http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: Une BRICS dans la mare monétaire

lundi 16 avril 2012

Une BRICS dans la mare monétaire

Il y a deux ans, un songe nous prévenait qu’une grande crise monétaire se préparait : Bataille monétaire - avril 2010 –  A cause du financement de la dette des Etats occidentaux, une guerre entre le dollar et l’euro allait s’enclencher. Mais rapidement cette bataille allait devenir planétaire. C’est cette dimension planétaire qui prend forme maintenant.


Un Américain… mais né à Séoul : c’est le profil du candidat surprise présenté par Barack Obama pour la présidence de la Banque mondiale. Médecin et anthropologue de formation, Jim Yong Kim, 52 ans, a pour principales qualités d’être américain, mais originaire de Corée du Sud, et spécialiste des questions de santé dans les pays en voie de développement. Sa candidature concilie ainsi la nécessité politique pour Obama de maintenir un Américain à la tête de la World Bank, tout en suggérant l’ouverture aux pays émergents, qui voudraient voir un des leurs accéder à ce poste. Ce choix n’est pas anodin, car il trahit la fragilité grandissante de la super puissance financière américaine. Gagnant avec peine une croissance de 2% avec un déficit budgétaire de 10%, la confiance dans l’économie des Etats-Unis et le dollar s’étiole et c’est un euphémisme.  Car les pays du BRICS supporte de moins en moins l’hégémonie occidentale sur le financement du développement mondiale, alors que les occidentaux  luttent avec peine pour ne pas faire faillite.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la création des deux institutions financières internationales, FMI (Fonds monétaire international) et Banque mondiale, est née d'une double préoccupation : ne pas voir se répéter les crises monétaires des années 30 et la chute des échanges mondiaux qui en a découlé, rôle dévolu au FMI, et reconstruire l'Europe, pour la Banque mondiale.
Le système adopté lors de la conférence financière et monétaire tenue à Bretton Woods est alors conçu de manière complémentaire : veiller à l'équilibre des balances de paiement et fournir des crédits à court terme revient au FMI, financer la reconstruction et le développement par des prêts à long terme à la Banque mondiale. Les ressources du FMI sont essentiellement constituées par la mise en commun des devises des États membres alors que la Banque recourt à des emprunts. Le partage des pouvoirs est dévolu aux Etats-Unis et à l'Europe : traditionnellement, le directeur général du FMI est un Européen, et le président de la Banque mondiale, un Américain. Situation que les pays du Sud, se considérant comme concernés au premier chef, commencent à contester comme le dernier sommet de Dehli l’atteste.

Les pays du bloc des BRICS regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ne devraient plus utiliser le dollar américain dans leurs échanges bilatéraux. La présidente du Brésil Dilma Rousseff, le Russe Dmitri Medvedev, le Chinois Hu Jintao, le Sud-Africain Jacob Zuma et le Premier ministre indien, Manmohan Singh, se sont mis d’accord pour utiliser leurs monnaies pour les échanges commerciaux, les investissements bilatéraux et les activités de financement.

C’est ce qui a été décidé au terme 4e sommet des dirigeants de ces cinq pays, jeudi dernier dans la capitale indienne. Un document intitulé Déclaration de Delhi a été adopté par les BRICS dont les banques centrales ont signé, rapporte l’agence de presse Xinhua, «un accord-cadre sur les facilités de crédit entre les monnaies des cinq pays et une convention multilatérale de confirmation des facilités de crédit au sein des BRICS». Selon la même source, les deux accords consacrent le principe d’une coopération bilatérale dans un cadre multilatéral, afin de promouvoir les activités liées au commerce, aux services et aux investissements dans les monnaies nationales des cinq pays membres à l’intérieur de leurs frontières. Les BRICS peuvent ainsi utiliser leur propre monnaie dans le cadre des échanges commerciaux, des investissements bilatéraux et des activités de financement, ce qui pourrait, à terme, leur permettre de réduire leur dépendance par rapport au dollar américain, d’éviter les risques liés à la fluctuation des devises internationales et de réduire leurs frais commerciaux.

Dans la Déclaration de Delhi adoptée par ce sommet, les cinq pays membres ont exprimé, en outre, leur volonté d’étudier la faisabilité d’une banque de développement qui viserait à mettre les ressources des cinq pays en commun afin d’apporter un soutien financier aux projets d’infrastructure et de développement durable des BRICS, ainsi qu’à d’autres pays émergents ou en développement. Les experts estiment que l’approfondissement de la coopération financière entre les BRICS contribuera à la construction d’un système globalement plus équilibré pour ce qui est du commerce mondial, des devises et des prix des produits, exerçant ainsi une influence profonde sur l’économie mondiale.

Les pays du BRICS, qui connaissent une forte croissance économique,   représentent près de 20% du total mondial du produit intérieur brut, plus de 15% de son volume des échanges et environ 75% des devises étrangères. Leur contribution à la croissance économique mondiale dépasse maintenant les 50%. Il ne fait désormais plus l’ombre d’un doute, que les années du dollar comme monnaie de réserve internationale sont comptées.

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