Sennachérib ne fut pas uniquement le bâtisseur de la plus grande ville du monde de son temps, il fut également un grand chef militaire, qui fit la démonstration de ses capacités, notamment en matant la révolte babylonienne au début de son règne, allant jusqu’à raser la ville de Babylone en invoquant la prééminence de son dieu Assur sur celui de Marduk, le dieu tutélaire de Babylone. A ce moment-là, l’Assyrie était quasi invincible et son armée la plus puissante du monde.
Mais malgré le succès militaire sur la Babylonie, au sud une coalition de rois se forme, pour contrer la montée en puissance assyrienne. En -703 après avoir maté Merodach-baladan II à Kish en Babylonie, il dirige son armée vers la Palestine. Ézéchias roi du Royaume de Juda, ayant refusé de verser son tribut à l’Empire Assyrien va demander l'aide de l'Égypte Antique. Il prend alors la tête d'une coalition contre l'Assyrie, regroupant les villes de la côte (Gaza, Ashdod, Tyr) et Edom. Dès lors Sennachérib va assiéger plusieurs villes fortifiées du royaume de Juda, notamment la capitale Jérusalem et Lakish ville stratégique sur la route de l'Egypte.
Arrivés devant la cité de Lakish, les assaillants assyriens proposèrent la capitulation de ses habitants en promettant l'indulgence. Les coalisés refusèrent, l'armée assyrienne commença alors par encercler la ville. Cependant les Assyriens étaient plus enclins à prendre les villes d'assaut que d'attendre pendant des mois en bas des murailles. Les archers protégés par des boucliers de grandes tailles s'avancèrent vers les murs, et visèrent les défenseurs sur leurs remparts. Ce qui permit aux engins de sièges de s'avancer. D'après les bas-reliefs, ceux-ci étaient fait d'un ou deux béliers surmontés d'une tour de bois tenue par des archers, le tout sur quatre roues avançant sur une rampe d'assaut (découverte en 1970 par David Ussishkin) faite de terre et recouverte de dalles de pierre. L'engin était protégé des flèches enflammées par des peaux de bêtes humidifiées. Au même moment un autre assaut était donné par l'infanterie munie d'échelles soutenue par d'autres archers et des frondeurs. Les assyriens parvinrent à entrer dans la ville, puis comme dans leurs habitudes, ils massacrèrent une partie de la population (notamment les hommes), des bas-reliefs montrent des hommes empalés sur des pieux et d'autres implorant à genoux la vie sauve. Les femmes et les enfants sont quant à eux déportés.
Sennachérib mène une véritable guerre éclair, car il désire rapidement atteindre son véritable ennemi, le roi d’Egypte. Les villes vont tomber les unes après les autres, en commençant par Sidon, dont le roi doit fuir à Chypre. Seules Jérusalem et quelques villes tiennent face à la marée assyrienne. Les Egyptiens envoient bien un contingent, mais il est battu à plate couture (bataille d’Elteqeh). Sennachérib en personne vient diriger le siège des dernières places fortes. Il assiège et renverse Lakish et Libna où il installe son QG. Il ne reste alors plus que Jérusalem qui échappe encore à son autorité. Fort de ses succès, Sennachérib masse son armée aux pieds des murailles. Sachant que la révolte risquait d'être réprimée, Ézéchias fit construire des fortifications, notamment à Ophel, et un tunnel de 533 mètres (que l'archéologie a retrouvé) pour permettre l'approvisionnement en eau depuis la source de Gihon au bassin de Silwan dans la cité de David en cas de siège.
