http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: L’Assyrie en guerre contre l’Eternel - 3

mardi 14 février 2012

L’Assyrie en guerre contre l’Eternel - 3

Le prophète Jonas serait le premier prophète à s’en prendre directement a l’Assyrie, et tout le livre de Jonas est consacré au jugement que l’Eternel porterait contre cette Nation. « 1 : 1 La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï, en ces mots: 2  Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle ! car sa méchanceté est montée jusqu’à moi.
3 : 1 La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas une seconde fois, en ces mots: 2  Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et proclames-y la publication que je t’ordonne ! 3  Et Jonas se leva, et alla à Ninive, selon la parole de l’Eternel. Or Ninive était une très grande ville, de trois jours de marche. 4  Jonas fit d’abord dans la ville une journée de marche ; il criait et disait : Encore quarante jours, et Ninive est détruite ! 5 Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. 6  La chose parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre. 7  Et il fit faire dans Ninive cette publication, par ordre du roi et de ses grands ; Que les hommes et les bêtes, les bœufs et les brebis, ne goûtent de rien, ne paissent point, et ne boivent point d’eau ! 8  Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, qu’ils crient à Dieu avec force, et qu’ils reviennent tous de leur mauvaise voie et des actes de violence dont leurs mains sont coupables ! 9  Qui sait si Dieu ne reviendra pas et ne se repentira pas, et s’il ne renoncera pas à son ardente colère, en sorte que nous ne périssions point ? 10  Dieu vit qu’ils agissaient ainsi et qu’ils revenaient de leur mauvaise voie. Alors Dieu se repentit du mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas.
4 : Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des animaux en grand nombre ! »

2 Rois 14 : 23 Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël, régna à Samarie. Il régna quarante et un ans. 24  Il fit ce qui est mal aux yeux de l’Eternel ; il ne se détourna d’aucun des péchés de Jéroboam, fils de Nebath, qui avait fait pécher Israël. 25  Il rétablit les limites d’Israël depuis l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la plaine, selon la parole que l’Eternel, le Dieu d’Israël, avait prononcée par son serviteur Jonas, le prophète, fils d’Amitthaï, de Gath-Hépher. Beaucoup pensent que le Jonas dont il est fait mention dans ce texte, est celui qui écrivit le livre de Jonas contre Ninive, car les noms correspondent. Cependant, les réalités historiques ne collent pas, pour diverses raisons. Jéroboam II vécut de -790 à -749, ce qui fut une époque de crise (823-745 voir article précédent) pour l’Assyrie, où l’ennemi principal d’Israël était la Syrie. Le prophète Amos, agriculteur de Teqoa (1.1 ; 7.14-15), dans le royaume de Juda, a été le porte-parole de l'Éternel dans le royaume du Nord à cette époque. Il a exercé son ministère à l'époque des rois Ozias de Juda (792 à 740) et Jéroboam II d'Israël (793 à 753), sans doute vers 760 à 750 avant Jésus-Christ, alors qu'Israël connaissait une prospérité économique en croissance. Il prononça des jugements contre les nations qui entourent Israël, mais aucun sur l'Assyrie, bien qu’il annonce que Samarie tombera bientôt. Ville qui sera prise par les assyriens en -721 et toute la population déportée. 

Mais le plus important concernant Ninive et son jugement, est sa taille. « Ninive était une très grande ville, de trois jours de marche… la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes » De surcroît, le roi et sa cour y sont établis, faisant de Ninive la capitale du pays, ce qui ne sera le cas, que sous le règne de Sennachérib, presque un siècle plus tard.  Et c’est là qu’il faut encore approfondir son étude de l’Assyrie, pour comprendre ce qui fera de ce royaume, un puissant empire du temps de Ninive comme capitale.

Après la rétraction du royaume à la suite des assauts répétés des Araméens, une nouvelle phase d'expansion débute après 911. Durant la première partie de la période néo-assyrienne, le royaume assyrien fonctionne selon des modalités traditionnelles : ses souverains cherchent à établir une vaste zone d'influence où se trouvent des royaumes vassaux qui lui versent un tribut de gré ou de force. La différence avec la période précédente est que l'Assyrie a de moins en moins de rivaux à sa hauteur, si on excepte par moments Babylone ou l'Urartu. Progressivement, les ambitions des rois assyriens se portent vers la domination universelle, donc une domination véritablement impériale. C'est à partir de Teglath-Phalasar III ou de Sargon II que l'on peut parler d'un véritable empire : avec ces rois les États vassaux sont de plus en plus contrôlés puis souvent incorporés dans le royaume assyrien, et on recherche d'une manière générale un contrôle plus fort et direct des territoires soumis, ce qu'illustre notamment la mise en place d'un réseau de communication plus performant à l'échelle de l'empire.

Le phénomène le plus marquant de l'urbanisation de la Haute Mésopotamie durant la période néo-assyrienne est la création des nouvelles capitales par plusieurs souverains dans le cœur du pays assyrien. Assurnasirpal II (883-859) transfère la capitale d'Assur à Kalkhu (Nimrud), située plus au nord, une ancienne ville secondaire qui est totalement refondue, mesurant environ 350 hectares et peuplée d'au moins 63 000 résidents. Vers 700, Sargon II déplace à son tour la capitale dans une ville créée ex-nihilo, Dur-Sharrukîn (Khorsabad). Celle-ci n'a pas le temps de s'installer à ce rang car le souverain suivant, Sennachérib, transfère la capitale dans la vieille ville de Ninive, qui est totalement refondée, et dont la taille passe de 150 à 750 hectares. On est donc en présence d'un phénomène sans précédent dans l'histoire mésopotamienne, à savoir les créations successives de plusieurs capitales, dont une à partir de rien, mais impliquant à chaque fois une planification de l'espace urbain, l'implantation d'une population très nombreuse (on estime à au moins 75 000 personnes la population de Ninive contre 15 000 avant les travaux) souvent amenée là par la force. Ces programmes de construction et l'apparition de villes d'une taille sans précédent dans une région jusqu'alors peu urbanisée ont bouleversé l'équilibre de celle-ci : il fallait nourrir les résidents de ces cités qui ne produisaient pas eux-mêmes leur nourriture, ce qui a créé une demande croissante pour des campagnes voisines dont on a cherché à augmenter la productivité en déportant en masse les prisonniers des royaumes vaincus alentours.

