouvait acheter avec le sceau frappé du dieu. Ces monnaies sacrificielles de par leur côté pratique d’échange perdirent leur sacralité à partir du moment où on commença à les utiliser en-dehors des temples pour des utilisations profanes. Il vint un moment où on ne paya plus que des prostituées sacrées ou des taureaux pour le sacrifice avec les monnaies sacrées, mais on les utilisa hors du temple pour des échanges marchands, en espérant la faveur des dieux représentés sur leurs faces. La divinité monétaire et sa valeur sacrée sortit alors du temple pour se diffuser dans tout le pays. C’est alors tout le pays et ceux qui y vivent qui se retrouvèrent sous le sceau d’une divinité tutélaire, celle du dieu représenté sur la monnaie en circulation. Le clergé n’y étant pas hostile, puisque les temples étaient les banques émettrices et que cela leur assurait des revenus immenses.

Comme la Bête de l’Apocalypse est composée de 7 royaumes, qui sont aussi 7 époques, on peut suivre l’évolution de la Bête dans son unité d’esprit par le biais monétaire. Comme les ioniens faisaient le lien entre la Perse et plus loin avec Babylone, la suite se fera par les grecs, puis les romains, toujours dans le même esprit. Dans la mythologie romaine, Junon, en latin Juno, est la reine des dieux et la reine du ciel. Fille de Rhéa et de Saturne, elle est à la fois sœur et épouse de Jupiter. Protectrice des femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient l'emblème : la pomme de grenade. Nous retrouvons là, les grands traits de Satan qui se cache derrière une reine du ciel. Elle présidait aussi à la monnaie. De nombreuses monnaies romaines à la légende Ivno regina représentent Junon debout, parfois voilée, tenant une haste et sacrifiant à l'aide d'une patère, un paon quelquefois à ses pieds. D'autres, au revers Ivno victrix, montrent une Junon victorieuse, tenant un casque et une lance, avec un bouclier et parfois un captif à ses pieds.

A Rome, son temple était construit sur le Capitole à côté du temple de Jupiter Capitolin et contenait les bureaux de la monnaie où étaient fabriquées les pièces et conservées les précieuses matrices, ancêtres de la planche à billet. JUNON était reine et mère, proche de JUPITER, le dieu des dieux. A partir de -269, elle reçut le surnom de MONETA, celle qui avertit, parce que les dirigeants romains voulurent avertir le monde entier de la prochaine puissance de ROME. C’est en effet à cette époque, et près de son temple sur le CAPITOLE, que les Romains décidèrent de créer un atelier de fonte pour la fabrication de la monnaie métallique. Et c’est avec ce moyen qu’ils imposèrent rapidement leur puissance militaire et organisationnelle au "monde entier". Depuis lors, personne n’échappe au "piège monétaire" (monétaire venant de "moneta"). Le temple a entièrement disparu. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui l’Eglise S. Maria de l’Ara Coeli où la nouvelle reine du ciel assure la transition.

Santa Maria in Aracoeli, littéralement Sainte Marie de l'autel du ciel, à l’origine appelée Santa Maria in Capitolo, fut bâtie par des moines byzantins au VIème siècle sur les fondations de l'ancien temple de Junon Moneta, au nord de la colline du Capitole, à l'endroit où la Sibylle de Tibur aurait prédit à l'empereur Auguste l'avènement prochain du Christ. Auguste fit alors construire un autel à l'endroit où il avait eu la révélation, l'ara coeli. L'église comporte trois nefs, divisées par 22 colonnes romaines qui sont toutes différentes les unes des autres car  prélevées sur différents bâtiments romains antiques du Forum et du Palatin. Il est évident que l’Eglise cherche par ce symbole à assurer la continuité de l’autorité de Rome en la confiant à son représentant, le pape.

La source mystique du thème remonte à l'instauration sous Auguste de la paix universelle. A partir du V siècle la littérature catholique réinterpréta dans un sens christologique l'espoir dans un retour à l'âge d'or. L’histoire raconte que l’empereur Octave-Auguste agenouillé adorant l’apparition de la Vierge à l’Enfant que lui indique du doigt la Sibylle de Tibur. Nous sommes dans un palais somptueux, l’empereur est en grand apparat, son couvre-chef est à ses pieds ; la prophétesse est une jeune femme, escortée de deux suivantes, elle est aussi parée de ses plus beaux atours et porte sur la tête une coiffe très orientale. Au loin, par la fenêtre, sous l’apparition, se devine une église qui ne peut être que celle d’Ara Cœli à Rome. La légende prétend que le Sénat romain, pour récompenser l’empereur d’avoir donné la paix au monde, proposa de le diviniser. Mais celui-ci voulut d’abord demander à la Sibylle de Tibur (Tivoli) si le monde verrait naître un homme plus grand que lui.
Or le jour de la Nativité du Christ, comme la Sibylle était avec l’Empereur sur le Capitole, elle vit apparaître en plein midi un cercle d’or autour du soleil et au milieu du cercle rayonnait une vierge d’une beauté merveilleuse portant un enfant sur son sein. Et une voix se fit entendre disant : « Celle-ci est l’autel du Ciel (Hæc est ara Cœli). » La Sibylle, montrant ce prodige à l’empereur Auguste, lui dit alors : « Cet enfant sera plus grand que toi. » L’empereur renonça alors à se faire déifier. Il s’agenouilla et rendit hommage à l’Enfant divin comme un vassal à son suzerain. Un autel aurait été édifié sur le Capitole par ses soins à l’emplacement où s’érigera plus tard l’église Ara Cœli. Cette légende d’origine purement locale se répandit au Moyen-Âge par la Légende dorée.

Nous avons ainsi grâce à l’Eglise de Rome et son faux prophète le pape, une continuité historique qui se fait de déesse en déesse païenne depuis Babylone, pour donner à Satan une divinité usurpée au travers de la reine du ciel et mère des dieux et qui se manifeste dès que les premières monnaies font leur apparition. Les premières pièces qui apparaissent dans les temples, matérialisent les croyances et expriment visiblement l’autorité de tutelle des dieux frappés sur les pièces. Les pièces frappées du sceau de la divine déesse et reine du ciel est bien plus qu’un simple outil d’échange économique, il est la marque d’un don et de l’antique sacrifice réalisé au temple. La monnaie, le temple et la déesse sont unis subjectivement dans l’antique corps des dieux que représente l’or. Dématérialisé aujourd’hui, subsiste le principe directeur religieux qui existait autrefois et qui persiste toujours. Nous verrons cela au prochain chapitre.

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