Mais c’est au pied des murailles de Jérusalem, que la guerre va prendre une dimension nouvelle. Imaginez la scène, une armée de 200 000 hommes va faire le siège d’une ville qui a certainement moins d’habitants que le 1/10 de l’armée assyrienne. Et ne parlons pas de ce qui reste de l’armée d’Ezéchias, dont les assyriens se moquent ouvertement : 2 Rois 18 :23 « je te donnerai deux mille chevaux, si tu peux fournir des cavaliers pour les monter. » Mais il y a pire encore, car l’émissaire assyrien annonce à Ezéchias que c’est parce qu’il a cherché le secoure de l’Egypte, que le propre Dieu des hébreux l’envoie pour le détruire. « 24 Comment repousserais-tu un seul chef d’entre les moindres serviteurs de mon maître ? Tu mets ta confiance dans l’Egypte pour les chars et pour les cavaliers. 25 D’ailleurs, est-ce sans la volonté de l’Eternel que je suis monté contre ce lieu, pour le détruire ? L’Eternel m’a dit : Monte contre ce pays, et détruis-le. » Et c’est là que reviennent en mémoire les paroles d’Esaïe 30 : 1 Malheur, dit l’Eternel, aux enfants rebelles, Qui prennent des résolutions sans moi, Et qui font des alliances sans ma volonté, Pour accumuler péché sur péché ! 2 Qui descendent en Egypte sans me consulter, Pour se réfugier sous la protection de Pharaon, Et chercher un abri sous l’ombre de l’Egypte ! 3 La protection de Pharaon sera pour vous une honte, Et l’abri sous l’ombre de l’Egypte une ignominie. Les historiens ont conclu, d'après certains témoignages d'Esaïe quant au règne d'Ézéchias, que son autorité de roi aurait été trop faible face aux classes supérieures de son peuple, arrogantes, vaniteuses et orgueilleuses, qui (par-dessus sa tête) auraient mené une politique désastreuse, en opposition à la volonté divine. Si ces faits sont réels, Ézéchias devait de toute façon en faire les frais. Ainsi, lorsque l'armée de Sennachérib envahit Juda, le terrible désastre annoncé par Esaïe eut lieu (Esaïe 22 : 1-13). Tout le pays de Juda fut submergées par les Assyriens, les villes fortes furent prises d'assaut et détruites, les rues désertées.
Humilié, vaincu, ruiné (car il se dépouilla de tout son or pour tenter sans succès d’amadouer Sennachérib) et rongé par l’angoisse et la peur, jusqu’à s’en faire un terrible ulcère, Ézéchias en appela au seul vrai Dieu, HYWH. Sans doute, en arriva-t-il à la conclusion que son attitude était totalement mal fondée, qu'il avait ignoré les conseils du prophète Esaïe au sujet du tribut. « Le roi Ézéchias et le prophète Esaïe, fils d'Amos, se mirent à prier à ce sujet et ils crièrent au ciel. » - 2 Chroniques 32 : 20.
Mais ce qui se passe alors devant les murailles de Jérusalem, est un inimaginable blasphème contre le Dieu d'Israël, tel qu'il n'y en a jamais eu, même quand Ramsès tint tête à Moïse, une provocation d'une incroyable outrecuidance, faisant preuve d’un orgueil démesuré ! Ceci est écrit en 2 Rois 18 : 19-37 et en 2 Chroniques 32 : 9-19 ainsi qu'en Esaïe 36 : 13-20. Car le long discours de l'échanson du roi assyrien ne s’arrêta pas à la volonté de l’Eternel, il poursuivit ainsi : 2 Rois 18 : 28 Alors Rabschaké, s’étant avancé, cria à haute voix en langue judaïque, et dit : Ecoutez la parole du grand roi, du roi d’Assyrie ! 29 Ainsi parle le roi : Qu’Ezéchias ne vous abuse point, car il ne pourra vous délivrer de ma main. 30 Qu’Ezéchias ne vous amène point à vous confier en l’Eternel, en disant : L’Eternel nous délivrera, et cette ville ne sera pas livrée entre les mains du roi d’Assyrie. 31 N’écoutez point Ezéchias ; car ainsi parle le roi d’Assyrie : Faites la paix avec moi, rendez-vous à moi, et chacun de vous mangera de sa vigne et de son figuier, et chacun boira de l’eau de sa citerne, 32 jusqu’à ce que je vienne, et que je vous emmène dans un pays comme le vôtre, dans un pays de blé et de vin, un pays de pain et de vignes, un pays d’oliviers à huile et de miel, et vous vivrez et vous ne mourrez point. N’écoutez donc point Ezéchias ; car il pourrait vous séduire en disant : L’Eternel nous délivrera. 33 Les dieux des nations ont-ils délivré chacun son pays de la main du roi d’Assyrie ? 34 Où sont les dieux de Hamath et d’Arpad ? Où sont les dieux de Sepharvaïm, d’Héna et d’Ivva ? Ont-ils délivré Samarie de ma main ? 35 Parmi tous les dieux de ces pays, quels sont ceux qui ont délivré leur pays de ma main, pour que l’Eternel délivre Jérusalem de ma main ? 36 Le peuple se tut, et ne lui répondit pas un mot ; car le roi avait donné cet ordre : Vous ne lui répondrez pas. 37 Et Eliakim, fils de Hilkija, chef de la maison du roi, Schebna, le secrétaire, et Joach, fils d’Asaph, l’archiviste, vinrent auprès d’Ezéchias, les vêtements déchirés, et lui rapportèrent les paroles de Rabschaké. 1 Lorsque le roi Ezéchias eut entendu cela, il déchira ses vêtements, se couvrit d’un sac, et alla dans la maison de l’Eternel.