En décuplant la taille de leurs capitales, les assyriens ont pallié à une lacune majeure des règnes et royaumes précédents, car des capitales de petites tailles étaient faciles à attaquer et prendre. Mais aussi en quittant Assur, ville tutélaire du dieu éponyme, le roi voit son prestige et sa gloire grandir d’autant, jusqu’à se considérer pour un dieu lui-même. Sennachérib ne se contenta pas d’embellir les palais royaux, et de se construire une somptueuse demeure ; l’inscription qu’il fit graver en trois exemplaires sur les rochers de Bavian aux sources du Haser, nous apprend qu’il agrandit considérablement l’enceinte de Ninive, dont il fit réparer les brèches et surélever les murs de défense. Les environs de Ninive étaient assez tristes et stériles à cause de la sécheresse et du manque d’eau ; le roi d’Assyrie employa les bras de ses prisonniers de guerre, à creuser des canaux d’irrigation qui fertilisèrent toute la banlieue de sa capitale. A partir des bourgs de Massit, de Banbakatna, de Sapparis, de Kar-Samas-nasir, de Karnur, de Rimus, de Hâta, de Dalaïn, de Riseni, de Sul, de Sibanib, d’Isparirra, de Gingil, de Nampagate, de Til, d’Alu-sussi-mê-sassir, de Hadabit, j’ai fait creuser dix-huit canaux, dont je dirigeai le cours vers le Haser. J’ai fait creuser un autre canal, depuis le territoire de Kissir jusqu’à la banlieue de Ninive ; j’y ai fait couler des eaux et j’ai donné à ce canal le nom du canal de Sennachérib. Ces eaux venaient de la montagne de Tas, montagne très abrupte, située en Arménie. La suite de l’inscription du rocher de Bavian, malheureusement fort mutilée, contient le récit de la construction de nouveaux canaux, de travaux de drainage et de plantations de forêts et de vignobles, de semailles de blé, d’orge et de sésame. L’inauguration d’un de ces grands canaux qui apportaient au milieu du désert la fertilité et l’abondance, fut faite en grande solennité ; on offrit aux dieux des hécatombes, et les esclaves eux-mêmes, qui avaient travaillé au percement des collines, reçurent une récompense. Outre la ville, c’est donc toute la région de Ninive que Sennachérib transforma, une œuvre titanesque. http://www.mediterranee-antique.info/Moyen_Orient/Lenormant/T_4/HAO_47.htm

Construit par Sennachérib dont il fait alors sa capitale, le "Palais sans rival" est sans doute l'édifice le plus remarquable qu'aient réalisé les Assyriens, dans la plus belle de leur ville, pour être à la hauteur de leur puissance. Le tell de Quyunjik est le centre de Ninive. Sur l'Acropole, les plus grands monuments de la ville sont concentrés. On trouve d'abord le temple d'Ishtar de Ninive, au centre du tell, d'environ 140 mètres de longueur pour 60 de largeur, à proximité du quel s'élève une ziggurat dédiée à la même déesse, dont la renommée s'étendait dans tout le Moyen Orient. Près de cet édifice, on trouvait le temple de Nabû.


 Au sud-est s'élevait le "Palais sans rival" de Sennachérib, ouvrage massif d'environ vingt mètres de hauteur, adossé à l'angle de la muraille, dont l'allure frappait le visiteur qui le voyait pour la première fois. Bâti sur des fondations d'une profondeur d'une vingtaine de mètres, il avait pour dimensions 503 mètres de longueur sur 242 mètres de largeur. La façade du palais était percée de trois portes supportées par un portique soutenu par de hautes colonnes, le plus souvent en bois, bien que certaines étaient faites de bronze, chacune gardée par des lamassu, génies protégeant le palais. Lorsqu'on pénétrait dans l'édifice, on se retrouvait dans un véritable dédale : c'était un ensemble de plus de 200 salles dont seulement une partie a été explorée. La plupart des salles étaient décorées d'orthostates qui font partie des plus belles jamais réalisées par les Assyriens. C'étaient en tout plus de 3 km de frises sculptées qui ornaient le seul palais. De nombreuses portes à l'intérieur étaient protégés de lamassu, dont plus d'une centaine ont été retrouvés à Ninive. On pénétrait d'abord, comme dans tout palais assyrien, dans la zone publique, organisée autour d'une grande cour, la babanu, secteur des magasins, des artisans, de l'administration, avant de pouvoir pénétrer dans la salle du trône, derrière laquelle se trouve la zone privée du roi, organisée autour d'une autre cour, la bîtanû, où se trouvent ses appartements, ainsi que son harem, entre autres.

A la lecture de tout ceci, on comprend que seule la ville de Sennachérib peut correspondre à la description du livre de Jonas, ce qui fait de ce Jonas un homonyme de celui du temps de Jéroboam II. Mais alors pourquoi Sennachérib ayant combattu et vaincu tant de royaumes, craint-il le renversement de son royaume dans un laps de temps aussi court que 40 jours, et surtout pourquoi se soumet il au Dieu des hébreux ?

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