Pour bien prendre la mesure de ces paroles blasphématoires, il faut se reporter au premier article et bien comprendre, que Sennachérib agissait au nom de son dieu Assur et que la guerre qu’il menait, était une guerre sainte visant à étendre la domination de son dieu sur le monde entier. A partir de ce moment et à cause des paroles qui furent prononcées contre l’Eternel, la guerre va prendre une dimension nouvelle, pour devenir la Guerre des Dieux. Et la réponse ne se fait pas attendre : 2 Rois 19 : 22 Qui as-tu insulté et outragé ? Contre qui as-tu élevé la voix ? Tu as porté tes yeux en haut Sur le Saint d’Israël ! 23 Par tes messagers tu as insulté le Seigneur… 32 C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel sur le roi d’Assyrie : Il n’entrera point dans cette ville, Il n’y lancera point de traits, Il ne lui présentera point de boucliers, Et il n’élèvera point de retranchements contre elle. 33 Il s’en retournera par le chemin par lequel il est venu, Et il n’entrera point dans cette ville, dit l’Eternel. 34 Je protégerai cette ville pour la sauver, A cause de moi, et à cause de David, mon serviteur. 35 Cette nuit-là, l’ange de l’Eternel sortit, et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Et quand on se leva le matin, voici, c’étaient tous des corps morts. 36 Alors Sanchérib, roi d’Assyrie, leva son camp, partit et s’en retourna ; et il resta à Ninive. 37 Or, comme il était prosterné dans la maison de Nisroc, son dieu, Adrammélec et Scharetser, ses fils, le frappèrent avec l’épée, et s’enfuirent au pays d’Ararat. Et Esar-Haddon, son fils, régna à sa place.
L’opinion la plus répandue est que le départ précipité de Sennachérib fut causé par une peste qui éclata brusquement parmi ses soldats entassés dans les arides environs de Jérusalem. Un tel fléau, dans les idées israélites, revêt aisément l’apparence d’une révélation de la colère divine, dont l’ange de l’Eternel est le ministre. Le second livre des Rois met textuellement dans la bouche d’Ésaïe parlant au nom de Jéhovah pour rassurer Ézéchias : « Voici, je vais mettre en Sennachérib un tel esprit qu'ayant entendu un certain bruit il retournera dans son pays. » Et bien, l’on peut conjecturer avec vraisemblance le genre de nouvelles qui dut parvenir au roi d’Assyrie : les Égyptiens s’ébranlaient, le pharaon Séthos rassemblait une armée, l’Éthiopien Tirhaka s’avançait à grands pas pour le rejoindre. En même temps, comme nous pouvons le conclure des écrits même de Sennachérib, la nouvelle devait lui parvenir des mouvements insurrectionnels de Babylone et des sérieux dangers dont ils menaçaient l’empire tout entier. Il est clair qu’avec une armée décimée par la maladie, arrêtée sous les murs d’une ville très forte, il ne pouvait attendre l’arrivée de ses ennemis du sud, et qu’au contraire, sans se donner le temps d’ensevelir ses morts, il devait aller en toute hâte étouffer la révolte chaldéenne. De la sorte, tout s’explique ; mais ces raisons politiques et stratégiques échappèrent au peuple de Jérusalem, qui ne connut que le fléau envoyé par l’Eternel pour forcer son implacable ennemi à la retraite. Aussi ce souvenir fut-il le seul que conserva la tradition nationale.
Les conséquences de tout ceci sont loin d’être anecdotiques, car à partir de maintenant, l’action de l’Eternel va prendre une dimension non plus locale, ayant pour centre Jérusalem, mais va devenir beaucoup plus large, jusqu’à englober toutes les nations qui auront quelque chose à voir avec le peuple de Dieu. D’un Dieu local, le Dieu des hébreux va devenir un Dieu global, et Il va le faire savoir.
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